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05 mars 2009

L'espace entre hier et aujourd'hui

Lorsqu'on n'a jamais changé, il est difficile de croire au changement.
Ou plutôt : si on y croit, c'est à la manière dont on croit à la mort.
Une tragédie lointaine à laquelle il vaut mieux ne pas penser...
(Car lorsqu'on n'a jamais changé, c'est souvent ainsi que l'on pense à la mort).

On ne croit pas qu'il y ait d'espace entre hier et aujourd'hui.

On croit que ces deux jours n'en font qu'un ; on croit à la fidélité du futur au passé. On craint seulement une certaine érosion... on craint l'usure.

La vieillesse nous fait peur.

Lorsqu'on n'a jamais changé, on tourne en rond dans le même cercle d'idées et d'identité. On reste le même. On ne "veut pas" changer. On a "peur" de changer. Un déménagement serait la fin du monde : il révèlerait au grand jour la vérité que nous dénions. Il trahirait aux yeux de tous (et aux nôtres), que nous n'avons pas de racine.

Nous ne sommes pas un chêne solidement enraciné depuis mille ans dans le sol. Nous sommes amovibles. Quelle honte !... Quelle obscénité. Chut. C'est un secret.

Lorsqu'on n'a jamais changé, on se croit très intelligent. On regarde les autres avec très peu de curiosité. Enfin si : que pensent-ils de nous ? Nous aiment-ils ? Nous admirent-ils ? Telles sont les questions.

Lorsqu'on a changé une fois, on commence à s'apercevoir qu'on n'était peut-être pas si intelligent que ça - avant. On commence à comprendre qu'on s'est peut-être trompé... mais chut. C'est un secret.

Lorsqu'on a changé deux fois, on commence à se rendre compte qu'on n'était peut-être pas si intelligent que ça - il y a cinq minutes. Les autres commencent à nous dire "Je ne te reconnais pas." Et nous ? Est-ce qu'on se reconnaît encore ?

ça bouge dans le miroir.

Lorsqu'on a changé trois fois, quatre fois, cinq fois, six fois, cent fois, on commence à comprendre.
La vie est un mouvement perpétuel ; qui refuse de suivre le flot s'échoue sur la grève, comme les baleines. Pour sortir de la mort, il n'y a pas d'autre porte que celle du changement.

Celui de la surface est secondaire ; c'est celui du cœur qui compte.

Changer son cœur, changer sa vision, ses priorités.
Et décider que dorénavant, notre identité ne sera plus suspendue à tel ou tel défaut bien ancré, mais plutôt à telle ou telle qualité à venir, que nous choisissons de développer en nous.

Parce qu'on a le choix.

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