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22 avril 2010

La dépression et le manque

Le manque de quoi ?
ça dépend...

Parfois le manque d'amour, parfois le manque d'argent, parfois le manque d'amis.
Un vide qui nous rend avide.
Un vide que l'on s'entête à vouloir combler maintenant - tout de suite.
Mais pas de la bonne manière.
La bonne manière serait d'agir, de planifier, de se préparer, de persévérer... en faisant confiance au temps.
Rien de bon ne se fait sans lui.
La mauvaise manière (la manière déprimée) consiste à arpenter cent fois la même allée d'un supermarché persuadé que cette fois, on va trouver.
Que la solution est sous notre main et qu'on va trouver.
La mauvaise manière consiste aussi à se rebiffer, exaspéré, contre la situation présente. La situation présente est anormale. Ce manque est inadmissible.
Plus on s'indigne, plus on se met en colère ; plus on se met en colère, plus on souffre. Le manque s'élargit, le trou se creuse, il devient gouffre.
On tombe dedans.
On tombe en dépression.
Solution ?...
Détacher les yeux, même si c'est difficile, de ce vide et de ce trou, de ce manque, pour se poser l'autre question :
qu'est-ce qu'il y a ?
Je suis pauvre de ceci, d'accord, mais je suis riche de quoi ?
J'ai raté ceci, d'accord, mais qu'est-ce que j'ai réussi ?
Et d'ailleurs, ce dont je sens si douloureusement l'absence, aurais-je la bouche assez grande pour le manger ?
On réclame à cor et à cri ce que, peut-être, on ne serait pas capable de gérer...
Tel qui se désespère d'être célibataire serait peut-être incapable de garder un conjoint plus de vingt-quatre heure.
Tel qui pleurniche d'avoir tout juste de quoi survivre serait peut-être bien embarrassé par la richesse, si elle lui arrivait d'un coup.
Je ne dis pas qu'il faut renoncer à ses désirs, non, pas du tout. Planifier, agir, persévérer, garder espoir : ces verbes-là sont toujours de circonstance. Mais l'obsession avide, la conviction irrationnelle que les choses devraient dès aujourd'hui être autrement qu'elles ne sont, n'ont jamais fait avancer personne. Au contraire : elles enfoncent dans la mélasse.
Si vous souffrez terriblement de tout ce que vous manque, détendez-vous.
Regardez autour de vous ; regardez le ciel.
Oubliez quelques secondes, quelques minutes, que vous êtes vous.
Pensez à toutes ces années, tous ces siècles, où vous n'existiez même pas ; pensez à tous ces siècles où vous n'existerez plus.
Vos problèmes sont une toute petite prison ; il dépend de vous d'élargir ses murs où même de sortir faire un tour. Vous ne perdrez pas votre personnalité ni vos désirs pour les avoir oublier quelques secondes.
Et si votre esprit fourbu, écœuré de ressasser toujours les mêmes pensées circulaires, a besoin de repos je lui propose ces deux sentences :

Aujourd'hui est le passé de demain.

L'éternité a déjà commencé.

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