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26 juin 2009

Si l'on a tout ce que l'on a toujours désiré et que l'on déprime quand même, où est la solution ?

En réponse à cette question...

Déjà, petit avertissement : ce que je vais dire ne constitue rien de plus que mon point de vue d'ex-dépressive, et rien de plus. La question étant très générale, la réponse le sera aussi. Ce sera plus un ensemble de réflexions qu'un conseil.

Peut-on avoir tout ce que l'on désire ?

Dans un livre de développement personnel, un dessin humoristique. Un clochard dit à un autre : "Je suis plus riche que dans mes rêves les plus fous... le problème, c'est que je n'ai jamais eu que de tout petits rêves".

"Avoir tout ce que l'on désire" signifie qu'on a atteint la fin d'un cycle, qu'on est arrivé au bout de la chambre, jusqu'au mur. Mais la chambre n'est pas la maison, la maison n'est pas la ville, la ville n'est pas le pays, le pays n'est pas le monde, et le monde n'est pas l'univers ! Il y a toujours plus à désirer parce qu'il y a toujours plus à explorer.

Recroquevillée dans sa chrysalide, la chenille a tout ce qu'elle désire.

Pour les chrysalides humaines, la grande question est : vais-je resté momifié ainsi jusqu'à ma mort biologique, ou opter pour la métamorphose ?

Autrement dit, pousser la porte, et sortir de la chambre ?

Autre remarque.

Quand on déprime alors qu'on a "tout ce qu'on désire", on a tout ce qu'on désire mais probablement pas tout ce dont on a besoin.

Car il y a les désirs (parfois contingents, socialement déterminés, très personnels) et il y a les besoins (qui sont à peu près les mêmes chez tous).

Manger, est un besoin.
Dormir, est un besoin.

Mais pas seulement :

Comprendre, est un besoin.
Aimer, est un besoin.

Quand on ne (se) comprend pas, quand on se fait des illusions sur soi et sur le monde, et sur sa place dans le monde, on souffre. On souffre sans savoir pourquoi, parce qu'on croit savoir, on croire comprendre.

Quand on n'aime pas, quand on n'arrive pas à instaurer une relation intime et satisfaisante, nourrissante, on souffre aussi. Même si on se prend pour un "loup solitaire", un "célibataire endurci" ou n'importe quel être soi disant autonome, on souffre. Car l'être humain n'est pas fait pour vivre seul, pas fait pour se contenter de lui-même : il a besoin de partager, il a besoin d'aimer.

On peut ne pas avoir conscience de ses propres besoins.

Et lorsqu'on n'en a pas conscience, on ne cherche même pas à les satisfaire !

Pendant des années, j'ai considéré mon célibat comme parfaitement normal. Je voyais des couples dans la rue et j'imaginais toujours qu'ils ne se connaissaient pas - jusqu'à que l'homme parle à la femme, ou la femme à l'homme. J'étais aveugle à l'affectif, anesthésiée de la part considérable et si douce qui fait de nous des êtres sociables, avides de contact et d'échanges, d'amour.

Alors non, je ne vous conseille pas de vous tourner vers votre petite enfance... bien sûr que votre manière d'être a été conditionné par vos premières années ! Vous le savez déjà, ou si vous ne le savez pas, vous trouverez d'autres personnes que moi pour vous l'expliquer. Et d'ailleurs, quand vous aurez accusé papa-maman de tous vos malheurs, vous ne vous sentirez pas mieux : vous vous sentirez bien pire.

Je vous conseille plutôt - et c'est un conseil très général et très vague - de tirer votre être vers plus d'amour et de savoir. En tirant dans la bonne direction, vous trouverez les racines.

L'erreur habituelle est de s'engloutir dans la terre à la recherche des racines ; ce qu'il faut plutôt, c'est tirer jusqu'à ce que les racines apparaissent. Et tirer dans quel sens ? Dans le sens de la vie, de l'avenir - dans le sens de ce qu'est une vie satisfaisante et normale (au bon sens du terme).

Le concept de continuum - à la recherche du bonheur perdu

Ce livre-là est très différent de ceux que je vous conseille habituellement.
Il est plutôt rangé dans la catégorie "sociologie" ou "ethnologique" que "psychologie" ou "développement personnel".

Et pourtant, il peut vous aider à comprendre d'où vient votre manque de confiance en vous-même, votre insatisfaction, votre aspiration à l'impossible, votre sensation de manque.

Est-ce que savoir, c'est pouvoir ?...

Plus le temps passe, plus je suis convaincue que comprendre vraiment de quoi on souffre, c'est (déjà) ne plus en souffrir. J'en suis convaincue, parce que c'est ce que je vis - chaque fois à propos d'un sujet différent.

On critique souvent la psychanalyse en disant qu'elle permet de comprendre pourquoi on est mal, mais pas d'aller mieux. à mon avis, ce reproche est incomplet : si la compréhension qu'elle offrait était réelle, il y aurait effectivement un soulagement immédiat.

Il est donc salutaire de chercher à comprendre pourquoi on souffre, pourquoi on est mal.

Mais là où on se trompe, la plupart du temps, c'est dans la manière dont on s'y prend. On cherche à se comprendre en se tournant vers l'intérieur et en regardant ce qui se passe en soi. L'introspection est effectivement nécessaire, mais aussi complètement insuffisante. Car si le phénomène (ce qui se passe) est en nous-même, l'explication (pourquoi ça se passe ainsi) est ailleurs.

Peut-être dans un livre purement théorique.
Peut-être dans un ouvrage de sociologie.
peut-être dans un ouvrage de psychologie.
Etc.

La connaissance est réellement une force, une très grande force ; mais pour en bénéficier, il faut chercher au bon endroit. Car des pseudo-explications qui n'expliquent rien, et qui donc ne soulagent de rien, il y en a plein. Et lorsqu'on croit savoir, qu'on croit comprendre, on est coincé : on ne cherche plus.

Je vous dis ça, et je parie que le message résonne comme une espèce de sermon condescendant. Si c'est le cas, je le regrette. Je voudrais juste vous encourager à lire ce livre : Le concept de continuum - à la recherche du bonheur perdu.

Le titre n'est pas très parlant, mais le livre lui-même est très surprenant et très éclairant. Il permet de poser sur sa propre enfance un regard tout à fait différent - et peut-être beaucoup plus lucide que celui qu'on pose habituellement. Il remet en cause certains présupposés de notre idéologie, de notre monde. Bref : il nous permet de nous regarder (nous et notre société) de l'extérieur, avec une objectivité et un détachement nouveaux.

Je ne l'ai pas trouvé bouleversant, mais d'autres ont pleuré en le lisant - alors que c'est pourtant un livre d'idées. Mais je comprends cette réaction : une analyse lucide est comme un scalpel ; quand elle incise un abcès émotionnel, ça peut faire mal... et en même temps, ça soigne.

Je devrais probablement vous en dire un peu plus...

Ce livre parle de la manière dont nos premières expériences enfantines façonnent toute notre vie. Bon, dit comme ça on pense à Freud, mais la perspective n'a strictement rien à voir. Dit comme ça, on peut avoir aussi l'impression que le livre est désespérant (après tout, nos premières années sont passées et ne reviendront pas), mais je pense et je vis pour ma part que tout ce qu'on comprend bien, on en est partiellement libéré.

Il n'y a pas de traumatisme irrémédiable tant qu'on a un cerveau pour comprendre, et une volonté pour choisir.

Je prends un exemple : vous êtes en colère contre quelqu'un. Cette colère est refoulée. Vous en prenez conscience d'une manière ou d'une autre : vous voilà libre de vous laisser aller à votre émotion négative, ou au contraire de pardonner.

La connaissance libère.

Je reviens au livre.

Ce dont il parle, c'est du manque.
Mais pas du manque de nourriture, ni même du manque d'amour.
Non : il parle du manque de contact.
Du manque de tendresse.

On peut avoir été aimé par ses parents sans avoir été touché par eux.

Bref... Lisez ce livre (et revenez me dire ce que vous en pensez).

Vous le trouverez ici.

22 juin 2009

Rester soi-même ? Devenir soi-même ?

"Je préfère rester..." (mettez n'importe quel mot ici).

Cette phrase, qui ne l'a pas prononcé sous une forme ou une autre ?

Elle exprime un refus du changement.
Elle exprime un attachement au système de croyances et de métaphores qui dirige notre manière de penser et d'être.

Mais le bonheur n'est pas ce que l'on reste - le bonheur est ce que l'on devient, parce qu'on choisit de le devenir.

Vous croyez peut-être que vous ne pouvez pas changer.
Ou vous croyez que changer ne vous apporterait rien.

La vérité est que vous pouvez changer, et que ça vous apporterait quelque chose : du plaisir, de la joie, un renouvellement intime, de nouveaux horizons.

Projetez-vous dans un avenir qui ressemble à vos rêves ; c'est cette vision qui vous guidera vers les changements positifs qui vous permettront de les réaliser.

Si vous êtes célibataire, voyez-vous en couple.
Si vous êtes en couple mais qu'il y a des tensions, voyez-vous en couple heureux et serein.
Si vous êtes en couple sans enfant, voyez-vous en famille, imaginez vous avec vos petits.
Si vous êtes pauvre, voyez-vous riche.
Si vous êtes colérique, voyez-vous calme.
Etc.

Je sais ce que vous allez dire : vous n'y arrivez pas.

Si vous n'arrivez pas à visualiser, chercher de l'aide dans les livres et dans les personnes que vous connaissez.
Observez les couples.
Observez les riches.
Observez les familles.
Lisez sur l'amour et le couple.
Lisez sur la richesse.
Lisez sur la famille.

Vos curiosités intellectuelles peuvent vous mener à des prises de conscience libératrice qui changeront votre image de vous-mêmes.

Mais la force initiale, c'est dans vos rêves que vous la puiserez : connectez-vous à vos aspirations les plus profondes, les plus vitales, les plus refoulées.

Qu'elles soient professionnelles au sens large (vocation) ou affective (ami, amour, enfant, relation avec ses parents).

Et si vous ne connaissez pas vos rêves, sachez que vos rêves les plus profonds, les plus enfouis appartiennent probablement à ces catégories :

1.Manière de vivre (près de la mer ? en montagne ? au contact de tel ou tel genre de personnes ?)
2.Activité, vocation (cf. la liste infinie des métiers et activités professionnelles, plus tous les métiers qui n'existent pas de manière officielle parce qu'aucune filière n'y mène mais que certaines personnes exercent avec talent quand même)
3.Spiritualité (relation avec Dieu, pratique d'une religion, etc.)
4.RELATIONS (grand amour, vie de famille, etc.)

Quand vous aurez identifié vos rêves dans chacune de ces catégories - ou du moins dans l'une d'entre elles - commencez à vous renseigner.

Les livres - surtout si vous parlez anglais - sont une ressource incroyablement féconde. D'autres personnes avant vous ont eu le même genre de rêve, l'ont atteint, et ont écrit un livre qui raconte leur expérience.

Tirez profit de l'expérience des autres.

Ce que je vous dis là représente un vaste programme - un vaste programme qui ne pourra être mis en place que petit à petit.

Mais comprenez qu'on ne peut sortir définitivement de dépression qu'à condition de se connecter à ses rêves, de contacter ses aspirations profondes, que de renouer avec tous ses désirs, envies, souhaits de jadis (ceux qu'on a mis sur le boisseau, persuadé qu'ils n'avaient aucun sens ou qu'ils n'étaient pas pour nous).

Même si vous n'avez qu'un rêve, et qu'il vous paraît irréaliste et impossible à atteindre ou au contraire dérisoire et ridicule parce que trop petit, saisissez-le. C'est le fil qui vous mènera hors du labyrinthe, ou le fil qui conduit jusqu'à la pelote : en le tirant, vous allez vous rapprocher de vous-mêmes et découvrir ou redécouvrir ce que vous voulez de la vie.

Vos rêves, envies, désirs, sont votre force.

Si vous ne les écoutez pas, où trouverez-vous votre énergie ?

Votre vitalité est un trésor que vos rêves, envies et désirs protègent. Pour retrouver votre enthousiasme, votre énergie et votre courage, commencez par amadouer leurs gardiens : commencez par amadouer vos rêves, envies et désirs. écoutez-les. Faites ce que vous pouvez pour les satisfaire.

21 juin 2009

Une découverte intéressante : le langage inversé

On parle et pense par métaphores.

Or... découverte récente (au moins pour moi), on parle à la fois à l'endroit et à l'envers. Ce qu'on dit à l'envers correspond à ce qu'on pense et ne dit pas, et aussi à ce qu'on pense sans savoir soi-même qu'on le pense - ou en ne faisant que s'en douter vaguement.

Ce qui fait que lorsqu'on enregistre sa voix, et qu'on écoute l'enregistrement à l'envers et au ralenti, on peut entendre au milieu du charabia quelques petites phrases significatives de :

- son état d'esprit ;

- sa vision de l'avenir ;

- les métaphores qui structurent notre esprit.

Faites le test avec Audacity par exemple. Il faut un peu d'entraînement (écouter avec beaucoup d'attention et de concentration), mais je parie que comme moi vous tomberez sur des phrases ou des mots très intéressants.

Et quand on tombe sur une phrase étonnante - une métaphore -, alors ça vaut la peine de se demander quel sens elle peut avoir par rapport à sa vie et à sa mentalité.

20 juin 2009

Régularisation

Déprimés ou non, les adultes qui bénéficient d’une certaine consistance affective ne cherchent pas chez les spécialistes une confirmation de leur ressenti parce qu’ils n’en ont pas besoin. Ils savent que ce qu’ils ressentent est légitime et justifié… puisqu’ils le ressentent.

Mais beaucoup de gens manquent de cette confiance en eux-mêmes.

A la petite enfance, leurs signaux de détresse, de colère, de peur et de souffrance ont été démenti par leurs parents. Quand ils se faisaient mal au genoux, on niait leur douleur en leur disant « Tu n’as pas mal » ; quand ils pleuraient pour qu’on les prenne, pour qu’on les porte, pour qu’on les câline, on falsifiait le sens de leur appel en disant : « Ne sois pas capricieux » - ou pire, en ne leur disant rien. (« Il fait ses poumons, laisse-le crier. ») Bref : leurs émotions les plus fortes n’ont jamais été corroborées par une figure parentale ; elles n’ont jamais trouvé d’écho fidèle et compatissant qui les accrédite.

Et maintenant qu’ils sont grands, la situation reste plus ou moins la même. Personne ne confirme leur vécu intérieur, qui ne rencontre qu'incompréhension, négationnisme, minimisation et scepticisme : « Tu n'as aucune raison de te sentir comme ça... » « Ce n'est pas logique... » « Tu ne devrais pas te sentir mal... » « Ce n'est pas normal... » « Tu as tout pour être heureux/se… » « Je ne te comprends pas... » « Essaie d’aller mieux : il suffit de le vouloir… » « Bouge-toi donc, tu ne vas pas être malade toute ta vie… » « On a la vie qu’on veut bien se donner… » « Ce n'est qu'un petit coup de blues, rien qu'un petit cafard… » « ça n'a pas de sens, il n'y a pas de raison… »

On pourrait en déduire que le pire est d’être nié dans ce qu’on vit, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Le pire est de se renier soi-même. Voir sa réalité affective incomprise et méconnue par les autres est douloureux, certes, mais n’est pas aussi douloureux que de rejeter sa propre expérience comme incorrecte, inexistante ou insignifiante.

C’est pourtant ce qui se passe. En effet, lorsque les figures d’autorité (papa-maman) ne nous ont pas validé dans nos émotions petit, nous n’arrivons pas à nous valider nous-mêmes adulte. Notre vécu n’ayant jamais été confirmé par d’autres à l’époque où il était vital qu’il le soit, il reste illégal à nos propres yeux : nous ne parvenons pas à l’accréditer, nous ne réussissons pas l’authentifier. Comme nos parents jadis, nous continuons à nier notre souffrance, nous continuons à prétendre qu’elle n’est pas là, qu’elle n’a pas lieu d’être, ou qu’elle est dérisoire, qu’elle ne compte pas.

Concrètement, cela donne des gens qui souffrent en pensant qu’ils n’ont pas le droit de souffrir, des gens qui se demandent si le désespoir qu’ils ressentent n’est pas un « caprice », des gens qui sont si peu attentifs à leurs besoins affectifs qu’ils ne cherchent même pas à les satisfaire.

Lorsqu’on (dis)fonctionne ainsi, on cherche une figure d’autorité qui puisse faire le travail que n’a pas fait papa-maman, le travail qu’on n’arrive pas à faire soi-même. Pour quelqu’un qui ne se fie pas à ce qu’il ressent, quelqu’un n’a pas la force de se croire, quelqu’un qui a toujours fait passer le point de vue des autres avant le sien et qui n’est pas bien sûr d’avoir le droit de vivre et de souffrir, être confirmé dans sa réalité propre et sa vérité émotionnelle est un désir ardent, une soif brûlante.

Or le psychiatre est une figure d’autorité, et son diagnostic n’est-il pas une espèce d’homologation ?... Une souffrance diagnostiquée est une souffrance régularisée : elle a le droit d’être, puisqu’on lui donne un nom, un nom officiel.
Témoignage :
« Certes je souffre de mes maux et de ma vie, mais j'ai été contente quand on m'a dit que j'étais schizo-affective parce que ça me donnait une justification à mes souffrances. Quand on me l'a dit, je n'ai pas été blessée, mais contente, oui contente."

19 juin 2009

Confirmé dans sa réalité

Certaines personnes éprouvent une satisfaction intense lorsqu’elles sont diagnostiquées… Pourquoi ?

Parce qu’elles se sentent enfin légitimer dans leur expérience, leur vécu.
Elles ne faisaient aucune confiance à leur ressenti, elles doutaient de leurs sentiments, et voilà qu’un professionnel le rassure : leur souffrance est réelle. Pour quelqu’un qui n’a jamais eu la force de se croire, quelqu’un qui a toujours fait passer le point de vue des autres avant le sien et qui n’est pas bien sûr d’avoir le droit de vivre, c’est un soulagement intense d’être ainsi confirmé dans sa réalité propre et sa vérité personnelle – même si cette réalité est désagréable, même si cette vérité est pénible.

14 juin 2009

Psychiatrie et vices

La psychiatrie évacue complètement les notions de bien et de mal. Ses descriptions se veulent objectives et (d'un point de vue moral) parfaitement neutres. Être dépressif, bipolaire, schizophrène ou névrosé (etc.) n'est ni bien ni mal.

Cependant, lorsqu'on est suspecté de vouloir tuer son père et coucher avec sa mère, ou n'importe quoi d'autre de ce genre, on ne peut s'empêcher de sentir un certain malaise... moral.

Car même si le psychiatre lui-même ne voit là rien de mal (ou le prétend), la personne ainsi décrite a peut être un autre point de vue.

Il n'y a ni bien ni mal : mais pourquoi est-ce que ce "ni bien ni mal" recouvre toujours ce qu'on appelait avant le mal ?

Jamais le bien ?

Pourquoi un psychiatre ne suspecte-t-il jamais ses patients d'étouffer un dévouement sans borne, un altruisme pur ?

12 juin 2009

Avant / Après

Pour sortir de dépression, il ne faut pas passer par la porte arrière - celle qui ramène au passé.

Nulle porte ne ramène au passé. Ni les regrets, ni la nostalgie, ni les remords ne peuvent faire que la bouteille de lait ne soit pas cassée, que le lait ne soit pas répandu et perdu. Aucune touche "retour".

Pour sortir de dépression, il faut passer par la porte avant - celle qui donne sur l'avenir.

à la question qui m'a souvent été posée depuis 2006 (est-ce que je me considère comme plus fragile, ou comme plus forte qu'avant), la réponse est toujours plus ou moins la même :

Je suis complètement différente d'avant.

Je suis beaucoup plus forte qu'avant.

Mon coeur ressemblait à un vase fragile posé en équilibre précaire au bord d'une étagère, maintenant il est solide et élastique comme une balle en caoutchouc.

Et je suis aussi beaucoup plus protégée qu'avant.

C'est-à-dire que maintenant, je n'éprouve plus le besoin irrationnel de me jeter dans les ennuis et les buissons de ronce.

Ceci dit il est vrai que le fait d'être passé et repassé par les chemins de la souffrance laisse des traces mentales - une facilité à être tristounet, ou tristounette. Ce n'est pas de la dépression, c'est la force de l'habitude. Le bonheur va et vient, et l'espérer sans nuage, c'est rêver le paradis sur terre. Le paradis est le paradis, et la terre est la terre : un lieu de passage et d'épreuves.

Pourquoi ne pas accepter ce fait ?

On surmonte beaucoup plus vite les épreuves, quand on a compris qu'elles sont inévitables, que la vie sur terre est une succession de problèmes à résoudre. Certains petits et d'autres plus gros. Un test où ce qui compte, ce qui est noté, c'est notre attitude.

Ce qui ne change rien à l'énorme différence qui sépare le vie vue par la fenêtre de la dépression, de la vie vue par la fenêtre du calme, de la paix, et de la lucidité.

Une vie vécue dans la simplicité, la clarté et la conscience n'a rien à voir avec une vie vécue dans la confusion, la douleur, l'humiliation et l'errance.

Je le sais d'expérience.

Si vous voulez faire quelque chose pour vous - si vous voulez goûter à la précieuse paix mentale que vantent tant de gourous - vous le pouvez.
ça dépend de vous et de vos choix.
De vous et de vos lectures.
De vous et de vos curiosités.

Mais cet objectif n'est pas un objectif à court terme. D'ailleurs, tous les objectifs qui valent vraiment quelque chose sont des objectifs à long terme...

La patience - pourquoi il en faut

Il en faut avec les autres...
et il en faut aussi et surtout avec soi-même.

Lorsqu'on a pris la sage décision de changer sa manière de penser, de choisir, et donc de vivre, il ne faut pas s'attendre à un changement à vue.

De même qu'un bébé qui apprend à marcher s'y reprend à plusieurs fois, de même qu'un navire qui change complètement de cap doit diminuer sa vitesse pour négocier son virage, lorsqu'on change la direction de sa vie on commence, par la force des choses, par ralentir.

Les premières semaines - les premiers mois - seront différents, certes, mais pas si différents que ça. D'une différence moins visible qu'invisible, secrète. Mais pour ceux qui persévère, l'évolution devient de plus en plus évidente avec le temps.

Parole de déprimé qui veut s'en sortir :

"C'est probablement très long de se stabiliser psychiquement après une dépression, surtout qu'on développe de nouvelles façons de penser, qui sont facilement déstabilisables car encore jeunes, fragiles, en attente de consolidation."

C'est exact.

Les balbutiements, trébuchements et rechutes sont inévitables.

Mais ils importent peu, dès lors qu'on a compris que le seul facteur déterminant, c'est le choix que l'on fait et que l'on refait.

Perdre la face

Les personnes déprimées qui consultent un psychiatre pour se faire soigner ont rarement conscience qu’elles y risquent leur visage. Pas leur visage physique, certes ; leur visage intérieur, c’est-à-dire l’image qu’elles se font de leur visage. Mais perdre la seconde n’est pas moins grave que perdre le premier.

Avez-vous déjà réfléchi au sens de l’expression perdre la face ?

Au sens figuré, elle signifie : « perdre son honneur, sa dignité ; être humilié, se trouver dans une situation où son ignorance et sa faiblesse sont exposées. » Au sens littéral : « perdre son visage ». Les deux sens sont étroitement liés, car l’humiliation déshumanise. Notre visage est le siège et le symbole de notre dignité – et de notre humanité. Seuls les êtres humains ont des visages ; les animaux n’ont que des museaux, des mufles, des groins, etc. C’est peut-être pour cela que lorsqu’on veut priver un être humain de sa dignité et de ses droits, on lui met un sac sur la tête, comme les prisonniers de Guantanamo furent bien placés - c’est-à-dire très mal - pour le savoir.

Etre envisagé et dévisagé comme un cas, une pathologie, peut faire perdre la face, dans tous les sens que peut recevoir cette expression.

Au lieu de visage, on se retrouve donc avec une purée de chair… ou un masque.

C’est ce qui est arrivé à un de mes correspondants (qui a traversé quinze ans d’analyse) : « Cette laideur due à la disparition de l'âme se reflète sur mon visage. Avant, la beauté qui me visitait se reflétait sur mon visage : j'étais beau par la beauté de mes émotions… Maintenant, ce visage que j'aimais regarder est devenu laid, horrible, un masque de laideur qui me fait mal, qui me fait honte. J’ai l'impression de porter un masque, sans cesse, et que mon vrai visage est dessous. »

En 1965, Judi Chamberlin, jeune américaine de 21 ans déprimée par une fausse couche, fut internée contre son gré à l’hôpital de New York. Privée de contact avec ses proches, droguée aux neuroleptiques, elle se mit à croire et à voir que son visage se défaisait, que les os de son visage s’effondraient. Ces hallucinations étaient pleines de sens : « j’étais déshumanisée, raconte-t-elle. Perdre mon visage était une représentation de ce qui était en train de m’arriver. »

J’ai un petit souvenir qui va aussi dans ce sens. Peu de temps après mon passage à l’hôpital psychiatrique, j’ai crayonné plusieurs dessin. L’un d’eux représentait un masque qu’un crochet arrachait, révélant un désordre de sang. C’était ce que je ressentais : que mon visage cessait d’être souple et vivant pour devenir pareil à un masque rigide et fragile, un masque qui était tout près de tomber, de glisser.

10 juin 2009

La chasse au symptôme

Homme ou femme, le psychiatre est un chasseur.
Dans l’abondance de mots que son patient énonce, il traque d’une oreille affûtée le gibier qui l’intéresse – attentif comme l’est un chasseur quand, tapi dans un fourré, il guette la silhouette caractéristique d’un col-vert dans la végétation touffue qui l’environne. Les circonstances de nos souffrances, le contexte, les explications… lui importent moins que sa proie.
Ce qu’il traque, c’est un symptôme.
Pas un symptôme orphelin errant tout seul, ça n’aurait aucun intérêt, mais un symptôme rattaché à une maladie mentale répertoriée, un symptôme du DSM-IV. Et dès qu’il en trouve un, les mâchoires d’acier de son diagnostic se referment sur lui pour ne plus le lâcher : le symptôme ne lui échappera pas. Cette étincelle fugitive qui brille dans l’œil de votre psychiatre, c’est la joie du chasseur qui saisit sa proie palpitante. Il vient d’attraper un symptôme et triomphe secrètement ; il ne rentrera pas bredouille.
Et dans la peau du symptôme ? Qu’est-ce qu’on ressent ?...
Vous le savez peut-être déjà par expérience : rien de bien agréable.
J’imagine qu’Ota Benga, le pygmée congolais qui était exposé en 1906 dans le zoo de Bronx à côté d’un orang-outan en tant que « chaînon intermédiaire » entre l’Homme et le singe, a vécu quelque chose de similaire : pris pour ce qu’il n’était pas, sa parole n’était écoutée et son apparence scrutée que dans la mesure où elles confirmaient un savoir qui se fichait pas mal de lui.
Vous trouvez cette comparaison exagérée ?
J’admets qu’elle l’est un peu.
Bien sûr, comme vous je préfère être enfermée dans un cabinet de psychiatre, ou même dans un hôpital psychiatrique, que dans un zoo. Mais voyez le point commun : dans les deux cas, la science (ou la pseudo science) examine un être humain non pour l’aider, ni même pour le comprendre, mais pour tirer de lui une preuve de plus, un argument de plus. Ce n’est pas la théorie qui sert l’homme, c’est l’homme - qui n’est plus considéré comme tel mais comme malade mental ou homme-singe - qui est mis bon gré mal gré au service de la théorie.
Lorsqu’on consulte un psychiatre, on s’imagine généralement qu’il est là pour nous aider, que la psychiatrie toute entière est là pour nous aider. Lorsqu’on a consulté un psychiatre, ou plusieurs psychiatres, on réalise parfois que c’est l’inverse, que c’est nous qui sommes là pour nourrir la psychiatrie, pour fournir à ses dogmes des cas conformes à ses attentes, des exemples de chair et de sang.

04 juin 2009

Même les plus forts tombent en dépression ?

J'aime bien voir comment vous arrivez sur ce blog.

Mais hier, j'ai été glacée de voir qu'une personne est arrivée sur ce blog en tapant "J'ai tué un pervers narcissique" sur Google.

Aujourd'hui, moins inquiétant : quelqu'un a tapé "Même les plus forts tombent en dépression" sur Google.

Même les plus forts tombent en dépression ?

ça me paraît loin d'être certain...

Certes, la dépression n'est pas réservée aux faibles (mais encore faudrait-il définir le terme), mais elle révèle tout de même certaines failles intérieures.

On peut avoir l'air fort et ne pas l'être.

D'ailleurs, qu'est-ce que la force ?

La capacité à se dompter soi-même, à se contrôler soi-même, à se discipliner - ça, c'est la force, la vraie force.

Cette capacité est elle-même tributaire d'autre chose : la connaissance de soi.

Car pour se vaincre, il faut se connaître.

Et cette connaissance de soi est elle-même tributaire d'autres choses :
- l'étude de soi
- et la connaissance de sa place dans le monde.

Si l'étude de soi (l'introspection) ne dépend que de nous, la connaissance notre place dans le monde demande aussi de connaître et de reconnaître certaines informations essentielles sur ce qu'est le monde, sur ce que nous sommes, et sur les rapports entre les deux.

L'orgueil, le narcissisme et la dépression

Quel rapport entre ces trois réalités-là ?

Soulignons d'abord le lieu étroit qui unit orgueil et narcissisme. S'admirer au-delà du raisonnable (et s'admirer n'est pas très raisonnable) conduit insensiblement, mais irrésistiblement, à l'orgueil. C'est comme une pente savonneuse qu'on ne peut pas s'empêcher de dévaler : dès qu'on se trouve génial - d'une manière ou d'une autre -, ou exceptionnel, ou magnifique, ou n'importe quelle autre qualité transcendante de cet ordre, le virus de l'orgueil se faufile dans notre esprit : ça y est, on se croit... arrivé quelque part... sorti du sac de l'humanité, tel le numéro gagnant de la loterie.

Fini le bonheur.

Le narcissime mène à l'orgueil.
L'orgueil mène à la dépression.

Ou du moins, il y conduit chez les individus qui valent quelque chose. Ceux qui ne valent vraiment rien (autrement dit ceux qui sont réellement méchants) peuvent, eux, être heureux et orgueilleux à la fois.

Mais si vous êtes plutôt gentil, pas au sens actif et strict du terme, mais au sens large, c'est-à-dire si vous êtes foncièrement inoffensif, vous ne pourrez jamais être heureux ET orgueilleux.

Vous serez soit orgueilleux...
Soit heureux...
Mais jamais les deux en même temps.

J'en sais quelque chose : chaque fois que je suis attaquée par le virus de l'orgueil (ce qui hélas m'arrive de temps en temps, beaucoup trop souvent à mon goût) un jour ou deux jours plus tard grand maximum, ma sérénité habituelle se disperse et je me retrouve à patauger dans les bas-fonds du dégoût de tout - surtout le dégoût de moi-même.

L'orgueil étant suivi par sa contre-partie naturelle : l'humiliation.

Comment nettoyer son cœur ?

Purifier son esprit, son âme, de cette rouille malsaine qui le ronge - j'ai nommé l'orgueil ?

Et le narcissisme en est si près que ça ne vaut pas la peine de les distinguer.

Quand le cœur va, tout va. Notre cœur est notre centre : quand il est sain, nous sommes bien. Notre équilibre affectif, intellectuel commence là, dans notre poitrine.

S'occuper de son cœur, c'est s'occuper de soi.

Je peux vous donner quelques uns de mes trucs anti-narcissisme et anti-orgueil (ceux dont je ne vous parle pas sont réservés aux croyants).

Le premier :

- confier à la personne qui vous inspire un sentiment - illusoire - de supériorité, à la personne que vous méprisez vaguement, à celle qui est l'occasion de votre bouffée d'orgueil, que vous êtes attaqué "par le virus de l'orgueil". Dire la vérité est toujours libératrice... y compris et surtout quand on a honte de la dire.

- s'asseoir par terre. Manger par terre. Les fesses sur le sol ramènent à une vision plus juste de la réalité.

- Se rappeler toutes les personnes bouffies d'orgueil qu'on a connues dans sa vie, et se souvenir de l'impression qu'elles nous faisaient. Se demander : "est-ce vraiment je veux être aussi égoïste, arrogant, narcissique, prétentieux, bouffi de vanité qu'elles l'étaient ?... est-ce que vraiment je veux être aussi prétentieusement nul qu'elles l'étaient ?..." La réponse devrait être "non".

- Rappeler quelques mauvais souvenirs. Des souvenirs où on a été pitoyable et surtout ridicule. Objectivement ridicule.

- Penser à la mort. Cet "être exceptionnel" qu'on se croit être va pourrir au fond d'une tombe. Et à ce moment-là, qu'aura-t-on d'exceptionnel ? Quelle supériorité a un cadavre sur un autre cadavre ?

Bon.
Je sais que ces conseils ne ressemblent pas beaucoup à ce qu'on entend sur la nécessité de "prendre confiance en soi" et d'acquérir une "meilleure image de soi".
Mais à chaque maladie, son remède.

Si vous êtes orgueilleux...

Si votre cœur est rongé par cette rouille-là...

Alors il faut que vous vous en débarrassiez. Il faut que vous changiez. L'altruisme, la générosité sont des clefs qui ouvrent ou du moins déverouillent la porte du bonheur ; le narcissisme et l'orgueil, des prisons infernales où l'on fait son propre malheur et celui des autres.

Penser aux autres - non pas juste pour se demander "qu'est-ce qu'ils pensent de moi ? est-ce qu'ils ont compris à quel point je suis génial ? est-ce qu'ils m'aiment ? est-ce qu'ils me respectent ?..." - mais pour se demander ce qu'on peut faire pour les aider n'est pas, certes, facile.

Surtout quand on n'a pas été élevé comme ça...

Surtout quand on n'a jamais été encouragé à se montrer généreux, dévoué, gentil...

Mais il n'y a pas d'âge pour apprendre.
Pas d'âge pour devenir meilleur que ce qu'on était.
Pas d'âge pour élargir les limites de son univers.

Le nombrilisme est triste et creux et vide comme un nombril : la seule manière d'être heureux, c'est de chercher son bonheur au-delà de soi-même, dans un absolu qui toujours, nous ramène à la nécessité de faire le bien.

De le faire aux autres - c'est-à-dire à nos prochains.

Le conseil que je vous donne est facile à donner ; je ne vous dis pas qu'il est facile à appliquer.
Je ne le trouve pas facile à appliquer.

L'égoïsme est naturel, et on n'y échappe pas. En tout cas, moi, je n'y échappe pas.

Mais c'est lorsqu'on tend sa volonté vers quelque chose de plus grand que soi - que ce soit la beauté, la vérité, ou encore le bien, qui de toutes façons les englobe - qu'on se sent exister et vivre.

Voici ce qu'écrivait George Sand, ce génie aussi vaste par le coeur que par l'intelligence, à sa fille adolescente :

"Un être intelligent et bien organisé arrive cependant à comprendre à ton âge que la vraie affection est d'aimer quelque chose, ce quelque chose, ce ne sont pas les rubans et les dentelles, c'est le bien, le beau, le bon, le vrai, et quelqu'un plus que soi-même. Ce n'est pas seulement un devoir, c'est un besoin des âmes généreuses".

Et c'est parce que c'est un besoin qu'on souffre de ne pas le satisfaire...

Notre être a des besoins plus nobles, plus difficiles à satisfaire, mais pas moins nécessaires, que ceux du corps.

Dans notre monde actuel, ces idées sont des P.V.N.I (paroles volantes non identifiées). à quoi pourrait-on les rattacher ?... Elles ne font écho à rien. Elles ne ressemblent à rien de ce qui se dit, à rien de ce qui se pense actuellement. La seule chose à laquelle elles font écho, c'est à une vérité oubliée, enfouie dans votre coeur.

Vous avez besoin d'idéal.

Vous avez besoin de vous dévouer, et d'aimer le bien, le beau, le vrai plus que vous-mêmes - et quelqu'un d'autre par-dessus le marché, si vous y arrivez...

Ce n'est pas un devoir - ou du moins, de nos jours, ce n'est pas plus considéré comme un devoir.

Mais c'est toujours un besoin.
Le besoin des âmes généreuses.

01 juin 2009

Le bonheur : intérieur ou extérieur ?...

L'erreur la plus commune est de croire que le bonheur nous viendra de l'extérieur, apporté par des circonstances précises - augmentation, retraite, enfant, conjoint, etc.

L'autre erreur qui lui fait face (beaucoup plus rare) consiste à croire qu'il est tout entier en nous-mêmes.

La réalité est, d'après moi, entre ces deux thèses : le bonheur est à la fois en nous et hors de nous.

- Hors de nous, car le bonheur est répandu dans des couleurs, des sons, des circonstances, des personnes. Il est dispersé un peu partout, comme la couleur bleue est dispersée un peu partout. "L'existence a goût de bonheur comme la fraise a goût de fraise", disait le philosophe Alain. Autrement dit, l'existence est intrinsèquement heureuse.

- En nous, car la capacité à jouir du bonheur, à le connaître, à le goûter, est en nous. C'est un sens comme les autres, sauf qu'il est plus subtil que les autres.

Un aveugle sait qu'il y a du bleu, du mauve, du rose et du doré, mais n'en profite pas.
Un sourd connaît l'existence de la musique, mais aucune ne charme ses oreilles.
De même, un déprimé sait que le bonheur existe, mais n'en a aucune expérience directe.

La capacité à être heureux - c'est-à-dire à jouir du bonheur disponible autour de nous - est un sixième ou septième sens.

Il peut se développer comme il peut s'atrophier.

Il peut s'affiner, devenir de plus en plus performant, capable de saisir des nuances de bonheur là où quelqu'un, doté de sens plus grossiers, ne verraient que malheur et désolation.

Il peut aussi s'émousser, et alors le bonheur disparaît.

Mais en fait, ce n'est pas lui qui disparaît : c'est notre capacité à le saisir, à le sentir, qui disparaît.

De même pour quelqu'un qui perd l'ouïe, les gens semblent parler de plus en plus bas, pour quelqu'un qui perd le sens du bonheur, la vie s'assombrit.

Ce sens du bonheur, comment le développer ?...

En changeant sa disposition intérieure. En changeant sa manière de penser et d'agir (autrement dit, de choisir). En devenant meilleur, c'est-à-dire plus conscient, plus responsable, plus courageux.