"Dans le contexte social américain, où le généraliste consulté pour dépression passe à peu près 7 minutes avec son patient, les échelles d'évaluation jouent un rôle crucial. Souvent, c'est une infirmière qui les fait passer au malade pendant qu'il attend, et qui cote les réponses, qu'elle transmet au praticien pour la décision finale. Il y a beaucoup à dire sur ces échelles: le simple fait d'itémiser pour les rendre quantifiable des notions aussi délicates que la tristesse, la honte, la culpabilité (je me sens, un peu, beaucoup, passionnément…), en intercalant d'une énigme éthique à l'autre des questions sur la durée et la qualité du sommeil ou de l'activité sexuelle, pulvérise la cohésion intentionnelle de ces émotions, en les réduisant à de vagues sensations de malaise où ce qui compte, c'est l'inertie ressentie des mouvements viscéraux fins que nous nommons "angoisse" ou "crainte". Selon ces procédés d'évaluation quantitative, on n'est pas angoissé parce qu'on se sentirait coupable d'avoir honte pour rien, surtout devant quelqu'un à qui on se résigne à en parler; mais on a de l'angoisse, et de la culpabilité, et de la honte (3 items), dans le silence du questionnaire blanc à cocher, sans écho émotionnel à nos émotions qui nous revienne de quiconque et les authentifie, puisqu'on est seul, assis, et muet.
C'est, je crois, l'amorce du cercle (vicieux ou vertueux) où tourne la conception de la dépression exemplifiée par Harold Sherkon et qui la rend inexpugnable. Dans la mesure où les patients se plient à un tel procédé d'évaluation de leur humeur dépressive, qui en individualise et en mesure les éléments comme si chacun à part n'était là que de façon contingente, et que la dépression résultait de leur addition, ils entérinent de facto que les raisons d'être dépressif n'ont pas de rôle dans la spécificité de ce qu'ils ressentent." (Citation tirée de cette page : http://pierrehenri.castel.free.fr/Articles/depression.htm)
On ne peut pas expliquer l'angoisse par la dépression.
Ou du moins, d'un point de vue purement logique on ne le peut pas. Or (si vous vous souvenez d'un précédent post) toute vérité est logique. Sinon ce n'est pas une vérité, mais un mensonge joliment entortillé dans du mystère. Point qui mériterait d'être développé davantage, mais ce n'est pas le sujet de ce post.
Pourquoi ne peut-on pas, logiquement, expliquer l'angoisse (ou l'insomnie, ou la tristesse, ou la honte, ou n'importe quel autre chose de ce genre) par la dépression ?
Tarte aux pommes et dépression
Pour le comprendre, faisons une comparaison.
Imaginez que vous constatiez la présence, sur la table de la cuisine, de farine, de pommes, de lait et de sucre.
Pouvez-vous expliquer la présence de ces différentes choses par une tarte aux pommes ?...
Non.
Vous pouvez faire un lien entre leur présence et l'intention de quelqu'un de faire une tarte aux pommes, mais certainement pas avec la tarte aux pommes en elle-même, qui n'existe pas encore.
D'une manière comparable, on ne peut pas expliquer l'angoisse, la tristesse, l'insomnie et les sautes d'humeur par la dépression, car la dépression est la tarte aux pommes de tous ces ingrédients-là.
On peut d'ailleurs pousser la comparaison plus loin : de même que quelqu'un a eu l'intention de faire une tarte aux pommes et a donc rassemblé le sucre, la farine, etc., quelqu'un a eu l'intention de faire une dépression et a donc ramasser la tristesse, l'angoisse, etc. et baptisé de ce nom leur somme.
Mais ce n'est pas le "dépressif" qui a eu cette intention-là.
C'est plutôt l'industrie pharmaceutique et la psychiatrie, qui ont voulu donner la forme d'une maladie mentale à ces diverses choses, pour des raisons commerciales et stratégiques (pour vendre le médicament, commencez par promouvoir la maladie...).
La dépression n'est pas une cause d'angoisse ou de tristesse.
La dépression est le nom qu'on donne à un ensemble comprenant angoisse, tristesse, etc.
Les vraies causes de l'angoisse, de la culpabilité, de la tristesse, etc.
Mais alors, comment peut-on expliquer l'angoisse - ou toute autre désagréable réalité psychologique de ce genre ?...
La cause de l'angoisse (tristesse, insomnie, piètre estime de soi, etc) que vous ressentez n'est pas générique, mais spécifique.
Elle est liée à votre histoire.
Liée à votre passé et à votre présent.
Liée à ce que vous avez subi et à ce que vous avez choisi.
Liée à vos croyances, vos expériences et vos choix.
C'est pour ça que se focaliser sur "la dépression" ne sert à rien. Et de même que la tarte aux pommes n'intéresse que ceux qui veulent en manger en offrir ou en vendre, la dépression ne devrait intéresser que ceux qui veulent gagner de l'argent avec ou y goûter eux-mêmes...
Vous pourriez m'objecter que dans ce blog, je parle souvent de dépression... pourquoi, si ça ne sert à rien ?
J'utilise le mot dépression d'une manière purement signalétique pour attirer l'attention des personnes qui se considèrent comme "dépressives", de même qu'on met le symbole couteau/fourchette à la sortie d'une autoroute pour indiquer aux conducteurs fatigués qu'ils trouveront de quoi manger.
Mais comme cette notion de "dépression" n'explique absolument rien, je fais très attention à ne jamais la présenter comme une cause. Et si vous me surprenez dans un post à expliquer tel ou tel état d'âme par la dépression, vous avez le droit de me taper sur les doigts, parce que dans ce cas je déraille. La dépression n'est pas plus la cause du sentiment de culpabilité (ou de n'importe quelle autre chose mentale du même ordre) que la tarte aux pommes n'est la cause du sucre.
Ce qui est intéressant, c'est de comprendre d'où vient la farine (l'angoisse), d'où vient le lait (la tristesse), d'où vient les œufs (le sentiment d'irréalité), etc.
Et pour casser tout suspens, je vais vous dire tout de suite ce qu'il en est. La véritable origine du problème est presque toujours :
- une ou des croyance(s) ;
- et/ou un ou des choix : on vit avec les conséquences de ses choix antérieurs.
D'ailleurs les deux causes sont étroitement liées : on choisit en fonction de ses croyances ; on croit en fonction de ses choix.
Ce dont vous aurez besoin pour trouver le bien-être
Ceci dit, il ne suffit pas de faire des choix nouveaux pour se trouver soudain en un autre lieu... Car s'il ne faut qu'une seconde pour changer de direction, iIl faut beaucoup plus de temps pour changer de destination.
Autrement dit, si vous êtes actuellement dans un état de profond mal-être, il faudra du temps pour vous retrouver dans un état de profond bien-être.
Patience et persévérance s'imposent.
Aurez-vous besoin d'autre chose ?
Bien sûr !
Pour parvenir à ce nouvel état, vous devrez utiliser :
- votre intelligence ;
- votre libre-arbitre.
Ce sont les deux principales ressources dont vous aurez besoin. Votre intelligence vous permettra de chercher et reconnaître ce dont vous avez besoin ; votre libre-arbitre vous permettra d'agir et de choisir en fonction de ce que vous aurez compris.
Si vous êtes un être humain intelligent (non-trisomique), vous disposez donc de tout ce dont vous avez besoin pour vous en sortir...
Mais je tiens à attirer votre attention sur un point : pour sortir de dépression, on a besoin d'utiliser toute son intelligence et tout son libre-arbitre. On ne peut pas se contenter d'utiliser 3% de son cerveau, et laisser le reste disponible pour des émissions télévisées stupides. On ne peut pas non plus se contenter de choisir entre yaourt à la fraise et yaourt à la myrtille, et se reposer sur d'autres pour tous les autres choix. Pour sortir de dépression, on a besoin d'exercer toute son intelligence et toute sa liberté, sans en garder en réserve pour plus tard.
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