Ce sont des expressions qu'on retrouve souvent par ci, par là :
"Il n'y a pas de solution miracle..."
"S'il y avait une solution miracle, ça se saurait..."
"Si c'était aussi simple, ça se saurait..."
"Si c'était vrai, ça se saurait..."
Elles sont toutes discutables - et je vais les discuter ici... ne serait-ce que parce qu'elles reviennent de temps en temps dans des avis de lecteurs, sur ce blog.
1. "Il n'y a pas de solution miracle".
Cette phrase-là peut avoir plusieurs sens... tout dépend du sens que l'on donne à "miracle".
- Si l'on entend par là qu'il n'y a pas de solution instantanée, je suis complètement d'accord. Tous les changements demandent du temps.
- Si l'on entend par là qu'il n'y a pas de solution très très facile, je suis aussi d'accord. Tout changement positif demande des efforts. (Ce qui peut semble démoralisant mais au fond ne l'est pas. C'est juste une loi universelle : descendre est "très très facile" ; monter n'est jamais "très très facile". Au niveau métaphysique, un changement positif correspond à une montée.)
- Mais si on veut dire par là qu'il n'y a pas de solution simple - alors, je ne suis pas du tout d'accord. Les solutions sont toujours plus simples que les problèmes - c'est pour ça qu'elles sont des solutions et pas des problèmes...
2. "S'il y avait une solution miracle, ça se saurait..."
Traduisons cette phrase dans un langage plus personnel. Elle signifie : "s'il y avait une solution miracle, je le saurais..."
Mais pourquoi est-ce que "je" le saurait ?
Y a-t-il quelque part un organisme (gouvernemental ou privé) qui soit chargé de mettre "je" au courant des solutions miracles ?
Pas à ma connaissance.
"Je" n'est pas le carrefour par lequel toutes les informations importantes sont obligées de passer.
Si "je" ne fait pas un effort pour se renseigner, peut-être que "je" passera toute sa vie dans l'ignorance.
Les choses ne se savent pas ; ce sont les gens, les personnes, qui savent les choses - ou les ignorent.
Tout ce que nous savons n'est rien comparé à tout ce que nous ignorons. Parmi tout ce que nous ignorons, se cachent bien sûr des informations qui nous seraient utiles. Voire plus que utiles.
2. "Si c'était aussi simple, ça se saurait..."
Même remarque que précédemment.
Certaines personnes savent certaines choses ; d'autres les ignorent.
Lorsqu'on n'est pas au courant, cela ne signifie pas qu'il n'y a rien à savoir. Cela signifie qu'on n'est pas au courant.
Nous ne sommes pas automatiquement informé de ce qui est important - ni de ce qui est simple.
Les informations utiles ne sont obtenues que par ceux qui les cherchent. Ceux qui croient déjà les connaître ne les cherchent pas et donc ne les trouvent pas. L'ignorance se soigne ; la présomption est incurable.
Mieux vaut ne pas savoir, et savoir qu'on ne sait pas, que ne pas savoir, et croire que l'on sait déjà. Dans le premier cas (celui de l'ignorance consciente d'elle-même) on n'est qu'à deux pas de la connaissance ; dans le deuxième cas, on est condamné à l'ignorance à perpétuité. La suffisance ne pardonne pas.
1. "Si c'était vrai, ça se saurait."
La phrase inverse est tout aussi pertinente : "si c'est vrai, ça ne se sait pas". A mon avis, elle l'est même beaucoup plus. La vérité est bien cachée au fond d'un puits.
"Si c'était vrai, ça se saurait" se traduit par : "si c'était vrai, je le saurais."
Mais là encore, pourquoi ?
Suis-je automatiquement informé de tout ce qui est vrai ?
Un être omniscient s'est-il donné pour mission de me mettre au courant ?...
Toutes ces phrases (sauf la première) expriment une ignorance qui s'ignore, la certitude complètement irrationnelle que "je" (invisible derrière "ça") sait déjà tout ce qui importe.
Pourquoi ?
Simplement parce que si c'est important, je le sais déjà...
Alors voici quelques formules qui pourraient avantageusement remplacer les précédentes :
- Il n'y a pas de solution instantanée.
- Il n'y a pas de solution très très facile.
- S'il y a une solution miracle, je veux la connaître.
- Si c'est aussi simple, c'est merveilleux.
- C'est peut-être vrai ; je ne suis pas au courant.
- Si c'est vrai, ça ne se sait pas.
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