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26 décembre 2008

Comment se débarrasser de la malédiction du diagnostic

Je suis sûre que j'en oublie... car les dégâts causés par un diagnostic psychiatrique sont innombrables. Ce qui laisse penser qu'ils ont été voulu - mais c'est un autre sujet.

En me promenant sur un blog, tenu par une jeune femme qui a été diagnostiqué "bipolaire", j'ai pu identifié d'autres dommages causés par le diagnostic psychiatrique.

Voici quelques extraits de son blog - dans l'ordre chronologique (qui s'étale sur 4 mois) :

"Ne fuyez pas, je suis presque normale!"
"Je ne pense pas être dingue ni n'ai jamais encore tué personne. Je ne pense pas non plus à des actes de tortures sur autrui."
"Je ne crois pas être folle, moi"

Et voilà... grâce au diagnostic maléfique, une jeune femme a perdu :

- confiance en sa normalité (elle est "presque normale"... et c'est le "presque" qui compte);
- confiance en sa raison (elle ne croit pas être folle, ni dingue - mais n'en est pas absolument sûre, sinon pourquoi en parler ?) ;
- confiance en son innocence (elle ne pense pas à torturer autrui, mais là encore : si elle le dit, c'est que pour elle ça a cessé d'être une évidence qui n'a pas besoin d'être exprimée).

En quatre mois, le diagnostic a déjà miné trois piliers de sa confiance en elle. La malédiction attaque de l'intérieur, comme les termites : elle ronge les fondations de la personnalité.

Alors ?...

Voulez-vous toujours vous considérer comme "dépressif" ou "bipolaire" ?

Je vous pose la question parce que vous avez le choix. Vous n'êtes pas obligé d'accepter qu'on vous marque de la lettre écarlate.

[Petite parenthèse sur la lettre écarlate : La Lettre écarlate relate l'histoire d'Hester Prynne, une jeune femme vivant dans une communauté puritaine à Boston dans le Massachusetts. L'action du roman se situe entre 1642 et 1649. Hester Prynne, au début du roman, se voit condamnée par la société à porter sur sa poitrine la lettre A pour Adultère. En effet, elle est accusée d'avoir péché avec un homme du village, dont elle refuse de dévoiler le nom, et d'avoir eu un enfant avec lui.]

Et si vous voulez vous débarrasser de l'étiquette, mais que vous n'y arrivez pas - vous n'arrivez pas à ne pas croire que vous êtes bipolaire, dépressif, etc. - renvoyez-la à l'envoyeur.

Décidez que c'est votre médecin ou votre psychiatre, enfin la personne qui vous a étiqueté, qui est bipolaire ou dépressif.

ça vous paraît peu vraisemblable ?...

Détrompez-vous.

Le diagnostic est souvent un exutoire ; on colle aux autres l'étiquette qui nous conviendrait, par substitution en quelque sorte. C'est une espèce de catarsis pas très constructive : on évacue ses émotions en les prêtant à d'autres. On fait tous un peu ça sans s'en rendre compte...

Observez par exemple comme les gens malhonnêtes soupçonnent les autres de l'être - comme par exemple les voleurs s'imaginent vite qu'on leur a volé quelque chose...

Rien n'interdit de penser que, sous son apparence impassible, votre psychiatre est atteint du trouble qu'il vous prête. Rendez-le lui donc !

Vous êtes absolument sûr qu'elle ne lui convient pas ?...

D'accord.

Mettez-vous dans la peau de Celui Qui A le Pouvoir de Nommer. Inventez des noms de maladie mentale (c'est à la portée de n'importe quelle imagination)... puis, quand vous êtes rôdé, décrivez-vous à vous-même votre psychiatre, trouvez-lui une caractéristique saillante, et transformez cette caractéristique en maladie.

Puis imaginez que vous êtes dans son bureau, mais que c'est lui le patient et vous le psychiatre.

Annoncez-lui qu'il a la maladie que vous lui avez inventé et qui lui convient si bien.

Il a tendance à se gratter le nez ?... Dites-lui qu'il souffre d'un trouble naso-compulsif. Observez l'angoisse sur son visage. Rassurez-le : ça se soigne très bien, de nos jours.
Il ponctue ces phrases avec "donc" ?... Annoncez-lui qu'il est atteint d'une ergopsychose (en latin, "donc" se traduit par "ergo").
Et si vous ne trouvez rien, vous pouvez toujours lui révéler qu'il souffre de "psychiatrose" - un trouble mental qui atteint surtout les psychiatres, et qui se caractérise par une recherche obsessionnelle de symptômes et de maladie, y compris et surtout là où il n'y en a pas.

Le tout, c'est de bien imaginer la scène, et de visualiser votre toute-puissance et sa propre anxiété... vous lui faites peur avec votre diagnostic, et c'est ça qui compte.

Inversez les rôles pour vous libérez du vôtre ; laissez libre cours à votre imagination. Faites le aussi minable, craintif et petit que vous pouvez ; rapetissez-le jusqu'au nanisme. Grandissez-vous d'un mètre ou deux.

Sous votre diagnostic, il est tel un oisillon tremblant, tandis que vous vous sentez aussi paisible et maître de vous-même qu'un matou jouant avec sa proie : vous le rassurez gentiment ("ce n'est pas grave, on a maintenant des médicaments très efficaces"), vous l'inquiétez sadiquement ("selon les dernières recherches, il y aurait un facteur génétique"), vous faites tout ce que vous voulez.

En ressentant toutes les émotions qui accompagnent cette scène, vous décollez l'étiquette qui vous pèse, vous vous en débarrassez.

6 commentaires:

  1. Bonjour Lucia,
    Une question me taraude depuis quelque temps: la "haine" (excusez moi le terme je n'ais rien trouvé d'autre) envers la médicalisation du mal-être et envers les psys résulte t-elle d'une mauvaise expérience personnelle dont vous auriez été la victime ?
    Elle paraît tellement forte que vous semblez avoir une sacré "dent", une sacré "rancune" envers ces derniers, est-ce que je me trompe ?
    A bientôt.

    Julien

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  2. Une question me taraude depuis quelques temps Julien: comment es-tu arrivé sur ce blog et pour quelles raisons... cela me paraît suspect...

    Arthur

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  3. Je suis arrivé ici car j'allais très très mal... comme tout le monde qui est arrivé ici je pense... Pourquoi cette question ?

    Julien

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  4. Comment se débarrasser de la malédiction du diagnostique…

    Je viens de mettre un nom à ce que je suis en train de faire depuis quelques mois à mon psy actuel.

    Inverser les rôles ! C'est ce que mon psychiatre me reproche depuis quelques mois. Ca le lui fait pas plaisir, ça lui gâche sa journée, il s'énerve...il a par deux fois abrégé les consultations, mais qu'est ce que c'est bon de démolir ses arguments niaiseux. Alors j'ai repris. Entre moi et lui je pense que c'est lui qui a un problème et le pire c'est que je le lui démontre par A + B.

    A ça il me fait des procès d'intentions...mais à ça j’ai trouvé la parade.

    Bravo pour ce site !

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  5. Les maladies psychiatrique ont été crées pour segmenter le marché afin de vendre des psychotropes a vie les plus souvent. Il ne faut surtout pas chercher de cause des problèmes, ne surtout pas prendre en compte les cause environnementales (comme le mercure) et l'alimentation, ça risquerait de pouvoir guérir il faut surtout pas c'est pas rentable.

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