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17 juin 2008

A ton étoile (Bernard Cantat)

C'est drôle comme la même musique, le même air, peut résonner différemment selon la période de vie à laquelle on l'écoute.

Tout d'abord, un peu d'introspection : qu'est-ce qui fait que je me sens si bien ce soir alors que j'étais si démoralisée hier ?... L'explication est simple : hier, je me sentais prisonnière d'un destin tout tracé et qui m'embête (pour ne pas dire un autre mot) et aujourd'hui je me sens libre. La différence entre hier et aujourd'hui, c'est simplement qu'aujourd'hui j'ai eu l'occasion de dire ce que je pense alors que j'aurais raisonnablement mieux faire de me taire. Mais cette liberté prise m'a libéré.

Lorsqu'on désobéit à la peur, on gagne toujours quelque chose. Enfin, la plupart du temps...

tout ça pour parler de "A ton étoile", de Cantat. C'est une belle chanson émouvante, et même aujourd'hui je l'aime encore, mais elle est fausse.

Les émotions qu'elle remue ont des racines sombres - astrologiques.

Emotions tissées dans le registre obscur de croyances illusoires. Non, ce n'est pas Saturne ou Pluton, ou Mars ou Vénus (même à l'ascendant) qui décidera de votre existence, ni de la mienne. Fatalisme destructeur, obscurantiste. Soleil, horizon, étoile, "pas le choix", "tu peux cracher même rire et tu le dois à ton étoile".

Et bien non, ce n'est pas à ton étoile que tu le dois.

Une étoile n'est qu'une boule de je ne sais pas quoi suivant une trajectoire qu'elle n'a pas décidé, à laquelle elle obéit passivement, tout comme ce verre que vous lâchez obéit bêtement à la loi de la gravitation pour s'écraser par terre. Inutile de faire l'expérience, vous connaissez déjà le résultat. Les planètes au-dessus de nos têtes n'ont aucun pouvoir sur nous, aucun pouvoir sur elles-mêmes, et brillent comme des lampadaires en faisant preuve de la même intelligence, de la même initiative, de la même toute-puissance que des lampadaires.

Alors soyez fataliste tant que vous voulez - mais ce destin tout écrit, sachez que ce ne sont pas les étoiles qui l'écrivent. Et si quelque chose est écrit dans le ciel, ce n'est certainement pas en symboles astrologiques.

Je sais de quoi je parle - j'ai étudié l'astrologie pendant des années. C'est le contraire du chinois : plus on l'étudie moins on la comprend. Car au fond, il n'y a rien à comprendre. Quand un même symbole veut dire une chose et son contraire, il n'y a aucun moyen de vérifier quoique ce soit.

Et l'astrologie, c'est cela : un langage illogique qui permet de dire deux choses contradictoires en même temps - qui pourra lui faire passer le test ? elle échappe, élusive, à toute tentative sérieuse de la saisir. Antiscientifique par excellence, quoique certains prétendent le contraire.

"Rien à voir avec la chanson ! C'est d'émotion qu'il s'agit..."

Les émotions ont des racines invisibles.
Des racines intellectuelles.
Les idées murmurent et les émotions suivent leurs consignes secrètes. Obéissant à leurs directives.

Frissonnez avec Cantat, mais sachez que ce frisson est contre-productif. La vérité de "ton étoile" n'est pas la vérité.

Seul, solitude, seul, solitude, seul, seule, seul

La "logique dépressive" n'est pas logique - c'est pour ça qu'y mettre un peu de vraie logique ne peut faire que du bien.

La solitude fait mal. Enfin... ça dépend laquelle. Moi j'adore être seule. C'est peut-être dans ces moments-là que je me sens le plus vivre ; mais cette solitude-là (la mienne maintenant) n'a rien à voir avec la solitude dépressive.

Alors, en attendant de ranger son bureau ou sa chambre, pourquoi ne ranger un peu tout ça, dans de jolies boites conceptuelles bien claires, aux couvercles étanches ?...

Rangeons donc la solitude, et les solitudes, dans les cases où elles doivent être rangées pour être à leur place.

("Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place..." cette devise des gens qui ont de l'ordre n'est-elle pas belle ?... A bien y réfléchir, elle décrit la structure d'un monde idéal, d'un petit paradis.)

Il y a donc... la solitude.

On va la baptiser numéro 1. C'est la solitude qui consiste à ne pas être compris et à ne pas se comprendre soi-même. On est seul avec ce que l'on ressent, ce que l'on vit, et qu'on ne comprend pas - seul avec ce qui nous semble aussi inexplicable que l'apparition d'un lapin au fond d'un chapeau haut de forme. On se dit à soi-même : "je ne devrais pas être comme ça... je ne devrais pas penser ça... je ne devrais pas ressentir ça..." Notre solitude est douloureuse parce qu'elle est rejet incompréhensif de soi par soi.

Et il y a aussi la solitude numéro 2 ; celle-là, on y est tous abonnés - c'est cette solitude existentielle qui fait de nous des êtres séparés, responsables de leurs actes, récoltant les conséquences de leurs choix bons ou mauvais. On mange - et ce n'est pas le voisin qui grossit, mais bien nous. On ne se brosse pas les dents - et ce n'est pas sur les dents de nos parents que les caries atterrissent, mais sur les nôtres. Et cetera.

Il y a aussi la solitude numéro 3. C'est la solitude affective. Personne ne nous aime, et ceux ou celles ou celui ou celle qu'on aime le plus au monde ne veut pas de nous. Notre élan d'amour meurt contre un mur d'indifférence paisible.

Et il y a enfin la solitude numéro 4. Celle-là, c'est la conscience de soi.
C'est moi qui pense. Personne d'autre. Il n'y a pas de foule - si ce n'est dehors. Ici, dedans, je suis seul(e). Seul avec mon histoire unique, et mes empreintes digitales ne ressemblent à aucunes autres. Je ne suis pas un boulon interchangeable, je suis une pièce unique. Si je comprends ça, si je creuse et j'approfondis cette différence qui est la mienne, cette personnalité qui est la mienne (et celle de personne d'autre), je pourrai faire de cette différence une force.

Je ne suis pas obligée de m'aligner, de ressembler, de faire semblant d'être "normale" (=comme les autres). Je ne suis pas obligée d'imiter des gens qui imitent. Je peux chercher au contraire à creuser l'écart qui me libère de la norme qui étouffe, à déployer les pétales qui feront de moi une fleur sans rivale.

La solitude ne devrait pas me couper des autres - ou plutôt, elle ne doit me couper des autres que pour m'aider à renouer avec moi.

L'illusion de la différence absolue, radicale rejoint l'illusion de la norme par un autre côté. Chacun d'entre nous est unique - ou plutôt, chacun de nous peut le devenir, si seulement il ose être soi-même. Mais pour oser, il faut renoncer à ce vieux rêve moisi de normalité.

La nature humaine reste la même - et chacun de nous l'incarne à sa manière, dans son style personnel et inimitable.

Les conditions nécessaires mais pas suffisantes du bonheur sont (presque) les mêmes pour tout le monde - et notre psychologie est taillée plus ou moins sur le même patron. Amour-propre, besoin de sécurité, instabilité liée aux circonstances... nos défauts se ressemblent. Et pourtant, chacun d'entre nous a une personnalité aussi unique et inimitable que son visage.

Il n'y a pas de "monstre" - même au niveau psychologique, il n'y en a pas. Et vous n'en êtes pas un. Vos états d'âme obéissent à une logique - même si ce n'est pas celle d'Aristote.

Vos émotions, vos traits de caractère... s'expliquent.

Vous n'êtes pas "seul" en ce sens-là. Car nous sommes tous pris dans un réseau impossible à rompre de causes et de conséquences.

Et pourtant, notre solitude est une réalité. Elle est cet espace intérieur où se forme le choix - espace plus ou moins large selon la place qu'on a voulu lui accorder.

Et notre solitude, c'est notre liberté, notre singularité.

06 juin 2008

Les libertés nécessaires

On parle de la liberté d'expression.
De la liberté de circulation.
De la liberté de la presse.

On ne parle pas de libertés plus fondamentales, plus essentielles - de libertés plus cachées, aussi.

A quoi sert la liberté d'expression quand on n'a pas la liberté de penser ?
A quoi sert la liberté de circulation quand on ne sait pas où aller ?...

Le sens de l'orientation est préalable à toutes les libertés utiles. Condition nécessaire, presque suffisante.

La liberté émotionnelle, en voilà aussi une dont on ne se passe pas sans mal. Peu en parlent, parce que peu la connaissent. La liberté émotionnelle est aussi, en même temps, une liberté intellectuelle.

être libre des blessures de son passé. Libre d'examiner librement et paisiblement ce qui jadis nous a fait mal. Se situer non plus dans la continuation douloureuse d'un traumatisme originel, sans cesse revécu - se libérer du temps éternellement cyclique de la souffrance et du blocage - accéder petit à petit à cet élusif âge adulte qui est si précieux et si rare - à cet examen lucide et dépassionné, objectif, de nos petites et grandes ex-souffrances. Autopsiées dans la sérénité d'un amphithéâtre de chirurgie, sous l'oeil attentif et professionnel de son âme.... Voici le temps de la liberté affective.

Première condition : la vouloir.

La métamorphose est un art, un sport - n'importe quoi qui s'apprend, n'importe quoi où l'on fait des progrès quand on s'entraîne. Le changement se désire avant de se trouver.

Seconde condition : la vouloir de toute son âme.

La métamorphose commence ici, là, à l'intérieur - dans l'intention sincère de se changer, de se peler de ses mensonges, de se vider de ses inconsciences, de s'extraire des vieilles emprises, des vieilles étreintes et contraintes.

Humilité.
Sincérité.

Idéal inaccessible, toujours reculé, toujours désirable. Route de la métamorphose. Chemin de l'authenticité.

On ne peut pas courir deux lièvres à la fois ; c'est le choix qui nous définit, nous façonne - le choix principal, celui qu'on place au centre, au coeur, au milieu. Celui que l'on place tout en haut de la pyramide invisible de nos vies.

Optez pour le moins faux, le plus vrai.

Optez pour ce qui est le plus fidèle, le moins complaisant.

Optez pour ce qui ressemble le plus à ce que vous êtes sûr d'avoir compris.

Optez pour cet effort qui enjambe l'obstacle.

Les plus grandes victoires sont invisibles

Et secrètes.

Sans nul autre témoin que les invisibles et vigilants témoins.

Victoire sur soi-même.

Sur la dépression.

Sur les pesanteurs du passé.

Sur les passions de l'âme.

Sur tout ce qui tire dans le mauvais sens - inlassablement.

Victoire de soi sur soi : seule victoire.

Toutes les autres en découlent... toutes les autres sont vaines sans celle-ci.

Mais l'illusion programmée qui enferme dans ses paillettes dit "Ceci ne présente aucune importance... amuse-toi ! distraie-toi ! fais du superflu l'essentiel et oublie l'essentiel... Sois léger ! Sois frivole ! Sois remuant et agité ! sois vain et superficiel ! Sois mou et docile à tous les courants qui te traversent... mou et ductile, et agité par tous les vents de la girouette !... Sois cette pâte que des mains habiles et maléfiques pétrissent sans que tu les vois... sois cette Dupe des apparences, cette Victime de l'ignorance et de l'illusion, des caprices et de la mode... Consomme ! consomme ! ta vie s'enfuit, cueille le jour, profite ! profite ! Et si tu as besoin d'argent, pense au petit bonhomme vert !"

Loin, loin de la scène où tous s'agitent comme des pantins ; loin, loin du kaléidoscope qui fascine avec ses fragments de couleurs ; loin, loin des mises en scène qui nous enferment ; voici le vrai théâtre et le vrai drame.

Il n'a pas de spectateur.

Le dénouement est le nôtre - pour le pire ou le meilleur.

Et l'enjeu est majeur...

les plus grandes victoires sont invisibles.

De la liberté à la liberté

Dans le coeur un, il n'y a pas de place pour deux passions. Et celles-ci se font la guerre, jusqu'à ce que l'une l'emporte sur l'autre.

Simplification.

Qui connaît le vrai sens de ce mot-là ?... C'est à l'intérieur des tissus palpitants qui nous animent que la lame coupante tranche son chemin. Le CHOIX sera toujours décisif.

Obsédé par des ordres contradictoires, l'esclave de trop de maîtres ne sait plus où donner de la tête. Divisé entre sa tête et son coeur, son passé et son présent, son présent et son futur (tel qu'il le rêve), l'être humain s'empêtre dans ses contradictions.

La clarté de l'aube défera tous les noeuds des toiles d'araignées.
Toutes les stratégies nocturnes.

N'oublie pas... - non. Tu as déjà oublié. Il est trop tard pour ne pas oublier. Souviens-toi... - oui, souviens-toi. Il n'est pas trop tard pour te souvenir.

Qu'est-ce qui est essentiel - et qu'est-ce qui ne l'est pas ?

Qu'est-ce qui est vital - et qu'est-ce qui ne l'est pas ?

De quoi as-tu VRAIMENT besoin ?

Et ce n'est pas à ton caprice entêté, à ta passion aveugle que je m'adresse - on connait déjà sa réponse : "c'est ça ou rien ! c'est lui ou rien ! etc.", non. C'est à la partie raisonnable, celle qui n'est pas dupe des déclarations tranchées de l'autre, que je m'adresse.

Qu'est-ce qui est essentiel ?

Qu'est-ce qui est vital ?

De quoi as-tu VRAIMENT besoin ?

02 juin 2008

Le point de vue commun sur la dépression

Ebook payant (mais pas cher du tout) à lire dans la librairie du phare :

http://www.lulu.com/content/2644731

Eft etcetera

Aujourd'hui, c'est une dame de plus de cinquante ans, qui par l'EFT s'est débarrassée d'un vieux souvenir qui ne l'avait jamais quitté (un geste de rejet de son père) - après une seule séance d'EFT, elle dit : "Maintenant je m'en fiche... je n'ai même plus envie d'y penser". Le souvenir, qu'elle avait noté 9/10, ne lui fait presque plus aucun effet (1/10).

Mes élèves sceptiques ("Madame, c'est psychologique... de toute façon sur moi ça ne marche pas") ont testé avec moi, et oui, ça marche.

Ils avaient des souvenirs d'humiliation. Dur dur d'être un élève...

Quant à moi je procède à l'équivalent émotionnel d'un grand nettoyage de printemps - et du coup, je fouille un peu dans ce passé auquel j'évite de penser la plupart du temps.

ça fait pleurer - beaucoup - puis un peu - puis plus du tout.

Vraiment extraordinaire, cet outil !... Mais comme toujours, il n'est intéressant que pour les gens prêts à changer. Les autres trouvent des excuses pour ne pas faire. Ou trouvent ça trop compliqué (cinq minutes, trop compliqué ?)

Bien sûr, ce n'est pas un remède miracle - car après tout, même si ça nettoie et guérit les blessures émotionnelles, ça ne guérit pas les blessures intellectuelles - ce qui est plutôt le travail de ce blog-ci.

On peut dire que la dépression a deux versants (je laisse de côté pauvreté, décès, chagrin d'amour, etc.)

- Un versant intellectuel, idéologique. Toutes les croyances qui sont à l'origine de la dépression, ou qui l'entretiennent, comme du petit bois entretient un feu.

- Un versant affectif, émotionnel. Tous ces souvenirs enkistés dans la mémoire affective qui nous font mal dès qu'un événement, une parole... y touche. Une espèce de champ de mines où n'importe quel pas malencontreux peut provoquer une douloureuse explosion...

Si l'on nettoie le côté intellectuel en remplaçant les idées fausses par des idées justes, il n'y a plus rien qui puisse accroitre la dépression - mais les souffrances émotionnelles perdurent. On n'est plus dépressif au sens strict du terme, mais on est encore instable, fragile, émotionnellement en verre. Un peu comme une maison attaquée par les termites qu'on détermiterait (oui je sais ce verbe n'existe pas) : elle resterait fragile, à cause de tous ces trous dans sa charpente.

Et si l'on s'attaque seulement au versant affectif, en guérissant un par un tous les mauvais souvenirs, le versant intellectuel rouvrira de nouvelles blessures... comme si on retapait la maison sans chasser les termites.

Il faut donc agir sur les deux côtés.

Avec des lectures pour changer son point de vue (versant intellectuel) avec des conversations avec un thérapeute ou un ami perspicace et l'EFT, pour soigner ses émotions (versant affectif).