Peut-on pardonner à quelqu'un qui ne regrette pas, qui ne regrette rien, qui n'attend que la prochaine occasion de nous nuire ?...
Oui, on peut.
Mais est-ce vraiment une bonne idée ?
J'ai longtemps hésité et vacillé devant cette question - et puis mon expérience personnelle, beaucoup plus que mes lectures, a fini par me convaincre que décidément, non, ce n'est pas une bonne idée.
Quand on pardonne à quelqu'un qui non seulement nous a fait du mal, mais nous en fera encore dès qu'il pourra, on fait preuve d'une bonté absurde, on manque de bon sens.
Et comme j'ai emprunté l'autre jour Le dictionnaire des proverbes, sentences et maximes à la bibliothèque, voici une citation de circonstance :
"Avoir pitié de son ennemi, c'est être sans pitié pour soi-même" (F. Bacon)
La priorité numéro 1, quand on est en contact avec une personne malfaisante, ce n'est pas de lui pardonner mais bien de s'en protéger, de s'en garer.
Cependant, ne pas pardonner est un problème aussi. Car tant qu'on ne pardonne pas, on est consumé à petit feu par des sentiments terriblement corrosifs tels que la colère et la rancoeur (inutile d'en citer un troisième, ces deux-là sont déjà horribles). De plus, on a tendance à se considérer comme une victime impuissante, ce qui est très mauvais pour le moral et mène à de mauvaises décisions...
Parce que je ne voyais pas, jusqu'ici, d'issue au dilemme, j'ai longtemps hésité entre les deux idées : il faut pardonner vs. il ne faut pas pardonner.
(Evidemment, je ne parle pas du cas de la personne qui regrette sincèrement : celle-là, il faut bien sûr lui pardonner généreusement, sans hésiter, et tourner la page, de la même manière que dans la situation inverse on aimerait être pardonné généreusement, sans hésitation.)
Dans le cas de l'ennemi, de la personne qui nous fait du mal sans remords ni regret, persistant à nous écraser cruellement les orteils à grand coups de talons ferrés, comment avoir les avantages du pardon sans ses inconvénients ?...
Tout simplement à changeant de fréquence émotionnelle.
Considérez que vous êtes comme une radio : vous captez des fréquences. Si vous êtes sur Radio-Rancoeur, vous n'êtes pas sur Radio-Amour ni sur Radio-Douceur. Mais si vous tournez le bouton jusqu'à ce que vous captiez Radio-Amour, vous ne serez plus sur Radio-Rancoeur. Autrement dit, les émotions bénéfiques sont incompatibles avec les émotions toxiques.
Alors comment capter Radio-Amour et Radio-Douceur sans pardonner ?
La méthode est très simple, ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas se forcer pour la mettre en œuvre : il suffit de développer une attitude de reconnaissance, de gratitude, à l'égard de tout ce dont on bénéficie déjà et des personnes qui nous font du bien (amis, conjoints, etc.). Pour découvrir comment, lisez ces livres.
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'ai lu avec intérêt votre texte.
Je me demandais comment on pouvait pardonner sans bloquer les émotions vitales du corps qui sont bien entendu générées par le limbique en tant que réaction naturelle biologique
Vous parlez de changer de fréquence vibratoire. Et si changer de fréquence vibratoire voulait dire réprimer ses émotions qui justement, parce qu'elles sont des énergies qui demandent à être naturellement vécues, se retournent contre la personne qui pardonne sous forme de toute maladie auto-immune ?
Par ailleurs, toute la colère réprimée se tourne très souvent sur des bouc-émissaires par le simple mécanisme du transfert. On voit tous les jours des parents qui frappent leurs enfants sous l'effet de leur propre colère réprimée dans l'enfance dont il se déchargent parce qu'ils ont pardonné à leurs parents.
Comment pensez-vous concilier le pardon et la non-violence ?
Merci,
Dana
http://www.monblog.ch/edu-psy/?cat=201107191737045