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23 juillet 2006

Blessure psychique

Même si on en est averti par une tristesse diffuse, un sentiment de fragilité intérieure, on ne sait pas forcément qu'on a une blessure psychique lorsqu'on en a une.
Et ce n'est que lorsqu'une circonstance bien précise vient toucher cette blessure que notre réaction disproportionnée (le désespoir) révèle l'existence de cette blessure.

Un refus, un rejet au bout du compte assez anodin peuvent plonger dans une souffrance insoutenable.

Il suffit qu'ils fassent écho, même de loin, à une croyance solidement enfouie dans l'âme. Croyance néfaste et destructrice que des circonstances et des paroles bien précises ont ancré dans l'esprit.

Au fond, toute souffrance morale trouve son origine dans une idée. Il "suffit" d'identifier cette idée, puis d'identifier son origine (d'où nous vient-elle exactement ? quel livre, quel film, quelle personne nous l'a inculqué et comment ?) pour en être à moitié débarrassé.

Mais ce travail de détective est rendu difficile par la souffrance qui entoure la blessure comme un champ magnétique répulsif, dissuasif. L'esprit fait un détour lorsqu'il approche de la zone de souffrance.

La faculté qui aide le plus dans cette exploration purificatrice et salvatrice, c'est la raison. La logique. Les émotions nous emportent dans un tourbillon qui rendent toute observation objective et lucide, impossible. Cultiver sa logique et son raisonnement rationnel, c'est non seulement développer sa dignité d'être humain, mais s'armer d'un scalpel aiguisé pour crever et vider les abscès purulents - les siens comme ceux des autres.

L'expression incontrolée des émotions, leur exaspération, n'aide pas à guérir ses blessures (quoi qu'on le prétende parfois).
Pour assainir, débroussailler et éclairer la jungle obscure de l'inconscient, il faut au moins une machette, une boussole, un plan, de puissants projecteurs.

Qu'est-ce qui peut en faire office ?...

La raison. La sagacité. La perspicacité. La lucidité. La rationnalité. La logique. La quête désintéressée et objective du vrai. Cultiver ces qualités, c'est investir de la manière la plus sûre, la plus sage, la plus rentable.

Les émotions apparemment injustifiées et inexplicables que l'on ressent ont toujours une cause. Cette cause est une idée, une idée bien cachée. L'on ne se débarrasse d'une idée qu'en se servant de sa tête, de son intelligence. Première étape, trouver l'idée (parfois, elle se cache) ; deuxième étape, remonter jusqu'à son origine (made in china ? donnée par maman, papa...?) ; troisième étape, comprendre pourquoi elle est fausse et la remplacer par une autre idée beaucoup plus juste.

Exemple.

Idée-blessure que des circonstances bien précises viennent irriter : je me sens de trop. Mon existence est injustifiée ; je n'ai pas lieu d'être...
Circonstances où l'idée trouve son origine : ma grande soeur aurait préféré que je ne naisse pas. Elle me haïssait, et me donnait la sensation que je n'aurais pas dû naître.
Idée contraire : heureusement que je suis là. Je suis quelqu'un d'utile aux autres (ou je vais le dévenir, lorsque je me serai complètement sortie de tous mes problèmes). Et ma grande soeur, qui continue à me détester, n'est pas quelqu'un de bien.

La guérison passe par une mise au point. On ne change pas seulement un détail de l'image, mais toute l'image. Dans cet exemple, pour se débarrasser de l'idée il faut aussi changer d'opinion sur la grande soeur. Si on continue à la voir comme "une gentille", on continuera à se croire de trop. Il faut la faire descendre de son piédestal de sainte et lui coller une étiquette un peu infamante pour se donner à soi-même le droit d'exister.

Nettoyer une blessure psychique, c'est comprendre et juger - ce qui ne veut pas dire haïr ou tomber dans l'aigreur et le ressentiment.

On dit généralement qu'il faut au contraire ne pas juger, mais plutôt aimer de façon inconditionnelle, à la limite de l'aveuglement... ce n'est pas vrai.

Il est très important de faire la différence entre le bien et le mal, d'observer soigneusement la situation, puis de porter un jugement lucide sur ce qui est bien et ce qui est mal.

Les blessures psychiques sont nées dans la confusion (confusion mentale, confusion des valeurs, confusion des idées, des personnes...), ce qui implique que pour les soigner, il faut précisément le contraire : clarté, distinction, séparation, jugement.

En effet, qu'il soit intellectuel ou moral, le jugement est un acte de séparation, de tri : on distingue le vrai du faux et le bon du mauvais. Avoir un "bon jugement", c'est raisonner juste.

On objectera peut-être qu'on a beaucoup souffert dans son coeur et son âme d'être jugé - comment la solution pourrait-elle être semblable au problème ?...

Elle ne l'est pas. Car en réalité, on n'a pas souffert d'être jugé, on a souffert d'être mal jugé, c'est-à-dire d'être jugé de manière faussée, biaisée, injuste. Un bon jugement, c'est-à-dire un jugement juste, est toujours libérateur (sauf bien sûr pour les salauds inaltérables, fermement décidés à rester ce qu'ils sont...)

Grâce à lui, chaque chose reprend sa juste place, et l'image fictionnelle, rêve sans rapport avec la réalité, se fait miroir : enfin, on voit ce qui est.

1 commentaire:

  1. Intéressante réflexion sur le jugement, et qui pourrait bien m'aider.

    Le souci, c'est que j'ai appris à ne pas juger, mais à comprendre : "personne n'est bon ni mauvais, il y a toujours une raison à de mauvais comportements".

    Et quand je comprends quelqu'un, je ne peux plus la ranger dans une case. Même s'il a un comportement inacceptable avec son entourage, et à fortiori à mon encontre, je vais essayer de le comprendre et de le "réparer", alors même que je me laisse détruire.

    J'y ai laissé des plumes.

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