Le discours officiel fredonne : la dépression n'est la faute de personne… Ne vous sentez pas responsable de votre maladie… Dites vous bien que vous n'êtes pas responsable de votre état dépressif… Comprenez bien que la dépression n'est pas de votre faute…La dépression n’est pas du laisser-aller, un mal de vivre que vous auriez laissé se développer ; vous ne l’avez pas voulue et vous n’en êtes pas responsable… Ce n'est pas votre faute si vous souffrez de dépression, tout comme ce ne serait pas votre faute si vous souffriez du diabète…
Ainsi le discours officiel ouvre au dépressif les bras de sa douce pitié. C’est tout de même plus agréable que les « bouge-toi ! » et « Quand on veut, on peut ! » auxquels on a droit de la part des gens qui n’y connaissent rien ! Enfin un peu de sympathie dans ce monde de brutes…
Cependant la comparaison de la dépression et du diabète est mal choisie : on sait que beaucoup de diabétiques le sont devenus suite à des excès de sucreries. Autrement dit c’est un peu leur faute, justement. Une autre idée récurrente dans le discours officiel mérite d’être discutée, celle selon laquelle on n’est pas responsable de sa dépression parce qu’on ne l’a pas voulue. Pourquoi ce type de raisonnement n’est-il pas appliqué aux accidents de la route ? 100 % des chauffards affirment en toute bonne foi qu’ils n’ont pas voulu provoquer un accident. Et bien malgré ça, bizarrement, leurs assureurs persistent à les considérer comme responsables… Est-ce le code de la route qui nous culpabilise injustement, ou le discours officiel qui nous victimise démesurément ?
Compatissant, le discours officiel répète encore et encore sa rengaine : on ne choisit pas la dépression ; c’est elle qui vous choisit ; vous n’y pouvez rien ; vous n’avez rien fait de mal… On n’a rien fait de mal ? Ouf ! Tout va bien, alors… Sauf qu’on est toujours dépressif. Si l’individu déprimé était un tennisman de haut niveau qui venait de perdre un tournoi, son coach devrait-il aussi lui dire « Tu n’as rien fait de mal » ?... Serait-ce le moyen qu’il améliore son jeu et corrige ses erreurs, ou qu’il les refasse la prochaine fois ?
Dire à quelqu’un qu’il n’a « rien fait de mal », c’est l’encourager à persévérer dans sa voie. « Vous n’avez rien fait de mal » sous-entend : « continuez comme ça ». Par cette phrase, on encourage le gai luron à garder sa bonne humeur… et le dépressif à garder sa dépression.
Et vous, à qui choisissez-vous de vous identifier ? A une pauvre victime impuissante, ou à un athlète qui a encore des choses à apprendre ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire