Etes-vous normal ?
Un nombre incroyablement élevé de personnes se tracasse, se torturent, se désespèrent et s'angoissent à l'idée qu'ils ne sont pas normaux. Le doute les ronge ; l'incertitude les minent : sont-ils complètement normaux ?... presque normaux ?... Complètement anormaux ?
A l'idée de sortir, ou d'être sortis sans le savoir, de cette Sacro-Sainte Normalité, ils tremblent, ils paniquent.
Un examen approfondi de cette notion de "normalité" s'impose donc.
[je l'ai d'ailleurs déjà commencé dans d'autres posts.]
Normalité : "Caractère de ce qui est normal."
Jusque-là, on est d'accord - mais cette définition du dictionnaire n'apporte pas de révélation inédite, c'est le moins qu'on puisse dire. Grattons donc un peu du côté de "normal" :
"Qui est conforme à la norme, à l'état le plus fréquent, habituel; qui est dépourvu de tout caractère exceptionnel. Qui se rencontre dans la majorité des cas."
Avec cette définition-là, la normalité, c'est ce que fait la majorité.
Mais comment savoir ce que fait la majorité ?... Ce n'est pas si facile ! Car il y a ce que les gens disent, pensent et font - et ce qu'ils avouent dire, penser et faire. Et ce n'est pas la même chose.
Par exemple, les gens se sentent souvent faibles et "pas à la hauteur". Mais ils se gardent bien d'en parler... pour garder une façade lisse qui ne leur attire pas d'ennui : une faiblesse affichée est comme une chèvre qui bêle la nuit à la lisière d'une forêt pleine de loups affamés.
Notons aussi un autre point. C'est que 49,999% de la population, ce n'est pas la majorité. Est-ce à dire qu'un comportement qu'on rencontre dans 49,999% de la population est anormal ?... Certainement pas.
Ce qui est normal, ce n'est pas ce que fait la majorité au sens strict, mais plutôt ce que fait (dit, pense, etc.) un nombre important de personnes.
Et c'est là qu'on prend conscience du caractère éminemment plastique et élastique de ce concept de "normalité"...
Car selon les époques et les lieux, le comportement le plus habituel change du tout au tout. Dans certaines civilisations, la polygamie est normale - dans d'autres, elle est une aberration. Dans certaines civilisations, l'anthropophagie est normale - dans d'autres, elle est considérée avec horreur et dégoût.
Alors même si on est rassuré sur la normalité de son comportement en fonction des normes de sa société, il devrait logiquement nous rester un doute sur la normalité de notre civilisation en tant que civilisation : est-elle, à l'échelle de l'histoire de l'humanité, normale ou non ?...
Car à quoi bon être normal, si c'est par rapport à une société qui est anormale ?
A quoi bon être comme tout le monde, si tout le monde est fou ?
Mais vous voyez que déjà, le problème a pris des proportions énormes - car pour savoir quelles sont les valeurs d'une société normale, il faudrait connaître toutes les sociétés qui ont existé et qui existeront, et évaluer quels traits culturels sont les plus récurrents...
Casse-tête insoluble s'il en est.
Revenons donc à notre petite normalité individuelle. Pourquoi y tenons-nous tant ? Qu'est-ce qui nous la rend si précieuse ?
Pourquoi tenons-nous tellement à être comme les autres - comme la majorité des autres ?
Voilà ma théorie - vous n'êtes pas obligé d'y adhérer :
Ce que nous ne supportons pas, dans l'idée de ne pas être normal, ce n'est pas seulement une différence qui nous singulariserait. Après tout, personne n'a envie de manquer de personnalité, de n'être qu'une pâle copie, qu'une imitation, qu'un clone.
Non, ce qui nous fait peur, ce qui nous angoisse, ce n'est pas la différence en tant que telle, c'est la différence qui nous fait sortir de l'humanité.
En effet, le mot "normal" ne signifie pas seulement "qui est typique de la majorité", il signifie aussi :
- qui ne présente pas d'anomalie physique ;
- qui ne présente aucun trouble mental (Anton. aliéné, débile, déséquilibré, fou, inadapté, malade mental.)
Etre normal, c'est être un être humain complet, auquel il ne manque rien ni au physique ni... au mental. C'est ce point qui est crucial.
La folie fait peur, et la normalité semble être un rempart contre elle. C'est pourquoi nous nous accrochons si obsessionnellement à ce pare-fou... Y a-t-il moyen de lâcher-prise, sans se retrouver plonger dans les eaux troubles et insécurisantes de la folie, ou de la semi-folie, ou dans les brumes malsaines qui l'entourent et l'annoncent ?...
Oui, il y a moyen.
On n'est pas obligé de choisir entre une médiocrité apeurée (la normalité) et une folie flamboyante mais destructrice.
On n'est pas obligé de sacrifier son originalité à la norme, ou sa raison à son originalité.
On peut très bien avoir le beurre et l'argent du beurre : la force d'une personnalité libérée des normes sociales les plus étriquées et stupides, la clarté mentale d'un esprit qui reste solidement campé sur sa logique.
Le tout, c'est de comprendre qu'entre les autoroutes que tout le monde emprunte et les "portes d'ivoire et de corne" qui ne donnent que sur des révélations confuses et déstabilisantes, il y a un troisième chemin.
Voie du juste milieu où l'on peut marcher en toute sécurité, dans la confiance de son humanité.
Car, si on nettoie le mot du sens majoritaire et consensuel qui le pollue, normal signifie humain.
Etre normal, c'est être humain.
C'est avoir confiance en ces deux organes essentiels qui nous définissent en tant qu'êtres humains : notre tête et notre coeur.
Notre raison et notre courage.
Vous êtes normal, nous sommes normal, parce que nous sommes humains.
bonjour madame. je vais terminer depuis 6 ans mon site qui a fait flores "dépression entraide", je vous engage à faire des copiés/collés avant qu'il ne ferme.
RépondreSupprimerc'est un site msn
et je serai ravi d'un échange enrichissant.
à faire dans google "dépression entraide"