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30 novembre 2008

Solution universelle valable pour tout le monde ?

(en réponse à Julien... et à d'autres lecteurs)

Mais pourquoi vous vous imaginez qu'il n'y a pas de solution universelle valable pour tout le monde ?

On est peut-être tous différents, mais on est aussi tous des êtres humains avec les mêmes besoins basiques : besoin de nourriture, de sens, etc. Bien sûr que tout le monde n'est pas destiné au même métier ; bien sûr qu'il y a des "musiciens-nés", des "boulangers-nés", etc. Mais lorsqu'il s'agit de trouver le calme, le sens de la vie, et un équilibre intérieur, vous surestimez peut-être nos différences, sous-estimez nos ressemblances.

Je ne veux pas dire par là que tout le monde devrait faire la même chose pour être heureux, mais la sagesse (clef du bonheur) ne varie ni d'une époque à l'autre, ni d'un individu à l'autre.

Et la recette - basique - de la paix ne varie peut-être pas davantage.

Quant à vous donner la mienne... débrouillez-vous pour la découvrir sans moi - c'est possible, plusieurs y sont arrivés. Et inutile de me demander pourquoi je ne veux pas la présenter ici, puisque pour expliquer pourquoi je ne veux pas en parler il faudrait que j'en parle.

Je repars dans la rédaction de "Marre de la vie", bonne nuit aux noctambules.

28 novembre 2008

Qu'est-ce qu'une thérapie ?

Le mot "thérapie" est en lui-même porteur d'espoir.
Mais il ne suffit pas de le prononcer pour changer n'importe quoi en thérapie.

Inversement, il y a des activités précises qui peuvent être profondément thérapeutiques sans porter cette étiquette.

Le problème actuel (enfin, l'un des milliards de problèmes actuels) c'est que ce qui est réellement thérapeutique n'est pas réputé l'être, et ce qui est réputé l'être, ne l'est pas.

Mais la réalité est encore pire : ce qui est sensé être thérapeutique est le contraire.

On a collé l'étiquette "médicament" sur des poisons.
On a prétendu que des tortures étaient des soins.
Et aujourd'hui, on continue à vivre sur ces illusions mortifères, et à agir (ou à laisser agir) conformément à ces illusions.

Prenons par exemple le groupe nominal "thérapie électro-convulsive" (TEC).

Le nom "thérapie" est sensé donner l'information principale, les adjectifs ne sont là que pour le compléter. Si par exemple on parle de "petite fille blonde", l'essentiel de l'information c'est qu'on a affaire à une petite fille ; sa blondeur est une information annexe.

Mais dans le groupe nominal "thérapie électro-convulsive", l'information essentielle est dans les adjectifs. Le nom n'est là que pour faire joli, que pour inspirer confiance. Confiance dans des convulsions déclenchées par de l'électricité.

Une crise d'épilepsie en pire.

Imaginons que votre chien ait le poil terne, les yeux las, et qu'il semble en proie à une mélancolie profonde : auriez-vous l'idée de lui électrocuter la truffe pour lui remonter le moral ?... Pas si vous l'aimez.

Les psychiatres n'aiment pas leurs patients. C'est pour ça qu'ils ont eu l'idée de les électrocuter pour leur changer les idées, leur faire voir la vie sous d'autres couleurs.

Si nous nous laissons manipuler par ceux qui manipulent les cerveaux des gens - que ce soit par l'électricité ou par le choix d'un vocabulaire habile - nous serons, nous sommes déjà, en danger. Et si nous ne sommes pas en danger personnellement, nous mettons par notre inconscience d'autres personnes - parfois les gens que nous aimons - en danger.

C'est pour ça que l'ignorance est, dans une certaine mesure, quelque chose de moralement répréhensible - dans la mesure où ceux qui y croupissent ont les moyens d'en sortir, bien sûr.

Combien de parents, bêtement dociles à la voix-de-leur-psychiatre, ont fait avaler à leur enfant de la Ritaline ?...

Leur ignorance les a rendu complice de maltraitance à l'égard de leur propre enfant - car droguer un enfant et abîmer son cerveau, c'est au moins de la maltraitance.

27 novembre 2008

Les meilleurs livres sur (et contre) la dépression

Je ne prétends pas avoir lus tous les livres sur la dépression - il y en a énormément, surtout en anglais - mais quand même, j'en ai lu maintenant pas mal (entre trente et quarante, je dirais).

Je ne parle pas ici des livres qui font du bien au moral, mais dont le sujet n'est PAS la dépression, mais des livres qui parlent de la dépression ET qui sont constructifs, qui aident à y voir plus clair et à se sentir mieux.

Sur tous les livres que j'ai lus, il n'y en a que trois qui me paraissent correspondre à cette définition.

Le premier c'est le grand classique "Triomphez de vos soucis - vivez que diable !" de Dale Carnegie, dont j'ai déjà parlé dans ce blog (certains l'ont lu et m'ont remercié de le leur avoir conseillé). Un livre extraordinaire par sa simplicité, son bon sens, et son effet sur celui qui le lit. Qu'on soit juste un peu tourmenté, un peu angoissé, ou gravement dépressif, il aide énormément.

Le second n'est malheureusement pas traduit en français. Il s'intitule "Depression is a choice", la dépression est un choix. Ecrit par une ex-maniaco-dépressive, il dit des choses extrêmement justes et sincères et constructives sur ce qu'est réellement la dépression, ce qu'est réellement la maniaco-dépression, et sur ce qu'il faut changer dans sa manière de penser pour en sortir.

Le troisième est un petit livre sans prétention, des photos d'animaux en noir et blanc agrémentées de petites phrases, mais il est encourageant et amusant... et tape juste. C'est "Le Petit Livre Blanc pour chasser les idées noires" de Bradley Trevor Greive.

Et (sans l'avoir lu) je conseillerais aussi "Le petit livre bleu pour jour de blues" du même Bradley-Trevor Greive, qui doit être aussi bien agréable à regarder et à lire...

Le Phare

Un lieu de silence. De ce silence qui précède la belle musique : attente, recueillement, promesse.

Quand, sur le disque noir, l'aiguille glisse le long du sillon extérieur, faisant surgir une onde sonore presque imperceptible à la surface de l'atmosphère, tel un friselis d'eau.

Nous sommes ici loin de tout, et les mouettes qui glissent sur l'air dans un miracle devenu banal, mais toujours aussi miraculeux, ne sont pas plus aériennes que nous.

Nous avons mangé du cake au citron et au miel ; nous avons reposé les tasses anglaises dans leurs coupelles.

J'ai pris plaisir à ce raffinement de civilisation, à cette délicatesse ; vous rappelez-vous la triste époque où nous mangions à même leur boite des haricots figés dans leur sauce tomate ?... Triste époque, vraiment.

Nous étions "dépressifs" - enfin, c'est l'étiquette que des gens bien intentionnés (ou non) nous auraient collés sur le cerveau si nous les avions laissé faire.

Maintenant, tout est tellement différent ; c'est un peu comme si nous étions déjà morts, et entrés dans Le Paradis : une sérénité profonde, inimaginable avant, est devenue la norme.

D'ici, du haut du Phare, ce n'est pas seulement sur l'océan paisible, rayé de fins panaches d'écume blanche, que nous avons vue ; c'est aussi sur le monde entier. Un monde douloureux, un monde fou.

Ravagé par des idées mauvaises et des individus mauvais.

Un monde perdu, où les enfants souffrent seuls, où les tortures se multiplient, où l'indifférence pullule, où l'atroce pointe le bout de son nez sur la scène, espérant qu'on l'accepte ici comme on l'a accepté en coulisses.

ça nous fait mal au coeur... mais du moins, nous sentons que nous en avons un. Nous sentons que nous avons pris assez de distance à l'égard de nous-mêmes pour regarder plus loin, envisager ce vaste océan d'humanité et d'inhumanité qui nous entoure de toute part.

C'est douloureux, et pourtant, c'est quelque chose comme le bonheur - car nous avons compris, nous comprenons, et nous savons ce que nous devons faire...

Ce Phare, ce n'est peut-être pas le "vous" d'aujourd'hui qui l'habitez avec moi ; c'est peut-être le "vous" de demain, celui de l'année prochaine, ou de celle d'après, ou d'après. Peu importe : dès maintenant, nous y sommes ensemble. Ce Phare, c'est notre conscience commune de ce que nous sommes, de ce qu'est le monde, et de ce qu'il faut y faire.

26 novembre 2008

Antidépresseurs, coma insulinique, malariathérapie, électrochocs, bouille de singe

Au fait, d'où vient l'idée vraiment géniale de soigner les gens qui souffrent moralement en les envoyant dans le coma ?...
Si quelqu'un le sait, qu'il me le fasse savoir.

Il y avait aussi l'inoculation de la malaria (malariathérapie) : puisqu'on ne savait pas de quoi ces malades mentaux étaient malades, on les rendait malades d'une maladie que l'on connaissait bien, pour mieux cerner le problème.

Selon un livre d'aujourd'hui, ces traitements étaient des "remèdes expérimentaux parfois audacieux". J'aime bien l'adjectif "audacieux" dans ce contexte. Les médecins nazis qui faisaient leurs petites expériences dans les camps de concentration étaient eux aussi très "audacieux"...

Pour ce qui est du choc au cardiozol, traitement thérapeutique "audacieux" de l'époque, l'explication de son origine est tout à fait intéressante - et typique de la mentalité psychiatrique d'hier... et d'aujourd'hui ?

L'inventeur de cette thérapie avait constaté que les épileptiques n'étaient pas schizophrènes. Alors il a eu un éclair de génie : pourquoi ne pas déclencher des crises d'épilepsie chez les schizophrènes, pour les délivrer de leur schizophrénie ?...

C'est intelligent, non ?

"Au début des années 30, un psychiatre hongrois, Ladislas Joseph von Méduna (1896-1964), était convaincu de l’existence d’un antagonisme clinique entre schizophrénie et épilepsie. Ainsi pensait-il avoir observé qu’un épileptique ne pouvait être schizophrène, et inversement, il eut donc l'idée d'engendrer artificiellement ces crises par l'injection de pentetrazol (Cardiazol ™ ) (1937)."

On pourrait proposer d'autres cures sur le même modèle.

Par exemple, les cul-de-jatte n'ont jamais de cor aux pieds et ceux qui ont des cors au pied ne sont jamais cul-de-jatte : donc, pour délivrer les malades de leur cors aux pieds, pourquoi ne pas leur couper les jambes ?...

Ou par exemple, on a constaté que ceux qui ont la peste n'ont jamais le choléra en même temps. Alors pour soigner les pestiférés, pourquoi ne pas leur inoculer le choléra ?...

Bref, bref.

L'histoire de la psychiatrie est passionnante et instructive ; elle est ponctuée de traitements plus "audacieux" et imaginatifs les uns que les autres. Est-ce que les antidépresseurs s'inscrivent dans la continuité de cette histoire, ou au contraire marquent le début d'une ère nouvelle ?

S'il y a eu rupture, celle-ci est du moins bien cachée.

Les psychiatres d'aujourd'hui continuent à justifier les "remèdes audacieux" des psychiatres qui les ont précédés. Ils ne renient rien de leur histoire, ils assument complètement leur passé. Pas de repentir, pas de regret, pas de "on aurait dû faire autrement..." Non ; les psychiatres soutiennent au contraire qu'on ne pouvait pas faire autrement, et que compte tenu du contexte, etc., les audacieux expérimentateurs ont fait tout ce qu'ils ont pu. Merci et chapeau à eux.

Ce qui est aussi significatif, c'est que (rupture ou pas) il y a bien une continuité.

L'électrochoc d'hier est celui d'aujourd'hui. On a juste rajouté quelques petits accessoires et surtout, changé le nom.

On appelle maintenant cela de l'ECT.

Ce qui est amusant - enfin, amusant... - c'est que le discours officiel tient toujours à souligner qu'on "ne sait pas" comment l'ECT agit.

C'est aussi crédible que si on affirmait qu'on ne "sait pas" comment agissent les coups de marteau appliqués sur le crâne.

Il n'y a rien de mystérieux dans l'électrochoc. Le cerveau de ceux qui ont subi des électrochocs sont ratatinés - ce qu'on constate aux autopsies.

Bref, bref.

La plupart des déprimés n'auront probablement jamais recours à l'ECT, mais il y a dans le discours officiel sur la dépression un consensus pour redorer le blason de l'électrochoc qui finira forcément par porter ses fruits : des cerveaux ratatinés.

Là encore, ce qui est mystérieux, c'est que des individus choisissent librement de se faire électrocuter le cerveau.

Faut-il avoir perdu tout bon sens... faut-il mépriser sa propre humanité... faut-il croire aveuglément la Sacro-Sainte Psychiatrie... faut-il avoir déjà le cerveau à l'envers... faut-il être perdu, paumé pour prendre une telle décision !

Notre intelligence est ce qui fait de nous des êtres humains au plein sens du terme ; opter pour un traitement psychiatrique, c'est faire le choix (inconscient, mais réel) de s'en débarrasser comme d'un fardeau encombrant.

Et - derrière ce choix -, n'y a-t-il pas comme une bouille de grand singe ?...

La théorie de l'évolution nous a convaincu que nous sommes des singes ratés - et pas la peine de revenir avec "non, non, on a seulement un ancêtre commun avec eux", car il n'y a que les singes qui ont un ancêtre commun avec les singes -, et c'est cette conviction, cette conviction que notre essence même n'est pas humaine mais animale, qui nous rend si dédaigneux de nous-mêmes.

N'étant que des singes mutants, aux gènes abimés, pourquoi préserverions-nous cette intelligence inopportune qui fait notre malheur ?...

"Crétin, mais heureux !" Telle est la devise de notre monde.

Les antidépresseurs en perspective

Si on garde le nez collé sur la boite, on ne peut pas comprendre ce que sont réellement ces petits cachets aux propriétés étonnantes, un peu inquiétantes.

Pour découvrir de quoi il s'agit, il faut les replacer dans leur contexte. Prendre du recul. Faire un zoom arrière pour voir le tableau dans son ensemble...

Et que découvre-t-on ?

Que les antidépresseurs se situent au carrefour de deux routes.

L'une, celle des traitements psychiatriques (utilisés dans les hôpitaux psychiatriques sur des patients qui n'ont pas vraiment le choix - même aujourd'hui) ; l'autre, celle des produits utilisés par des médecins pour remonter le moral de leurs patients démoralisés, "dépressifs".

C'est en prenant en compte ces deux lignes, que l'on peut comprendre ce que sont les antidépresseurs - point où elles se croisent.

Traitements psychiatriques.
Dans les années cinquante, on connaissait trois méthodes "efficaces" - enfin, c'est ainsi qu'on les considérait à l'époque. Efficaces, car "de choc". Et si le "car" vous semble discutable, c'est que nous ne sommes plus dans les années cinquante. De nos jours, un peu de subtilité est devenue de mise. Bref.

La première méthode : la lobotomie.
On ouvre le crâne du patient (qui n'est pas consentant : puisqu'il est fou on ne lui demande pas son avis) et on coupe délicatement quelque chose - ne me demandez pas quoi - dans son cerveau. Puis on referme le tout.

Le patient est beaucoup plus calme ensuite.

Deuxième méthode : le choc insulinique.
On injecte de fortes doses d'insulines au patient (auquel on n'a toujours pas demandé son avis, puisqu'on vous dit qu'il est fou), qui tombe dans le comas - son cerveau manquant de sucre. Juste avant qu'il ne meure, on le ranime avec du jus d'orange et du sucre.

Le patient est beaucoup plus calme ensuite. Et si on répète suffisamment le traitement, il devient aussi beaucoup plus obèse.

Troisième méthode : les électrochocs.
On électrocute le patient, enfin sa tête.

Le patient est beaucoup plus calme ensuite.
Et comme il oublie la séance d'électrochocs, et que ses capacités intellectuelles diminuées ne lui permettent pas de se rendre compte qu'il en a perdu (des capacités intellectuelles), il ne sait pas vraiment ce qu'on lui a pris.

Les conséquences de ces trois méthodes sont proches : cerveau abîmé, personnalité amoindrie, voire anéantie, et parfois une reconnaissance proche du syndrome de Stockholm à l'égard du personnel soignant, qui tue (presque) le patient et le rattrape aux portes de la mort... Les otages qui aiment leurs ravisseurs les aiment pour le mal qu'ils ne leur font pas et qu'ils pourraient leur faire - ici, c'est un peu pareil.

Et puis vinrent les cachets...

Non, ils n'ont pas tout chamboulé ; le changement est plus superficiel, plus apparent que profond. La violence dérangeante - et qui dérangeait même certains psychiatres, qui trouvaient que le visage angoissé du patient soumis au "traitement" était désagréable à voir - s'est estompée, certes. Mais les effets sont plus ou moins les mêmes.

Cerveau abîmé, personnalité amoindrie, voire anéantie.

La grande nouveauté, c'est que même si l'on continue à "soigner" les patients contre leur gré dans les hôpitaux, il y a, dans le vaste monde où chacun fait ce qu'il veut, des gens pour s'imposer à eux-mêmes les mêmes traitements qu'on impose de force dans les institutions psychiatriques.

Quoi de plus étrange ?...

Qu'un être humain libre - du moins il en a l'air - choisisse d'abîmer son cerveau, d'amoindrir, voire d'anéantir, sa personnalité ?

Mais peut-être cette liberté n'est qu'apparente... Est-on libre lorsque, soumis au bombardement d'une propagande perpétuelle, on suit à toute allure les rails du métro-boulot-dodo ?... Pour être libre, il faut être informé ; la désinformation préserve l'apparence de la liberté, en la vidant de son contenu.

Les consommateurs d'antidépresseurs n'ont pas choisi les antidépresseurs par leur propre volonté éclairée, ils les ont choisi par défaut, ils les ont choisi parce qu'ils ont laissé quelqu'un d'autre choisir à leur place.

Et - si ça fait longtemps qu'ils en prennent - il se peut que leurs facultés intellectuelles amoindries ne leur permettent pas de réaliser ce que ces cachets leur ont volé.

C'est ce qu'on appelle l'anosognosie - une inconscience de ce qu'on a perdu. De même que certains malades ne savent pas, en toute bonne foi, qu'ils sont devenus aveugles, même s'ils se cognent au mur, de même sous l'effet des antidépresseurs, on peut très bien ne pas se rendre compte des capacités cognitives et volitives que l'on a perdues.

Et c'est logique : comment s'en rendrait-on compte, si c'est justement une partie de son intelligence que l'on a perdue ?...

Lorsqu'une personne vous parle au ralenti, comme s'il y avait entre elle et vous des kilomètres d'eau, lorsque (de toute évidence) son esprit est à la traîne quelque part derrière son corps ; lorsque sa bouche s'entr'ouvre et que son regard se vide ; elle ne se rend pas compte qu'il y a quelque chose qui cloche.

Ce n'est pas comme un ancien sportif, qui est bien obligé de se rendre compte qu'il n'a plus les capacités physiques qu'il avait, car il a encore toute sa tête pour mesurer l'écart entre avant et après.

Lorsqu'on perd la tête (la volonté, l'intelligence, le logique, ou pire encore les trois), on n'a plus ce qu'il faut pour mesurer l'écart entre avant et après.

C'est pourquoi les gens qui prennent des antidépresseurs se croient parfois "sauvés" par leurs cachets, auxquels ils ne voient que des bons côtés - alors même que leur entourage constate et déplore la diminution de leur personnalité et de leur intelligence.

C'est seulement lorsqu'on arrête les cachets - et que leurs effets a commencé à s'estomper, ce qui peut prendre du temps, et parfois hélas les dommages sont irréversibles - qu'on prend conscience de ce qu'on avait perdu... et qu'on est en train de récupérer.

De la lobotomie aux antidépresseurs, il n'y a eu progrès que sur l'emballage.
La lobotomie ne faisait envie à personne ; personne ne voulait subir de lobotomie. Les antidépresseurs suscitent eux une certaine convoitise : et si le bonheur, c'était aussi simple qu'un cachet avec un verre d'eau ?...

La "solution de facilité" nous prépare des lendemains sinistres, mais nous n'en avons pas conscience.

De la lobotomie aux antidépresseurs, le dommage est mieux caché, le crime moins apparent. Mais dans les deux cas, il y a crime. Et la victime n'est plus vraiment à même de savoir ce qu'on lui a volé - parfois avec son accord !

Bonheur et plaisir

Et si ce n'était pas du tout la même chose ?...

Définissons le plaisir comme celui des sens et celui de l'ego. Une grosse voiture (plus que celle du voisin) ; un glace fondante à la vanille sur la langue ; un air frais et salé qui court sur la peau...

Et si ce n'était pas le bonheur ?

Bon - d'accord - c'est déjà quelque chose. Mais tout ce plaisir a-t-il encore un goût quand, au lieu d'être le vernis qui fait briller le tableau, il constitue sa base même ? Autrement dit, est-ce que le plaisir est encore du plaisir, quand rien ne lui donne sens ?...

- Peu m'importe. Je veux juste me sentir bien.

Mais ce n'est pas "juste", justement. C'est quelque chose !

Et inversement, est-ce qu'il y a du bonheur sans plaisir ? ou du moins, avec très peu de plaisir ?

Oui. Car on peut vivre par l'imagination, la volonté et l'intellect, même quand on vit très peu par ses sens. Peu de plaisir et beaucoup de sens, cela fait tout de même une vie pleine. Pas le paradis, mais... mieux que la frénésie hédoniste que notre civilisation bancale et borgne nous propose comme idéal.

La vie n'est pas des vacances. Et les moments de repos, de délicieux farniente, de plaisir gratuit et léger n'ont de goût qu'à condition de se détacher sur une trame de sérieux, d'engagement. De sens.

Les publicités mêlent, mélangent le plaisir et le bonheur, cherchent à les confondre.

Pour réussir sa vie, mieux vaut les distinguer. Le chemin du bonheur grimpe ; celui du plaisir descend. Et pour être heureux, il faut savoir sacrifier certains de ses plaisirs à ses objectifs, ses valeurs, ses priorités.

24 novembre 2008

La discipline et "JE VEUX MON CHOCOLAT!!!"

(En prolongement aux commentaires de Chris... avec qui je suis complètement d'accord.)

Bonne habitude, discipline, principes : tout cela effectivement ne s'achète pas.
Ou s'achète par notre volonté et nos efforts.

C'est pour cela que lorsque le discours officiel sur la dépression répète, comme si c'était une évidence, que "la volonté n'aide pas quand on est dépressif" ou "ce n'est pas une question de volonté" ou "ça n'a rien à voir avec la volonté"... il ment.

Car la volonté, qu'est-ce ?
Sinon notre capacité à faire des choix et à nous y tenir ?....
Un choix auquel on ne se tient pas n'est pas une choix : c'est seulement une velléité.

Au fond, on peut considérer comme des quasi-synonymes "la volonté" et "la liberté".
C'est notre volonté qui nous fait libre ; c'est notre liberté qui nous fait volontaire. Choisir, c'est vouloir ; vouloir, c'est être libre, c'est faire usage de cette liberté qui paraît si séduisante d'un côté (le côté possibilité) et si vilaine de l'autre (le côté responsabilité).

Pour faire de nos bons choix de bonnes habitudes, nous avons besoin de discipline.

L'élève à éduquer, canaliser, structurer, c'est nous-même.

A nous de faire en sorte que ce que notre tête et notre coeur ont décidé soit mis en pratique par tout le reste de nous-même.
A nous de frustrer le gros bébé geignard - reste coriace de notre enfance - qui pleurniche : "mais j'ai pas envie, heu!..."

Tiens, ça me rappelle un souvenir.

J'avais décidé de ne plus manger de chocolat ; mais (sous je ne sais plus quel prétexte, celui des vacances peut-être, en vacances tout est permis) me voilà au rayon "confiserie" d'un supermarché quelconque - c'était Monoprix, je crois.

Me voilà devant toutes ces plaquettes de chocolat noir, blanc, au lait, aux noisettes, équitable, amer, à l'orange, au nougat, au caramel, aux éclats de caramel, etc.

Je les aime tous ; lequel choisir ?...

Cependant je ne suis pas heureuse d'être là. Je suis en train de trahir un engagement ferme que j'avais pris avec moi-même. Mais bon, j'y suis, et puis j'ai ENVIE de chocolat, ça arrive, non ? L'être humain est faible, non ? Et puis ce n'est qu'une petite tablette de chocolat, non ?

Je me dis ça, mais au fond je sais très bien qu'en cédant à cette première tablette de chocolat, j'ouvre la porte à toutes ses innombrables copines... avec à la clef des kilos - combien ? - en plus... et à coup sûr, une baisse d'estime vis-à-vis de moi-même : on ne peut pas me faire confiance. Je ne peux pas me faire confiance. Je ne tiens pas mes promesses.

Je suis sûre que vous pouvez comprendre ma situation mentale à cet instant. Je suis sûre que vous avez déjà vécu l'équivalent.

J'erre donc devant les tablettes de chocolat, aller et retour, en proie à une perplexité à paliers multiples :

- quelle tablette prendre ?
Car si je choisis le chocolat au lait au caramel, je renoncerai au chocolat blanc aux pépites de noix de coco caramélisées par la même occasion, et ce renoncement est un déchirement.

- est-ce que je prends une seule tablette, ou deux ?
Car si j'en prends deux, je ne serai pas obligée de renoncer à l'une des deux - mais ça coûtera plus cher, je mangerai plus de chocolat, je grossirai davantage et je me sentirai encore plus coupable, car j'aurai donné beaucoup plus qu'un simple coup de canif au contrat moral que j'ai passé avec moi-même.

- est-ce que je renonce à cette ou ces tablette(s) de chocolat encore indéterminée(s), ou est-ce que je craque pour elle(s) ?

Craquer... c'est le verbe qu'on retrouve dans les pubs qui nous poussent à consommer : "Craquez pour ceci ! Craquez pour cela !..."

Le verbe dit bien ce qu'il dit : lorsqu'on cède aux tentations qui nous sollicite, lorsqu'on ne tient pas nos engagements (ceux qu'on prend vis-à-vis de nous-même sont des engagements, même si personne d'autre n'est au courant) alors on craque.
Notre colonne vertébrale décisionnelle craque.
On perd le squelette qui nous fait moralement vertical.
On s'affaisse.
On perd son unité, fissurée qu'elle est par cette craquelure au beau milieu.
Comme un habit qui a craqué, on perd beaucoup de notre valeur.
Comme un sac qui a craqué, on ne sert plus à grand chose.

Je suis toujours dans le rayon confiserie, en proie à une indécision vraiment pénible (chocolat au lait ou chocolat blanc ? pas de chocolat ou chocolat ? une ou deux tablettes ?) lorsque arrive une mère et son bébé.

Le bébé voit les tablettes et crie : "MON CHOCOLAT!!! JE VEUX MON CHOCOLAT!!!!"

Sa mère essaie de le faire patienter : "Tout à l'heure, quand on sera sorti du magasin..." mais le bébé n'est pas convaincu. Visiblement, il veut son chocolat là, maintenant, tout de suite. Il se tord dans sa poussette pour tendre vers sa mère son visage tout rond et ses petites mains potelées, dans un appel à l'aide pathétique :

"MON CHOOOOCOOOLAAAAAT!...."

Ce bébé, je le reconnais.
C'est moi-même.
Ou plutôt, c'est la part de moi-même qui m'a envoyé dans ce rayon de Monoprix - la part infantile, avide, gourmande.
Ce bébé, c'est mon ventre.

Non, je ne cèderai pas à mon ventre.
C'est lui qui doit m'obéir, et pas l'inverse.

Je sors du Monoprix, les mains vides.

Quel rapport avec la dépression ?...

Dépression et chocolat se trouvent du même côté : le côté facile et compliqué.

Facile, car il est plus facile de "craquer" que de ne pas craquer ; compliqué, car plus on y cède, plus la vie se complique.

Equilibre émotionnel et absence de chocolat se trouvent eux aussi du même côté : le côté simple et difficile.

Simple, car il est simple de ne pas craquer et que la vie se simplifie à mesure qu'on avance dans cette direction-là ; difficile, car c'est difficile, tout le monde le sait.

23 novembre 2008

Suis-je guérie ?

Pour moi le mot "guéri" n'a aucun sens dans le contexte de la dépression, la dépression n'étant PAS une maladie.

Et si j'ai pu employé ce mot, ou un mot de sens proche, c'est sous l'influence du discours officiel qui ne cesse de marteler son message :

dépression = maladie

Mais la dépression est bien en ce qui me concerne une chose du passé, une chose révolue.

A moins qu'on ne la prenne au sens très vague de "moment de déprime", et alors là je reconnais, j'admets, j'avoue, il m'arrive de faire des dépressions de un jour, deux jours, parfois même quatre ou cinq jours.

Si je parle de la dépression au présent, c'est qu'on peut toujours se souvenir de ce qu'on a vécu pour le revivre (pas de trop près quand même) le temps d'y réfléchir. C'est aussi parce que les brefs et minces moments de déprime que je vis aujourd'hui font écho à ceux, bien plus terribles, que j'ai vécus avant.

Et aussi parce que (le temps d'écrire) je préfère m'identifier à mon cher lecteur et ami du Phare - c'est-à-dire à vous-même - qu'à mon moi paisible et sans histoire d'aujourd'hui.

Ce moi-là, celui d'aujourd'hui, n'a pas grand chose à dire sur lui-même ; c'est sur l'ancien moi tourmenté, perturbé, morcelé, humilié, prostré, anxieux, orgueilleux et chimérique qu'il a des choses à dire... dans l'espoir que vous vous y retrouverez un peu.

Mais vraiment, ce mot de "guérie" n'a aucun sens.

La dépression n'est pas une maladie. C'est un problème existentiel, un problème psychologique, un problème spirituel, tout ce qu'on veut - mais pas une maladie.

Ou alors tout est dans tout et les tumeurs du cerveau sont des complexes d'Oedipe...

Le fait même de s'accrocher à la définition officielle de la dépression-maladie y enfonce ; ce n'est pas juste une question de mot, il y a des implications et des ramifications profondes et lointaines. Tant qu'on se croit la proie, la victime d'une maladie, on est mal barré.

On extériorise ce qui est à l'intérieur, on responsabilise ce qui n'a pas de responsabilité, et du coup on se retrouve faible et impuissant : une victime.

La dépression ne peut pas être responsable ; il n'y a que les êtres capables de choix qui le sont. La dépression n'est pas responsable de notre mal-être, c'est nous qui le sommes.

Ce qui ne veut pas dire que c'est "notre faute", mais plutôt que cette souffrance est née de nos mauvais choix, de nos ignorances, de nos inconsciences, et que pour s'en débarrasser, il faut faire de meilleur choix, apprendre, prendre conscience.

C'est d'ailleurs dans l'autre ordre que ça se passe :

1/D'abord on apprend ;
2/Ensuite on prend conscience ;
3/Enfin on peut faire des choix plus intelligents que par le passé, grâce à notre nouvelle vision plus juste et plus complète (ou du moins, moins incomplète).

Dignité et Singularité

Les deux notions ont suffisamment retrempé dans l'océan primordial pour retrouver leurs couleurs originelles, originales.

Nous sommes singuliers.
Pas des photocopies les uns des autres ; chacun d'entre nous est une création unique, spécifique, inimitable. Même votre jumeau si vous en avez un est un être radicalement différent de vous, par delà quelques similitudes superficielles.

Nous sommes précieux parce que nous sommes uniques.
Et parce que nous sommes libres.
Notre prix, c'est d'avoir conscience de notre prix. De ne pas nous brader, de ne pas nous gaspiller. De ne pas jeter nos trésors aux passants, dans une frénésie dévastatrice (le mépris de soi).

Notre valeur, c'est de nous accorder de la valeur. D'en accorder aux autres. De dépasser la vision égocentrique pour embrasser la vision générale, panoramique. Voir l'existence comme une mouette en vol voit une plage.

Notre valeur n'est pas quelque chose de fixe, d'inaltérable. C'est un trésor intérieur qui peut s'abimer, se salir, se nettoyer, se retrouver. Son sort ultime n'est défini que par la mort, notre mort.

Notre valeur est un défi, une montagne à gravir. Un espoir, une promesse, une conquête. Une Très grande Difficulté.

Notre valeur refuse la solution de facilité, qui d'ailleurs n'est pas une solution et dont la facilité n'est pas de la simplicité.

Notre valeur exige la solution de difficulté, qui est simple malgré sa difficulté (qui a dit que ce qui est simple est facile ?...)

Notre dignité est-elle à chercher dans une forêt de singes ?... Non, au delà ; les cris et les mimiques imitatrices, darwiniennes, la frénétique survie doit être laissée en arrière. Avançons toujours ; notre dignité est devant. Plus loin et plus haut.

Notre dignité est un appel, un souvenir, un rappel ; nous l'avons oublié ; nous devons promettre de ne plus l'oublier.

Divers

Merci pour tous vos commentaires - ils m'encouragent à poursuivre, sachant que j'arrive au milieu fastidieux de la route, et que mon allure d'escargot pourrait presque me décourager.

Un lecteur m'avait confié qu'un changement de lunettes lui avait du bien au moral... je confirme ; on se sent beaucoup mieux lorsqu'on y voit plus clair, que ce soit au moral ou au physique.

Là, après changement de verre (et de monture, d'ailleurs), le monde me paraît plus net, les noirs plus noirs et les blancs plus blancs.

C'est bien plus agréable, bien plus satisfaisant pour les yeux...

Et il en est de même à un autre niveau : lorsque la grisaille d'une vision myope et/ou astigmate laisse place à des contrastes frappants, on retrouve goût à la vie.

Bon. Je parie que vous ne voyez pas comment transposer l'amélioration des contrastes visuels au niveau psychologique ?...

La grisaille, c'est l'indifférence. C'est aussi le relativisme. Lorsque le Bien paraît bof-pas-si-bien et le Mal paraît bof-pas-si-mal, lorsque "rien n'est tout blanc, rien n'est tout noir", alors tout est gris.

Lorsqu'on comprend mieux l'écart insurmontable qui sépare ce qui est bien de ce qui et mal, lorsque l'ombre et la lumière se distinguent de plus en plus nettement, lorsque l'éventail de nuances qui écartent le mal absolu du bien absolu s'ouvre, alors on se sent... mieux. Beaucoup mieux.

D'autant que logique et éthique sont liées : une vision approximative et floue des repères éthiques s'accompagne d'une logique tout aussi approximative.

Bref... il y a, entre un Dutroux et un abbé Pierre, un écart qui est plus qu'une nuance : un gouffre.

Pour se diriger, pour avancer dans son existence, on a besoin de savoir quels sont les choix.

Tant qu'on ne voit comme choix que l'alternative king fish/mac bacon, on rate l'essentiel ; le choix principal.

Le choix principal est moral ; il est une question de principes. Ceux qui n'en veulent pas glissent à gauche, ceux qui en veulent grimpent ou grimperont à droite.

Quel rapport avec la dépression ?...

D'abord il y a cette troublante homophonie entre "la morale" et "le moral". Qui n'a pas de morale risque fort de perdre le moral... ensuite il y a... qu'une existence ne vaut la peine d'être vécue que lorsqu'elle cherche à épouser la ligne droite, la colonne vertébrale des principes.

Nos sentiments changent et fluctuent ; tantôt violents, tantôt paisibles ; tantôt roses et tantôt noirs. Ce sont des vagues incessantes qui nous bousculent et nous caressent (nous bousculent surtout). S'y fier, c'est se fier à la girouette sur le toit. Elle tourne et vire au vent qui passe, infidèle à hier comme à demain, infidèle à tous, même à elle-même.

Telles sont nos passions - qu'on appelle aussi "émotion", "sentiment".

Se dire : "je vais faire ce que j'ai ENVIE de faire", c'est vraiment se raccrocher au vent.

Mieux vaut se dire : je vais faire ce que je VEUX faire", et s'interroger : qu'est-ce que je veux ? vraiment ?

Les réponses sont toujours les mêmes : égoïstes d'une part, fondées sur des principes de l'autre. Le mieux étant encore de combiner ces deux genres de réponses.

Je veux peut-être gagner beaucoup d'argent... et pourquoi pas ? Mais je n'en aurais la force que si je suis certains principes.
Je veux peut-être sortir de dépression... et je n'en aurais la force que si je suis certains principes.

"Principe" vient du latin princeps, "premier".

Les définitions de "principe" donnent matière à réfléchir.

"Proposition posée au début d'une déduction, ne se déduisant elle-même d'aucune autre dans le système considéré, et par suite mise, jusqu'à nouvel ordre, en dehors de toute discussion"

Le principe, c'est ce qui ne se discute pas, ne se conteste pas : une règle de base que l'on accepte dès le départ. Le sol solide où l'on peut construire tout le reste.

Des principes - même triviaux, même idiots - valent mieux que pas de principes du tout.

Se brosser les dents après le repas peut être un principe ; il y en a de plus significatif mais celui-là vaut tout de même quelque chose. A condition bien sûr de le respecter, sinon cela cesse d'être un principe.

Mais les grands principes sont bien plus délicats à appliquer. Ils demandent beaucoup d'intelligence. Ils sont rigides mais abstraits : pour les rendre concrets, il faut toute une gymnastique mentale, et pas que mentale. Des efforts intellectuels et d'autres, à faire sur soi-même, par l'action.

(parenthèse. J'écoute "long nights" d'Eddy Weber ; c'est vraiment la musique qui se prête le mieux à une nuit studieuse, solitaire, quand tout est calme autour et en soi. La lampe rétro qui éclaire mon bureau renvoie contre le mur des coups de pinceau lumineux qui dessinent une couronne qui va en s'élargissant jusqu'au plafond, et je soupire de contentement. Vraiment, l'humilité est une liberté ; vraiment, l'orgueil est une prison. Je remercie Dieu de m'avoir débarrassé, de me re-débarrasser régulièrement, de cette croûte étouffante, de cette rouille asphyxiante ; la colère, la haine sont des filles de l'orgueil. Qui se débarrasse de la racine satanique se débarrasse aussi des branches. Je vous encourage vous aussi à faire ce travail de nettoyage, de purification. Il n'est pas facile, mais peut-être que la première étape est de prendre conscience qu'il est nécessaire ?... L'humilité n'est pas la faiblesse ; elle est même tout le contraire : le début de la force. Fin de la parenthèse.)

C'est drôle, tout de même, l'écriture... que ce soit par le corps ou par l'esprit, Nous vivons dans deux mondes très différents, et pourtant, cet espace mental nous est commun. Pareil à ce phare idéal où je m'imagine vous parler, avec une liberté et une abondance inimaginable en toute autre circonstance.

Espace irréel, rêve lucide où la traversée des apparences devient possible. Croisière de luxe où nous embarquons ensemble, moi pour extraire ces fragments de miroir enfouis au fond de moi, et vous pour y chercher des indices de qui vous êtes vraiment.

Bien sûr, je ne sais pas qui vous êtes vraiment... mais je sais qui je suis, et je sais aussi ce que ça fait de ne pas savoir ; c'est pourquoi j'espère que vous trouverez un peu de vous dans mes mots.

L'écho de votre propre voix, voix oubliée peut-être, ou négligée, parce que vous avez cru à tort qu'elle n'avait pas d'importance.

Nous sommes pourtant des êtres uniques et singuliers, et cette singularité est précieuse, comme notre dignité est précieuse. Hélas, les mots "singulier" et "dignité" se sont dévalués en monnaie de singe... on les a fait servir dans trop de mascarade pour qu'ils aient gardé leur lustre originel.

Replongeons-les dans l'océan primordial pour qu'ils retrouvent leur lustre.

Et en attendant que leurs couleurs se ravivent, revenons à nos moutons, c'est-à-dire à nos principes.

Les principes ne sont pas des recettes, mais des squelettes. A nous de les habiller de chair, à nous de les faire vivre. A nous de changer les mots en actes et de "marcher notre parole" (walk your talk).

Honneur n'est qu'un mot - sauf pour celui qui s'efforce d'en avoir un. Encore faut-il s'en faire une définition applicable... ce qui n'est pas forcément gagné. Personnellement, "honneur" me parle peu.

Mais "courage", oui !
Et pour d'autres, je suppose que "courage" ne dit rien.
Dans je ne sais plus quel livre-témoignage écrit par une adolescente, une scène m'a marqué.

Cette jeune fille se drogue (et elle a d'autres problèmes en plus de celui-ci). Son petit ami est complètement shooté sur le lit lorsqu'elle entre dans l'appartement. La vaisselle sale s'accumule dans l'évier en un gros tas immonde.

La jeune fille se dit : "soit je me pique moi aussi, et je rejoins mon copain dans son paradis artificiel, soit je fais la vaisselle."

Si elle avait fait ce qu'elle avait ENVIE de faire, je vous laisse imaginer son choix...

Mais elle a fait le choix courageux. Elle a lavé la vaisselle.

C'est depuis ce jour que (pour moi) "faire la vaisselle" est devenu synonyme de "faire preuve de courage".
Bien sûr, il y a d'autres manières d'être courageux... chacun a la sienne, comme chacun a la sienne d'être lâche. Mais on à beau dire, on a beau se chercher des excuses, des justifications, parfois aussi ridicules que "je suis un artiste" ou "c'est la faute à ma grand-mère", on sait très bien quand on fait le choix du courage et quand on fait le choix de la lâcheté.

C'est simple : le choix du courage n'a pas besoin d'être justifié. Et si certains peuvent ne pas comprendre, nous, du moins, n'éprouvons pas le besoin de nous en justifier à nos propres yeux. Au contraire, nous en sommes (intimement ou ouvertement) fiers.

Je change encore de sujet - peut-être que je reviendrai sur la question des principes tout à l'heure, mais ce n'est pas sûr.

J'ai terminé la lecture de "L'histoire de ma vie" de George Sand - le plus grand écrivain du dix-neuvième siècle, selon tous ceux qui le pensent (je suis sûre qu'il n'y a pas que moi).

Merveilleuse George Sand... (oui, c'est une femme malgré "George")

Voilà ce qu'elle écrit :

"N'étant pas une nature de diamant, je n'écris pas pour les saints. Mais ceux qui, faibles comme moi, et comme moi épris d'un doux idéal, veulent traverser les ronces de la vie sans y laisser toute leur toison, s'aideront de mon humble expérience et trouveront quelque consolation voir que leurs peines sont celles de quelqu'un qui les sent, qui les résume, qui les raconte et qui leur crie : "Aidons-nous les uns les autres à ne pas désespérer.
Et pourtant ce siècle, ce triste et grand siècle où nous vivons s'en va, ce nous semble, à la dérive ; il glisse sur la pente des abîmes, et j'en entends qui me disent : "Où allons-nous ? Vous qui regardez souvent l'horizon, qu'y découvrez-vous ? Sommes-nous dans le flot qui monte ou qui descend ? Allons-nous échouer sur la terre promise, ou dans les gouffres du chaos ?"

Et elle est toujours valable, la question :

Où allons-nous ?
Sommes-nous dans le flot qui monte ou qui descend ?

Mais peut-être, et c'est ce que George Sand n'a pas voulu voir dans sa bonté débordante, qu'il n'y pas de "nous" lorsqu'il s'agit de monter ou descendre.

Nous sommes tous, comme Sissi dans la bibliothèque verte, seul(e) face à notre destin.

Je ne peux pas vous sauver ; je ne peux même pas sauver les personnes que j'aime le plus au monde ; vous ne pouvez pas sauver ceux qui tiennent le plus étroitement à votre coeur ; mais - si vous êtes prêt à tout ce que ça implique - vous pouvez vous sauver vous-même.

Question de principe.
Question de choix.

J'imagine que ce post est déjà suffisamment long...

15 novembre 2008

Petit éclaircissement

Non non je ne suis pas suicidaire du tout... même si je suis "jusqu'au cou" dans le suicide, étant en train de rédiger ce que j'espère être la dernière version d'un chapitre intitulé :

"Le suicide démystifié - Les illusions qui y poussent, les vérités qui en protègent".

Si d'ailleurs vous avez un titre un peu différent et qui vous semble meilleur à proposer, je serais curieuse de le connaître.

Et si vous aimez une chanson du genre suicidaire qu'on peut écouter sur youtube, faites-la moi connaître, j'aurai peut-être l'occasion d'en parler dans ce chapitre.

Pour tous ceux (je ne pense pas qu'ils soient nombreux en fait) qui voudraient discuter avec moi sur msn... désolée mais c'est non. J'ai trop de travail et l'homme de ma vie est trop jaloux. Pour les femmes, c'est un tout petit différent, mais pas tant que ça : j'ai vraiment beaucoup de travail.

Le dernier article "tout est parfait, c'est le moment" est un extrait de ce chapitre en cours.

J'essaie d'y réfuter une des raisons les plus biscornues - mais elles le sont toutes - de se suicider...

à bientôt sur ce blog, chers lecteurs et lectrices de mon coeur ! ;-)

14 novembre 2008

Tout est parfait - c'est le moment...

« Bon job, enfants adorables, belle maison : j'ai atteint tous mes objectifs, j'ai connu tout ce que je voulais connaître, je ne vois pas l'intérêt de continuer. Au sommet du bonheur et de mon accomplissement personnel, c’est le meilleur moment que je puisse choisir pour quitter la scène ; c'est une façon de l'éterniser, de s'éterniser… »
Si le commun des mortels pense au suicide quand tout va mal, certains, plus dégoûtés ou plus douillets, pensent au suicide lorsque tout va bien.
Mais à bien y réfléchir, les deux raisonnements se rejoignent : dans un cas, on se tue pour cesser de souffrir ; dans l’autre, pour ne pas commencer. Dans un cas, on veut régler un problème ; dans l’autre, on veut l’éviter.
Ce qu’on ignore, délibérément ou non, c’est que lorsqu’on a connu tout ce qu’on voulait connaître, on n’a pas forcément connu tout ce qu’il est bon pour nous de connaître. Mais comme on se croit plus malin que l’existence, peut nous chaut ; les expériences qui n’entrent pas dans le cadre de notre petit programme nous répugnent. Elles ne seront (pensons-nous) qu’une répétition sans saveur de déjà-vécu, alors à quoi bon ?
Mais non. Elles seront différentes. Et peut-être qu’elles feront mal. Et oui… Qui a dit qu’on était là pour jouir bêtement du soleil ?
Il y a Charybde ; il y a Scylla ; il y a le sphinx qui dévore ceux qui ne savent pas répondre à ses questions ; il y a les sirènes qui veulent nous entraîner vers les récifs et notre perte ; il y a les cyclopes stupides et anthropophages ; il y a les impôts.
Notre périple n’est pas une visite à Disneyland, où le seul risque est de s’intoxiquer avec de la glace à la vanille périmée. Notre voyage est une aventure, un défi. Alors qui peut prétendre qu’il a fini de vivre ? Tant qu’on respire sur cette terre, c’est pour une raison – une excellente raison. Et le fait que nous ne soyons pas (encore) capable de la distinguer ne la rend pas moins bonne.
Mais au fait, est-ce qu’on se suicide jamais de bonheur ?
Non, bien sûr que non. C’est la peur, encore elle, qui nous pousse. Une peur obscure, celle de l’éternel recommencement du même, et une autre plus obscure et méconnue encore, celle du changement.
Car que se passerait-il si l’illusion de notre perfection se brisait ? Ce j’ai tout réussi de surface, que révèlerait-il, si nous prenions le temps d’en scruter les profondeurs ?
La fragilité de notre mensonge n’y résisterait pas. Vus de dos, les visages sont des masques, parce qu’ils sont des masques. Cette couronne de lauriers, ce n’est pas celle de César, mais de quoi assaisonner un plat de lentilles ; nous sommes ridicule avec cet attirail sur la tête.

11 novembre 2008

Il était une fois

Il était une fois trois petits cochons qui quittèrent le foyer familial pour tenter leur chance dans le monde. Le premier partit à gauche, le second partit à l’ouest, et le dernier partit à droite. Ils marchèrent et marchèrent, chacun de leur côté, jusqu’à trouver l’emplacement idéal.
Le premier petit cochon se construisit en deux jours une maison de paille à côté d’un champ, ce qui lui laissa le temps voulu pour danser, chanter et manger comme un cochon. Son objectif était très clair : il voulait croquer la vie, et les pommes, à pleines dents. Et c’est ce qu’il fit.
Le second petit cochon se construisit en deux semaines une maison de branchages un peu plus solide que celle du premier. Puis il partit batifoler dans les bois qui jouxtaient sa maison. Son objectif était tout aussi limpide que celui du premier petit cochon : il voulait cueillir la vie, et les trèfles, d’un groin vigoureux. Et c’est ce qu’il fit.
Quant au troisième petit cochon, il sua sang et eau pour se construire une maison de briques et de ciment. Comme on manquait de brique dans son coin, il dut aller les chercher très loin. Selon certaines sources, la construction de sa maison lui prit deux ans ; selon d’autres sources, elle lui prit douze ans.
Lorsqu’il perdait l’espoir d’en venir à bout, il se répétait la phrase célèbre de John Kennedy : « C’est lorsque le soleil brille que l’on doit réparer le toit ! » Sauf que lui l’adaptait à son cas et se disait : « C’est lorsque le soleil brille que l’on doit tracer un plan, rassembler les matériaux de construction, poser les fondations, élever les murs, recouvrir le toit de tuiles, etc. »
Un test de solidité mortel
Un beau jour - mais était-ce vraiment un beau jour ?... certainement pas pour le premier petit cochon - un loup du genre grand et méchant découvrit et détruisit la maison de paille en soufflant dessus. Inutile de dire qu’il dévora son habitant tout cru : les loups dédaignent tous les raffinements de la civilisation, que ce soient les fours ou les couverts.
A quelque temps de là, errant et affamé, le loup croisa par hasard le deuxième petit cochon. Après une course poursuite digne des meilleurs films d’action, celui-ci se réfugia dans sa maison de branchages. Vaine précaution : le loup la détruisit par la seule force de ses poumons, et le deuxième petit cochon finit d’une manière digne des pires films d’horreur.
Quelque temps plus tard, c’est devant la maison du troisième petit cochon que le loup arriva. Grisé par ses précédentes victoires, il crut qu’un bon repas l’attendait là. Or, rien n’y fit : il s’y cassa le museau, et repartit penaud…
La morale de cette triste histoire
Vous dites que ce n'est pas comme cela que l'histoire se termine ? Vous prétendez que les deux premiers petits cochons se réfugient sains et saufs chez le troisième ?
Vous ne devriez pas faire confiance aux doux mensonges de Walt Disney. La véritable histoire des trois petits cochons se termine mal, vous pouvez vérifiez sur Wikipédia. Enfin… mal pour les petits cochons sans cervelle, car le petit cochon prévoyant s’en tire à merveille. Aujourd’hui, il est à la tête d’une grande entreprise dans le B.T.P.
Rien de plus logique : il n'y a que notre propre maison, que nos propres efforts, qui peuvent nous sauver. Pas de bouc émissaire pour endosser nos fautes ; pas de sauveur pour réparer nos erreurs. C’est une mauvaise nouvelle lorsqu’on a mal employé son temps, mais c’est une satisfaction lorsqu’on en a su en tirer parti. Le troisième petit cochon éprouva certainement une satisfaction sans borne lorsque, à l’abri dans sa forteresse, il entendit les pas du loup dépité s’éloigner pour de bon…
Et si la première maison, c’était nos illusions, nos plaisirs immédiats et destructeurs, nos arrangements avec la vérité, nos approximations, nos problèmes non résolus, nos faux départs, notre insouciance ? Et si la seconde maison, c’était notre carrière, notre compte en banque, nos préjugés, nos « de toute façon », nos « après tout » et nos « je sais », notre orgueil, notre entêtement à suivre l'exemple de papa-maman ?
Et si cette seconde maison c’était notre maison, même si elle est en brique ou en pierre ?...
La conscience, l’angoisse, la souffrance et la mort sont des Grands Méchants Loups qui arrivent inéluctablement à leur heure. Ces vilaines bêtes soufflent sur la maison de paille et la maison de bois, et bientôt il n’en reste plus rien. La troisième maison est la seule qui puisse nous protéger. C’est la seule qu’il faille impérativement construire ; on peut très bien se passer des autres, mais pas de celle-là.
Alors, où chercher ses briques et son plan ?
Difficile à dire. Mais à coup sûr loin du bruit, loin des flonflons et des paillettes éphémères. A coup sûr près du cœur… non loin du silence.

01 novembre 2008

Je ne demande pas grand chose

On se dit à voix basse : « Pourtant je ne demande pas grand chose... juste d'être un peu heureux de temps en temps comme tout le monde... juste de ne pas être envahi sans arrêt par des angoisses, des idées noires... juste de ne pas être continuellement submergé par la confusion et le stress... »
On s’étonne alors que ce vœu si modeste ne soit pas comblé. On s’en étonne, et si on a encore la force, on s’en indigne. Ce n’est pas juste ! Pourquoi eux ont-ils tout, alors que nous n’avons rien ? Pourquoi notre humble petit souhait reste-t-il insatisfait ?...
Mais peut-être que la question est mal posée. Et si c’était précisément parce que notre demande est trop modeste qu'elle restait en attente ? Après tout, ce que l’étude des luttes syndicales suggère, c'est que pour obtenir le minimum vital il faut demander beaucoup plus.
Une autre hypothèse : il se pourrait que ce soi-disant pas grand-chose que l’on réclame représente beaucoup plus que nous ne l’avouons. La tranquillité, pas grand-chose ? La paix mentale, un humble petit souhait ? Hum !
Il faut aussi prendre en compte le point de départ : rien qu’un tout petit peu de bonheur, lorsqu’on habite à que du malheur, ça fait déjà un sacré trajet.
Enfin, cette petite quantité de bonheur que l’on convoite n’est peut-être pas un objectif approprié. Et s’il fallait choisir entre deux directions opposées, sans que la solution intermédiaire ne se stabilise jamais suffisamment pour devenir une cible ? Pour goûter à ne serait-ce qu’une miette bonheur, mieux vaut viser le bonheur complet que cette zone d’anesthésie affective où l’on ne sent ni joie ni peine.
Mais venons en au fait.
Au fond, cette demande apparemment modeste d'un peu de paix et de bonheur révèle plus de trouille que d’humilité, plus d’inertie que de modestie. Car pourquoi demande-t-on peu, ou plutôt, pourquoi s'imagine-t-on qu'on demande peu ?
Parce qu’à un niveau plus ou moins conscient, nous savons déjà que pour obtenir « beaucoup » il faudrait chambouler radicalement notre vie, mettre en cause tout un tas de croyances auxquelles nous tenons comme à la prunelle de nos yeux... Comparaison justifiée : c'est à travers ces croyances-là qu'on voit le monde.
Au fond, ce qu'on voudrait, c'est aller mieux sans changer.
Tant qu'on ne veut modifier ni l'emplacement de ses meubles, ni celui de ses idées, on croit qu'on ne demande pas grand chose, mais en fait, on demande quelque chose d'impossible : une amélioration sans changement. Et on obtient donc... pas grand chose. Lorsqu'on se donne deux priorités contradictoires, on ne peut jamais être satisfait.
Ainsi, une femme qui cherche un homme très sérieux et fidèle qui en même temps la laisse complètement libre de tous ses faits et gestes, demande deux choses qui ne vont pas ensemble. Il faut qu'elle choisisse ce qui est le plus important pour elle : la fidélité de son conjoint, ou sa liberté à elle ?
De même, quand on veut aller mieux sans modifier en rien ses habitudes, on veut deux choses contradictoires. Il faut se demander qu'est-ce qui est le plus important, qu'est-ce que l’on considère comme la priorité des priorités : aller mieux, ou continuer sa vie sans changement majeur ?... Il est essentiel de faire un choix : on n'obtiendra jamais les deux en même temps.