Voilà typiquement le souhait qui ne peut pas être exaucé : "je ne veux pas être heureuse, mais ne plus être malheureuse".
Le ni-chaud ni-froid n'est pas réellement un objectif. C'est difficile à expliquer, mais les faits sont là : lorsqu'on vise le ni-oui ni-non, on obtient... rien. Comme si cette zone indéfinissable, terne, ne pouvait s'obtenir que par ceux qui ne la désirent pas activement.
Elle existe, pourtant : il y a bien des gens qui ne sont ni malheureux, ni heureux... Ce qui, au fond, signifie qu'ils sont malheureux - mais juste un peu : pas trop.
Pourquoi ne désireriez-vous pas le vrai bonheur ?
Pourquoi voulez-vous moins que cela ?
Qui vise les étoiles, et les rate, a une chance d'atteindre la lune - mais qui vise le sommet d'une taupinière, et la rate, n'atteindra que le sol.
C'est la vérité ; mais lorsqu'on est déprimé cette vérité-là semble angoissante. On se dit : "mais si je rate mon objectif je vais être horriblement déçu... et ça, ce serait pire que tout."
Non ; ce qui est pire que tout, c'est de ne rien tenter. Le pire choix de tous les choix, c'est de ne pas en faire. C'est une illusion fréquente chez ceux qui vont mal : ils s'imaginent (moi aussi, c'est ce que je croyais) qu'il suffit de refuser de choisir pour se mettre à l'abri de la responsabilité et de l'angoisse qui accompagnent les choix.
Mais le seul vrai ratage, le seul échec, c'est justement de se défiler de cette manière-là... Ne pas choisir, c'est laisser quelqu'un d'autre choisir à notre place.
Lorsqu'on veut cesser d'être malheureux sans être heureux, on veut éviter une route sans en prendre une autre. Ce qui n'est possible que pour les professionnels de la lévitation.
Pour comprendre à quel point c'est illogique, deux mots sur les polarités. Les polarités sont des contraires. Par exemple, il y a le chaud et le froid : ce sont des polarités.
Lorsqu'il fait trop froid, on allume le chauffage ; lorsqu'il fait trop chaud, on allume la climatisation. C'est de cette manière-là qu'on obtient la température idéale.
Imaginons maintenant qu'au lieu d'allumer le chauffage, on essaie seulement d'enlever le froid, et qu'au lieu d'allumer la clim, on essaie seulement d'enlever le chaud. Quel serait le résultat ?...
Quand on cherche à être "moins malheureux" sans chercher à être en même temps "plus heureux", on cherche à enlever le froid sans allumer le chauffage.
Je comprends vos réticences.
Le mot "bonheur" est gênant. Trop gros et trop brillant, il a quelque chose de racoleur et de prétentieux qui peut mettre mal à l'aise. Ou inversement, on peut être agacé par son air simpliste. Au fond, ça veut dire quoi, "le bonheur" ? Et d'ailleurs, est-ce que ça existe ?...
Mais revenons aux polarités : si vous êtes (trop) malheureux, la solution ce n'est pas moins de malheur mais plus de bonheur. Comme pour le chaud et le froid.
Donc révisez votre objectif : ce ne doit pas être "moins de malheur" mais "plus de bonheur".
C'est sur le bonheur qu'il faut vous focaliser ; c'est lui que vous devez mettre dans votre objectif. C'est lui que vous devez étudier, analyser.
Laissez tomber les livres sur la dépression... ils vous conduisent à cogiter sur ce que vous avez déjà et dont vous ne voulez plus ; lisez plutôt des livres sur le bonheur.
Au début, ça paraît une drôle d'idée : "Lire sur le bonheur alors qu'on est dépressif ? Pour mesurer tout l'écart qui nous en sépare ?! Il faudrait être maso..."
Mais comprenez qu'en mesurant cet écart vous commencez déjà à le combler. En lisant sur le bonheur, vous commencerez à vous familiariser petit à petit avec le concept de bonheur et avec ses différentes définitions. Et plus vous approfondirez votre compréhension du concept, plus vous vous rapprocherez de la chose.
Si vous vouliez vous expatrier dans un autre pays, quel genre de livres liriez-vous ?
Des guides touristiques sur le pays où vous êtes actuellement, ou des livres consacrés au pays où vous voulez vous installer ?
Il en est de même avec la dépression : ceux qui veulent s'installer ailleurs doivent lire sur le pays où ils ont pour projet de s'installer, par sur celui qu'ils veulent quitter.
Bonjour Lucia,
RépondreSupprimerTrès bien ton blog. Ceux qui souffrent ne demande que la "normalité" sans plus et c'est déjà beaucoup...
Je te souhaite une bonne semaine.
Maurice Champion.