Recevez gratuitement les 20 premières pages du TRESOR + LA LETTRE BLEUE


 

25 avril 2010

Dépression, psychanalyse, thérapie longue

Supposons que, déprimé, vous décidiez d'entamer une psychothérapie...
Vous ne vous posez pas de question sur sa durée, vous faites confiance à votre thérapeute.

Les mois passent... six mois passent... sept mois passent...

Vous ne vous sentez pas vraiment mieux, en fait, vous vous sentez plutôt pire, mais comme votre thérapeute vous a convaincu que c'est parce que vous êtes en train de "crever l'abcès", ou de "faire tout remonter à la surface", vous persistez.

Huit mois de thérapie...
Neuf mois de thérapie...

Neuf mois ? Vous devriez être neuf comme un bébé ! Mais non, c'est l'inverse, vous vous sentez en miettes. Votre thérapeute, lui, ne doute pas : il pense que vous êtes sur la bonne voie.
Alors vous continuez...

Dix mois de thérapie...
Onze mois de thérapie...

Vous pleurez encore beaucoup, surtout quand vous sortez du cabinet de votre thérapeute, mais maintenant vous êtes habitué. Vous prenez ça avec philosophie, vous vous dites "qu'il faut souffrir pour être heureux"... En d'autres termes, vous vous dites "qu'il faut souffrir pour ne pas souffrir". Ce n'est pas tellement logique, mais vous êtes trop faible pour être logique.

Et puis maintenant, vous aimez votre thérapeute. Vous le vénérez. Vous lui avait manifesté tellement de confiance, vous lui avez tellement dit et redit, que maintenant vous éprouvez pour lui un amour sans borne, une adoration presque religieuse. D'ailleurs, c'est votre seul espoir : c'est lui qui vous a fait plonger (vous étiez en bien meilleur état quand vous avez commencé que maintenant) donc c'est lui qui vous sauvera.

Ce raisonnement-là, vous ne le faites pas explicitement, il court à l'arrière de votre esprit...

Et puis, vous sentez de plus en plus que vous appartenez à une élite. Tout le monde n'est pas prêt à se livrer, comme vous, à une introspection sans concession ni pitié, une introspection intransigeante et dure, pour aller mieux... Tout le monde n'est pas prêt à descendre pour monter.

Alors vous continuez votre thérapie...

Un an de thérapie...
Deux ans de thérapie...
Trois ans de thérapie...

Comment faire marche arrière ? Vous avez trop donné pour ça. Trop donné de temps, d'argent, de confidences et de larmes : si vous arrêtiez maintenant, vous perdriez votre investissement. Vous ne partirez que lorsque vous aurez récupéré votre mise !

En attendant, vous continuez à payer.

Voilà pourquoi, comme les plaisanteries, les psychothérapies les plus courtes sont les meilleures.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire