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16 juillet 2009

La colère, la peur, la honte et le truc pour s'évader d'une réalité trop étroite

Je ne sais pas qui à dit (avec tristesse) : "on ne peut pas changer les autres... on peut seulement se changer soi."

Pourquoi avec tristesse ?

Parce que longtemps, c'est ce qu'on espère. On voudrait les modeler à notre convenance, pour qu'ils agissent, réagissent, de la manière qui nous convient. Or c'est impossible.

L'opposition entre changer les autres/se changer soi laisse de côté un point crucial : c'est qu'on ne se change vraiment qu'en changeant les relations que l'on a avec les autres.

Nous sommes nés sociables, et nous nous définissons par les relations qui nous tissent et nous traversent. Relations avec nos mère, père, frère, soeurs, amis, conjoint... relations aussi avec des concepts plus abstraits tels que la vérité, le mensonge, le bien, le mal, etc.

Mais dans l'espace de ce post, c'est aux relations interpersonnelles que je veux m'intéresser.

On ne peut pas changer les autres, mais on peut changer les relations que l'on a avec eux, et ce n'est pas un détail.

Qui n'a pas essayé de mimer une confiance en soi qu'il n'avait pas devant quelqu'un, comme le poisson-lune se gonfle pour dissuader un prédateur de l'attaquer ?... Avec des résultats souvent mitigés.

Devant ma sœur, j'avais tendance à sourire au moment même où elle me parlait de la manière la plus blessante, la plus inquisitrice et inquisitoriale, pour cacher ma fragilité je suppose. Sourire d'esclave prêt à mimer l'insensibilité devant le maître qui le persécute. En sous-titre : "Même pas mal !"

Dans notre relation, il n'y avait pas de place pour ce que je ressentais vraiment...

Et je me définissais (entre autre) par cette relation que j'avais avec ma soeur. Autrement dit, je me définissais comme faible et sans défense.

Bien sûr, j'aurais aimé qu'elle change. Mais elle ne changeait pas.

Les seules choses qui pouvaient changer dans cette histoire, c'était :
- moi
- et la nature de la relation
Les deux étant étroitement liés : comme je viens de vous le dire, nous nous définissons en grande partie par nos relations, par la nature des liens qui nous attachent aux personnes qui comptent pour nous. Autrement dit, il y a un aller-retour :
- Pour changer la nature d'une relation interpersonnelle, il faut d'abord se changer soi ;
- En changeant la nature d'une relation interpersonnelle, on se change soi.

Je ne vais pas raconter ici comment je me suis changée moi... (le sujet est trop vaste), mais je peux vous dire comment j'ai changé la nature de la relation.

Il a suffi de sept mots.

Imaginez, rien que sept mots ! Sept mots pour transformer radicalement une relation sororale vieille de plus de 20 ans ! Étonnant, n'est-ce pas ?...

Avant de vous dire quels étaient ces sept mots - autrement dit pour ménager le suspens -, je vais vous dire de quelle manière la relation a changé.

Elle s'est évaporée d'un coup.

Ma soeur n'a plus jamais voulu me parler !

Ce n'était pas le but, mais ce fut l'effet.

Et par contre-coup, cette définition de moi-même comme faible et sans défense a perdu les trois-quart de sa crédibilité... cette définition s'est petit à petit dissipé, elle aussi, comme la relation.

Non, je ne vous conseille pas de rompre avec un membre de votre famille pour gagner en force et en confiance en vous-même. D'ailleurs ce n'est pas ce que j'ai fait : je n'ai rien rompu du tout, j'ai juste dit sept mots. Sept mots qui n'étaient pas sept insultes.

Voilà les sept mots en question :

1. J'
2. ai
3. toujours
4. eu
5. peur
6. de
7. toi

Autrement dit, j'ai dit ma vérité, c'est-à-dire la vérité de mes émotions, la vérité de la relation vue de mon côté (le seul côté qu'on puisse connaître en toute certitude, c'est le sien). Ce que je n'avais jamais fait auparavant. Dire ces sept mots m'a demandé beaucoup de courage.

Ce n'est jamais facile dire ce qu'on ressent ou ce qu'on a ressenti à la personne concernée, quand ce qu'on a ressenti est :

- du ressentiment, de la rancoeur, de la colère
- de la peur, de la crainte
- ou de la honte, de l'humiliation

Je ne pense pas qu'il y ait une quatrième émotion aussi difficile avouer que ces trois-là - et le plus difficile à exprimer, c'est probablement la honte.

Mais étant donné que c'est si difficile, pourquoi les exprimer, me direz-vous ?...

Parce que la clef qui ouvre les portes de nouveaux mondes plus vastes, c'est le courage. (Vous pouvez remplacer courage par bonté, patience, etc., ce sera tout aussi vrai : toutes les qualités se tiennent la main. Elles forment une ribambelle de clefs, un gros trousseau.)

Le courage consiste à faire ce qui est le plus difficile et le plus constructif alors que rien n'y oblige.

Confronter une personne qui nous a meurtri, ou que nous avons meurtri, ou encore qui nous a meurtri et que nous avons meurtri, pour reconnaître sa part de responsabilité à soi et/ou la part de responsabilité de l'autre et pour exprimer ses émotions les plus embarrassantes, celles qui sont le plus difficile à exprimer, c'est courageux et c'est libérateur.

Peut-être qu'il n'y a rien de plus libérateur !

à condition bien sûr de le faire sans ressentiment ni colère, avec seulement la poussée d'adrénaline que doivent sentir les parachutistes au moment où ils sautent. Une terreur mêlée d'exaltation, la sensation glorieuse de repousser ses limites et d'entrer dans un autre monde.

Et effectivement, c'est ce qu'on fait.

La vie vaut la peine d'être vécue par tous les souvenirs de courage qu'on accumule. C'est le courage qui donne sa saveur au soleil !

Combien de "déprimés" trainent une existence terne et insupportables parce qu'ils n'ont pas osé, parce qu'ils n'osent pas... N'osent pas dire ce qu'ils ressentent et ce qu'ils ont vécu, faute peut-être de le savoir eux-mêmes : pour avouer aux autres, il faut d'abord avouer à soi-même.

Avez-vous vu le film Festen ?

Le héros profite du grand repas d'anniversaire de son père (un imposant patriarche) pour dire à haute voix, et devant tous, les sévices sexuels que ce père soi-disant parfait lui a fait subir, à lui et à sa soeur, pendant des années.

Les convives, membres de sa famille, tentent par tous les moyens de le faire taire, mais il revient à la charge jusqu'à ce que la vérité - sa vérité - soit entendue.

Mais il n'y a pas besoin d'être victime d'inceste pour avoir des choses difficiles et donc libératrices à dire.

Les paroles non-dites gardent prisonnier dans une réalité trop étroite et trop virtuelle. La déréalisation dont on parle tant n'est peut-être que la conséquence d'une accumulation de non-dits et de mensonges : quand elle est dite, la vérité donne un goût d'authentique aux fleurs, au ciel, au monde entier - même aux faux Lacoste et aux tortues Ninja en plastique. Mais quand règnent mensonges et silence, la plus massive des montagnes se change en décor, et l'or lui-même se change en toc.

La réalité objective qui vous entoure ne change pas, mais vos choix vous la font percevoir différemment.

Faites preuve de courage, et vous sentirez la saveur du réel.
Faites preuve de lâcheté, et vous goûterez au néant insipide et factice, à la déréalisation.

C'est une loi aussi implacable, aussi irréfutable, aussi inaltérable que celle de la gravitation universelle, quoi qu'elle soit beaucoup moins connue.

Le courage et la vérité marchent main dans la main : saisissez l'un et vous saisirez l'autre. Saisissez l'autre et vous entrerez dans une nouvelle réalité, une réalité plus large et plus réelle que la précédente.

Je l'ai déjà dit dans un précédent post et je le répète :

Aimez la vérité.
Cherchez la vérité.
Dites la vérité (la vôtre).
Vivez la vérité.

Si vous le faites, vous serez gagnant. Si vous le faites, vous êtes déjà gagnant, même si ça ne se voit pas encore. Au fond, je ne pense pas qu'il y ait un meilleur conseil que celui-là.

2 commentaires:

  1. Magnifique!(comme toujours)

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  2. AH LES BELLES PAROLES
    le courage tu le trouves quand tu n'a pas le choix;
    parceque les conséquences de son absence deviennent insupportables. Quelles que soit ces conséquences, elles sont determninées par ta personnalité tes valeurs, elles memes determinées par de multiples facteurs qui échappent largement à notre volonté( environnement et genetique) alors celui ou celle qui ose pretendre que le bonheur est un choix, est celui ou celle qui a vu ces conditions se réaliser. bien sur, il reste une part de liberte dans la facon d'acceuillir ces conditions, mais de la a pretendre etre responsable de notre bonheur est une imposture et une gifle à ceux qui n'y arrivent pas ( je suis de ceux la) et les seuls fois ou j'ai pu ressentir le bonheur decris ds cet article c'est parceque j'y étais acculé, donc je ne me vante pas d 'en avoir ete responsable. LE COURAGE NEXISTE PAS EX-NIHILO.

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