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03 décembre 2008

« Peut-être qu’avec le temps, ça passera tout seul… »

Considérer que la tristesse – la dépression – peut partir toute seule est une autre manière de la minimiser. Les proches, qui se veulent encourageant, disent : « Peut-être qu'avec le temps, ça ira mieux… peut-être que ça passera tout seul… » Parfois c’est la personne déprimée elle-même qui se l’imagine.
Cette attitude présente un intérêt immédiat, et un gros inconvénient au long terme. Sur le coup, elle suscite une détente, un soulagement. Finalement, se dit-on, ce n’est pas si grave… on va s’en sortir, il suffit d’attendre. L’inconvénient, c’est la passivité qui en résulte : si le temps est capable de résoudre le problème sans aide, à quoi bon se préoccuper d’agir ? Il suffit d’attendre qu’il fasse son travail…
Or mis à part les rhumes, la plupart des problèmes ont une fâcheuse tendance à ne pas se résoudre eux-mêmes. D’ailleurs, même les rhumes ne se guérissent pas tout seuls : c’est l’organisme qui leur livre une guerre acharnée. Le rhume ne choisit pas gracieusement de s’annuler : il est ratatiné lors d’un combat sans merci par les soldats bien entraînés du système immunitaire.
Même si la théorie de l’évolution donne l’impression un peu magique qu’il suffit de laisser mijoter des créatures unicellulaires assez longtemps dans l’eau pour qu’en surgissent des cœlacanthes aux poumons embryonnaires, puis des mammifères dotés des options les plus perfectionnées, de nos jours et à l’échelle d’une vie humaine, le temps seul n’améliore pas grand-chose.
Lorsqu’il y a une fuite dans le toit, cette fuite ne se répare pas « toute seule ». Deux semaines après, la voiture qu’on a laissée dehors n’a pas développé un autoradio ou une vitre teintée à l’arrière : elle a seulement accumulé de la poussière, des fientes de pigeon et des amendes pour stationnement interdit.
Lorsqu’on laisse ses états d’âme en l’état, en espérant que le temps les améliorera tout seul, ils font rarement mieux que cette voiture laissée à elle-même.

9 commentaires:

  1. Bonsoir Lucia,
    Et voilà les 100 premières pages de MDLV qui sont imprégnées dans mon crâne.
    Je les bois vos écrits, peu de gens écrivent comme çà.
    J'ai l'étrange sensation d'être à votre place, de vivre ce que vous avez vécu, vous êtes mon miroir, incroyable!
    Mais la question est là: est-ce que je m'en sortirai tant que je naviguerai sur ces sites...???
    Pas sûr...
    Vous avez souffert pendant 35 ans... houla j'aimerai autre chose..., je ne pense pas que je tiendrai le coup autant de temps...
    Je me reconnais tellement dans votre manque de volonté, de désir, d'énergie et dans les livres qu'il n'aurait jamais fallu lire... tout çà me fait peur.
    Agir? Oui! Mais où, comment, avec quel phare... le votre? Mais quel est le votre? Votre homme ou votre blog?? Avoir envi de tout foutre en l'air pendant plusieurs jours de suite encore à l'heure actuelle: est-ce synonyme de paix?? Est-ce çà la paix??
    Qui faut-il écouter?? Ceux qui s'en sont sortis sans ou avec médicaments, sans ou avec psy??
    Tant de questions sans réponses...
    Vivement les 300 pages et post suivants...

    Julien

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  2. Bonjour Julien,

    sans indiscrétion, quels sont ces livres que vous regrettez d'avoir lu ?

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  3. votre livre est tout simplement impressionant, je me demande si je peux le mettre en téléchargement gratuit sur mon site??

    please me transmettre votre accord sur : med772005@yahoo.fr

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  4. Bonsoir Lucia,
    La 1ère fois que j'ai chuté j'ai en fait lu plein de choses sur internet qui m'ont affolé, je me suis enfermé là dedans et me suis fait piéger.
    Les 1ers extraits de livre que j'ai lu sont d'Andrew Solomon dans le Diable Intérieur.
    Il explique en fait qu'il a appris à vivre avec sa dépression, qu'il aime sa dépression, qu'il aime l'homme qu'elle a fait de lui.
    En résumé il affirme que l'on ne peut pas se débarasser définitivement de ce mal mais que l'on peut apprendre à vivre avec et quelque part çà me détruit de lire çà car je veux que cette saloperie quitte mon corps à tout jamais et que je n'en entende plus parler.

    Julien

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  5. Je vois le problème.

    C'est la "dépression psychiatrique" que vous piège...
    Cette idée que la dépression est quelque chose qui existe, là, quelque part, comme vous dites "cette saloperie".

    Il serait plus constructif de revoir le problème en oubliant complètement ce mot de "dépression" (que j'utilise à contre-coeur dans ce blog parce que tout le monde est focalisé dessus).

    Vous n'êtes pas dépressif, vous ne faites pas une dépression, vous êtes malheureux et vous souffrez.

    Alors ceux qui racontent qu'ils aiment leur dépression racontent un peu n'importe quoi, personne n'aime souffrir, même si on peut très bien avoir l'impression que c'est la seule manière d'exister.

    Il faut vous réapproprier votre mal-être ; il est à vous ; ce n'est pas un truc venu de l'espace, un alien - c'est quelque chose de beaucoup plus personnel. Ce n'est pas une "saloperie", c'est un état d'âme. Et cet état d'âme lui-même résulte de différents facteurs, dont certains parmi les plus déterminants sont probablement vos croyances, votre vision de la vie.

    Ce n'est pas un cancer, une tumeur, ce n'est pas non plus quelque chose qu'on doit aimer, c'est le résultat d'innombrables idées dont vous n'avez pas forcément une claire conscience, et qui tournoient dans votre tête à votre insu.

    J'ai eu beaucoup de chances de ne jamais me considérer comme dépressive, car je suis sûre que cette étiquette m'aurait empêcher d'avancer... le discours psychiatrique sur la dépression enfonce dans la dépression. Le mieux est de ne pas y croire, de considérer que c'est seulement un discours commercial (ce qu'il est effectivement, un moyen de vendre des cachets).

    Oubliez votre "dépression" qui est au trois-quart une construction mythologique pour prendre en compte son dernier quart, cette souffrance réelle qui vous concerne vraiment, et qui est là pour vous signaler que quelque chose cloche, que quelque chose est à revoir dans votre vie.

    La souffrance n'est qu'un signal d'alarme qui dit qu'on n'avance pas dans la bonne direction, un signal de détresse qui indique qu'on est perdu.

    Imaginez que vous marchez à travers une forêt et que vous avez pris le mauvais sentier il y a de cela quelques heures : vous vous retrouvez dans les ronces ; est-ce que ça aurait beaucoup de sens de pester contre elles en les traitant de "saloperies" ?... Plutôt, il faut tirer la leçon qui s'impose : on n'est pas dans la bonne direction, il faut en changer.

    Ces ronces, toutes désagréables qu'elles sont, nous sont utiles : si on ne se faisait pas griffé par elles, on réaliserait qu'on est dans la mauvaise direction trop tard pour en changer.

    Quand à "aimer vivre avec sa dépression", ça a à peu près autant de sens que "aimer vivre avec Tatie Danielle" - les ronces sont là pour nous remettre sur la bonne voie, pour nous dissuader de poursuivre dans la mauvaise direction, pas pour qu'on se roule dedans avec une volupté problématique.

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  6. Bonjour Lucia,
    Toujours autant touchante.
    Je suis d'accord avec vous mais vous aussi vous êtes tombé dans le même piège non?
    Vous-même vous dites que vous avez lu des dizaines de livres sur la dépression donc pourquoi maintenant vous remettez en cause ce terme?
    Si vous lisiez des livres et des choses sur le net sur la dépression c'est bien que vous vous considériez comme dépressive!??
    J'ai un petit projet dans mes cartons et j'ai cru comprendre que vous étiez passée par là également: à savoir déménager (j'ai 26ans, je suis en région Centre, j'ai toujours habité chez mes parents et la vie parisienne me tente!!)... qu'en pensez-vous? Est-ce que çà peut être le renouveau ou alors est-ce beaucoup trop d'un coup (j'ai perdu toute confiance et estime en moi donc la peur est là)?
    J'ai été hospitalisé tout comme vous pendant 3 semaines il y a peu de temps et je suis entrain de tomber encore + bas... c'est aberrant comment je me reconnais dans votre histoire.

    Julien

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  7. Lucia,
    Pour info et conseils je passe des heures/jour à lire des choses sur la dépression sur internet, entre autres sur doctissimo.
    Considérez-vous avec le recul que c'est une bonne chose (je crois avoir compris que vous avez connu çà...)?
    Merci d'avance.

    Julien

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  8. Bonjour Julien,

    bon déjà je suis désolée, mais ce sera la dernière fois que je réponds directement à vos commentaires ; ce n'est pas qu'ils m'embêtent ni que je les trouve non-pertinents, mais simplement je ne veux pas tisser de relation trop personnelle, même par commentaires interposés, avec un lecteur particulier. Je l'ai fait par le passé et ça s'est toujours mal fini. Donc ne le prenez pas mal, mais à l'avenir je n'y répondrai plus. Ce qui ne veut pas dire que je ne les lirai pas ou que je n'en tiendrai pas compte d'une manière ou d'une autre.

    Je ne veux pas raconter ma vie, d'abord ce serait trop long, ensuite ce n'est pas le sujet de ce blog et enfin, j'aime garder une certaine réserve.

    Pour mes lectures sur la dépression, elles ne datent pas de l'époque où j'étais mal ; si je lis sur le sujet, c'est parce que j'écris sur le sujet. Lorsque j'étais "dépressive" (malheureuse) je n'ai jamais rien lu sur la dépression, et je ne le regrette pas - ça m'aurait envoyé dans une impasse.

    Pour ce qui est de "ma" recette du bonheur, c'est quelque chose qui représente un énorme changement, et donc ça ne sert pas à grand chose de la présenter à des gens qui ne sont pas prêts.

    Je vous assure que sur Google, en prenant mon nom comme recherche, on trouve. Alors si vous ne trouvez pas, c'est peut-être un signe que ce n'est pas le moment que vous trouviez ?

    Pour ce qui est d'un déménagement, il n'y a que vous pour savoir si c'est important ou pas, et ce que ça représente pour vous. Lorsque j'ai déménagé, c'est que ça m'est apparu comme quelque chose qui fallait absolument que je fasse, pour grandir et/ou pour survivre. Mais s'il y a bien quelque chose de certain, c'est que déménager loin de sa famille lorsqu'on n'a pas le moral, c'est se préparer des lendemains difficiles, voire très difficiles.

    Passer des heures sur doctissimo forum dépression (ce que j'ai fait, mais dans le but d'écrire "Marre de la vie?" et en ayant le moral) me paraît une très très mauvaise idée, mais après tout on ne peut pas savoir... c'est à vous de voir ce que vous y cherchez, ce que vous y trouvez, et l'effet que ça a sur vous.

    Si j'ai un ultime conseil personnel à vous donner - après ce sera seulement par le biais des posts - c'est de lire George Sand, lire Maxwell Maltz, lire Jack Canfield, lire A. Carnegie, lire John C. Maxwell, et - dans un tout autre style - de lire la Thora, la Bible et le Coran.

    Si vous suivez ce conseil-là, vous gagnerez vraiment quelque chose.

    Voilà... je vous souhaite bonne chance, bonnes lectures, et de trouver ce que vous cherchez actuellement sans le savoir.

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  9. Bonjour Lucia,
    Je comprends votre réaction même si croyez moi çà ne se serait pas mal fini avec moi. J'ai trop de respect pour ce que vous écrivez et rien ne me paraît aberrant dans vos posts.
    Quelque part votre message m'a aneéanti. J'ai le sentiment que vous me confortez dans le fait que je n'aurai jamais du lire ce que j'ai lu, ma culpabilité en prend un coup de +. C'est vrai que j'ai l'impression que si je n'avais pas lu ce que j'ai lu je n'aurai jamais sombré, c'est dur à admettre et j'étais persuadé que c'étaient les mêmes lectures que les miennes que vous avaient fait sombré, je n'avais pas du tout compris que vous aviez écrit entre autres MDLV en ayant le "moral".
    Je crois que rester plongé là dedans est synonyme de grande naiveté et d'immaturité de ma part même si étant donné le nombre de posts sur doctissimo et autres je vois que je ne suis pas le seul...
    Vous remettez + ou - en cause mon projet de déménagement ce qui ne me choque pas + que çà d'ailleurs étant donné le peu d'assurance actuel que j'ai en moi.
    Bref, la journée s'annonce pénible et sachez quand même que vos réponses "personnelles" étaient pour moi des bouffées d'oxygène car si je lis des écrits de personnes qui ont vécu ou qui vivent ce que je vis est avant tout pour moi un moyen de trouver une ou des solutions...
    Bonne continuation Lucia.

    Julien

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