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27 février 2007

Un bonheur rétro, sans paillettes

Qu’est-ce qui est préférable : un malheur pailleté, moderne et fun, ou un bonheur terne et archaïque ?...

Le bonheur, ce n’est peut-être pas la Fête rugissante avec ses euphories qui deviennent des gueule de bois et ses enthousiasmes qui partent en fumée : jolie sirène terminée en queue de requin qui enivre d’abord, et dévore ensuite.

Le bonheur, c’est peut-être cette existence discrète, tournée vers l’intérieur, qui se nourrit directement à la source fraîche. Sans intermédiaire. (Pour vivre heureux, vivons caché.)

Le bonheur, c’est peut-être la clarté des idées, le contrôle de soi et de ses pulsions, la grimpette persévérante orientée vers un But Valable à 100% - et l’amour bien sûr, qui oserait prétendre qu’il peut s’en passer sans souffrir ?...

Archaïque, démodé, presque invisible – voici le bonheur. Fidèle serviteur d’un Roi bien plus grand que lui, il le suit en trottinant et ne s’en éloigne jamais. Pour le trouver, il faut commencer par trouver son maître.

26 février 2007

Ce qu'il faut faire quand on souffre trop

Que faut-il faire quand on souffre trop ? Quand on ne voit plus qu’une issue : la mort ?

Rien.

Il est urgent de ne rien faire, de ne prendre aucune décision, de patienter. Ou du moins, il est urgent de ne rien faire de dangereux, d’inconsidéré ou d’impulsif, urgent de ne prendre aucune décision irréversible - car c’est bien le risque.

Même si de l’extérieur, ça ne se voit pas, dans ces moments-là on marche au bord d’une falaise vertigineuse dont aucun parapet ne nous protège. D’où la nécessité de ne pas courir, de ne pas faire de mouvement brusque, et si possible de prendre du recul.

21 février 2007

La dépression est-elle une maladie ?

Selon la manière dont on interprète cette tristesse diffuse, ce dégoût de la vie, on lui cherchera une solution ou une autre.
La dépression (au sens large qu'on peut donner à ce mot) est-elle une maladie ?

Selon le dictionnaire, la maladie est une "altération de l'état de santé se manifestant par un ensemble de signes et de symptômes perceptibles directement ou non, correspondant à des troubles généraux ou localisés, fonctionnels ou lésionnels, dus à des causes internes ou externes et comportant une évolution".
Définition tellement vaste que la dépression est sûre d'y trouver une place.

Mais au moins dans le vocabulaire courant, on considère que la faim et la soif ne sont pas des maladies, même si elles entraînent divers problèmes physiques et à terme, la mort.

Si la dépression est un problème comparable à la faim, la soif, ou le manque de sommeil, ce n'est donc pas une maladie - ce qui ne la rend pas moins grave ou dangereuse pour autant.

Lorsqu'on souffre d'une maladie contagieuse, le problème c'est quelque chose qui est en trop (un virus) ; lorsqu'on souffre de la faim, le problème c'est quelque chose qui manque (de la nourriture).

L'être humain a divers besoins à satisfaires, besoins physiques mais pas seulement.
Lorsqu'ils ne sont pas comblés, il souffre. Et parfois, il meurt.

Et si la dépression était seulement la souffrance d'un être humain privé d'un certain genre de nourriture invisible ?...

Les hommes ne vivent pas que de pain.


19 février 2007

Fausse piste

Cela fait longtemps que l’on avance, ou plutôt que l’on erre, parmi ces ronces qui nous déchirent, et plus ça va, plus le sentier est détestable. Est-ce vraiment un chemin, d’ailleurs ? Le discours obstinément optimiste que nous tient notre guide est-il vrai ?...

Il dit : « Mais bien sûr, que c’est un chemin ! Le bon chemin ! C’est long mais libérateur ; toute cette souffrance peut prendre une vie à être ressentie. C’est un processus de guérison naturel, rien à voir avec tous les machins artificiels… Tu avais bloqué cette souffrance, il est temps maintenant de la ressentir. »

Mais si vraiment, on avance sur le bon chemin, pourquoi toutes ces ronces ? Pourquoi ce qui avait commencé comme une belle route n’est plus qu’une piste indistincte entre des arbres noirs, aux troncs rongés par la mousse ? Il semble que personne ne soit venu ici depuis bien longtemps.

Nous sommes nous trompés de route ?

Mais où, mais quand ?...

Il y a certainement eu un moment, un moment bien précis même si nous l’avons oublié, où nous nous sommes retrouvés face à un embranchement, et où nous avons pris à gauche alors que nous aurions du prendre à droite, ou le contraire.

Mais maintenant il est trop tard, et nous devons faire confiance à notre guide, confiance aveugle – car il n’y a personne d’autre pour nous guider. Et nous continuons à avancer et à errer parmi les ronces, la mort dans l’âme…

La faiblesse

Un cœur tout mou…

Une sentimentalité larmoyante…

Une instabilité de trépied rompu qui ne s’équilibre jamais…

Les Autres nous écorchent et nous lacèrent lorsqu’ils nous effleurent de leurs carapaces de rhinocéros bardées de fer, sans même s’en apercevoir : le problème ne vient pas d’eux mais bien de nous et de notre chair trop fragile, de la gélatine d’émotions contradictoires qui nous tient lieu de tête, de cette faiblesse qui nous fait honte, et que nous ne pouvons jamais oublier parce qu’elle nous accompagne partout, faille où tous les hameçons s’engouffrent et s’accrochent.

Faiblesse de vaincu qui refuse le combat : avant même de se battre on a perdu la bataille. Celle-ci comme toutes les autres…

Et non, malgré ce qu’ils disent tous, il ne suffit pas de se répéter comme un mantra « je suis fort… je suis fort… je suis fort… » pour que cela cesse.

Cela ne cesse pas, cela continue encore et encore. Un point mou et immature au centre de l’âme ; quelque chose qui est resté bébé, ou même fœtus. Quelque chose qui n’accepte même pas d’être né, et qui sait qu’il n’aura jamais la force d’exister sur le devant de la scène.

Lorsqu’il est question de se battre pour survivre, de se battre pour exister, il dit « Pouce ! Je ne joue pas. »

Pas de solution en vue…

C’est que la force a été sapé à la base, déracinée à la base. Là où auraient du pousser ses racines, il n’y a que de la boue gluante.

Au dessus, à la verticale, là où on ne regarde pas parce que le regard est leurré ailleurs, se trouve la solution.

Il faut lever les yeux.

14 février 2007

Les cocons gluants du rêve

Tout le monde n'a pas touché le fond de la détresse humaine. Peut-être parce qu'elle n'a pas de fond, ou peut-être parce que ce n'est pas le destin de tout le monde.

Quand on se lance à l'aveuglette dans un voyage, sans rien préparer, sans même savoir si quelqu'un sera là-bas pour attendre, et qu'effectivement, il n'y a personne là-bas qui attend - qu'une silhouette rapide qui dit : "non, je ne peux pas lui faire ça... elle ne comprendrait pas..." et que la voix doucereuse qu'il prend pour lui parler au téléphone vient déchirer une des fibres les plus intimes, les plus personnelles et les plus tendres de son coeur, il ne reste plus qu'une panique horrible, une souffrance effrayée d'enfant battue - un fragment de passé inconnu qui ressurgit au milieu du présent par la détresse, et cet énorme rocher glacé destructure et défait tout ce qui est autour.

Chagrin d'amour ne dure qu'un moment... mais combien de temps ça dure, un moment ? Menottée, pieds et poings liés, soumise à mon seigneur et maître, j'ai souffert.
Comment tant d'autres avant moi, après moi, de cette souffrance humiliante, écrasante, illimitée, qui semble avaler le monde comme une bête gigantesque, pour ne plus rien laisser que la pente étroite et glissante où, inéluctablement, on va dévaler.

Et cette déchéance est pressentie, on se raccroche à ce qui nous entraine au fond du gouffre. Lui qui était ma perte, je le voulais mon sauveur.

Pourquoi ?

Pourquoi cette faiblesse au milieu, au centre, pourquoi cet esclavage ?

Parce qu'il m'a tendu le miroir illusoire où j'ai cru enfin me voir en belle ?

Ego fragiles, incertitudes identitaires qui nous rendent si vulnérables... La connaissance a déchiré comme une lame les cocons gluants du rêves, et je dis MERCI, MERCI, MERCI -

merci à toi, indicible ici.