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24 décembre 2008

La dépression est un choix... faites un autre choix !

[Titre provocateur qui va certainement en faire fulminer certains - le contenu est un peu moins à l'emporte-pièce, rassurez-vous. Je m'inspire ici encore de "La dépression est un choix"]

Nous ne pouvons pas dire "Je ne veux pas être déprimé" de la même façon que nous pouvons dire "Je ne veux pas faire un gâteau, je ne veux pas aller au cinéma" - pourquoi ?... Parce que nous ne pouvons pas "fabriquer" des sentiments directement.

(Enfin... si, dans une certaine mesure : si nous nous forçons à sourire, notre sourire stimule des hormones du plaisir. Le fait de sourire, se tenir droit, parler sur un ton dynamique, etc., est un artifice qui a des répercussions positives sur l'humeur.)

Mais lorsque le sentiment est là, il est là - on ne peut pas le faire disparaître d'un claquement de doigt.

Où est donc le choix ?...

Ce que nous pouvons faire, face à nos sentiments, c'est :

1/nous concentrer sur eux, leur consacrer toute notre attention ;
2/ou inversement détacher notre attention d'eux, regarder ailleurs.

Les sentiments ne sont pas sous notre contrôle direct comme l'est notre comportement. Quant un sentiment est là, nous pouvons seulement y faire attention (le condamner, le justifier, le dramatiser, nous concentrer sur lui, etc.) ou l'ignorer (au sens de : faire comme s'il n'était pas là).

Si - le jour de Noël - vos invités arrivent avec des chocolats et des fleurs et que vous les ignorez superbement, que vous faites exactement comme s'ils n'étaient pas là, il y a peu de chances qu'ils s'attardent, ni qu'ils reviennent. Les sentiments ne sont pas aussi susceptibles - ils reviendront - mais eux aussi sont découragés par l'indifférence qu'on leur manifeste.

Un sentiment est un invité qui nous sollicite, un représentant qui vient nous vendre sa marchandise : c'est à nous de choisir si nous sommes intéressé, ou non. Si nous ne sommes pas intéressé, le plus sûr est de ne pas prêter attention à l'importun. Surtout, ne pas se lancer dans de grandes justifications, ne pas entrer dans un débat avec lui - c'est ce qu'il cherche. Plutôt, l'ignorer superbement, faire comme s'il était déjà parti... il partira.

Les sentiments (pénibles) ne peuvent être gérés directement : on ne peut les manoeuvrer que de manière indirecte.

- Les ignorer quand ils sont là - ce qui impliquent qu'on se concentre sur autre chose, par exemple sur ce qu'on doit et va faire dans les minutes, heures, jours qui arrivent.
- identifier puis arracher leurs racines, c'est-à-dire les idées/croyances qui leur ont donné naissance.
- cultiver délibérément des croyances/idées/sentiments inverses.

Ce dernier point est important.

Pour ne plus penser à un éléphant rose, il ne faut pas se dire "je ne dois plus penser à l'éléphant rose", ce qui ne fait que renforcer notre focalisation sur le dit éléphant, mais concentrer son attention sur une souris verte (par exemple).

De même, pour se débarrasser de sentiments négatifs, il ne faut pas se focaliser sur les sentiments à extirper, mais sur d'autres sentiments, incompatibles avec ces sentiments négatifs...

C'est très basique ce que je dis là... mais concrètement, dans la vie de tous les jours (en fait, il n'y en a pas d'autre), on a tendance à l'oublier. On se focalise sur le problème au lieu de se focaliser sur la solution.

On pense "dépression... dépression... dépression..." au lieu de penser à... là ça devient plus personnel, au lieu de penser à tout ce qui nous rend heureux, ou tranquille, ou qui suscite en nous un agréable frisson d'anticipation. Le fait même de se concentrer sur un moment de bonheur vécu peut suffire à modifier l'orientation d'humeur d'une journée entière.

Mais si on se focalise sur la "dépression", c'est en général qu'on s'y identifie.

On croit qu'il y a là dedans, dans ce mot-là, dans les profondeurs vaseuses et ténébreuses de ce mot-là, une vérité à extraire - une vérité sur nous...

Un peu comme les mordus d'astrologie peuvent cogiter pendant des semaines sur leur thème natal, et dévorer tous les livres qui parlent de la conjonction saturne/mars : s'ils sont tellement fascinés, c'est qu'ils croient qu'une vérité essentielle, primordiale, centrale est cachée par là.

Une vérité sur eux - sur leur véritable identité.

Cette question de l'identité tracassent tous ceux qui ne savent pas très bien qui ils sont... et ça fait énormément de monde ! Lorsqu'on sait qui on est et qui on veut être (les deux se recoupent), on ne peut plus tomber dans ce genre de piège.

Qui peut nous dire qui nous sommes ?

Certainement pas les psychiatres. Ce sont des chineurs.

Ils vont au marché aux puces de l'HP (pas pour Hôpital Psychiatrique, mais pour Humanité Perdue) rachètent pour un prix dérisoire tous les vieux symptômes qui traînent, s'approprient aussi tous les petits ou grands états d'âme qui n'ont jamais été considéré comme des symptômes, puis bidouillent tout ça pour en faire de nouvelles maladies mentales.

Bricoleurs créatifs, artistes si vous voulez - mais certainement pas maîtres ès identité.

Ils ne peuvent pas nous dire qui nous sommes. D'ailleurs, savent-ils eux-mêmes qui ils sont ?... Rien n'est moins sûr. Et peut-être que la seule (mais elle est énorme) différence entre eux et nous, c'est que eux, ça ne les dérange pas.

Où en étais-je ?...

La question de l'identité est une question glissante ; et il est facile de s'y perdre. Tellement facile...

1 commentaire:

  1. Bonjour Lucia,
    J'aurai une petite question à laquelle j'espère vous pourrez répondre par l'intermédiaire d'un post.
    Vous parlez d'HP et justement je voulais savoir quel a été votre ressenti concernant votre hospitalisation ? Certaines choses (positives ou négatives) vous ont-elles fait avancer ou reculer grâce ou à cause de celle-ci.
    Cà peut être un sujet important d'un prochain post je pense.
    Quant à ce fameux sourire qu'il nous manque tous à nous les malheureux, comment le retrouver ? Comment sourire lorsque l'on aime pas le sien justement ? Comme vous le dites je crois que le sourire peut en effet être très important et une arme de 1er choix afin de se sortir d'un état "dépressif".
    Peut-être que çà vaudrait le coup d'étudier la chose sur un futur post, je me demande d'ailleurs si des livres ont déjà été consacré à ce sujet...
    A bientôt.

    Julien

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