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24 janvier 2009

Psychiatrie, Freud, la Sibérie

La vérité a l'air... fausse.
Le mensonge lui se présente avec un petit air familier : on l'a déjà vu à la télé.

La vérité est dérangeante. Plus que dérangeante : douloureuse.
Parfois, traumatisante.

Car si vivre les faits est terrible, découvrir les faits n'est pas de la tarte non plus.

Tant de mondes parallèles avancent sur des routes qui ne se croisent pas... et qu'il est difficile de changer de route, de changer de monde, quand on avance sur la même ligne depuis des années !

Des machineries géantes, idéologiques, tournent 24H sur 24 ; vous approchez, curieux, vous y mettez le doigt, et bientôt c'est tout votre bras, tout votre être qui est happé.

La psychiatrie est l'une de ces machines.

Elle ne vous laissera pas la liberté de l'observer tranquillement ; si vous la regardez, elle vous regardera. Et vous n'aimerez pas son regard.
Des miroirs la protègent ; une armure de miroirs, une carapace qui l'imperméabilise contre la curiosité sereine.
Personne ne pourra la regarder.
Personne.

Car qui la regarde, se voit lui-même.
Enfin... son reflet déformé, rendu hideux, étiré d'un côté et aplati de l'autre.

Comment juger la machine qui nous juge ?
Comment s'arracher à l'identité objectifiée du patient passif ?
Comment troquer le pyjama à rayures (symbole d'un statut paradoxal, marginal, asocial) contre la robe noire du juge ?

Mais tentons-le, pourtant.

Si hier, c'était nous sous les regards froids de la psychiatrie, aujourd'hui les rôles sont inversés : c'est que tout change.

Et si l'herbe se change en lait, les enfants en hommes et les hommes en poussière, pourquoi pas les internés en JUGES ?

La psychiatrie est dans le boxe des accusés. Une espèce de hérisson mécanique recouvert d'une carapace miroitante, d'où pointent quelques dards menaçants. Elle semble pourtant bien ratatinée.

Sa position d'accusée la prive déjà de la moitié de sa stature. Elle a rapetissé ; d'ici la fin du procès elle rétrécira encore.

La plaidoirie commence ; l'avocat est éloquent. Il raconte toutes les vies brisées, les âmes détruites, les morts. Il raconte la souffrance jamais racontée, la souffrance de ceux qu'on a soigné - qu'on a prétendu soigné - de ceux qu'on a brisé, humilié, drogué, écrasé. Il raconte les femmes violées dans des cabinets où elles étaient entrées dans l'espoir d'une guérison. Il raconte la violence subtile des théories, qui collent à l'âme et l'englue dans la conviction de son impuissance.

"C'est inconscient...
C'est mon passé...
Qu'y puis-je?
Je n'y puis rien.
Rien !
Je suis la victime de mes pulsions.
De mes complexes.
De mes désirs malsains et inconscients."

Idées-engrenages : y croire empoisonne non pas l'inconscient (qui n'existe que si l'on y croit) mais la conscience.

Petit souvenir.
J'ai commencé à lire Freud lorsque j'avais 12 ans, je crois. Ou 15.
Et c'est ensuite que j'ai fait ce rêve, directement inspiré de ses théories :
Derrière une porte, une mare ; dans cette mare, un poisson.
Je ne suis pas au courant de l'existence de ce poisson, ni de cette mare.
Ils sont mauvais, inquiétants, malsains. Ils m'angoissent profondément.

Rêve freudien, c'est-à-dire inspiré par Freud : comment suis-je au courant qu'il y a une mare et un poisson dans la mare derrière cette porte fermée, si vraiment cette porte est fermée ?

L'inconscient freudien, c'est la contradiction d'un mal qui nous appartient sans nous appartenir et que nous connaissons sans connaître.

Freud détruit la confiance en soi.
Freud est l'antithèse de Jack Canfield ou Dale Carnegie.

Comment pourrait-on se sentir rassuré, dans une maison dont on sait qu'elle cache des monstres ?
On sait que le mal est là - mais on ne sait pas exactement quel mal, ni où. Et on n'en saura pas davantage.

Freud a saboté le Moi. Il ne l'a pas analysé : il y a glissé une bombe.
Grâce à lui - à cause de lui - le Moi n'est plus moi. Je ne suis plus qui je suis, mais cette chose divisée, en guerre contre elle-même : un conscient et un inconscient. Un surmoi, un moi et un ça. Trop de monde ! Et la schizophrénie est freudienne.

Plus de confiance en soi, parce que plus de confiance en ses pensées, ses désirs, sa volonté.
Les désirs sont malsains et on ne les connait pas.
Les pensées sont l'expression détournée d'autre chose.
La volonté est impuissante à contrôler cette foule de poissons obscurs, abyssaux.

Freud a détruit la confiance naturelle que tout être humain a, ou devrait avoir, en sa propre identité : je suis moi, et c'est moi qui règne sur moi. Je suis moi, et si j'ai pu refoulé ou oublié des mauvais souvenirs, je n'ai pas pour autant de réservoir obscur où grouillent des choses étranges, inconnues.

Il n'y a pas de double fond : il y a cet être, cette créature humaine, dont l'histoire linéaire se déroule derrière lui ; elle va de sa naissance à cet instant précis. Et c'est lui qui décide.

Ce ne sont pas les pulsions freudiennes qui décideront pour lui - mais c'est lui qui décidera pour ses pulsions, freudiennes ou pas freudiennes.

C'est lui qui choisira sa voie, qui descendra ou qui montera, qui cèdera ou résistera, qui fera preuve de lâcheté ou de courage, qui s'empirera lui-même ou s'améliorera lui-même - et on sait qu'un des deux choix est plus difficile que l'autre.

Nous sommes responsable de nos actes. "Nous", ce n'est pas "nos pulsions" d'un côté, notre "conscient" de l'autre et notre "surmoi" au dessus. "Nous", ce n'est pas une foule, une ville, ni un système. Nous, c'est nous.

Nous, c'est notre conscience, notre observation lucide de ce qui se passe autour de nous et en nous ; nous, c'est notre liberté.

Freud a voulu détruire la volonté et la dignité de l'être humain ; il y est presque arrivé. Qui le suit, deviendra le jouet de n'importe quelle idée malsaine qui lui passera par la tête. Il lui obéira sous prétexte qu'elle est "inconsciente" - tout en connaissant parfaitement son contenu.

Pour devenir tout puissant, il suffit à un désir de se faire passer pour inconscient, c'est-à-dire inconnu... On lui obéira d'autant plus volontiers qu'il endosse le statut contradictoire de "désir-inconscient-dont-on-a-conscience".

Freud a réussi à hypnotiser des générations entières qu'elles étaient des mares remplies des poissons inquiétants, et ce n'est pas bon du tout pour le moral.

Et si ce qu'on avait refoulé, trop profond parfois pour en prendre conscience, ce n'était pas le mal, mais le bien ?
Pas l'envie de tuer-papa-et-coucher-avec-maman, mais celui d'aider Maman à faire la cuisine ?

Dans une société égoïste qui prône le coupage de cordon, l'indifférence à ses géniteurs (coupables de toute façon de tous nos problèmes psychologiques), ce serait assez logique...

Le désir "malsain" - selon les critères de notre société bizarre -, celui qu'on refoule, c'est l'amour filial, c'est la tendresse, c'est l'envie de se ressourcer dans un chaud cocon familial.

- Régression ! Stage pré-oedipal ! Régression foetale !

Honni soit l'amour des parents pour leurs enfants - il est castrateur, il est malsain - et honni soit l'amour des enfants pour leurs parents. Ils n'ont pas réussi à couper le cordon...

Pas le cordon ombilical, celui est parti depuis longtemps, non, l'AUTRE cordon.

Celui qu'on appelait avant le "lien familial".

Grâce à Freud, beaucoup de gens ont si bien refoulé leur honteux amour pour leurs géniteurs, que leurs vieux parents meurent seuls chez eux.
On découvre le cadavre à l'odeur, après quelques semaines.

Je déconseille tous les livres de Freud.

Quand on se met à y croire, ils fêlent subtilement l'ambiance familiale ; ils la sapent. Ils sapent aussi le principal pilier de la confiance en soi.

Freud est un invité qui se glisse entre vous et votre famille - un tiers invisible mais obsédant, qui par sa présence malveillante, pleine de jugements obscurs pareils à des malédictions malignes, brise toute intimité entre eux et vous. Où s'il ne la brise pas, il l'évide. La rendant fragile comme un moulage de plâtre.

Comment pourriez-vous vous détendre, connaissant tous les désirs inconscients (comme si on pouvait connaître des désirs inconscients, mais cette contradiction fait toute l'habileté de la chose) qui vous habite à leur égard, et qui les habite à votre égard ?

C'est un nid de serpents qui sifflent dans votre tête, un entrelacs de crabes mauvais qui grouille dans votre âme.

Ce nid et cet entrelacs existent bel et bien - mais il existe uniquement parce que vous avez lu Freud et que vous l'avez cru.

Si vous ne l'aviez pas lu, ou si vous cessiez d'y croire, les serpents et les crabes se volatiliseraient comme par enchantement.

Toute la difficulté, c'est de ne PLUS y croire. Plus du tout. D'effacer sa théorie menteuse, tissu de sophismes contraires à la logique la plus élémentaire, de son âme. De renouer avec l'innocence des premiers âges, celle d'avant Freud, d'avant son cigare qui n'est qu'un cigare parce que c'est lui qui décide, non mais.

Psychanalyse-t-on le père de la psychanalyse ?... Ce serait irrespectueux et inapproprié !

[A quelqu'un qui l'interrogeait sur l'aspect phallique de son cigare, Freud a répondu : "parfois, un cigare est juste un cigare". Parfois, c'est-à-dire quand ça l'arrange. Mais si les circonstances le demandent, et l'intérêt supérieur de la psychanalyse, même une fraise écrasée par terre deviendra un pénis. Il suffit que ce soit la fraise d'un(e) patient(e), pas celle de Freud.]

Revenir à l'état sauvage... Qui n'y a pas rêvé ?

Partir dans les grands espaces de Sibérie, là où les caribous et les loups n'ont jamais été psychanalysé, n'ont jamais été approché par le moindre psychanalyste. Là où tout est encore vierge, naturel, vrai, immaculé comme la neige et le vent et le ciel, et ses nuages qui bougent dans le silence, voilant et dévoilant l'éclatante lumière du soleil, comme s'ils dévoilaient et voilaient une vérité première, essentielle.

Partir loin du monde, près de soi, près de l'intimité pure de son âme, purifiée par la pluie, la neige et la grêle, purifiée de toutes les théories qui l'ont salie, de tous les mensonges qui l'ont englué, de tout le mal dont on a voulu la reconnaître coupable.

Il est si facile de prêter aux autres ses propres défauts...

Et c'est ce que Freud a fait, projetant sur ses patients et patientes ses propres fantasmes, sa propre sexualité, sa propre violence. Il a voulu que le monde entier se prenne pour lui, se regarde dans son âme compliquée et malsaine, et s'y voit comme dans un miroir ; il a voulu que ses pires défauts ne soient pas seulement les siens, mais ceux de toute l'humanité, ceux d'Oedipe, ceux de ses patients.

Il a voulu cacher sa noirceur dans un océan de noirceur, il a voulu faire la nuit pour y rester incognito.

Mais il a voulu aussi que cette manipulation soit une opération marketing de grande ampleur, et qu'elle lui permette de devenir ce qu'il a toujours rêvé d'être : un génie, un homme de science, un grand homme.

ça a marché ; tout le monde le respecte, maintenant.

Et des hommes en noir ont son portrait sur leur bureau. C'est à lui qu'ils demandent conseil: "Freud, dis-moi comment faire avec ce patient ?"

Qu'ils y restent, dans leur bureau obscur, dans leur pénombre psychiatrique. Ce sont des créatures de l'ombre, des poissons des profondeurs. Ils ont apprivoisé le mal en lui donnant de petits noms affectueux - "complexe", "pulsion", "décompensation", etc. - et maintenant ils vivent en bonne intelligence avec lui.

Leur pacte implicite ne leur apportera pas le pouvoir sur lequel ils comptent... et au moment même ils détruisent la vie de leurs patients, c'est eux-mêmes qu'ils détruisent en même temps. L'effet boomerang les rattrape plus vite qu'ils n'en ont conscience.

Et leur mine morose, leur absence de sourire, leur théâtralité et leur arrogance les enferme dans une prison bien plus étouffante que celle de Fresnes. Ils ont perdu, au long du chemin, la simplicité et la fraternité qui fait de la vie quelque chose de doux.

Alors repartons pour la Sibérie, ne serait-ce qu'en imagination : là, Freud n'a jamais mis les pieds. La civilisation est réduite au minimum : elle est seulement un moyen de vivre. Ce n'est pas une agression contre l'humanité, mais le contraire : un abri pour l'humanité.

Là, la civilisation c'est une maison isolée.
Un feu de bois.
Une route que l'on prend avec gratitude.

Là, la civilisation c'est le don d'hommes à d'autres hommes, l'ingéniosité au service de la survie.

Ce n'est pas une panoplie mortelle, subtilement mortelle, mise au point pour tuer l'âme bien avant le corps.

Là, la civilisation est seulement ce qu'elle devrait être : un effort de chacun pour faciliter la vie de tous.

5 commentaires:

  1. Excuse moi mais je ne crois pas que Freud est obscurci notre connaissance de l'homme, il l'a plutôt éclairé sous un certain angle celui de la psychanalyse, et il existe d'autre manière de l'éclairer. Et je en crois pas qu'il est été admiré pour ses recherches bien au contraire au moin durant la première moitié de sa carrière. Est tu sur de rééllement maitriser le sujet pour pouvoir en parler de la sorte, la psychanalyse est un sujet très vaste est complexe il ne suffit pas de comprendre oedipe, refoulement inconscient pour la résumer et nous sommes tous sujets a l'interpretter a notre sauce selon notre experience...
    Voila je ne pense pas que l'on puisse la rejetter en bloc de la sorte, comment expliquer les reves et actes manqués dans ce cas...
    par contre j'approuve qu'elle peut etre dur a accepter, car elle nous rappelle notre coté instinctif pulsionnel qui nous ramène a etre avant tout de "simple" animaux tout en admettant que ces pulsions sont maitrisable avec suffisament de courage et de travail...

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  2. Je suis d'accord avec toi Lucia, j'ai découvert ton blog par google en cherchant à marre de la vie, et oui la psychanalyse est perrimé, le complexe d'oedipe n'existe pas non, il existe de nombreuses preuves, http://www.charlatans.info/complexe-oedipe.php

    La psychanalyse rien de mieux pour se ruiné et mariné dans le passé, dépassé depuis longtemps par les connaissance neurologiques, la France est le pays avec l'Argentine ou la psychanalyse est la plus puissante, infestant les milieux médicaux et éducatif, la psychanalyse n'a aucunes preuve de son efficacité, aucunes études n'as était faites dessus c'est pratiquement une religion, qui n'as jamais était remis en question, ni en cause, restant figé. Freud à fait bien plus de mal que de bien, en voyant des fétiches et en associant ça à la bite, comme tout apparemment chez lui, je dis pas que c'est rigolo hein de voir que de se faire couler de l'oeuf dessus est un aveu de masturbation, c'est malheureusement la bible pour beaucoup de psychologue. Je critique la psychanalyse, trop froide avec sa neutralité bienveillante, le manque de réactivité et de parole des analystes, le temps et l'argent perdu.

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  3. les rêves on ne comprends pas encore bien la signification mais ce n'est pas Freud qui sais ce que c'est, oui la société psychiatrique de Vienne l'avait bien humilié, c'était un médecin raté juste. Malheureusement on continue toujours de pratiquer des test pourtant inefficace comme celui des taches d'encres, dans les hopitaux, je sais j'en ai passé un...

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  4. les tâches c'est de Rochsach. Pas de Freud. Mais bon, c'est vrai que Freud était pas mieux que le marquis de Sade. Sauf qu'il a réussi à convaincre tout le monde qu'il disait vrai. C'est pourquoi que bcp l'admirent. Tous se demandent comment il a fait pour développer une telle force de manipulation des troupes. J'ai fait un an de psycho et vite abandonné croyez moi. C'et flippant comme après on ne regarde plus ses amis ou sa famille comme avant. On voit des hypocrites dès qu'on perçoit des gestes qui trahissent l'ennui durant une conversation...
    Bref, à éviter le bourrage de crâne avec Freud.
    Sauf si on est dérangé, là auxun risque que çà nous nuise.

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  5. Freud en plus c'est du machisme, c'était un drogué, menteur, manipulateur, malhonnête et menteur. Un gros obsédé quoi qui voyait le sexe partout.
    Avec la psychanalyse on à élevé pleins de gosses insupportables, par cette trop grande permissivité, ce refus de se faire obéir. Et on fait stagné les gens des années dans leur dépression et leur probléme, en leur faisant sans cesse ressasser sur le passé. Certes aucuns parents n'est parfait, mais c'est tout leur mettre sur le dos. Outre que le point de vue sur l'homosexualité de la psychanalyse est depuis longtemps réfuté. Nous sommes uns des derniers bastions. Je voit une comportementalise qui m'apporte beaucoup au moins. Si on avait des thérapies plus efficaces comme les TCC on aurait moins besoin de médocs, ce sont les psychiatre psychanalyste qui en prescrivent le plus. En TCC au moins on m'as enseigné des techniques de gestions de stress et de relaxation, c'est du concret, et rapide, je parle pas que du passé mais des objectifs et tout.
    Le complexe d'oedipe n'existe tout simplement pas.
    Un escroc, charlatan et macho.

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