Il est de bon ton, en France, d'affirmer que le syndrome de la personnalité multiple est une absurdité américaine. En fait, c'est une réalité - et nous en sommes tous atteints à un degré ou un autre, car c'est la manière dont l'esprit gère ce qui le dépasse.
Un traumatisme vraiment terrible peut soit devenir obsédant, soit être refoulé derrière un mur d'amnésie. Ce mur d'amnésie crée un dédoublement de la personnalité : le souvenir est isolé, et avec lui, l'être qui l'a vécu et coupé de ce qui a précédé et suivi ce traumatisme. C'est ainsi qu'une sous-personnalité se crée.
La santé mentale est un idéal d'intégrité, à tous les sens du terme : plus on est un, plus on est équilibré ; plus on est divisé, plus on est perturbé.
Pourquoi certains sont-ils obsédés par leurs pires souvenirs, comme certains anciens combattants du Viet-Nam qui n'arrivent pas à oublier ce qu'ils ont fait, tandis que d'autres ont tout oublié, n'arrivent pas à se souvenir ?...
Je suppose que c'est lié à la manière dont les choses se sont passées. Peut-être aussi au degré d'horreur : à un certain niveau de traumatisme, la dissociation est la seule manière de se protéger de la folie, et l'esprit y a naturellement recours.
Mais - bien sûr - ce qui est oublié n'est pas perdu. Le passé enfoui continue à agir d'une manière ou d'une autre.
L'une des raisons pour laquelle on peut créer une sous-personnalité (ce qui est une autre manière de dire qu'on oublie le traumatisme), c'est, aussi, la dissonance cognitive.
Sous ce terme barbare se cache une découverte psychologique très importante : quand on est confronté à un fait ou une information qui entre en contradiction avec ce qu'on croit déjà, on est obligé de résoudre la dissonance soit en refoulant, niant, effaçant le fait ou l'information, soit en révisant ses croyances.
Quand on est trop jeune, trop faible (mentalement) pour réviser ses croyances, on refoule donc le fait.
Quand un enfant est confronté à la méchanceté de l'un de ses parents, et comme il est trop jeune et trop dépendant pour arriver à se dire "ma mère (ou mon père) est méchant", il va effacer le souvenir de manière à conserver intacte la belle image.
C'est ce type d'amnésie qui est à l'origine de la personnalité multiple.
Mais comme je disais, même quelqu'un qui n'a pas eu de traumatismes particulièrement lourds peut avoir (à un degré léger) ce genre de fragmentation.
Si par exemple on vous a affublé d'un surnom désagréable, ce surnom a pu prendre vie dans votre esprit pour devenir une part de vous - la part qui était traité de "gros lard", de "patate" ou de tout autre épithète flatteuse de ce genre.
Les témoignages d'ex-personnalité multiples victimes de traumatismes vraiment atroces permettent de savoir comment "recoller les morceaux" de son moi.
En s'adressant à ses différentes parts de soi, quand on les a identifiées, et en les aimant... en leur envoyant beaucoup d'amour. Cette tendresse leur permet d'émerger et, quand elles ont émergées, de les ré-intégrer à son moi.
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