Recevez gratuitement les 20 premières pages du TRESOR + LA LETTRE BLEUE


 

16 juillet 2009

Des "parents parfaits" ? Vénérer des vaches sacrées n'est pas bon pour le moral

La notion de révisionnisme sent le soufre mais au fond toute entreprise historique se doit d'être révisionniste, c'est-à-dire de revoir, de réviser la version officielle du passé pour vérifier si elle est correcte.
Et si elle ne l'est pas, pour la corriger.

Car il ne s'agit pas seulement de découvrir ce qui est caché, de déterrer les fragments de poterie et d'os, il s'agit aussi de prendre conscience que les dogmes et les apparences mis en avant par l'histoire officielle ou le Vatican ne sont pas toujours vrais.

Quel rapport avec la dépression, me direz-vous...

Nous sommes tous, ou du moins nous pouvons tous être, les historiens révisionnistes de notre passé personnel.

Mais l'essentiel n'est-il pas d'aller de l'avant, de construire son avenir ?
D'ailleurs n'est-ce pas le message principal de ce blog ?

Oui, c'est l'essentiel.

Mais le passé colle parfois aux semelles, et par l'effort même du pas qu'on cherche à accomplir, nous fait sentir sa présence. Pour trouver la route de son propre coeur, il faut parfois soulever de vieilles pierres.

Mais assez tourné autour du pot : entrons dans le vif du sujet.

à l'âge adulte, on oscille souvent entre deux attitudes :

1/ Accuser ses parents de tous les maux : c'est leur faute si on rate sa vie, si on est stressé, angoissé, si on n'a jamais pu faire ceci ou cela ;
2/ Les considérer comme les prototypes des Bons Parents Parfaits Irréprochables et Infaillibles.

D'habitude, dans ce blog, je n'évoque que la première attitude - celle qui consiste à se considérer comme une victime et à accuser le monde entier, parents compris, de ses malheurs -, mais la deuxième attitude n'est pas forcément meilleure ni plus constructive.

- Si vous accusez vos parents de tout, vous leur donnez la responsabilité de votre vie actuelle, et ainsi vous vous privez de tout pouvoir ;

- Mais si vous vénérez vos parents comme des vaches sacrées, vous vous privez aussi de tout pouvoir, car alors vous vivez dans un rêve, pas dans la réalité.

Et pour la première fois dans ce blog, je vais me risquer à parler de cette vénération de manière un peu approfondie. Je dis "risquer" car le sujet est délicat. Il s'agit de prendre conscience que la vache divine n'est qu'un bovidé domestique, sans se mettre à prendre ses cornes pour celles du Diable et sans lui prêter des pouvoirs sataniques.

J'avoue que c'est un juste milieu que j'ai eu et que j'ai encore beaucoup de mal à trouver...

Supposons donc que vous soyez convaincu (comme une bonne partie de la population) que vos parents sont parfaits, adorables, gentils, etc. Où est le problème, me direz-vous ?

Il n'y a aucun problème et c'est peut-être vrai, mais dans ce cas, qu'est-ce que vous faites sur un blog intitulé Marre de la vie ?

Voilà ce que peut-être vous serez tenté de me répondre :

"Mes parent sont effectivement parfaits, adorables, gentils, etc. Mais par contre moi je suis méchant, pervers, mauvais, décevant, embarrassant, incompétent, maladroit, ridicule et monstrueux. C'est pour ça que je suis déprimé."

Très bien (enfin, façon de parler) : vos parents sont des saints et vous, vous êtes tout ce qu'ils ne sont pas : méchant, sale, égoïste, pervers, etc. Mais prêtez tout de même attention à la logique du raisonnement suivant :

A/ Des parents parfaits éduquent leurs enfants de sorte qu'adultes, ceux-ci sont bien dans leur peau, heureux de vivre, équilibrés, épanouis, confiants en eux et à l'avenir ;
B/ Vous vous dépréciez, haïssez, méprisez (etc.) ;
C/ Donc, vos parents n'étaient pas parfaits.

La preuve que vos parents ne sont pas aussi parfaits, adorables, etc., que vous le pensez, c'est précisément que vous vous sentez méchant, pervers, mauvais et monstrueux. Des parents parfaits auraient su vous convaincre que vous êtes quelqu'un de bien. Leur éducation vous a convaincu que vous êtes un bon à rien, un minable, un être mauvais et pervers : ils ont donc failli.

"Mais - m'objecterez-vous encore -, mes parents ne m'ont jamais dévalorisé, méprisé, accusé, etc.! Tout vient de moi : je me suis convaincu de ma nullité/méchanceté/insuffisance tout seul !"

Je vous crois.

Mais pourquoi avez-vous éprouvé le besoin de vous en convaincre ?...

Si vous me dites que vous n'en savez rien, je voudrais vous proposer une explication.

Un petit enfant ne peut pas croire que ses parents ne sont pas parfaits. Si ceux-ci ne répondent pas à ses besoins, le maltraitent d'une manière ou d'une autre - soit en ne lui donnant pas l'amour, la nourriture, la tendresse et l'attention dont il a besoin, soit d'une autre manière -, il ne peut pas se dire : "Mes parents sont nuls ! Quand j'aurai des enfants moi-même, je leur donnerai tout ce dont ils ont besoin et je les éduquerai tout autrement." Tout ce qu'il peut se dire - et tout ce qu'il se dit -, c'est que si les parents le punissent ainsi (car de son point de vue égocentrique d'enfant c'est une punition), il l'a bien mérité.

Et s'il l'a bien mérité, c'est qu'il est mauvais.

Pas de conclusion pour l'instant ; je reviendrai probablement sur ce sujet une autre fois.

1 commentaire:

  1. Ce post m'a passionné, il me concerne énormément !
    Il aborde la raison principale (peut-être même unique) de mon mal-être: comment vivre avec son passé, se pardonner et oublier les erreurs que l'on a pu commettre et qui nous ont plongé dans le néant ?
    Je m'explique et aborde un peu égoistement mon cas personnel (vous m'en excuserez):
    tout allait très très bien pour moi il y a 1 an, avant que je sombre. Mais il y a 1 an justement, suite à une grosse contrariété, j'ai ressenti un "accès dépressif", un gros coup de moins bien, un sentiment de vide...
    J'ai essayé de m'accrocher à tout ce qui pouvait m'entourer mais mes erreurs ont pris le dessus (entre autres mes lectures desctuctrices, mon isolement, mon silence...) et petit à petit le fossé s'est creusé, la chute s'est brusquement accélérée. Au jour d'aujourd'hui j'ai la certitude que c'est ma réaction face à la situation qui m'a fait sombrer (situation+réaction=effet : merci Jack... je peux en témoigner aujourd'hui), que si mon attitude face à l'adversité avait été différente alors je m'en serai tiré haut la main... Comment se pardonner tout çà, comment se pardonner ces erreurs, comment ne pas penser à ce que serait ma vie si j'avais agi autrement, d'une façon mature et équilibrée ?? Comment oublier ces regrets éternels ? Comment se reconstruire après une telle chute et ne penser qu'à l'avenir ? Est-ce qu'en fin de compte nous ne tendons pas tous à être des dépressifs en puissance ? Est-ce que çà n'est pas notre façon de réagir aux événements qui dirige notre vie, que l'on se nomme Pierre, Paul ou Jacques ??
    Merci d'avance pour vos réponses.

    Julien

    RépondreSupprimer