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31 juillet 2006

Ce qu'on se dit quand on va mal et pourquoi c'est faux.

Quand on souffre trop, on se dit parfois : "Si je mourrais, ça ne pourrait pas être pire". Ce raisonnement est faux.
Même si on est las, écoeuré de toujours souffrir on n'a AUCUNE certitude qu'après un suicide ce ne serait pas pire. Qui nous garantit qu'il n'y a rien, ou quelque chose de mieux, après le suicide ?... Qui nous le promet, qui s'engage ?...

On ne devrait jamais faire quoique ce soit d'irréversible sur des suppositions. Les gens qui disent, suggérent, impliquent, etc., qu'il n'y a rien après la mort, ou "qu'on ira tous au paradis" ne sont pas plus fiables que n'importe qui. Et eux - tiens, comme c'est bizarre... - ne se suicident pas.

Lorsqu'on est mort, on a aucun moyen de porter plainte contre elles. Peut-être que les innombrables personnes qui se sont suicidées l'ont regretté, le regrettent - et n'ont aucun moyen de nous mettre en garde contre tous ceux qui repeignent la mort en joli.

28 juillet 2006

Lettre à quelqu'un qui a renoncé à l'idée du suicide.

je suis extrêmement heureuse d'apprendre que tu as choisi de faire preuve de courage (et non, comme tu crois, de lâcheté) en choisissant la solution de difficulté, c'est-à-dire la vie.

"Rappelez-vous ceci : une route facile devient souvent difficile, et une route difficile devient souvent facile."(Robert T. Kiyosaki)

Lorsqu'on est tenté par la mort, et qu'on résiste à cette tentation, on fait un choix - un bon choix - qui aura forcément des répercussions positives.

Descendre la pente - que ce soit par l'alcool ou autre chose - est toujours beaucoup plus facile que de la remonter. Mais ce n'est qu'en grimpant qu'on peut prendre de la hauteur et avoir une vue d'ensemble des choses.

A propos du suicide, Voltaire a dit quelque chose de très pertinent :

"Ce n'est pas que le suicide soit toujours de la folie. Mais en général, ce n'est pas dans un accès de raison que l'on se tue."

Pour se protéger du désespoir et des pensées suicidaires, développer sa raison est une solution, ou du moins un début de solution. Lorsqu'on se sent en pleine possession de sa logique, la petite voix diabolique qui chuchote ses conseils empoisonnés perd beaucoup de son pouvoir. Et on ne développe sa raison que par de (bonnes) discussions et de (bonnes) lectures...

L'alcool et la drogue, qui obscurcissent et voilent l'intelligence, sont l'une des armes secrètes du mauvais principe, celui qui pousse à la destruction et l'auto-destruction. S'en priver, c'est remporter une victoire contre l'adversaire.

Et chaque petite victoire contre ses faiblesses en prépare une plus grande. Peu importe combien de fois on tombe, l'important c'est de se relever une fois de plus.

Quel que soit l'endroit où tu te trouves, le point où tu en es arrivé à cet instant précis dans ta vie, quel que soit ton passé (et ce que tu as fait hier, c'est déjà ton passé), la seule chose qui compte c'est le choix que tu fais maintenant.
Tant que tu es en vie, il n'est jamais trop tard.

A ce propos, une petite histoire :

Il y avait un homme qui avait tué 99 personnes. Il demanda quel était le plus grand savant de la terre. On lui désigna un moine. Il alla le trouver et lui dit qu'il avait tué 99 personnes. Est-ce qu'il lui restait quelque possibilité de se repentir ?... Le moine dit aussitôt : non.Il le tua sur le coup et compléta ainsi à 100 le nombre de ses victimes.
Puis il demanda quel était l'homme le plus savant de la terre. On lui en désigna un. Il lui dit : "J'ai tué 100 personnes. Ai-je encore quelque possibilité de me repentir ?" Le savant répondit : "oui. Va à tel pays, là les gens font le bien. Ne retourne plus dans ton pays car c'est une terre de mal."Il se mit donc en marche et lorsqu'il fut à la moitié du chemin, il mourut.
Les anges du pardon se disputèrent à son sujet avec les anges de l'enfer. Les anges du pardon dirent : "il est venu plein de repentir désirant de tout coeur être pardonné", les anges de l'enfer dirent : "il n'a jamais fait de bien dans sa vie".

C'est alors qu'un ange vint comme arbitre. Il leur dit : "mesurez la distance qui le sépare de la terre du mal et celle qui le sépare de la terre du bien. Destinez-le ensuite à celle dont il est le plus proche". Ils mesurèrent et trouvèrent qu'il était plus près de la terre qu'il voulait rejoindre...Et ce furent les anges du pardon qui emportèrent son âme au paradis.

Moralité de cette histoire : il n'est jamais trop tard. Peu importe le passé. L'important c'est la terre que toi, tu décides de rejoindre... car c'est celle-là qui décidera de ton futur.

27 juillet 2006

La solitude

Lorsque l’on naît, et durant les premières années de la vie, on prend le monde qui nous entoure pour la réalité ultime. L’univers, c’est papa, maman, et les frères et sœurs s’il y en a.

Le propre d’un enfant, c’est qu’il n’a aucun recul critique : comment pourrait-il en avoir ? Pour prendre et jeter, trier le bon du mauvais, il faut avoir des références, des repères. Un enfant n’a que ceux qu’on lui donne. Il accepte donc, il avale donc, tout ce qu’on lui dit. Et il croit aux valeurs, idées… qui sont celles de ses parents. A ce stade, il n’a pas le choix.

Peut-être que ces idées héritées ne lui conviennent absolument pas. Peut-être que ce sont elles, avec leurs failles, leurs contradictions, leurs faiblesses qui le rendent malheureux.
Mais à ce stade, il n’a absolument aucun moyen de s’en rendre compte.

Il grandit, se sent de plus en plus mal, de plus en plus seul, et totalement incompris. C’est d’ailleurs une réalité : il est incompris. Non seulement des autres, mais de lui-même. Il ne sait pas d’où lui vient ces aspirations vagues, ce manque, cette souffrance…

Mettons que maintenant, il sorte un peu du cocon-prison familial.
Il rencontre des gens… il discute… et se sent toujours aussi seul. Car même si d’autres éprouvent un mal-être comparable au sien, personne n’a semble-t-il l’explication, la solution.
Et peut-être qu’il passera toute sa vie comme ça, persuadé que le problème, c’est lui.

Et si ce n’était pas le cas ?

Si c’était le monde qui l’entourait qui avait un problème ? Un problème invisible mais très grave, une maladie de l’âme mortelle à long terme.

Elargir le cercle de ses pas, l’étendue de ses voyages physiques et psychologiques, concrets et abstraits, est peut-être la solution…
A l’intérieur de la maison familiale, c’est lui l’intrus – le bizarre – le pas comme les autres.
A l’intérieur de son quartier, aussi – même s’il n’est plutôt tout à fait le seul à déborder du moule, ou à s’y sentir mal à l’aise, à ne pas y trouver sa juste place.
A l’intérieur de son pays… est-ce encore le cas ? peut-être.

Mais le monde est plus grand que la France, et il y a ailleurs – ou tout près – des civilisations bien différentes, où les idées, les valeurs, les principes… sont autres.

25 juillet 2006

Lettre à quelqu'un qui veut se tuer.

Tu n'as pas l'autorisation de te faire du mal.

Tu crois que le suicide est la porte du néant, la fin de toute souffrance, mais qui te le garantit ? Qui s'engage ?

Et si au lieu de partir pour un monde meilleur, ou du moins de mettre un point final à toutes tes souffrances, tu allais - Méfiance. Tu ne peux pas savoir ce qu'il y a après le suicide. Et si tu le savais, ce serait trop tard pour faire marche arrière.

Si personne ne revient pour raconter, ce n'est pas forcément parce qu'après, c'est génial. Une décision irréfléchie, un acte irréversible te conduirais peut-être là où pour rien au monde tu ne voudrais rester.
Et après, c'est trop tard. La porte est définitivement fermée. Aucun retour possible.

Si quelqu'un te conseillais de te tuer, que penserais-tu de lui ? Est-ce que tu penserais que c'est ton meilleur ami ? Alors prudence : cette petite voix insidieuse, perverse, qui te conseille de te suicider est peut-être la voix d'un ami qui "te veut du bien" à sa manière bien spéciale.

Lorsqu'on va mal, très mal, le plus grand courage est de continuer à vivre en cherchant une solution, une vraie solution.
Tout être humain devra goûter à la mort et il ne sera jamais trop tard pour mourir, de toute façon - alors pourquoi maintenant ?... Il ne sera jamais trop tard pour mourir. Pourquoi ne pas attendre encore ? La mort c'est l'impuissance, l'inaction. Etre vivant c'est avoir des possibles. Et tant que l'on vit, tout est possible - même si pendant des années, rien ne l'a été.

Il suffirait peut-être que tu résistes encore un jour, deux jours, trois jours - pour qu'il se passe dans ta vie quelque chose, apparemment un détail, qui de fil en aiguille changera tout. Il suffit parfois d'un petit quelque chose pour enclencher un grand quelque chose - avec la solution au bout. La vraie solution : c'est-à-dire, la paix de l'esprit et du coeur. Alors prends le temps.
Il y a quelque chose à quoi tu n'as pas encore pensé, et qui peut t'apporter ce qui te manque.

Il suffit parfois d'un battement d'aile de papillon en Chine pour qu'un cyclone ait lieu aux Etats Unis (ce que les scientifiques appellent l'effet papillon). De même, il suffit parfois d'une rencontre, d'une lecture, d'un site - pour que s'enclenche un processus qui conduit finalement à la libération, la paix, le calme intérieur.
Un petit événement peut enclencher un processus de changement exponentiel, qui débouche sur une métamorphose radicale.

C'est ce qui a eu lieu pour moi. Et si je m'étais suicidée avant cette rencontre fondatrice, germinale, j'aurai raté le meilleur de ma vie, le meilleur de la vie. On peut sortir définitivement de l'angoisse et de la souffrance, même lorsqu'elles ont duré des années, et qu'elles sont allées en s'aggravant.

Peut-être que le meilleur de ta vie t'attend encore - peut-être que tout ce que tu as vécu jusqu'ici n'est qu'un cauchemard étouffant au regard de ton futur, que pour l'instant tu ne connais pas et que tu ne peux même pas imaginer. Peut-être que tu n'es pas encore entrée dans ta vraie vie.

Il y a des amis que tu ne connais pas encore et qui t'attendent quelque part. Il y a de l'aide - une aide gratuite et extrêmement efficace - qui t'attend aussi quelque part. Si tu la cherches sans te décourager, sans renoncer, tu la trouveras. Le plus grand courage, c'est de continuer à vivre et de chercher.

PS : excuse-moi de te tutoyer... on ne se connait pas, mais je pense souvent à toi, et au bonheur que tu mérites et que tu n'as pas encore trouvé. Je te promets qu'il existe pour toi comme il existe pour moi, et que si tu cherches sans jamais renoncer, sans jamais perdre espoir, tu le trouveras comme je l'ai trouvé.

24 juillet 2006

"Tu n'as aucune raison de te sentir comme ça" : la souffrance morale et l'incompréhension des proches

Ce n'est pas logique...
Tu n'as aucune raison de te sentir comme ça...
Tu ne devrais pas te sentir mal...
Ce n'est pas normal...
Je ne te comprends pas...

Lorsque le mal-être que l'on ressent semble incompréhensible, et que face à nos états d'âme nous ne rencontrons qu'une espèce d'incrédulité incompréhensive et vaguement réprobatrice, on est renvoyé à une solitude radicale.

Rien ne vient confirmer, justifier, expliquer notre vécu intérieur, qui est pourtant intense, douloureux, profond, impossible à nier - du moins, que nous ne pouvons nier... mais que les autres (nos proches) nient d'une manière ou d'une autre, en le minimisant ou en le renvoyant dans les limbes d'un "absurde" qui n'est pas loin d'être de "l'insignifiant" ou de la folie.
Ils ne comprennent pas, ils ne veulent pas comprendre, et leur incompréhension aboutit à une condamnation plus ou moins explicite.

Cette incompréhension nous étouffe encore plus, alors qu'on étouffe déjà : non seulement on a mal, mais on a "tort" d'avoir mal, on est "bête" ou "illogique" ou "fou" d'avoir mal. C'est ainsi qu'on souffre deux fois : de souffrir, et d'être nié, méprisé, jugé dans cette réalité-là.

Mais en fait, il n'y a jamais de souffrance sans cause, pas plus qu'il n'y a de lapin qui sort miraculeusement d'un chapeau de magicien : il existe toujours une explication rationnelle, même si on ne l'a pas encore trouvée.

Ceux qui opposent leur "bon sens" à nos souffrances vagues, métaphysiques, ne prouvent pas que nous avons "tort" de souffrir, mais simplement que leur "bon sens" est limité. Ce n'est pas parce qu'ils n'arrivent pas à comprendre qu'il n'y a rien à comprendre.

Cette attitude normative, bornée, dénuée de compassion et d'intelligence émotionnelle que l'on rencontre parfois chez ses proches les plus proches dégoûterait presque (mais à tort) de la raison rationnelle.

Au lieu de se laisser miner, il faut prendre conscience que ceux qui ne comprennent pas et ne veulent pas comprendre sont - cruellement - dénués d'une dimension pourtant essentielle : la dimension humaine, spirituelle, métaphysique.

Lorsqu'ils nous regarde comme si on était fou, c'est contre eux-mêmes qu'ils prouvent quelque chose.

Pour le dire crument : même si on souffre énormément et pas eux, ce n'est pas à nous, mais bien à eux, qu'il manque une case.

Merci à Odile, qui m'a inspiré cet article par ses idées.

Qui connaît le secret du bonheur ?

Qui connaît le secret du bonheur ?

Le secret du bonheur qui n’est pas caché très loin, mais que pour d’innombrables raisons, on ne le trouve que très difficilement.
Les personnes qui cherchent le secret du bonheur s’adressent généralement à trois ou quatre types de personnes :

- Des psychothérapeutes.
- Des personnes qui semblent réussir leur vie (grand chef d’entreprise, millionnaires, célébrités, metteurs en scène…)
- Des sages qui semblent avoir toujours connu la paix : le Dalaï Lama, Babaji, etc.
- Des sages qui disent avoir trouvé la quiétude suite à une illumination soudaine : Bouddha, Katie Byron, Eckhart Tolle, etc.

Examinons chaque catégorie l’une après l’autre, pour voir si ces personnes connaissent vraiment le secret du bonheur, et peuvent donc le divulguer.

- Qui sont les psychothérapeutes ? Ce sont des personnes plus ou moins équilibrées, qui pour des raisons diverses, ont fait des études pour devenir psychothérapeutes. Ces études sont en grande partie théorique : il s’agit de comprendre en profondeur les écrits de Freud, et ceux d’autres auteurs qui s’inspirent de Freud. Ces psychothérapeutes sont donc spécialisés dans les méandres de l’âme – mais pas de n’importe quelle âme : celle de Freud. Ils connaissent très bien ce que Freud et ses nombreux disciples pensent du fonctionnement de l’esprit humain – mais cela ne signifie pas qu’ils connaissent aussi bien l’esprit humain lui-même, qui existait bien avant Freud et qui existera encore lorsque le nom de Freud sera tombé dans l’oubli.

Ces psychothérapeutes n’ont pas forcément résolu tous leurs problèmes personnels, et ne sont pas forcément heureux. Et s’ils le sont, ils ne connaissent pas forcément la méthode pour le devenir. Les psychothérapeutes sont les personnes les plus compétentes sur Freud, mais ce ne sont pas les plus compétentes sur le bonheur, et il y a de forte chance pour qu’ils n’en connaissent pas le secret.

- Les personnes qui semblent réussir leur vie ont tout ou presque tout : l’argent, la jeunesse, la beauté, la créativité, l’intelligence, etc.
Cependant il faut faire la différence entre ce qu’elles ont parce qu’elles l’ont acquis de façon délibérée et consciente, et ce qu’elles ont parce qu’elles l’ont reçu. Paris Hilton est née riche et jolie. Elle ne peut absolument pas donner le secret de « riche et jolie », puisqu’il s’agit de cadeaux qu’elle a reçu à la naissance, et non de quelque chose qu’elle aurait acquis à la force du poignet par son travail et son intelligence.
Parmi les « personnes qui ont tout », on va en trouver certaines qui peuvent expliquer comment devenir riche (les milliardaires qui sont partis de rien) et d’autres qui vont expliquer comment devenir créatifs. Mais même si ces recettes sont fort intéressantes et instructives, elles ne sont pas la clef du bonheur. Et de la même façon que ce n’est pas en combinant la recette du gazpacho avec la recette de la paëlla qu’on fait une chorba, ce n’est pas en combinant la recette « pour devenir riche » avec la recette « pour devenir créatif » qu’on devient heureux.

- Les sages qui semblent avoir toujours connu la paix représentent une catégorie prometteuse. Leur sourire radieux, leur sérénité affichée semble garantir la qualité de leur enseignement. De plus, leur exotisme les rend particulièrement crédible. Explication.
Lorsque cela fait longtemps qu’on cherche en vain quelque chose, on s’imagine assez naturellement que ce quelque chose est caché très loin de nous : au Thibet, en Chine, en Russie, en Inde… Qu’un sage originaire d’une de ces contrées lointaines possède ce que nous cherchons nous paraît donc tout à fait plausible. Cette idée (que le secret du bonheur se cache à l’autre bout du monde, et que pour le trouver il faut donc y aller, ou s’adresser à ceux qui en viennent) est une croyance bien ancrée chez beaucoup d’entre nous.

La nouvelle La lettre cachée d’Edgar Allen Poe permet de comprendre qu’il peut en être tout autrement. Dans cette nouvelle, une lettre est cachée dans une pièce en étant posée bien en évidence au milieu d’un bureau. L’astuce, c’est que la lettre a été glissé dans une enveloppe ayant le format et l’allure opposés à ceux de son enveloppe originelle. Le secret du bonheur n’est pas forcément à cent mille kilomètres d’ici : il est peut-être caché tout près, dans une enveloppe trompeuse qu’on n’aurait jamais l’idée d’ouvrir.

- La dernière catégorie (celle des sages qui ont été frappé par l’illumination comme par la foudre) est peut-être la plus prometteuse de toutes. En effet, ils ont été malheureux et dépressifs avant de connaître la paix : ils semblent donc bien placés pour divulguer le secret du bonheur. Les « illuminés » témoignent que l’illumination (passage brusque de la dépression la plus noire à l’extase paisible) est possible, puisqu’elle a eu lieu pour eux.

Mais quelqu’un qui se réveille un beau matin au sommet de l’Himalaya sans savoir comment il est arrivé là, alors que la veille encore il était au fond d’un gouffre, est-il à même de donner des cours d’alpinisme ? Peut-il donner la méthode pour atteindre le sommet de l’Himalaya ?…

Les « illuminés » ne savent pas eux-mêmes ce qui les a sorti d’un coup de leur état de souffrance pour les plonger sans transition dans une euphorie perpétuelle. Le bonheur leur est arrivé d’une manière miraculeuse et inexplicable. Ils l’ont reçu et non trouvé ou gagné. De la même façon que Paris Hilton ne peut pas donner le secret pour devenir riche et jolie, ne le connaissant pas elle-même, ni Eckhart Tolle, ni Katie Byron ne peuvent donner le secret pour passer d’un état dépressif à un état de sérénité et de bonheur.

La sérénité leur est arrivée, exactement comme un accident arrive à quelqu’un : un beau matin, ils se sont réveillés bienheureux, alors que la veille encore ils souffraient atrocement. Ils ne connaissent pas plus la recette du bonheur que quelqu’un ne connaît celle de la chorba pour en avoir reçu une pleine marmite sur la tête.

Des différentes catégories de personnes que nous avons examinées, aucune ne semble complètement fiable. Les psychothérapeutes sont des théoriciens qui s’appuient sur l’œuvre d’un théoricien (Freud) ; les gens « qui ont tout » ont reçu une partie de ce qu’ils ont, et la partie qu’ils ont acquis eux-mêmes ne constitue pas le bonheur ; les « illuminés » ne peuvent pas enseigner l’illumination, qui leur est arrivée sans qu’ils la cherchent, et sans qu’ils comprennent eux-mêmes par quel miracle ils l’ont trouvée.

La catégorie la plus crédible serait donc peut-être celle des « sages » modèle courant… mais si leurs propres recettes du bonheur s’avèrent inefficaces, il faudra chercher ailleurs.

Les disciples de gourous, grands sages ou grands maîtres ont en effet tendance, quand ils constatent que la sagesse qu’on leur enseigne n’a pas l’effet positif escompté, à se remettre en cause. Au lieu de douter de l’efficacité des préceptes qu’ils tentent d’appliquer, c’est leur propre intelligence, leur propre maturité spirituelle, qu’ils mettent en question.

Un peu comme les alchimistes, qui n’ont jamais douté de la possibilité de transmuer le plomb en or, et qui assumaient l’entière responsabilité de leurs échecs : s’ils ne parvenaient pas à réaliser la transmutation promise, c’est qu’ils n’avaient pas suivi le protocole assez scrupuleusement, ou qu’ils n’avaient pas atteint le degré d’élévation nécessaire, etc. En réalité, même un Perceval au cœur pur, et qui aurait suivi d’une manière impeccable les différentes étapes de rigueur, n’aurait pas réussi à changer le plomb en or, car c’est tout bonnement et tout bêtement impossible.

Si la recette de bonheur que donne le Dalaï Lama (ou tout autre grand sage ou réputé tel) ne marche pas pour vous, il ne faut donc pas se décourager, se culpabiliser, s’accuser, s’entêter ou insister outre mesure, il faut juste chercher une autre méthode ailleurs.

Pourquoi la dépression est-elle un atout (ou pourquoi peut-elle en devenir un) ?

La plupart des gens cherchent le bonheur sans le chercher directement. C’est-à-dire qu’ils le cherchent, mais pas au bon endroit.

Le but commun de tous les êtres humains est le bonheur. Mais chacun s’en fait sa propre définition : pour certains, ce sera une grande famille unie ; pour d’autres, beaucoup d’argent ; pour d’autres, la gloire ou du moins, une solide réputation dans le quartier ; pour d’autres, la fête ; pour d’autres, changer de métier. La plupart de gens courent donc après quelque chose qui correspond à leur définition personnelle du bonheur.

Si, par chance ou malchance, ils parviennent à attraper le lièvre qui les fait courir, ils s’aperçoivent déçus que ce n’était pas ce qu’ils imaginaient. Autrement dit, que ce n’est pas le bonheur qu’ils s’en promettaient.

Quelqu’un qui souffre psychologiquement et moralement, quelqu’un qui est mal dans sa peau et dans sa tête mesure mieux que n’importe qui ce que peut valoir la paix de l’esprit et du cœur, la quiétude de l’âme. Ce n’est que lorsqu’on est malade, très malade, que l’on prend conscience du prix élevé, de la valeur incommensurable de la bonne santé physique. De même, c’est lorsque l’on souffre d’angoisses, de tristesse, de pensées suicidaires obsédantes et de confusion mentale que l’on réalise l’importance primordiale d’un mental clair et serein.

Lorsqu’on est déprimé, vraiment déprimé, on ne cherche plus le bonheur là où il n’est pas (c’est-à-dire dans une réalisation ou un objet bien particulier), on oublie les définitions changeantes, personnelles et illusoires du bonheur pour concentrer sa quête sur ce qui nous manque si cruellement : le calme intérieur.
Et ça, c’est une chance.

En effet, si la plupart des gens cherchent le bonheur dans une circonstance, un événement, un objet ou une réalisation concrète, c’est qu’ils jouissent en toute inconscience d’une certaine tranquillité d’âme qui leur donne la liberté d’imaginer le bonheur caché dans tel ou tel lieu.

Lorsqu’on souffre dans son esprit et son cœur, on ne peut plus se laisser leurrer par les promesses de la société de consommation ou ses propres caprices : on sait que le bonheur, ce n’est pas un nouvel MP3, des chaussures de marque, un voyage autour du monde ou le premier rôle dans un film.

On sait que le bonheur n’est pas une chose qui s’achète ni même un grand projet personnel qui se réalise, mais un état intérieur d’apaisement lucide qui permet par la suite de profiter agréablement de tous les petits ou grands plaisirs de la vie, et de supporter patiemment tous ses revers. Si cet état manque, tous les « bonheurs », toutes les « chances » seront inutiles et ironiques, comme un bon steack offert à quelqu’un qui n’a pas de dent pour le mâcher.

Lorsqu’on se sent dépressif, on a donc la chance, et c’est vraiment une chance, de voir clairement que la plupart des buts que les gens se proposent ne sont pas valables. Le but – le but réel – est d’être heureux. La richesse, la gloire, les exploits sportifs… ne sont que des moyens. Mais des moyens de quoi ?… pas de trouver le bonheur, non. Seulement de le pimenter un peu. La base solide du bonheur, le socle de ses fondations, est un état intérieur. La richesse ou la gloire ne représentent que la girouette sur le toit.

La plupart des gens ne poursuivent que des ombres. Ils s’essoufflent derrière des illusions, des chimères. Lorsqu’ils les attrapent enfin – s’ils les attrapent enfin – la forme adorable de leur rêve se dissout tout de suite entre leurs doigts comme un peu d’écume, les laissant plus démuni qu’ils ne l’ont jamais été. Et le silence qu’il découvre alors les assourdit comme l’aveu désolant d’une vie entièrement dévouée à l’erreur.

Souffrir moralement et psychologiquement, c’est gagner une juste perspective sur ce qui est vraiment précieux, et sur ce qui ne l’est pas. Les trois-quarts de l’humanité sont à la recherche d’un trésor de pièces en chocolat ; une personne dépressive cherche elle un vrai trésor de pirates, avec diamants de la plus belle eau, louis d’or, topaze, rubis, colliers de perles, croix d’or massif incrustée de joyaux.

Ce trésor, c’est le calme, la paix intérieure.

Victimes

A ma connaissance, il y a deux types de victime (mais peut-être que parfois les deux types se mélangent...)

1/ La victime qui sait parfaitement qu'elle en est une, et qui a identifié son bourreau comme tel.

2/ La victime qui ne sait pas qu'elle en est une, et qui a une image complètement idéalisée de son bourreau.

Dans le premier cas, je ne sais pas quelle est la solution pour se sortir des souvenirs douloureux du passé. Beaucoup disent qu'il faut pardonner... peut-être est-ce la solution.

Mais ce qu'on ne dit pas assez souvent, c'est que la vengeance n'est pas en soi un mal, ou du moins que dans certaines circonstances, elle est légitime.

Par exemple, lorsque c'est le seul moyen de dissuader le coupable de recommencer avec quelqu'un d'autre.

Certaines victimes ont une profonde envie de se venger, et jugent cette envie "mauvaise" - du coup, ils s'imaginent qu'ils ont basculé du côté obscur de la force et qu'ils sont devenus méchants... ce qui peut les entraîner à faire par la suite des choix (de mauvais choix) qui reflètent cette croyance.

On a tendance à aligner nos actes sur nos croyances.

En fait, l'envie de se venger n'a rien de mauvais ou de pervers, et on a tort de se voir en noir parce qu'on la ressent. Elle est naturelle, et correspond à un besoin de justice : se venger, c'est rétablir un équilibre, faire payer le responsable d'un crime. Avoir envie que celui qui a fait du mal, paye, avoir envie de se venger, c'est normal, très normal.

Cela ne signifie pas qu'on a le droit de se venger n'importe comment de n'importe quoi. Il faut faire la différence entre l'erreur et le crime, et aussi entre le coupable qui se repent et celui qui n'a aucun remords.

Et bien sûr, il est infiniment préférable que ce soit la justice qui fasse le boulot...

La deuxième catégorie est constituée par les victimes qui ne savent pas qu'elles en sont. Un exemple : les victimes du docteur Mengele, pervers de génie, continuent 30 ans plus tard à le voir comme un "bon papa". Il a su les torturer en s'en faisant aimer. Du grand art.
Evidemment, tant que la victime voit son bourreau comme un être bon et aimant, il n'a pas conscience de sa réalité de victime - ce qui ne veut pas dire qu'il n'en souffre pas, au contraire...

Dans ce cas, ce qui va être libérateur, c'est de prendre conscience que l'être idéalisé qu'on vénérait n'est pas ce qu'on imaginait.

23 juillet 2006

Blessure psychique

Même si on en est averti par une tristesse diffuse, un sentiment de fragilité intérieure, on ne sait pas forcément qu'on a une blessure psychique lorsqu'on en a une.
Et ce n'est que lorsqu'une circonstance bien précise vient toucher cette blessure que notre réaction disproportionnée (le désespoir) révèle l'existence de cette blessure.

Un refus, un rejet au bout du compte assez anodin peuvent plonger dans une souffrance insoutenable.

Il suffit qu'ils fassent écho, même de loin, à une croyance solidement enfouie dans l'âme. Croyance néfaste et destructrice que des circonstances et des paroles bien précises ont ancré dans l'esprit.

Au fond, toute souffrance morale trouve son origine dans une idée. Il "suffit" d'identifier cette idée, puis d'identifier son origine (d'où nous vient-elle exactement ? quel livre, quel film, quelle personne nous l'a inculqué et comment ?) pour en être à moitié débarrassé.

Mais ce travail de détective est rendu difficile par la souffrance qui entoure la blessure comme un champ magnétique répulsif, dissuasif. L'esprit fait un détour lorsqu'il approche de la zone de souffrance.

La faculté qui aide le plus dans cette exploration purificatrice et salvatrice, c'est la raison. La logique. Les émotions nous emportent dans un tourbillon qui rendent toute observation objective et lucide, impossible. Cultiver sa logique et son raisonnement rationnel, c'est non seulement développer sa dignité d'être humain, mais s'armer d'un scalpel aiguisé pour crever et vider les abscès purulents - les siens comme ceux des autres.

L'expression incontrolée des émotions, leur exaspération, n'aide pas à guérir ses blessures (quoi qu'on le prétende parfois).
Pour assainir, débroussailler et éclairer la jungle obscure de l'inconscient, il faut au moins une machette, une boussole, un plan, de puissants projecteurs.

Qu'est-ce qui peut en faire office ?...

La raison. La sagacité. La perspicacité. La lucidité. La rationnalité. La logique. La quête désintéressée et objective du vrai. Cultiver ces qualités, c'est investir de la manière la plus sûre, la plus sage, la plus rentable.

Les émotions apparemment injustifiées et inexplicables que l'on ressent ont toujours une cause. Cette cause est une idée, une idée bien cachée. L'on ne se débarrasse d'une idée qu'en se servant de sa tête, de son intelligence. Première étape, trouver l'idée (parfois, elle se cache) ; deuxième étape, remonter jusqu'à son origine (made in china ? donnée par maman, papa...?) ; troisième étape, comprendre pourquoi elle est fausse et la remplacer par une autre idée beaucoup plus juste.

Exemple.

Idée-blessure que des circonstances bien précises viennent irriter : je me sens de trop. Mon existence est injustifiée ; je n'ai pas lieu d'être...
Circonstances où l'idée trouve son origine : ma grande soeur aurait préféré que je ne naisse pas. Elle me haïssait, et me donnait la sensation que je n'aurais pas dû naître.
Idée contraire : heureusement que je suis là. Je suis quelqu'un d'utile aux autres (ou je vais le dévenir, lorsque je me serai complètement sortie de tous mes problèmes). Et ma grande soeur, qui continue à me détester, n'est pas quelqu'un de bien.

La guérison passe par une mise au point. On ne change pas seulement un détail de l'image, mais toute l'image. Dans cet exemple, pour se débarrasser de l'idée il faut aussi changer d'opinion sur la grande soeur. Si on continue à la voir comme "une gentille", on continuera à se croire de trop. Il faut la faire descendre de son piédestal de sainte et lui coller une étiquette un peu infamante pour se donner à soi-même le droit d'exister.

Nettoyer une blessure psychique, c'est comprendre et juger - ce qui ne veut pas dire haïr ou tomber dans l'aigreur et le ressentiment.

On dit généralement qu'il faut au contraire ne pas juger, mais plutôt aimer de façon inconditionnelle, à la limite de l'aveuglement... ce n'est pas vrai.

Il est très important de faire la différence entre le bien et le mal, d'observer soigneusement la situation, puis de porter un jugement lucide sur ce qui est bien et ce qui est mal.

Les blessures psychiques sont nées dans la confusion (confusion mentale, confusion des valeurs, confusion des idées, des personnes...), ce qui implique que pour les soigner, il faut précisément le contraire : clarté, distinction, séparation, jugement.

En effet, qu'il soit intellectuel ou moral, le jugement est un acte de séparation, de tri : on distingue le vrai du faux et le bon du mauvais. Avoir un "bon jugement", c'est raisonner juste.

On objectera peut-être qu'on a beaucoup souffert dans son coeur et son âme d'être jugé - comment la solution pourrait-elle être semblable au problème ?...

Elle ne l'est pas. Car en réalité, on n'a pas souffert d'être jugé, on a souffert d'être mal jugé, c'est-à-dire d'être jugé de manière faussée, biaisée, injuste. Un bon jugement, c'est-à-dire un jugement juste, est toujours libérateur (sauf bien sûr pour les salauds inaltérables, fermement décidés à rester ce qu'ils sont...)

Grâce à lui, chaque chose reprend sa juste place, et l'image fictionnelle, rêve sans rapport avec la réalité, se fait miroir : enfin, on voit ce qui est.

22 juillet 2006

Qui a raison et qui a tort ?

Prenons une personne isolée, dépressive, et un groupe joyeux, remuant, bien organisé, enthousiaste.

Qui a raison et qui a tort ?

Qui est rationnel et qui ne l'est pas ?

La personne dépressive se pose des questions sur le sens de sa vie, le sens de la vie, le sens de la mort... et souffre de ne pas trouver les réponses.
Les gens joyeux ne se pose aucune question métaphysique et organisent au mieux (du moins c'est ce qu'il semble) leur vie sur terre, comme s'ils devaient y rester éternellement.

Qui a raison et qui a tort ?

Qui est rationnel et qui ne l'est pas ?

Le vilain petit canard

Le conte du vilain petit canard est d'une magnifique simplicité.

On peut le lire comme une parabole, une allégorie. La différence extérieure, concrète, du vilain petit canard symbolise une différence plus intérieure, invisible et subtile.

Cette différence isole le vilain petit canard de ceux qu'il prend pour ses frères et soeurs, et qui sont en réalité d'une autre espèce que lui.

Au début de sa vie, chacun de nous prend pour acquis que le monde extérieur, les adultes qui nous entourent savent ce qu'ils font, sont détenteurs d'une grande sagesse et de grandes connaissances sur l'existence. Cette confiance fait que, s'il y a un désaccord profond et informulé entre eux et nous sur le sens de la vie, sur ce qui est important et ce qui ne l'est pas..., nous croyons naturellement que c'est nous qui avons tort et eux qui ont raison.

Par la force des choses, et parce que nous n'avons encore qu'une intuition, un sentiment intérieur (la différence innée du vilain petit canard) à opposer à leurs certitudes bien établies, vieilles de plusieurs années ou parfois même de plusieurs générations, transmises sans anicroche comme un héritage familial, nous supposons qu'ils sont dans le vrai, et nous, dans le faux.

Cette contradiction entre ce que l'on sent à l'intérieur et ce que l'on voit et croit à l'extérieur, va générer de la souffrance morale.

Même si le vilain petit canard était adoré et respecté par sa famille (mais cela ne risque pas d'arriver, car il est trop différent d'eux pour leur plaire), il ne serait pas heureux. Il se sent différent et promis à un destin différent, et comme il est incapable de comprendre cette différence ou d'imaginer ce destin, il souffre de sa spécificité comme d'une maladie honteuse.

Imaginons que le vilain petit canard ne quitte jamais la ferme où il est éclos : il ne découvrirait jamais sa véritable nature, et pataugerait toute sa vie dans une flaque en se prenant pour un canard raté, une erreur de la nature. Il ne deviendrait jamais un vrai canard, n'ayant pas ce qu'il faut pour ça, et ne deviendrait jamais non plus ce qu'il est destiné à être : un cygne.

Et peut-être qu'un de ces jours, il essaierait de se noyer dans la mare...

La souffrance psychologique et morale ne signifie pas qu'on s'est cassé un neurone ou foulé le cervelet, ou qu'un mystérieux déséquilibre hormonal est venu chamboulé notre tête, mais plutôt qu'on doit sortir d'une manière ou d'une autre de la ferme familiale, de l'univers de référence qu'on a reçu en héritage et où l'on souffre, enfermé.

Si pour un canard "normal", la demeure ancestrale est un paradis, pour un vilain petit canard (pour un cygne à venir) elle est une prison étouffante : sa vérité l'attend ailleurs.

19 juillet 2006

Identifier le problème

Quand on souffre physiquement, on sait la plupart du temps où on a mal et pourquoi on a mal.

Quand on souffre psychologiquement, par contre, on ne sait pas toujours où on a mal, ni pourquoi on a mal.

Comme dans une chambre en désordre, où le chaos général crée une impression de malaise, on a une sensation de confusion interne qui obscurcit la vie et la vue, et on ne sait pas toujours identifié le point douloureux.

On peut aussi croire qu'on l'a identifié, mais prendre l'arbre pour la forêt - c'est-à-dire confondre un aspect ponctuel du mal avec son origine profonde.

En fait, le problème qui est l'origine invisible de la souffrance morale est à bien des égards, indéfinissable tant qu'on ne l'a pas résolu.

Autrement dit, le problème c'est d'identifier le problème.

09 juillet 2006

La dépression est-elle une chance ?

A première vue la réponse est non. Chance de quoi ? de souffrir ?

A deuxième vue, on pourrait dire : une chance de se connaître mieux... (introspection, psychothérapie, etc.)

Mais à troisième vue, c'est encore plus que ça. Une chance à saisir, une chance à ne pas rater.

Deux personnes vivent dans deux appartements différents. La première paye une loyer très cher, trop cher, pour une chambre minable dont la robinetterie fuit et les voisins, crient. La deuxième paye un loyer raisonnable pour un appartement confortable.

Imaginons maintenant que ces deux personnes aient toutes deux une possibilité de déménager pour un appartement magnifique, bien placé, et très bon marché. Qui saisira cette chance à coup sûr, ou presque ?...

Celui qui souffre le plus. L'autre hésitera peut-être, préférant gardant l'appartement qu'il connait bien. L'inconnu fait toujours un peu peur.

Une personne dépressive est comme cette personne qui habite dans un appartement horrible. Son sort est assez misérable pour qu'elle accepte de déménager pour mieux si l'occasion se présente. Déménager : changer de croyances, de personnalité, de vie.

Pour trouver la motivation de déménager (ou de changer), deux conditions sont nécessaires : être mal où l'on est, espérer mieux ailleurs. Or, on ne progresse dans sa vie qu'à condition de changer : il n'y a aucun autre méthode possible.

Une personne non dépressive a de la chance, mais seulement à condition qu'il n'existe pas de meilleur appartement que le sien. Sinon, sa chance se retourne en malchance : à l'abri dans son cocon, elle n'a aucune motivation pour grandir. Son bonheur est statique, immobile.
La personne qui a toujours été protégé contre le malheur est comme un bel arbre que la tempête n'a jamais effleurée. Le jour où elle soufflera, incapable de plier, elle risque fort de s'effondrer d'un coup.

La personne qui souffre psychologiquement a une chance - une chance qu'il dépend d'elle de saisir ou de négliger. Toutes les conditions requises sont réunies pour qu'elle ait envie de changer. A elle de voir si elle y est prête...

07 juillet 2006

Après la mort, quoi ?

On lit parfois des messages du genre "Mourir, c'est partir pour la paix..." C'est une supposition, rien de plus.

Devant une question aussi importante que celle-ci ("Qu'y a-t-il après la mort ?"), il est préférable de ne pas se laisser influencer par Evanescence ou n'importe quel autre chanteur, mais plutôt de mettre les choses à plat et de raisonner clairement, sans négliger aucune possibilité logique.

Trois possibilités :

1.Ce sera mieux après.
2.Ce sera pareil après.
3.Ce sera pire après.

Deux possibilités :

1.Tout le monde ira au même endroit.
2.Ce sera du cas par cas.

Deux possibilités :

1.Notre comportement et nos choix durant notre vie n'auront aucun impact, aucune influence sur l'endroit où l'on se retrouvera après. Qu'on soit un abbé Pierre ou un Dutroux ne changera rien à notre destin post-mortem. (C'est l'idée véhiculée par la chanson "On ira tous au Paradis..." Les chansons il vaut mieux s'en méfier : elles nous inculquent des idées en douceur, sans qu'on s'en aperçoive.)
2.Notre comportement et nos choix durant notre vie auront un impact, une influence sur l'endroit où l'on se retrouvera après.

On a tendance à ne pas envisager certaines des possibilités logiques énumérées ci-dessus.

05 juillet 2006

Aller mal quand tout va bien

Certaines personnes déprimées ont l'impression (troublante) qu'elles vont mal sans aucune raison, autrement dit qu'elles vont mal quand tout va bien.

En fait, c'est une illusion d'optique : il n'existe aucun état d'âme, comme aucun quoique ce soit, qui existe sans cause.
Aucun lapin ne sort miraculeusement d'un chapeau vide : il y a toujours un truc. Une explication.
Lorsqu'on déprime c'est pour une raison, une bonne raison. Mais dans le cas du "tout va bien", on arrive pas à l'identifier.

Pourquoi ? Parce que notre société fonctionne sur certaines idées, certaines croyances, parmi lesquelles celle-ci : si vous avez de l'argent, un travail, une famille, deux ou trois amis... et que vous n'êtes pas dans une chaise roulante... alors tout va bien.

L'accent est mis sur les possessions matérielles, et secondairement sur les personnes. Du coup, quand on ne manque ni d'euros ni d'entourage, on ne comprend pas pourquoi on va mal. On ne se rend pas compte qu'on peut très bien "avoir tout" à un certain niveau, et être cruellement dépourvu à un autre.

Riche d'un côté, démuni de l'autre.

Il y a des "choses" (ce n'en sont pas, justement) invisibles qui, lorsqu'on ne les possèdent pas, manquent cruellement et dont l'absence déclenche angoisse et déprime...

La solution tout de suite ?

Lorsque l'on souffre, ce à quoi l'on aspire c'est un soulagement, un apaisement immédiat - autrement dit, le bonheur tout de suite.

Comme par rapport à l'argent, par rapport au bonheur deux attitudes très différentes sont possibles :

1/la consommation dépensière.

2/l'investissement avisé.

Prenons le cas de quelqu'un qui aime dépenser. Son plaisir, c'est d'acheter des habits, se payer des vacances... Du coup, pour satisfaire tous ses caprices, il emprunte. Ses crédits s'accumulent peu à peu. Il devient de plus en plus pauvre. Pour oublier sa pauvreté, il dépense de plus en plus... et entre dans une spirale infernale qui le laisse complètement endetté, en plein désarroi.

Prenons maintenant le cas de quelqu'un qui aime investir. Il dépense beaucoup de temps, d'énergie et d'argent pour trouver des méthodes qui lui permettent de multiplier ses actifs (et du coup, d'accroître ses gains) : lorsqu'il dépense de l'argent, c'est dans le but d'en gagner davantage par la suite. Au bout du compte, il devient riche, très riche.

Par rapport au bonheur, c'est exactement la même chose : on peut soit dépenser à perte, soit investir.

Une dépense à perte correspond à un bonheur immédiat, mais qui laisse ensuite plus démoralisé et désorienté que jamais. Par exemple, pour quelqu'un qui a un faible pour les fêtes, le fait d'oublier ses problèmes dans un tourbillon de rires, de sexe et d'alcool. La satisfaction - autrement dit, la dépense - est immédiate. Et le lendemain, on se sent plus pauvre, c'est-à-dire plus triste et plus faible. On "claque" son bonheur, on le jette par les fenêtres... et ainsi, on augmente sa dette (sa dépression).

Inversement, on peut investir dans son bonheur.

Par exemple, lorsque l'on fait quelque chose de difficile, mais dont on sait très bien qu'on en tirera un sentiment de fierté par la suite. Toute corvée devant laquelle on recule est, en terme de bonheur, un investissement avisé. Même la personne la plus dépressive peut investir d'une manière judicieuse dans son bonheur futur : pour cela, il "suffit" - bien sûr, c'est très difficile - qu'elle fasse ce dont elle sait qu'elle sera fière de l'avoir fait lorsqu'elle l'aura fait. Quelque chose qui lui apportera un surcroit de bien-être après - et pas tout de suite! - tout en améliorant l'image qu'elle a d'elle-même. Quelque chose qui lui soit utile, ou qui lui prouve à ses propres yeux sa valeur - ou les deux.

Exemples concrets : ranger, faire la vaisselle, se laver, sourire à la voisine, chercher la vérité (mais pour ça il faut penser qu'elle existe).

Evidemment, tout dépend de l'état dans lequel on se sent. Pour quelqu'un d'extrêmement déprimé, le fait même de se lever peut déjà constituer un exploit. Pour quelqu'un d'autre, se sera le fait de sortir acheter du pain... C'est très variable.

Ce raisonnement n'est d'ailleurs pas valable que pour les personnes déprimées. N'importe qui, dans n'importe quelle circonstance, peut choisir entre la dépense inconsidérée du bonheur ou l'investissement au long terme.

La société dans laquelle nous vivons, et surtout la télé, la pub..., encouragent fortement à opter pour "la consommation dépensière". Du coup, lorsqu'on n'arrive pas à être heureux tout de suite, on se décourage. Mais le bonheur n'est pas quelque chose qui arrive comme ça, par hasard. En effet, ce qui arrive soudainement et qui semble de la chance n'est pas le bonheur durable.
La plupart des gagnants du loto sont au bout de quelques années ruinés ou suicidés : leur "chance" n'a pas suffi à les rendre stable ou heureux.

Comme n'importe quel édifice, le bonheur se construit. Pour quelqu'un qui est déprimé depuis longtemps, le "carpe diem" hédoniste (qui satisfait d'autres personnes et tant mieux pour elles) n'est pas du tout une solution.

L'une des conditions nécessaires - mais pas suffisantes - pour être heureux, c'est d'avoir une bonne image de soi-même. Or, la seule façon de l'améliorer est de choisir de gravir la montagne. Autrement dit, de faire des efforts pour remonter une pente, plutôt que de la dévaler...

Descendre est toujours plus facile que monter, mais lorsqu'on choisit la solution de facilité - qui d'ailleurs n'est jamais la solution - on n'a aucune raison de se sentir fier de soi-même.

La déprime est presque toujours associée à une mauvaise image de soi-même. Pour l'améliorer, il ne suffit pas de se répéter "je suis quelqu'un de merveilleux" : il faut se le prouver à soi-même, par des actes concrets.

(Tout ceci étant dit, on peut quand même aller vraiment mieux très vite si on fait appel à la bonne personne.)

04 juillet 2006

L'angoisse : une explication

Les films d'angoisse, qui sont instructifs à plus d'un niveau, jouent beaucoup sur l'ignorance du spectateur : on voit du sang qui goutte, mais on ne sait pas d'où il vient... on entend un bruit, mais on ne sait pas ce qui l'a provoqué... on perçoit une lutte confuse, mais sans distinguer ceux qu'elle met aux prises...

Ces films sont d'autant plus efficaces qu'on ne voit rien : le Blairwitch project en est un exemple. On est terrorisé, mais terrorisé de quoi?... De bruits inexpliqués dans l'obscurité profonde d'une forêt inconnue.

C'est l'inconnu qui effraie, c'est l'inconnu qui terrorise.

L'angoisse est, en général, étroitement liée à l'ignorance. D'une certaine façon, elle en est la conséquence. Ne pas savoir - ou pire : ne savoir que partiellement - n'est pas rassurant du tout. C'est même terriblement angoissant.
Si vous saviez que quelqu'un veut vous tuer, ne seriez vous pas horriblement effrayé ?...
Mais si vous saviez que l'assassin habite au 3 bis rue du Général de Gaule de telle ville, qu'il a telle et telle habitude, et que s'il veut vous tuer, c'est pour telle raison bien précise, vous seriez déjà beaucoup moins angoissé. Pour se protéger d'un danger il faut le connaître, le connaître en détail.
Connaître, c'est sortir de ténèbres terrifiantes. Connaître, c'est trouver ou retrouver le pouvoir.

Voici donc l'hypothèse, mon hypothèse : les personnes angoissées souffrent de ne pas savoir quelque chose, d'ignorer quelque chose.

Leur angoisse est en réalité une interrogation qui n'a pas trouvé de réponse satisfaisante. Comme les protagonistes du Blairwicht project, elles ont entendu des bruits inquiétants dans la forêt, et comme eux, elles manquent de lampe torche pour savoir précisément ce qu'il en est.

La solution n'est donc pas d'enfouir sa tête dans son sac de couchage ou d'avaler des cachets qui font dormir, mais plutôt de chercher une lampe torche : il n'y a que ceux qui cherchent qui trouvent.

03 juillet 2006

Une sensation d'irréalité

L'une des formes que peut prendre le mal-être est une sensation d'irréalité.
Un peu comme dans le Truman Show : l'impression que tout n'est que décor...
Cette sensation se double d'un sentiment d'impuissance. Comme si on n'avait aucune prise sur le monde, comme si nos mains étaient des gants ou que l'on n'avait pas de main pour saisir, qu'il n'y avait que des images sans substance. On se sent séparé de la réalité, séparé de la vraie vie - ou alors on a carrément l'impression que "la réalité" n'existe pas, qu'elle n'est qu'une illusion d'optique.
La vie est un songe, et c'est angoissant (ou du moins oppressant, démoralisant).
Cete sensation étrange, incompréhensible, peut déclencher une crise de panique : la certitude qu'on va mourir, ou devenir fou...

Les personnes qui connaissent ce type de sensation sont beaucoup plus fréquentes qu'on pourrait le croire. Certaines vont consulter pour ça, d'autres non. Il y en qui a qui trouvent l'expérience "intéressante"... mais en souffrent malgré tout.

Les psychiatres n'ont pas d'explication à proposer.
Ou plutôt, ils en ont deux. Pour eux,
1/soit il s'agit d'un problème biologique (un déséquilibre dans le cerveau, des neurones qui se connectent mal, etc.)
2/soit il s'agit d'un problème psychologique (dépression, schizophrénie, trouble bi-polaire ou n'importe quoi d'autre).
Autrement dit, ils ont des explications qui n'expliquent pas. Ou du moins, pas grand chose.


Quelle signification ce sentiment d'irréalité pourrait-il avoir ?... Est-il explicable autrement que par un "ça fait partie de la dépression (ou de la schizophrénie, ou des troubes bi-polaires, ou d'autre chose)" ? Est-ce que ce sentiment correspond à quelque chose...?

En fait, comme souvent avec la souffrance psychologique, on a affaire à un signal d'alarme, un SOS, mais qu'on arrive pas à déchiffrer correctement.

Deux explications sont possibles :

1/La première, c'est qu'effectivement le monde n'existe pas comme le disent certains mystiques : tout n'est qu'illusion, "maya", etc., etc. Mais cette idée, toute séduisante qu'elle est, n'aide absolument pas à se sortir de l'angoisse et de la souffrance.
Il y a donc de forte chance qu'elle soit fausse : un des critères de la vérité c'est le bien-être qu'elle nous procure lorsqu'on y adhère. (Evidemment ce n'est que mon avis, et on n'est pas obligé de le partager...)

2/La deuxième, c'est qu'il y a bien quelque chose de faux et d'irréel, mais ce n'est pas le monde physique, qui lui existe, a un poids, une forme, une consistance. Ce quelque chose de faux est dans l'esprit de la personne angoissée, mais comme elle ne le sait pas - c'est-à-dire qu'elle ne sait pas qu'elle croit à quelque chose de faux - elle "déplace" son intuition sur le monde qui l'entoure. Autrement dit, ce n'est pas ce qu'elle regarde qui est irréel, mais ce sont les lunettes avec lesquelles elles regardent qui sont irréelles, c'est-à-dire mensongères. Quelles lunettes ?... Celles que nous portons tous devant les yeux sans nous en rendre compte : nos croyances, nos idées.

Notre système de croyances est non seulement l'instrument d'optique à travers lequel nous regardons le monde, mais notre "mode d'emploi" de la vie. C'est par lui que nous nous saisissons de notre existence pour en faire quelque chose... ou rien.

Aussi la sensation oppressante d'irréalité pourrait être comparée à celle qu'éprouverait quelqu'un qui, pour faire fonctionner son micro-onde (ici, sa vie), n'aurait que le mode d'emploi d'un frigo. Mais la personne en question croit dur comme fer qu'il s'agit du bon mode d'emploi, et que ce qu'elle a sous les yeux est un frigo.

Du coup, elle se sent impuissante... elle n'arrive pas à faire fonctionner son micro-onde qu'elle prend pour un frigo... c'est comme si elle n'avait pas de main... et quand elle observe ce frigo étrange, vraiment bizarre - il est petit, on ne peut rien y ranger, et en plus les aliments s'y conservent très mal - elle est pris d'une sensation d'irréalité... comme si tout était faux dans le monde.

En réalité, tout est faux dans son monde, parce qu'elle a mis toute sa confiance dans un mode d'emploi qui n'est pas le bon, et qu'elle croit des mensonges sur son micro-onde.

02 juillet 2006

Suffit-il de trouver l'homme (ou la femme) de sa vie pour être heureux ?

Tout le monde rêve de rencontrer son âme-soeur. Et tout le monde s'imagine assez naturellement que s'il la rencontrait, ce serait la fin de toutes ses souffrances et le début d'un bonheur sans nuage : "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants..."

Du coup, beaucoup d'entre nous passent des années à attendre, avec un coeur romantique, l'arrivée tant attendue de l'homme, ou la femme, de sa vie... Quand on est submergé sous la souffrance, cette attente ou cette quête passe parfois au second plan, mais en général on reste profondément persuadé qu'il suffirait de la ou le rencontrer pour que tout soit résolu.

En fait, cette conviction est à la fois vraie et fausse (j'ai trouvé l'homme de ma vie et je suis mariée avec, c'est pour ça que j'ai une opinion).

Vraie, car quand on cherche le bonheur complet, on ne peut pas faire l'économie de l'amour. C'est-à-dire que pour être heureux, on a à peu près tous besoin de vivre en couple avec la personne qu'on aime. Sauf peut-être les moines bouddhistes et les nonnes, et encore : rien ne nous garantit qu'ils sont heureux...

Il est tout à fait exact que l'homme ne peut trouver son bonheur sans une femme, sa femme, et de même, que la femme ne peut trouver son bonheur sans un homme, son homme. Chaque être humain est une moitié masculine ou féminine de l'humanité qui cherche son autre moitié pour se sentir complet.

Mais cette conviction - qu'il suffit de rencontrer l'homme ou la femme de sa vie pour être heureux - est aussi complètement fausse, car si l'homme ou la femme en question a des problèmes psychologiques non résolus, ou si soi-même on en a, il y a de forte chance que le couple qu'on forme avec lui ou elle ne dure pas. Ou s'il dure, qu'il soit mêlé de beaucoup d'amertume, de rancoeurs et de larmes et ne ressemble en rien au paradis qu'on s'en promettait.
J'ai rencontré l'homme de ma vie, mais j'aurais pu refuser son amour, j'aurais pu le perdre, et je pourrais encore le perdre, si je n'avais pas accepté, et si je n'acceptais pas encore très régulièrement, de changer.
Autrement dit : si c'est la chance (ou plutôt ce qui se cache derrière ce mot) qui m'a permis de le rencontrer, ce n'est pas grâce à la chance que je peux vivre durablement et heureusement avec lui. Ce qui rend cette union possible, c'est ma propre volonté de changer.
Changer quoi, exactement ?...
Il ne s'agit pas de changer de style vestimentaire ou de couleur de cheveux, mais de changer quelque chose d'infiniment plus déterminant quoiqu'invisible : les idées, le programme de son ordinateur mental.

L'auto-mutilation

Il y a un lien direct entre "plaisir ou soulagement immédiat" et "souffrance au long terme" ou "comportement destructeur et auto-destructeur au long terme".

Fumer est agréable tout de suite, dangereux au long terme.
Boire de l'alcool est euphorisant sur l'instant, et donne mal à la tête le lendemain - et si on insiste trop longtemps, l'alcool conduit à la cirrhose du foie, aux mains qui tremblent, au visage rouge et bouffi... et à la mort.
Se plonger dans un rêve (par exemple : "peut-être qu'Antoine est amoureux de moi...") est fort agéable, mais conduit ensuite bien souvent à d'amères et douloureuses désillusions.

Mis à part les besoins vitaux - boire, manger, dormir -, la plupart, ou du moins un grand nombre, des plaisirs enivrants ou consolants, la plupart des satisfactions rapides sont extrêmement dangereuses et destructrices au long terme.

Le problème - l'un des problèmes - c'est que lorsqu'on va mal, on perd complètement de vue le long terme. On vit dans l'instant (affreux), dans la minute, dans la seconde. On n'arrive pas à se projetter dans le futur, même dans un futur très proche.

Parfois, lorsqu'on se sent vraiment très mal, même demain semble irréel... il n'existe qu'aujourd'hui, lui seul a de l'importance...

Alors on n'agit que par rapport à "aujourd'hui". Et "aujourd'hui", il n'y a rien de mieux à faire que d'échapper à la souffrance - morale et psychologique - en la fuyant dans une bouteille, un paquet de cigarette ou... l'auto-mutilation.

L'auto-mutilation fait parti de ces plaisirs immédiats qui soulagent sur l'instant, et conduisent à la mort au long terme.

Pourquoi ?

Parce que même si les mutilations ne mettent pas en danger la vie de la personne sur le coup, elles installent avec le temps un certain état d'esprit et un certain rapport à l'auto-violence qui, eux, sont extrêmement dangereux.

L'idée dangereuse et fausse qui nait de la pratique de l'auto-mutilation, ou qui est en à l'origine, est celle-ci : "faire du mal à son corps, c'est soulager les souffrances de son âme."

Il n'en est rien !

Maltraiter le corps ne guérit pas l'esprit. Le problème est dans l'esprit : ce n'est pas en punissant le corps (qui n'y est pour rien, le pauvre!) qu'on soigne l'âme. Le problème est de nature morale. On souffre dans sa tête, dans son coeur... dans son âme. La solution est donc aussi de nature psychologique, morale.

Nous vivons dans une société très matérialiste qui ne voit que le corps, que la matière... et peut-être que l'auto-mutilation est une protestation inconsciente contre cette dictature de la chair. L'être humain n'est pas qu'un estomac ou qu'un sexe. L'être humain n'est pas qu'une "forme" plus ou moins esthétique, une paire de fesses ou de seins... l'être humain est infiniment plus que cela.

Mais ce n'est pas une raison pour martyriser son corps. Car le remède à la souffrance morale est à chercher au niveau de l'esprit, de la conscience, des idées...

Imaginons que l'esprit et le corps soit deux frères siamois impossibles à séparer. Le premier (l'esprit) est malade. Est-ce que la meilleure méthode pour le soigner est de cisailler les bras de son frère ?...

A toi qui veux te tuer...

Le message a été déplacé - je ne laisse ici que les commentaires.

01 juillet 2006

Homosexualité et idées noires

Il y a de nombreuses personnes, en particulier chez les adolescents, qui sont dans un état dépressif lié à une attirance pour les personnes du même sexe.

A eux, deux possibilités se présentent :

1/Soit ils choisissent d’intégrer la communauté gay ou lesbienne et d’endosser, pour toute la vie probablement, l’identité d’homosexuel. Dans cette direction, ils trouveront beaucoup de personnes pour les encourager et les guider.

2/Soit ils choisissent de résister à leur attirance. Dans ce deuxième cas, il faut qu’il sache (car cette information reste assez confidentielle) qu’il est possible de devenir hétérosexuel ; il existe des thérapies efficaces. Par exemple : http://www.narth.com/ Le site est en anglais, malheureusement.

L'orgueil est une prison

Pour résoudre ses problèmes, il faut commencer par les identifier. Pour les identifier, il faut commencer par reconnaître qu’ils ont le droit d’être là. Et pour cela, il ne faut pas avoir d’orgueil…
Pour trouver de l’aide, il faut commencer par en chercher. Pour en chercher, il faut être conscient qu’on en a besoin. Et pour ça, il ne faut pas avoir d’orgueil…
Pour aller mieux, il faut changer – et même changer en profondeur. Pour être prêt à le faire, il ne faut pas avoir d’orgueil…

L’orgueil est une prison. On y étouffe comme dans une armure rouillée. L’orgueil est l’un des principaux obstacles à tout changement positif…

« Je n’ai besoin de personne !… je suis capable de m’en tirer tout seul… je veux trouver la solution tout seul… Les autres ne savent pas mieux que moi… » ou « Je suis différent, à part. Supérieur ou inférieur… mais différent (c’est-à-dire, supérieur). Un génie inconnu, méconnu… »

Ou encore :

"Quoi, ton briquet?! Tu peux te le garder, ton briquet! Je suis très heureux avec ma bougie éteinte et je vois très bien dans le noir, merci!!"

Ce genre de discours intérieur est extrêmement pervers. Il console d’un sentiment de solitude en le renforçant. Il empêcher de chercher, de reconnaître les solutions là où elles sont vraiment.

La haine de soi

Quand on va mal, on a tendance à se détester, à moins qu'on aille mal parce qu'on se déteste.

Ce non-amour ou même cette haine de soi demande à être guérie. La grande question, c'est comment ?...

J'aurais tendance à penser qu'il n'y a pas de méthode directe pour passer de la haine de soi à l'amour de soi (à moins bien sûr de demander de l'aide à LA bonne personne...)

En effet, la haine de soi est plutôt une conséquence d'un autre problème plus enfoui, la partie apparente de l'iceberg, que la véritable racine du mal.

Mais ce qui est sûr en tout cas, c'est que la "haine de soi" ne se guérit pas en ne se refusant rien : ce n'est pas en se gâtant soi-même comme un enfant gâté qu'on apprend à s'aimer.

Ce qui est sûr aussi, c'est que le discours rose bonbon qui présente "l'amour inconditionnel" comme un idéal est totalement bidon. En effet, il n'y a aucune raison d'aimer Staline... et il y en a plein d'aimer l'abbé Pierre !... (ce n'est qu'un exemple). L'amour se mérite.

Si quelqu'un fait beaucoup d'effort pour vous plaire ou vous aider, s'il est toujours souriant et aimable avec vous, il y a de fortes chances pour que vous l'appréciez, et ça, c'est parfaitement NORMAL - ou naturel, pour ceux qui bloquent sur le mot "normal" pour avoir trop entendu dire qu'ils ne l'étaient pas... Inversement, si quelqu'un vous parle d'un ton méprisant et vous fait des crasses, vous ne l'aimerez pas, et ça aussi c'est normal.

L'amour se mérite. Et peut-être aussi l'amour de soi-même... pour s'aimer, première étape : faire quelque chose pour soi.

Pas quelque chose du genre facile, agréable et plus ou moins destructeur, comme boire de l'alcool ou plonger dans un univers de rêve (cinéma, télé...) pour oublier sa vie - plutôt quelque chose du genre pas facile, moyennement agréable, et vraiment constructif. Par exemple, faire sa vaisselle et ranger son appartement.

Plus ça nous coûte et plus avons de mérite à le faire. Une personne totalement déprimée qui prend sur elle pour sortir du chaos qui l'entoure et faire régner l'ordre dans sa chambre fait preuve d'un courage véritablement héroïque. Car à toutes les idées, angoisses et souffrances qui la tire vers le bas, c'est-à-dire vers la passivité et l'apathie, ou le tourbillon stérile de fêtes où tout s'oublie, elle résiste, et choisit la solution de difficulté - qui bien souvent représente le bon choix.

Autre exemple de solution de difficulté : chercher et trouver un livre qui propose de nouvelles idées dans un rayon encore inconnu d'une librairie connue (ou mieux encore dans une librairie inconnu). La recherche de mot-clef sur google peut être aussi intéressante... mais là encore, la solution de difficulté consiste à ne suivre la pente habituelle, à ramer à contre-courant, à chercher dans une direction nouvelle.

Pourquoi a-t-on envie de mourir ?

A quelqu’un qui a envie de mourir, on propose en général toujours les mêmes conseils :

1/la première, c’est de penser à autre chose. Conseil inutile que la personne dépressive s’est déjà donnée à elle-même et qui ne lui a servi à rien.

2/La seconde, c’est de positiver. On lui explique alors que « la vie est belle ». Le problème, c'est que lorsqu'on est déprimé on la voit moche...

3/La troisième, c’est de s’occuper… c’est-à-dire de penser à autre chose (retour à la case départ).

4/La quatrième, c’est d’aller voir un psy. Le psy à son tour va lui expliquer soit que sa souffrance est causée par un traumatisme subi dans son enfance, ou bien qu’une personne de son entourage est directement ou indirectement responsable de tous ses problèmes (sa mère, son père, son grand-père, etc.), ou encore que le problème étant en elle, la solution est aussi en elle… Conséquences possibles : elle se fâche avec toutes sa famille. Et cherche en elle-même la solution à tous ses problèmes, sans la trouver.
Avec un peu de chance, le psy sera une personne attentive, chaleureuse et compréhensive, et on trouvera auprès d'elle un soutien psychologique de type amical ou parental, connaissances psychologiques en sus.

5/La cinquième, c’est d’aider les autres.
C’est-à-dire qu’on demande à quelqu’un qui se noie de devenir maître nageur.
Effectivement, lorsque la personne aura appris à nager, elle fera probablement un excellent maitre nageur, car elle connaîtra toutes les difficultés et les angoisses du débutant qui patauge et pourra aider ceux qui sont aux prises aux difficultés terribles qu'elle a traversées elle-même, et dont elle se souvient. Mais il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs.
Pour l'instant, la personne n'est pas encore sortie de l’eau… elle a besoin d'être aidée avant de pouvoir aider les autres.

Il faut chercher un peu plus loin. Pourquoi a-t-on envie de mourir ?

1/Parce qu’on a la sensation de mener une existence absurde, de dériver sans but : on ne voit pas l'intérêt de vivre, sachant qu'il faudra mourir un jour.

2/Parce qu’on souffre horriblement, et qu’on suppose - ce n'est qu'une supposition - que le suicide est un point final qui résout tous les problèmes.

3/Parce qu’on croit que la mort est une grande aventure.

Les psychanalystes insistent souvent sur la nécessité de « donner du sens » à sa vie… Le problème, c’est que si l’on « donne » du sens sur la vie, ça veut dire qu’en réalité, elle n’en a pas, et qu’il faut lui en rajouter artificiellement pour la rendre supportable…

Bien sûr certaines personnes ont des raisons plus « valables » que d’autres de sombrer dans la dépression. Mais la cause profonde d’une dépression n’est pas à chercher dans les circonstances qui semblent l’expliquer. La perte d’un emploi, d’un être cher, des souffrances subies dans l’enfance… sont plutôt des facteurs déclenchant.

La vraie raison d’un état dépressif qui dure plusieurs années est à chercher dans nos croyances.
C’est ce que nous croyons de nous-même, de la vie et de la mort qui nous rend dépressif – ou pas. Les personnes qui gardent toujours la tête hors de l’eau sont celles dont les croyances les protègent. Cela ne veut pas dire qu’il suffit de se répéter à longueur de journée « la vie est belle » pour y croire… (d’autant que ce n’est pas tout à fait vrai : même pour quelqu’un qui n’est pas dépressif, la vie ressemble plus à un examen qu'à des vacances…) Pour être protégé contre la dépression, il faut croire sincèrement, honnêtement aux croyances qui en protègent.
Autrement dit, il faut avoir trouvé le sens de la vie.

Que peut-on espérer des médicaments ?

Prendre des médicaments pour aller (miraculeusement) mieux est un geste très compréhensible, et d'ailleurs souvent encouragé par les médecins.
On a tous envie de croire que la solution est aussi simple, aussi évidente qu'une pilule à avaler avec un verre d'eau...

Mais au fond, comme toujours, la "solution" immédiate et facile n'est pas la bonne. D'ailleurs qui aurait l'idée de soigner le choléra par une psychanalyse ?... Soigner une dépression, autrement dit de la tristesse, par des médicaments est tout aussi inapproprié.

Bien sûr, on reçoit un certain soulagement de ces médicaments. Exactement comme n'importe quelle personne qui est accro à l'alcool, la cigarette ou la drogue. La différence, c'est que le fournisseur de drogue est un individu louche, tandis que le docteur qui prescrit des antidépresseurs est un personnage respectable. Mais les buts - un bien-être éphémère - et les moyens - une substance euphorisante dont on devient dépendant à la longue - sont très comparables...

Ce que font les médicaments, les cigarettes et les drogues, c'est voiler le problème. L'occulter derrière un voile de fumée et d'euphorie artificielle. Malheureusement, ils ne font pas que cela : ils créent aussi un autre problème, un nouveau problème.

Prenons le cas d'une personne angoissée. Pour calmer ses angoisses, elle se met à boire. Au bout d'un certain temps, elle n'a plus un problème, mais deux problèmes :
- son problème d'angoisse, qui n'a pas disparu.
- un problème d'alcool, qui est venu s'y ajouter.

Les solutions de facilité ne sont des solutions qu'au court terme. Au long terme, elles créent de nouveaux problèmes, des problèmes parfois extrêmement graves.

C'est comme une mauvaise herbe. Les médicaments (ou autres) la recouvrent d'une bâche qui la dissimule au regard, mais qui en même temps la protège. Le jardinier ne peut plus l'arracher, parce qu'il ne la voit pas.

La dépression, l'angoisse, la folie... ne sont pas à cacher, mais à déraciner.

Questions sans réponses

Se pose-t-on des questions parce qu'on est déprimé, ou le contraire ? Beaucoup pensent et disent que c’est parce qu’on va mal qu’on se pose des questions existentielles : on ne s'interrogerait que parce qu'on souffre.

En réalité ce serait plutôt l’inverse : on réfléchit sur le sens de la vie, on bute très vite contre un mur d’obscurité, et c’est cette désespérante absence de réponse qui conduit à la dépression, aux angoisses… et parfois à la folie (qui n’est pas si rédhibitoire que ça, d’ailleurs : on peut avoir des bouffées délirantes plus ou moins longues et retrouver par la suite une complète stabilité psychologique.)

Mais pourquoi les questions qu’on se pose ne trouvent-elles pas de réponses ?...
En fait, trois cas sont possibles :

1/On fait tout pour occulter, oublier les questions qui nous taraude.

2/Les questions qui nous tracasse sont mal posées.

3/Nos questions sont bien posées, mais on ne cherche pas leurs réponses au bon endroit.

Dans le premier cas, on est persuadé que le problème, ce n’est pas l’absence de réponse, mais la question en elle-même, qui serait illégitime et n'aurait pas lieu d'être. Du coup, on ne veut même pas faire l’effort de chercher… dans ces conditions, il est évident qu'on ne trouvera jamais.

Dans le deuxième cas, il y a un gros travail à faire pour débroussailler, éclaircir le problème. Une question dont on ne trouve nulle part la réponse est bien souvent une question mal posée : si on arrive à la remettre à l’endroit, à l’assainir… on aura une petite idée d’où l’on peut chercher la réponse. Ce travail de mise au point demander de regarder sa question sous un autre angle, de l’envisager sous un jour différent, d’élargir le contexte : la solution étant toujours à chercher en dehors du problème, il est bon de prendre un peu de recul, et de regarder autour de la question.

Dans le troisième cas, on cherche et cherche la réponse, sans la trouver… Et peut-être qu’elle est juste à côté de nous, ou du moins qu'elle n'est pas très loin, mais à un endroit où de soi-même, on n'aurait jamais l’idée d'aller voir.