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10 décembre 2008

"La dépression est un choix"

Petit résumé des idées du livre... (quelques unes des miennes s'y mêlent certainement).

Chaque fois qu'on est malheureux, il y a derrière ce sentiment un discours, une histoire, une croyance, une idée, un mot.

Même si c'est à un niveau assez refoulé, on se dit presque toujours : "je souffre... parce que... (quelque chose)"

La justification qui suit le "parce que" nous permet de légitimer à nos propres yeux notre mal-être ; elle en est l'excuse.

Les raisons sont infinies ; ça va d'une catastrophe à venir à une catastrophe passée, en passant par la liste de tout ce qu'on n'est pas, ou n'a pas, ou de ce qu'on est, ce qu'on a.

"Je suis malheureux... parce que je suis célibataire."
"Je suis malheureux... parce que je suis marié et que je n'ai plus ma liberté de célibataire."
"Je suis malheureux... parce que je suis pauvre."
"Je suis malheureux... parce que je suis riche alors que tant de gens bien sont pauvres, et que je ne mérite pas cette chance."
Etc.

La dépression fonctionne comme une justification au carré ; elle est la justification suprême :

"Je suis malheureux... parce que je suis dépressif."

Ce qui a autant de sens que :

"Je suis malheureux... parce que je suis malheureux."

Mais dans notre société imbibée (pour le pire beaucoup plus que pour le meilleur) de psychologie, le mot "dépression" fonctionne comme l'Excuse Absolue. Grâce à ce mot - car ce n'est qu'un mot - on peut se débarrasser de l'encombrante responsabilité de ses états d'âme, évacuer son libre-arbitre, faire l'impasse sur notre self-contrôle.

- Mais, dites-vous, je ne choisis pas d'être déprimé ! ça m'arrive !

Certes, certes.
Mais qui choisis de parler d'une petite voix mourante ? qui choisis de se plaindre ? qui choisis de rester au lit dans le noir pendant toute la journée ? qui choisis de se considérer comme une victime ?
C'est vous.

Les idées noires arrivent, c'est vrai. Est-ce une raison pour les nourrir et les loger à l'oeil ?

Derrière chaque morosité il y a une histoire - une histoire qu'on se raconte. Le choix intervient lorsqu'on décide de croire à cette histoire - ou qu'on décide de la mettre en doute.

Deux loups se combattent en chaque être humain ; le premier est haine, tristesse, colère, jalousie, rancoeur, découragement ; le deuxième est courage, amour, humilité, gratitude, générosité ; lequel gagnera ?... Celui que tu nourris.

Cette parabole m'a rasséréné il y a de cela quelques années, lorsque j'étais au plus mal ; je la trouve toujours aussi pertinente. Elle a le mérite de mettre en lumière le choix que nous avons, en ce qui concerne les émotions comme en ce qui concerne le reste.

Pas celui de choisir quelle pensée nous arrive (par définition, si elle nous arrive c'est que nous ne la choisissons pas) mais celui de choisir quelle pensée nous gardons, quelle pensée nous entretenons, cultivons, soignons avec amour - et quelle pensée nous arrachons sans pitié de notre jardin mental.

Je reviens au livre.

L'auteur insiste beaucoup sur l'idéologie malsaine dont notre société est le vecteur... individualisme effréné, quête d'un bonheur égoïste, expression incontrôlée des émotions, etc.

Elle oppose avant (disons, les années 50) et aujourd'hui.

Avant, les gens avaient pour ambition d'être de bons père/mère/voisin/employé/patron/fils/fille/etc., bref ils s'investissaient dans leurs relations avec autrui, cherchant à donner le meilleur d'eux-mêmes aux autres, mettant leur amour-propre à assumer du mieux possible leurs responsabilités.

Aujourd'hui, les gens ont pour ambition d'être HEUREUX, d'être eux-mêmes, de vivre pleinement leur vie... autant d'objectifs dont les autres sont cruellement absents. Ces nouveaux objectifs détournent les gens de leurs responsabilités réelles, qui ne se sont pas évaporées pour autant.

Car - et c'est l'une des idées fortes du livre - si nous ne sommes pas, disons, de "bons voisins", que seront-nous ?...
De mauvais voisins.

C'est un point important, et délicat à saisir.

Aujourd'hui comme dans les années 50, nous sommes en contact avec les autres et nous avons des responsabilités vis à vis d'eux.
Les parents ont toujours les mêmes responsabilités vis-à-vis de leurs enfants et les enfants vis-à-vis de leurs parents.
Ce qui a changé, ce ne sont pas les responsabilités, c'est seulement la vision que nous en avons.
Elle était nette et complète, elle est devenue floue et fragmentaire - car notre attention n'est plus focalisée sur notre rôle (dans la société, la famille, bref notre utilité vis-à-vis des autres) mais sur cette quête présentée comme valable d'un bonheur totalement égocentré.

Comme nous ne voyons plus, ou nous voyons mal, nos responsabilités, nous ne les assumons plus, ou nous les assumons mal. Et comme ces responsabilités demeurent, cela fait de nous des "mauvais" quelque chose : mauvais parent, mauvais enfant, mauvais employé, etc.

La société actuelle est une matrice à dépressions, et elle l'est par son idéologie.

Les "valeurs" qu'elle promeut sont des ferments de désespoir.

D'abord parce que notre vrai bonheur est étroitement lié à celui des autres, et que donc chercher exclusivement son bonheur à soi, c'est se condamner à ne pas le trouver, ensuite parce que la société actuelle valorise les émotions au détriment de la raison.

Ceci est un point important.

Placer les émotions (et leur expression) au dessus de la raison est un choix romantique - pas au sens "diner au chandelle", au sens "le mouvement romantique" - et les Romantiques étaient bien connus pour leurs tendances suicidaires.

En effet, ce qui permet de faire le tri entre les émotions négatives et les bonnes, c'est la raison ; lorsqu'on renonce à se servir de sa raison pour les discriminer, c'est comme lorsqu'on renonce à s'occuper de son jardin : ce ne sont pas les arbres fruitiers qui se mettent à pulluler, ce sont les ronces.

Les sentiment négatifs sont des sentiments forts ; lorsqu'on laisse libre court à toutes ses émotions, ce sont les émotions négatives qui triomphent, pas la joie.

Inversement, placer la raison au dessus de ses émotions, c'est-à-dire chercher à garder toujours une attitude rationnelle malgré les tourbillons émotionnels que l'on peut traverser, chercher aussi à distinguer les sentiments que nous voulons conserver de ceux dont nous voulons nous débarrasser, c'est se garantir un certain équilibre affectif.

6 commentaires:

  1. Bonjour Lucia,
    Je ne sais pas si vous avez déjà lu Le manuel du Guerrier de la Lumière de Paolo Coelho mais je pense que c'est une lecture à conseiller, je vais l'acheter prochainement car ne serait-ce que les extraits font envie...
    Quant à votre "histoire" il y a toujours cette histoire de coach qui m'intrigue... est-ce une personne physique, votre mari ou autre chose ??
    Combien de temps estimez-vous que votre métamorphose vers le mieux a pris ? Avez-vous eu un délic ou autre ?
    Je serai content que vous puissiez me répondre à tout çà ne serait-ce que par l'intermédiaire de vos posts.
    A bientôt Lucia.

    Julien

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  2. J'adore ce post sur "la dépression est un choix".

    Julien

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  3. Bonjour Lucia je me permet de te tutoyer j'espère que ça ne te dérange pas et de te recommander la lecture de Jacques Salomé, c'est dans un langage simple, redonnant espoir, liberté, donnant de bons conseils :) , sinon je suis aussi dépressif, j'adore ton blog, je trouve que c'est une source de joie de vivre, d'espoir, de ressources, de repos, loin de l'abetissement des masses, de la médiocrité ambiante, je ne suis pas toujours d'accord avec toi, je trouve néanmoins tes idées très interressantes, humaines, bienveillantes, loin de tout préjugé, un bain de fraicheur spirituelle. Pourquoi ne parles tu pas des animaux? un animal ça aide à aller bien, même s'occuper d'une plante :) , les chiens plus pour la dépression, les chats plus pour les problèmes anxieu.

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  4. Bonjour,
    Très beau blog.
    Cependant vous dites ici que rechercher son bonheur personnel, son propre bonheur n'est pas forcément une bonne solution et que cette recherche est souvent vaine alors que vous dites dans d'autres chapitres qu'une recherche de solutions à ses problèmes, donc une recherche de bonheur, n'a rien d'égoîste...
    Où est la limite selon vous ?
    Bonne continuation dans votre entreprise.

    Hans

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  5. Bonsoir,

    Je viens de découvrir ce blog et cette article en particulier ; c'est un vrai don du ciel. Trouver des propos qui touchent à l'essentiel, ça faisait longtemps que je cherchais et là je crois bien que j'ai trouvé. C'est simple et ça apparaît tellement évident, et pourtant c'est vital de retrouver des personnes qui s'intéressent et reformulent l'essentiel pour le partager avec ceux passent pas tous ces chemins similaires.
    merci infiniment pour ce blog
    Isa

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  6. Bonjour Isa,

    je te remercie pour ton commentaire qui m'a touché et encouragé. Bonne lecture.

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