Recevez gratuitement les 20 premières pages du TRESOR + LA LETTRE BLEUE


 

10 juillet 2009

Quelqu'un d'heureux peut-il tomber en dépression ?...

C'est une bonne question et je n'y répondrai ni par "oui", ni par "non".

En effet tout dépend de ce qu'on entend par "heureux" et par "tomber en dépression".

Il y a deux sortes de bonheur :
- le fragile et mystérieux ;
- le solide et compris.

Fragile, parce que mystérieux : une bouffée de grâce, un cadeau divin, un instant de perfection soustrait au cours habituel du temps. Il arrive et part sans qu'on ait rien compris ni à son arrivée, ni à sa fuite. Il laisse après lui la nostalgie de sa présence. Il est don - il est réminiscence - il est déploiement subtil d'un parfum plus pur que ce qui respire habituellement sur cette terre.

Ce bonheur-là est très beau, mais trop incompréhensible ou du moins incompris pour qu'on fonde quoi que ce soit sur lui. Qui y compte, compte sur l'ineffable et l'évanescent. Qui y compte, bâtit sa maison sur de l'air.

Le solide et compris est un bonheur rationnel.
Un bonheur explicable et expliqué.
Celui-là est plus solide et durable que l'autre... à condition que les raisons soient bonnes.

Je suis heureux parce que je suis en bonne santé et que mon compte en banque est bien garni n'est pas forcément un bonheur solide.
La raison avancée est plutôt une raison de reconnaissance et de gratitude qu'une raison de bonheur, même si les deux sont liés.

Le bonheur solide est plus solide que ça.
Plus ancré dans la réalité que ça.
Plus durable que ça.

Car la santé s'enfuit et le compte en banque se déplume, et alors... quoi ?...

Quelqu'un qui est heureux pour de bonnes raisons bien solides - des raisons explicables et communicables et rationnelles - est à l'abri de la dépression inexpliquée.

Mais il n'est pas à l'abri du chagrin et de la tristesse. Il n'est pas à l'abri du deuil.

Personne n'est à l'abri de la mort - ni de la sienne, ni de celle des autres. Et perdre quelqu'un qu'on aime c'est inéluctablement souffrir. Mais quand on est heureux du bonheur solide, même cette souffrance-là n'est pas un désespoir. Elle est seulement une très, très grande tristesse.

Mais "quelqu'un d'heureux" peut l'être non parce qu'il a de bonnes raisons de l'être, mais parce qu'il a su garder fermée la malle où sont tous ses problèmes psychologiques, toutes ses questions sans réponses. Son bonheur (un gros bonhomme du genre Sergent Garcia) est assis sur cette malle. Il la maintient fermée de tout son poids.

Mais peut-être qu'un jour les questions et les problèmes qui se débattaient à l'intérieur de cette malle trouveront la force de faire sauter le couvercle et de s'évader dans la Nature... culbutant du même coup le bonheur par terre, le nez dans la poussière.

Et dans ce cas, "quelqu'un d'heureux" tombe en dépression...

La plupart des "gens heureux" sont heureux assis sur des questions et des problèmes. Une question ou un problème de plus, et la malle déborde et le bonheur perd son équilibre : depuis longtemps, depuis toujours peut-être, quelque chose n'allait pas. Mais ils avaient réussi à l'oublier.

Distraction et agitation : c'est ainsi qu'ils évitaient d'ouvrir la malle, la vieille malle noire où sont enfermés leurs premiers doutes, leurs premières interrogations angoissées, celles auxquelles ils n'ont jamais trouvé de réponse convaincante... ni cherché, peut-être !

Faut-il que je conclus ?

Je préfère vous laisser la liberté de tirer la ou les conclusion(s) qui vous paraît la plus logique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire