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30 juin 2006

Chagrin d’amour et dépendance affective

Cécile a rencontré Jean - par internet ou autrement. Il est tout de suite tombé sur son charme, et l’a couvert de compliments qui lui ont fait plaisir… d’autant qu’elle doutait beaucoup de son charme. Puis, ça a été la passion : pendant un mois ils se sont aimés à la folie.
Avec le temps, l’amour de Cécile pour Jean a augmenté, tandis que celui de Jean pour Cécile a diminué. Cécile s’est montré « collante » du point de vue de Jean – c’est-à-dire qu’elle lui a montré, parce que c’était vraiment plus fort qu’elle, à quel point elle l’aimait et à quel point elle avait besoin de lui. Et finalement, Jean en a eu assez et a quitté Cécile. Elle a été désespéré, a tout fait pour le faire revenir, même de la magie noire, et au bout du compte, à force de s’enfoncer dans le désespoir en écoutant Evanescence pendant des heures, elle a commis une tentative de suicide. Heureusement, elle s’est ratée…

Ce genre d’histoire est hélas très courant.

Qu’est-ce qui explique que Cécile se soit retrouvée au bout du rouleau ?… C’est quoi, la vraie cause ?… On peut bien sûr blâmer Jean (effectivement c’est un sale type), mais si on lui met tout sur le dos, il n’y a plus aucun moyen que Cécile s’en sorte…

Pour comprendre de quoi il s’agit, il faut revenir au début de l’histoire. Cécile ne s’est jamais aimée ; elle a une piètre opinion d’elle-même. Alors bien sûr, le jour où un homme la couvre de flatteries, de compliments, et semble voir en elle la femme qu’elle a toujours rêvé d’être sans jamais y croire…, elle succombe complètement. Ce qu’elle aime, c’est Jean bien sûr, mais c’est aussi l’image merveilleuse qu’il lui renvoie d’elle-même. Il y a là un effet très pervers de (faux) miroir.
Jean, délibérément ou non, a commencé par tendre à Cécile un portrait très idéalisé d’elle en lui disant : « regarde… c’est toi… c’est bien toi… » Pour la première fois de sa vie, Cécile s’est sentie comprise et appréciée. Comprise, parce que l’image dans le miroir ressemble à son idéal d’elle-même. Mais cette image, ce faux reflet, n’a pas de réalité. Ce n’est qu’une image fictive, factice, comme celles très kitch de Pierre et Gilles. Un mensonge.
A ce mensonge, Cécile devient très vite dépendante. A l’amour réel qu’elle éprouve pour Jean et qu’éprouve Jean pour elle se mêle cette illusion : Cécile vue par Jean. Et lorsque Jean cesse d’aimer Cécile, c’est comme si brusquement il lui retirait de sous le nez le « miroir » où elle se voyait belle et radieuse pour lui en tendre un autre, où elle ne voit plus qu’une emmerdeuse, une chieuse, une collante, une pleurnicheuse, etc.
Ce changement brusque représente une énorme souffrance pour l’ego de Cécile. Quelque chose d’infiniment douloureux.
Jean lui semble maintenant beaucoup plus qu’un être humain ordinaire : il a un tel pouvoir sur elle, il peut par son comportement lui procurer une sensation d’euphorie comme la plonger dans le désespoir le plus noir. Pour Cécile, Jean devient beaucoup plus qu’un homme : le pivot de son existence, une idole à vénérer et à craindre. Il peut tout sur elle. S’il l’aime, elle est au paradis ; s’il ne l’aime pas, elle plonge en enfer.
C’est ce qu’on appelle parfois la « dépendance affective ».

Le premier problème, c’est l’image que Cécile a d’elle-même. Si dès le départ, elle avait su très clairement qui elle était, elle ne serait pas laissée leurrer par le miroir aux alouettes des flatteries.
L’autre problème, c’est que sans le décider consciemment, elle a pris un être humain ordinaire, et même très ordinaire, pour idole, ce qui est aussi dangereux que de prendre un macaque pour chef ou une girouette pour guide. Bref, elle a construit la maison de son amour sur des sables mouvants et pris comme appui ce qui n’a aucune stabilité, aucune solidité. Un peu comme quelqu’un qui prendrait comme bâton de montagne un spaghetti géant. Dès qu’il s’y appuie un peu, le spaghetti casse et le montagnard dégringole dans le ravin.

Quitter la vallée de l'angoisse et rejoindre le pays du bonheur : le prix du billet

La plupart des gens sont prêts à payer littéralement, avec de l'argent, pour aller mieux. Et bien sûr, beaucoup en profitent.

Que ce soient certains psys incompétents - je ne généralise pas - ou des astrologues, tarologues, voyants, coachs, gourous, etc.

A peu près toute personne qui fait miroiter une promesse de bien-être et de paix intérieur contre une substantielle somme d'argent est un escroc d'une manière ou d'une autre. Et ce qu'il promet (à peu de chose près le bonheur), il ne peut absolument pas le garantir. Ce qu'il vend, c'est une promesse illusoire, un espoir sans substance. Autrement dit, du vent.

La paix intérieure, et la vérité qui la donne, n'est pas à vendre pour une somme faramineuse.

Elle est :
1/soit gratuite.
2/soit en vente pour un prix dérisoire (du genre 20 euros...)

Par contre, à un autre niveau, il y a bien un prix à payer...

Ce prix, c'est le coût du changement.

Personne - enfin, presque personne - n'a envie de changer. Changer est un processus toujours délicat, difficile, et même douloureux - même si c'est changer pour le mieux...
La métamorphose de la chenille désespérée en papillon heureux n'est pas une sinécure. Pour quitter la vallée de l'angoisse et rejoindre le pays du bonheur, il faut changer de métier, de maison, de voisins, de langue... de tout.

Le problème, c'est que la plupart des gens voudraient aller mieux sans rien changer en eux-même... Comme si on pouvait améliorer quelque chose (sa vie, en l'occurence) sans la modifier.

Essayons par exemple d'améliorer de façon notable notre appartement sans le transformer, sans toucher au papier peint ni à la moquette. C'est impossible.

Pour une grand amélioration, il faut un grand changement. C'est ça, le prix à payer... et il ne coûte rien au portefeuille.

29 juin 2006

Que peut-on espérer des psys ?

Un psy est un homme ou une femme qui a reçu une certaine formation, et qui, suite à cette formation, a un certain nombre de connaissances… et de croyances.
En gros, tous les psys suivent le même credo. La différence entre un lacanien, un freudien et un jungien est comparativement la même qu’entre un catholique, un protestant et un orthodoxe.

Donc ce que dit un psy à un patient ne sera pas radicalement différent de ce que pourrait dire un autre psy. Il y aura bien sûr des variations dues aux différences de personnalité, mais le diagnostic (quel est le problème ? quelle est l’origine du problème ?) et les solutions proposées seront toujours plus ou moins semblables, ou du moins assez proches.

Ce qui fait que si au bout d’un certain laps de temps – à évaluer soi-même – et d’un certain nombres de psys – à évaluer aussi soi-même - on n’est pas arrivé à la solution par la psychanalyse, il y a de fortes chances qu’on ne la trouve jamais par ce moyen-là…

C’est un peu comme quelqu’un qui cherche des pâtes dans le rayon confiserie d’un supermarché. Il peut passer des heures, des journées entières, des années, voire des siècles à chercher, s’il n’est pas au bon rayon il ne trouvera pas son paquet de pâtes.

Par contre, s’il sort du rayon confiserie et qu’il va au rayon « pâtes », il le trouve tout de suite.

L'innommable trop nommé

On va diagnostiquer une personne dépressive, puis bipolaire, puis finalement pas bipolaire mais borderline, et ainsi de suite...
Si les étiquettes sont aussi multiples, flottantes et aléatoires, c'est peut-être qu'elles ne collent pas vraiment à la réalité.

Un jour, dans son bureau, un psychiatre a décidé que ce serait bien, de donner un nom à tous ses symptomes qui souvent se rencontraient chez la même personne.
Et c'est ainsi que le "trouble bipolaire" est né, ainsi que tous ses grands frères et petites soeurs...

Les premiers occidentaux à mettre le pied en Amérique se sont empressés d'en baptiser les terres. Pourquoi?... parce qu'en les nommant, ils se les appropriaient. Pour devenir "propriétaire" des problèmes psychologiques, il est conseillé de leur donner un nom.

Plus ce nom sera incompréhensible, moins le droit de propriété du propriétaire sera discuté.

Si un psychiatre diagnostiquait à son patient : "Vous êtes triste", le patient en question n'accepterait peut-être pas de lui payer la consultation... Par contre, s'il lui annonce : "vous avez un trouble bipolaire", le patient est impressionné. Il a l'impression d'être tombé entre les mains d'un professionnel compétent.

Il ne faut pas se laisser trop éblouir par les diagnostics des psychiatres. Les médecins de Molière avaient eux aussi un arsenal de termes savants pour des maladies dont ils ne comprenaient pas grand chose.

Bien sûr, on peut être tenté de se réfugier dans le "trouble bi-polaire" (ou n'importe quel autre nom exotique...) comme dans une définition de soi. Il y a des gens qui sont maçons ou PDG, d'autres qui sont communistes ou féministes, d'autres qui sont gay, d'autres qui sont de droite, d'autres qui adorent le foot... et il y a ceux qui ont un trouble bi-polaire.

Ainsi, le mal-être se change en identité. On ne sait toujours pas qui on est vraiment, mais on a appris qu'on est "bi-polaire". Un mal-être inconnu, incompréhensible, innommable, a été nommé, étiquetté, tamponné, certifié conforme.

Alcool, cigarettes, médicaments, etc.

Le discours intérieur que l'on se tient peut être si frustrant, si douloureux, si cousu de constat d'échec, si barré de traits rageurs, si méprisant pour soi-même, si hérissé de points d'interrogation pointus comme des hameçons, si couturé d'idées horribles, que pour le faire taire, pour atteindre à un certain silence intérieur, on cherche refuge dans les substances qui procurent vite, et sans effort, un certain bien-être : alcool, cigarettes, drogues, etc.

Pour échapper à un enfer continuel, on s'achète un paradis immédiat. Mais comme toutes les promesses de bonheur-tout-de-suite-et-sans-le-moindre-effort, c'est un piège douloureux.

Le propre des pièges, c'est qu'il est extrêmement facile d'y entrer, et extrêmement difficile d'en sortir. Une souris voit un petit bout de fromage posé bien en évidence : c'est un cadeau, semble-t-il. Elle l'attrape et c'est elle qui se fait attraper.

De même, l'alcool, la cigarette, les drogues illégales et légales (certains médicaments en sont) : il est vraiment très facile de se les procurer. Souvent, au début, c'est même gratuit. Le premier verre, on vous l'offre. Le vingtième c'est vous qui le payez, et cher.

Le bonheur tout de suite est toujours un piège infernal.

A qui demander de l'aide ?

On peut demander de l'aide :

1/Aux amis. S'ils sont là c'est bien, s'ils ne sont pas là c'est dur.

2/A la famille. Mais parfois, leur aide est plutôt du genre à enfoncer sous l'eau. Si on peut compter sur eux évidemment c'est mieux.

3/Aux psys. Ils peuvent être utiles surtout quand ils sont gentils, compréhensifs, et qu'ils acceptent de parler, mais ça coûte cher.

4/Une puissance supérieure. C'est à elle que les alcooliques anonymes (qui sont vraiment dans la détresse) font appel. On n'a pas besoin d'appartenir à une religion particulière pour lui demander de l'aide. Voici un exemple de demande qu'on peut lui adresser directement, dans une église, une mosquée, une synagogue, ou n'importe où : "J'ai vraiment besoin d'aide. Je n'y arrive pas tout seul. Je ne suis pas capable de diriger ma vie. Alors je t'en prie, aide-moi, montre-moi ta puissance dans ma vie, fais une différence. Si tu as un plan pour moi, je suis prêt à le suivre."
Si par exemple, le problème est un chagrin d'amour, on peut demander : "unis-moi à celui - ou celle - que j'aime, je t'en prie. Ou si ce n'est pas possible, débarrasse-moi de ce sentiment qui m'obsède et me rend malheureux... je m'en remets à toi, je reconnais que je ne suis pas capable de trouver la solution tout seul, aide-moi, donne-moi la solution." Evidemment, cette demande ne peut être efficace que si elle est complètement sincère, et que vous faites appel du fond du coeur à cette puissance supérieure.

La vie est un test

On arrive parfois à un point où tout semble trop lourd à porter, où le fait même de respirer devient une corvée, une souffrance.
Que les causes soient « objectives » : viol, violences, humiliation, pauvreté, chagrin d’amour… ou invisibles et incompréhensibles, le résultat est là. On est mal, très mal, et on a envie de mourir même si on pense en même temps que ce n’est pas une bonne idée.

Ce n'est pas une bonne idée.

L’être humain n’est pas seulement une espèce d’animal là par hasard. Il y a un but, une raison à notre présence sur terre. Ce but, il faut le connaître. Seulement voilà : comme on s’imagine que ce but, que cette raison n’existent pas… on ne les cherche pas. Et du coup, on ne les trouve pas non plus !

C’est vrai que la vie n’est pas belle tous les jours. C’est vrai qu’elle est dure, difficile. Pourquoi ? Parce que c’est un examen, un test. Celui qui trouve le sens de la vie, celui qui trouve la vérité, a gagné le test. Celui qui renonce a perdu. La vie n’est pas un jeu, c’est une épreuve.
Qui cherche la vérité de bonne foi, finit toujours par la trouver un jour ou l'autre. Qui s’adresse à qui peut réellement l’aider, finit toujours trouver de l'aide.

28 juin 2006

Est-ce que je suis normal ?...

La plupart des gens qui souffrent psychologiquement se demandent s’ils sont normaux, ou se sont répondus à eux-mêmes (témoignages de leurs proches à l’appui) qu’ils ne le sont pas.

Non seulement on souffre, mais cette souffrance nous fait sortir à nos propres yeux de ce qui est sain, naturel... normal. Et c'est ainsi qu'on se retrouve prisonnier, parfois à vie, de l'autre catégorie, la catégorie "anormal".

Pour quelques bouffées délirantes, pour une morosité qui dure, pour des angoisses incompréhensibles, pour des pensées suicidaires et des idées bizarres, on se retrouve parqué avec les trisomiques, le mouton à deux têtes, la femme à barbe et Jack l'éventreur : ce sont les handicapés mentaux, les monstres et les fous que l'on juge "anormaux".

On peut toujours essayer de renverser le "moins" en "plus", de valoriser cette anormalité, d'y voir le signe d'une destinée exceptionnelle, mais ça ne fait que renforcer la sensation d'être seul au monde... Et ça conduit à développer un complexe réversible, à la fois d'infériorité et de supériorité, qui est une prison de plus :

"Je suis anormal (infériorité)... parce que je suis un génie incompris, un artiste méconnu, etc. (supériorité)."

C'était le discours que je me tenais à moi-même, comme beaucoup d'autres... Qu'on se demande avec anxiété "suis-je normal?" ou qu'on ait répondu à cette question : "Je ne le suis pas et j'en ai honte" ou : "Je ne le suis pas en j'en suis fier, enfin j'essaie", dans tous les cas, cette notion de "normalité" est une épine, une écharde douloureuse plantée profondément dans l'ego.

Pour une fois, détournons les yeux de la douloureuse "anormalité" pour examiner la "normalité".
Concrètement, c’est quoi, une personne normale ?

Selon la définition courante, une personne normale est une personne qui dort bien, mange bien, rit souvent, et surtout ne se pose pas la moindre question métaphysique.

Ou peut-être qu’elle s’en est posé jadis, mais elle a décidé une bonne fois pour toute qu’ « aux questions les plus importantes, il n’y a pas de réponse », et donc qu’il est inutile de s’y casser la tête. C’est-à-dire que cette personne normale vit exactement comme un animal (je ne dis pas ça pour critiquer les animaux) : elle mange, dort, aime, se reproduit… et c’est tout.

En gros, une personne normale présente la même joie de vivre, et la même absence de réflexion, qu'un canard ou un chat. Elle se satisfait parfaitement d’une existence dénuée de sens. Les plaisirs des sens – au pluriel – lui suffisent.

On peut bien sûr juger la condition animale très supérieure à la condition humaine - c'est d'ailleurs le point de vue de la plupart des gens -, mais il n'empêche que les êtres humains ne sont pas des animaux, et que les gens normaux qui vivent sans se poser de question sont beaucoup plus proche de la condition animale que de la condition humaine.

Si la normalité n'est qu'une absence de questionnement (ce qui semble bien être le cas), alors l'être humain normal est celui qui se satisfait pleinement de sa condition de bipède sans poil.

En effet ceux qui se posent des questions – des questions un peu plus profondes que « qu’est-ce que je vais manger ce soir ? » – sortent très vite de la norme. Ils dorment mal, mangent mal, rient trop ou pas assez, et sont de plus en plus tracassés, angoissés. En effet, les (bonnes) questions qu’ils se posent restent sans réponse convaincante.

Cela peut signifier deux choses :

1/Ils ont tort de se poser des questions et devraient eux aussi imiter les chats, chiens, lapins, ornithorynques, etc.
2/Ils ont raison de se poser des questions, mais les réponses sont bien cachées, et peut-être qu'ils ne les cherchent pas au bon endroit...

Les (bonnes) questions qu'on se pose quand on va mal

C'est quoi, le sens de la vie, le sens de ma vie ? Qu'est-ce que je fais sur cette terre? Y a-t-il une raison, un but? Est-ce que je vis seulement pour vivre? Mais alors, pourquoi cette angoisse, pourquoi toutes ces questions sans réponses ? Et la mort, est-ce que c'est vraiment le point final ? Qu’y a-t-il après ? Rien ou… quoi ?… Et le bien, le mal, c'est quoi en définitive ?... Pourquoi toutes cette violence, ces guerres, cette confusion, cette misère ? Est-ce que la vie est absurde ?... Et moi, qui je suis, exactement ? Est-ce que la solution, c'est de ne pas se poser de questions ? De s’abrutir devant la télé en mangeant des chips ?… Est-ce que ça vaut la peine de se casser la tête pour comprendre les comment et les pourquoi ? Mais de toute façon, est-ce qu'on a le choix ?... Est-ce que les questions que je me pose ont des réponses ?... Est-ce qu'il y a un moyen, une méthode pour être heureux ?… Est-ce qu'il y a un remède à toutes ces angoisses incompréhensibles qui m'assaillent ? pourquoi la souffrance, pourquoi ma souffrance?? Le suicide est-il lâcheté ou courage? Bref, c'est quoi le sens de tout ça ?...

Autant d'excellentes questions qu'on se pose surtout quand on va mal.

27 juin 2006

Changer de croyances

La dépression s'accompagne en général de la sensation que la vie est absurde.

Cette sensation n’est pas liée à une perturbation chimique dans le cerveau, à un déséquilibre physiologique, mais bien aux croyances auxquelles on adhère consciemment ou non, délibérément ou non : on a l’impression que la vie est absurde parce qu’on pense, parce qu’on croit qu’elle est effectivement dénuée de sens.

Indiscutablement, nos croyances déterminent nos pensées, qui elles-mêmes déterminent nos choix, nos humeurs… et au bout du compte, notre santé (ou notre maladie) mentale. C’est ce que nous croyons qui détermine la qualité de nos vies.

La solution semble donc simple, du moins en théorie : si vous êtes malheureux, changez de croyance.

Mais comment arriver à croire que « la vie est belle » quand on croit précisément le contraire?…Les tenants de la pensée positive, qui s’expriment dans une multitude de manuels de développement personnel, répondent : il faut se répéter sans cesse « je vais bien, la vie est belle, tout va pour le mieux dans mon monde, chaque jour je vais de mieux en mieux, le destin m’apporte tout ce dont j’ai besoin, etc. » Il suffirait de faire semblant d’y croire, et au bout d’un certain temps ce paraître deviendrait une réalité. Le fait de simuler la joie finirait par rendre joyeux…
La pensée positive rejoint ici la pensée magique, qui prétend remonter le temps en faisant tourner les aiguilles d’une montre à l’envers : elle veut soigner la maladie en effaçant le symptôme. Un peu comme quelqu’un qui, pour guérir de sa jaunisse, se mettrait du fond de teint. Malheureusement (ou pas), il ne suffit pas de nier la réalité pour la faire disparaître, ni de déguiser une dépression en euphorie pour trouver le calme et le bonheur.

En effet, on ne choisit pas ses croyances comme on choisit une robe dans un magasin. On ne « choisit » pas de croire que la vie est absurde comme un « choisit » un manteau noir plutôt qu’un manteau bleu ou vert. On croit que la vie est absurde parce que ça nous semble vrai.
En terme de croyance, l’être humain opte toujours pour ce qui lui paraît vrai. Personne ne croit à un mensonge qu’il connaît pour tel.

Mon expérience, c'est que tant qu'on continue à croire ce qu'on croit, on ne peut pas sortir définitivement de la dépression.
On peut en sortir provisoirement, mais un jour ou l’autre, nos croyances nous y ramènent...

Pour quitter vraiment la souffrance, il faut changer réellement et complètement de croyances, c'est-à-dire s’apercevoir que ce que l’on croyait vrai (sur la vie et sur soi) ne l’est pas. Et qu’inversement, ce qu’on croyait faux, ou ce à quoi on n'avait jamais pensé, est vrai.

C’est précisément ce qui m’est arrivé.

En 2005, j’étais une femme rongée par l’anxiété, les idées folles, les bouffées d’angoisse, le désespoir. Je dis "femme", mais c'était plutôt "ado attardée". Comme tout le monde ou presque, j’avais des raisons circonstancielles d’être déprimée : j’étais folle amoureuse depuis trois ans d’un homme qui ne voulait pas de moi. Mais en réalité, mon état dépressif était plus ancien et plus profond que cette passion sans espoir.

Aujourd’hui, un an plus tard, je ne suis plus la même personne. Je connais enfin la paix, le calme intérieur. Entre l’état d’anxiété continuelle où j’étais avant, et mon état actuel, il y a véritablement un gouffre. Je ne dis pas que je suis euphorique, ce serait exagéré, mais je suis tranquille et heureuse. De plus, mon état général s’améliore de façon constante : je vais sans arrêt vers le mieux. Non seulement ça, mais je n’ai aucune angoisse par rapport à l’avenir. Moi qui vivais dans la peur – la peur de tout -, je n’ai plus que de petites anxiétés passagères et superficielles.

A la différence des personnes qui ont reçu l’illumination - comme Eckart Tolle, Katie Byron, Bouddha et n'importe quel grand ou petit gourou... -, mon changement n’a pas été soudain et inexplicable. Il a été au contraire très progressif, et il est tout à fait explicable.

1/J'ai cherché partout, ou presque, la vérité sur "le sens de la vie et de la mort".
2/ J'ai demandé de l'aide à la bonne personne.
3/J'ai accepté de changer en profondeur, c'est-à-dire de renoncer à tout un tas de croyances(illusoires, mensongères et erronées) en échange d'infiniment mieux.

Un tel changement est possible à qui le désire vraiment, à qui est prêt à en payer le prix. Pas le prix financier : à ce niveau-là ça ne coûte rien. Mais le prix personnel, intime.

C'est quoi, mon problème ?...

La nomenclature des maladies mentales est quasiment infinie.

Il y a la paranoïa, la schizophrénie, la schizophrénie affective, les troubles bi-polaire, la dépression, la crise dépressive majeure (et donc peut-être aussi la mineure), les « bouffées délirantes », le « délire non-violent », et parmi les innombrables symptômes de ces innombrables maladies : la déréalisation, l’angoisse, et bien sûr, les voix… des voix qui harcèlent, ne laissent jamais tranquille.
Sans oublier les hallucinations, l’apathie, la perte de goût – celui des aliments aussi bien que celui de la vie… - les idées bizarres, la clinophilie, ce qui en langage savant signifie qu’on n’arrive pas sortir de son lit.

Pour arriver à diagnostiquer précisément, exactement le problème, les psys entre dans une description méticuleuse de tous les symptômes : s’agit-il d’une schizophrénie dysthimique, ou du volet dépressif d'un trouble bipolaire ?…

Le fait de nommer rassure. Ce qui a une étiquette est déjà à moitié rangé quelque part. La souffrance morale n’est pas si incontrôlable que ça, puisqu’on a des mots si sophistiqués pour la désigner, la décrire.

Au XVIIème siècle, les médecins expliquaient que le pavot endort en raison de sa « vertu dormitive ». Pour eux, la science médicale n’était que l’art et la manière de donner à leur ignorance une forme savante. Art d’illusionniste : leur explication n’expliquait rien, mais elle en avait l’air…
D’une façon assez comparable, les psys s’emploient à nommer la souffrance morale et les bouffées de folie qui vont avec à l'aide de mots grecs, anglais ou latins. La profusion jargonnante voile l’absence de véritable compréhension du problème.

Car c’est quoi, la « schizophrénie dysthimique » ?… Rien de plus que la somme des symptômes qu’on a rassemblé sous ces mots. Parler de "schizophrénie dysthimique" n’explique absolument rien. On nomme, mais sans éclairer.

Chaque individu qui souffre se croit seul avec sa maladie bien particulière, chaque personne en détresse morale se croit appartenir à un groupe minuscule d’individus frappés par une maladie rare et étrange, dont le nom mystérieux et incompréhensible sonne comme une malédiction définitive…

Et pour ceux qui ne sont pas encore faits diagnostiqués, c’est pareil : on croit souffrir à cause d’un chagrin d’amour, ou de la perte d’un emploi, ou d’autre chose. On croit son cas unique, et sa souffrance liée à une cause strictement personnelle, individuelle... alors qu’il n’en est rien, peut-être.
La souffrance psychologique au sens large (qui englobe aussi les délires) est diverse dans ses manifestations comme un arbre l'est dans ses branches. Et ses innombrables symptômes, qu’on peut énumérer avec une finesse toujours plus grande jusqu’à en recenser cent mille, pourraient tout aussi bien être rassemblés en huit ou neuf grandes catégories, qui elles-mêmes se résumeraient en trois ou quatre…

Par exemple : tristesse – peur – folie/

Or, d’où vient la tristesse ?… Du discours intérieur qu’on se tient à soi-même, de ses idées, des voix parasites qui viennent tout gâcher… D’où vient la peur ?… Du discours intérieur qu’on se tient à soi-même, de ses idées, des voix parasites qui viennent tout gâcher… D’où vient la folie ? Du discours intérieur qu’on se tient à soi-même, de ses idées, des voix parasites qui viennent tout gâcher…

Les symptômes sont divers, mais l’origine du problème est toujours plus ou moins la même : c’est le discours qu’on se tient, et le discours que la ou les voix hostiles nous tiennent.

C’est pourquoi beaucoup de gens pensent intuitivement que la solution peut être trouvée dans la psychanalyse : si le problème est d’une nature verbale, il y a de forte chance que la solution soit elle aussi de nature verbale… et pas médicamenteuse.

Mais les expérience de psychanalyse se révèlent souvent assez décevantes : certes, on se connaît mieux, certes, on a identifié, nommé la plupart des ses problèmes et symptômes, mais on n’en est pas débarrassé pour autant. On souffre toujours – et parfois, on s’est brouillé avec ses parents… Le discours psychanalytique joue au miroir : il veut nous renvoyer une image fidèle de nous-même. « Connais-toi toi-même, et tu seras guéri ». Or… ça ne marche pas.
Pas vraiment.

Pourquoi ?

Deux explications sont possibles :
1/ Soit il ne suffit pas de se connaître pour guérir.
2/ Soit la psychanalyse n’est pas capable de nous révéler qui nous sommes vraiment : elle se prétend miroir, mais n'offre en réalité qu’un reflet brouillé, indistinct, où il est impossible de distinguer son véritable visage.



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