On se trompe souvent en répétant ce qui (croyons nous) nous a rendu heureux par le passé.
Ce qui fait qu'on reproduit la même expérience... mais cette fois-ci, sans en tirer aucune satisfaction.
Exemple très concret.
Un jour, après une longue randonnée en montagne dans la neige qui nous affamé, nous sommes arrivé dans une auberge où l'on nous a servi de la choucroute absolument délicieuse...
Par la suite, nous fiant à notre souvenir, nous aurons tendance à croire que "manger de la choucroute" est un choix qui nous rend heureux (ou du moins, content).
Mais c'est parce que nous nous focalisons sur la lettre et non l'esprit. Autrement dit, nous oublions le contexte. Ce n'est pas la choucroute elle-même qui nous a procuré cette intense satisfaction, c'est la-choucroute-après-une-longue-randonnée-qui-nous-a-affamé.
Ce n'est pas ce que nous avons mangé qui nous a procuré du bonheur, c'est le fait d'avoir mangé alors que nous avions très faim.
Il serait illusoire de programmer de la choucroute à tous les repas en s'imaginant qu'ainsi, notre indice de satisfaction va augmenter...
Et pourtant c'est une erreur que nous faisons souvent, et pas seulement à propos de la nourriture : nous croyons que c'est tel ou tel "objet" (au sens large) qui nous a rendu heureux, alors que c'était tel ou tel objet dans tel ou tel contexte. Un homme nous fait des compliments ; nous tombons amoureuse de lui - ou nous nous l'imaginons. Mais au fond, le bonheur que nous avons éprouvé n'est pas étroitement lié à lui, il est lié aux compliments qu'il nous a fait. Si quelqu'un d'autre nous faisait les mêmes, nous serions tout aussi ravie... et tout aussi amoureuse.
Les moments de bonheur et de plaisir que nous avons vécu demandent à être examinés de près.
Scrutés avec circonspection.
Car peut-être que la véritable origine du bonheur éprouvé se cache dans telle ou telle circonstance que nous aurions tendance à négliger...
Pour prendre plaisir à ses repas, il le plus sûr de s'affamer que de manger de la choucroute.
Et pour savoir si on aime quelqu'un - ou seulement les compliments qu'il nous fait - le plus sûr est de se donner à soi-même tant de compliments, que ceux des autres nous laissent complètement indifférents et sereins.
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