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13 décembre 2008

L'Amour et l'Obstination

"Si je suis heureuse, ce sera avec lui !... Je ne veux personne d'autre."

Et quand quelqu'un d'autre se radine, la gueule enfarinée, on lui claque la porte au nez - ou alors on l'accepte, pour le bassiner des mérites de l'Autre - l'absent inaccessible, le bien-aimé mal-aimant.

Le bon sens conteste :

"Si tu es heureuse, peu importe avec qui."

"Avec lui ! Avec lui !"

"Peu importe avec qui si tu es heureuse. Tu es bouchée ou quoi ? J'ai dit "heureuse"! Peu importe avec qui tu es heureuse, puisque par définition si tu es heureuse, tu es heureuse. C'est ça le but, tu as oublié ?"

"Avec lui ! Avec lui !"

"Mais lâche-nous un peu... Avec lui ou avec un autre, peu importe ! ou même seule, d'ailleurs, on s'en fout ! L'important c'est : heureuse !"

"Avec lui ou avec personne ! Avec lui ou la mort !"

"Remplace ton "ou" par "c'est" et tu auras décrit parfaitement ta réalité..."

"Hein ?"

"Avec lui c'est avec personne. Avec lui c'est la mort."

L'Amour s'obstine. Il est borné, bouché - mais est-ce vraiment de l'amour ?... ou juste une malédiction, un mauvais sort ?...

"L'être qu'on aime renferme-t-il un démon qui nous domine et nous torture tout le temps que dure l'amour ?" (G. Sand)

C'est bien possible ; car - malgré tout le Romantisme dont notre passion le pare - il n'y a rien de beau, rien de doux, rien de solide dans ce sentiment qui nous dévore comme un feu. Et si nous étions capable d'en retrouver l'origine, d'en déterrer les racines, nous verrions peut-être qu'il puise sa sève dans nos failles, nos faiblesses ; jamais nos forces.

Si nous aimons... c'est parce que le Bien Aimé nous a flatté, nous enguirlandé de mensonges parfumés, de compliments admiratifs, de commentaires si élogieux qu'ils nous ont grisé ; et s'il l'a fait, c'est peut-être seulement parce qu'il a l'habitude de le faire, que c'est une stratégie de survie qu'il a développé en internat, lorsqu'il fallait s'adapter ou mourir, plaire ou devenir bouc-émissaire ;
Si nous aimons... c'est parce que nous sommes du genre "une idole à la fois" - et comme justement, nous n'en avions plus depuis cinq minutes... la place était vacante ;
Si nous aimons... c'est parce que c'est la route étroite qui mène à l'humiliation complète, et qu'il était écrit que nous devions prendre cette route.

Mais voici qu'au quadrant des vies l'aiguille arrive le point où tout change, et la voix solennelle de minuit se fait entendre, vibrant à travers l'espace de la nuit comme la corne de brume d'un paquebot à travers la brume.

Et l'Amour Obstiné se déchire pour une capitulation plus noble ; la créature prend conscience d'en être une.

1 commentaire:

  1. Ah ! Les chagrins d'amour ! C'est tout à fait ça ! On se sent moins que rien ! On finit par se haïr et se déconsidérer... pour en être au point où l'on n'est plus capable d'ouvrir la porte aux personnes qui, à l'époque étaient amoureu(x)ses de vous ! "Elle (ou Lui) et pas une (ou un) autre !". Cruelle avidité que l'on s'administre à haute dose...DANS CE CAS (j'insiste bien :"dans ce cas") la tristesse qui en découle est, selon moi -je peux peut-être faire bondir certains- un mal nécessaire pour pouvoir mûrir et revenir à la raison.

    Chris

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