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30 décembre 2008

Impuissance acquise

En se laissant persuadé par le discours officiel que la tristesse (la « dépression ») n’a rien à voir avec la volonté, que c’est un déséquilibre chimique, une maladie biologique, génétique, etc., on entre dans un processus d’apprentissage.
Ce qu’on apprend ?...
L’impuissance.
Car l’impuissance, comme l’efficacité, peut être enseignée.
Croire au discours officiel, c’est croire à l’inutilité de ses efforts, c’est croire qu’on ne peut rien changer à son propre sort – c’est s’avouer vaincu avant que le combat ait commencé, c’est renoncer d’avance.
Cet amollissement de la volonté est caractéristique de la dépression psychiatrique : la colonne vertébrale mentale qui nous tient debout se change en gélatine ; soumis, résigné et impuissant, nous faisons le gros dos… Que pourrions-nous faire d’autre ?
On ne lutte pas contre ses gènes, on ne se bat contre la chimie de son cerveau, on ne soigne pas une maladie biologique avec de la volonté. Alors quoi ? Alors rien.
Ce n’est pas notre faute et nous n’y pouvons rien. Comme le monde est injuste ! Comme la dépression est méchante !... Comme nous sommes malheureux d’être malheureux !...
Impuissance, faiblesse, et encore faiblesse : tel est l’un des premiers effets du discours officiel sur ceux qui y croient, l’un des premiers symptômes de la dépression psychiatrique.

Les Noms

Je suis presque sûre que vous n'avez pas remarqué, ou du moins que vous n'avez pas pris pleinement conscience, du rôle joué par les noms dans nos vies.

Ils peuvent nous enduire d'erreur gluante jusqu'à nous paralyser ; ils peuvent au contraire ouvrir des portes dans ce qu'on prenait pour des murs sans issues.

Et tout de suite, un exemple... (le rapport avec la tristesse morose vient après).

John souffre de la cheville. Une entorse qui a mal évolué...

Il va voir des médecins ; des spécialistes des os ; des neurologues ; des médecins du sport ; il fait des dizaines de radios, de scanner ; rien. Rien. Rien.

ça dure comme ça plus de trois ans. Trois ans de souffrance.

Sa femme lui suggère d'aller voir un acupuncteur... Rien, encore rien.

Et peut-être qu'ils ne trouveront jamais la solution - parce que la solution se cache derrière un mot rustique : "rebouteux". Un mot qui évoque la campagne lointaine, le bouche à oreille - et l'impossibilité de trouver un "rebouteux" en ville, quand on n'en connaît pas. L'idée de chercher un "rebouteux" les a effleuré, mais seulement effleuré : ils n'en connaissent pas, comment pourrait-il en trouver un ?... Il faudrait vivre dans un village, être initié...

Ce qu'ils ne savent pas, c'est que le "rebouteux" a un autre nom. Il s'appelle aussi "étiopathe" - et sous ce nom-là, on le trouve beaucoup plus facilement.

Je résume : les solutions à nos problèmes se cachent souvent sous des noms qui, pour une raison ou une autre, nous semblent désigner une réalité inaccessible.
Ou sous des noms que nous ne connaissons pas...

Nommer le problème, c'est orienter sa quête d'une solution.

Si on se fie à l'étymologie, toute personne atteinte de "dépression" devrait prendre un "antidépresseur" (puisque c'est "l'anti" du problème). Mais si "dépression" n'est pas le bon nom ?

Si c'est "problème spirituel", le vrai nom ? Et "dépression", le pseudonyme qui le cache ?

La solution n'aura pas du tout la même allure...

La manière dont nous nommons nos problèmes est souvent le problème.

Et pour arriver à modifier la vision que nous avons d'eux, il faut commencer par renouveler son stock d'idées - par s'approvisionner à une source fraîche, par évacuer celles qui sont douteuses. Par nettoyer et ranger son mental.

Les noms nous mènent, les noms nous guident.

Si nous nous nommons nous-mêmes "dépressif", "bipolaire", "schizophrène", etc., nous suivons la route tracée par le nom - si nous nous nommons "happy oasis", aussi.

(Une jeune femme a réellement choisi de se faire appeler ainsi... et elle apporte joie et bonheur à tous ceux qui la rencontrent.)

J'ai choisi "Lucia Canovi" pour la lumière du prénom et la maison du nom (qui combinés forment un phare, ou lighthouse) - elles sont bien cachées, et ce pseudonyme cache bien le nom de mon passeport, beaucoup plus ronflant, et tous ces replis me conviennent parfaitement. Introversion voulue, désirée, choisie.

Les noms que nous choisissons pour nous-mêmes sont des programmes que nous nous donnons... volontairement ou involontairement.

N'acceptons pas trop vite les noms dont d'autres voudraient nous affubler ; être maître de sa vie, c'est aussi, c'est d'abord, être maître de ses noms, maître de la manière dont on est nommé.

N'acceptons pas d'être "Le pauvre" ou "la pauvre" - c'est un mauvais programme ; il n'est pas difficile d'y lire le manque, y compris financier.

Et n'acceptons pas non plus qu'on nous raccourcisse notre prénom en un diminutif pas toujours affectueux, souvent condescendant : les diminutifs nous présentent des versions atrophiées de nous-mêmes.

Sur quoi centrer sa vie ?

Voilà une question à laquelle il peut sembler difficile de répondre.

En théorie - en théorie très générale - la réponse est pourtant évidente : le plus sage, c'est de la centrer sur ce qui ne se périme pas, ne s'use pas, ne se brise pas, ne vieillit pas, ne meurt pas, ne disparaît pas.

Toute la difficulté, c'est de découvrir et de connaître ce qui correspond à cette définition...

29 décembre 2008

La solution la plus simple n'est pas la plus facile

Je reprends une bonne idée d'Inès, lectrice de ce blog...

Quand on associe "simple" et "facile", c'est souvent à tort.

Les deux notions sont plus différentes qu'elles n'en ont l'air à première vue.

La solution de facilité n'est pas celle de simplicité - et inversement.

L'association la plus naturelle serait celle de "simple" et "difficile".

Exemples : dire la vérité est simple. Et c'est (parfois) difficile.
Respecter ses engagements est simple. Et c'est difficile.

Et... pour ce qui est de la "dépression" (cette étiquette ne sert vraiment à rien mais bon)... en sortir est aussi assez simple.

Mais c'est difficile.

La culpabilité : la comprendre pour s'en débarrasser

Les bouquins de psychologie actuels font malheureusement l'impasse sur la distinction fondamentale entre "culpabilité" et "sentiment de culpabilité".
Pour eux, toute culpabilité n'est rien de plus qu'un sentiment de culpabilité... Cette vision réductrice fait l'impasse sur les fautes réelles que nous pouvons tous faire - et que nous faisons.

En fait, il y a d'une part la culpabilité (objective, factuelle) et de l'autre le sentiment de culpabilité (subjectif, variable, justifié ou non-justifié).

La plupart du temps, nos culpabilités nous sont signalées par un sentiment de culpabilité - mais il arrive aussi que la culpabilité ne soit signalée par rien, ou presque rien, ou qu'inversement le sentiment de culpabilité ne soit fondé sur aucune culpabilité réelle.

Par exemple, la plupart des tueurs en série ne se sentent pas tellement coupables : leur culpabilité réelle ne se signale pas à leur conscience par un sentiment de culpabilité très marqué.

Pourquoi ?... Parce qu'ils ont trop tiré sur la corde, tout simplement. Leur conscience ne réagit plus - elle est anesthésiée.

Ceci a des conséquences réjouissantes pour ceux qui souffrent d'un sentiment démesuré de culpabilité : s'ils étaient vraiment très très méchants, ils ne se rongeraient probablement pas les sangs de cette manière...

Cependant, il ne faudrait pas en déduire trop vite que :

sentiment de culpabilité = innocence.

Tous les cas sont possibles :

culpabilité + pas de sentiment de culpabilité
culpabilité + sentiment de culpabilité
Pas de culpabilité + sentiment de culpabilité
Pas de culpabilité + pas de sentiment de culpabilité

L'idéal, c'est bien sûr d'atteindre et de s'installer dans la quatrième possibilité : pas de culpabilité et pas de sentiment de culpabilité. Toutes les autres possibilités sont insatisfaisantes.

Passons rapidement sur le premier cas (le tueur en série qui se prend pour une victime) : a priori, il ne vous concerne pas.

Le deuxième cas, par contre, peut vous intéresser : une culpabilité réelle qui se manifeste par un sentiment de culpabilité.
Ce deuxième cas correspond au fonctionnement normal d'un être humain normal : on a fait quelque chose de mal... et ce "quelque chose de mal" se signale à notre conscience par un sentiment de culpabilité.

Le remède ? Regretter, réparer, ne pas recommencer.

Mais encore faut-il, pour ce faire, identifier correctement la culpabilité qui est à l'origine de notre sentiment de culpabilité...

Une erreur commune consiste à croire que si - intellectuellement - nous pensons n'avoir rien fait de mal, nous n'avons rien fait de mal. Dans ce cas, on aura tendance à prendre la voix de notre conscience pour la voix des préjugés, d'un conditionnement judéo-chrétien.
Cette route-là n'est pas celle de la paix et du calme intérieur ; si vous avez la sensation très nette que telle ou telle chose que vous avez fait est "mal", même si votre cerveau vous dit qu'il n'y a aucun problème, c'est probablement votre sensation qui dit la vérité et votre cerveau qui se trompe.

Supposons que vous ayez identifié le problème (tel jour, vous avez fait ou dit ceci) : regrettez, réparez, et ne recommencez pas. Votre sentiment de culpabilité s'estompera.

Venons-en au troisième cas. Celui du sentiment de culpabilité qui ne repose sur aucune culpabilité réelle.

Notez qu'il est souvent délicat de faire la différence entre ce troisième cas et le précédent : on peut facilement s'imaginer qu'on a "rien à se reprocher" alors que si, et on peut tout aussi facilement s'imaginer qu'on a "quelque chose à se reprocher" alors que non.

Si vous avez un sentiment de culpabilité diffuse vis-à-vis de telle ou telle situation, cherchez à mettre en mots, à préciser, votre responsabilité.
Faites le de bonne foi... puis montrez le résultat à n'importe qui d'extérieur, et relisez vous même ce que vous avez écrit comme si c'était quelqu'un d'autre.

Si le résultat vous paraît et lui semble un galimatias incohérent... si la "culpabilité" que vous avez cherché à définir reste informe et indéfinissable... votre sentiment de culpabilité ne repose probablement sur rien.

Ou plutôt, il repose sur autre chose que sur une culpabilité réelle - sur un souvenir par exemple. On vous a fait culpabilisé par le passé et vous avez gardé le pli. Fouillez vos souvenirs pour en retrouver l'origine.

27 décembre 2008

Pour identifier vos zones d'ombre... allumez la lumière

Bonjour chers lecteurs et lectrices,

Les zones d'ombre, ce sont celles où l'on fait preuve de négativité.

De négativité, c'est-à-dire de pessimisme, de rancune, de tristesse, d'auto-apitoiement, de "c'est de leur faute", bref : de faiblesse.

Supposons que vous êtes négatif en amitié, par exemple. De votre point de vue, vous n'êtes pas négatif, vous êtes réaliste : vous regardez la réalité en face. Vous voyez les autres tels qu'ils sont. Vous ne vous faites pas d'illusion. Bref : vous n'avez pas conscience d'être négatif...

Pour se débarrasser de cette négativité, la première étape (indispensable), c'est d'en prendre conscience.

Comment ?

Telle est la question.

En allumant la lumière. Le noir est parfaitement visible lorsqu'il se détache sur un fond blanc... mais chercher un chat noir dans la nuit noir, c'est un peu comme chercher la quadrature du cercle - tâche ardue s'il en fût.

Et comment allumer la lumière ?...

En positivant constamment, délibérément - et donc artificiellement, oui. En se forçant, quoi...

Une façon de faire, c'est de chercher le site club-positif sur google, puis de chercher l'encyclopédie des autosuggestions positives, de les lire à haute voix (il y en a beaucoup, c'est un gros travail) et d'écouter sa voix : lorsqu'elle déraille, se casse, résonne ironiquement, c'est que vous n'êtes vraiment pas d'accord avec ce que vous dites. Dans ce cas, examinez la phrase de plus près et voyez pourquoi et en quoi vous n'êtes pas d'accord : ainsi, vous prendre conscience de vos zones d'ombre, de négativité.

Voilà. C'était le conseil du jour !

26 décembre 2008

Comment se débarrasser de la malédiction du diagnostic

Je suis sûre que j'en oublie... car les dégâts causés par un diagnostic psychiatrique sont innombrables. Ce qui laisse penser qu'ils ont été voulu - mais c'est un autre sujet.

En me promenant sur un blog, tenu par une jeune femme qui a été diagnostiqué "bipolaire", j'ai pu identifié d'autres dommages causés par le diagnostic psychiatrique.

Voici quelques extraits de son blog - dans l'ordre chronologique (qui s'étale sur 4 mois) :

"Ne fuyez pas, je suis presque normale!"
"Je ne pense pas être dingue ni n'ai jamais encore tué personne. Je ne pense pas non plus à des actes de tortures sur autrui."
"Je ne crois pas être folle, moi"

Et voilà... grâce au diagnostic maléfique, une jeune femme a perdu :

- confiance en sa normalité (elle est "presque normale"... et c'est le "presque" qui compte);
- confiance en sa raison (elle ne croit pas être folle, ni dingue - mais n'en est pas absolument sûre, sinon pourquoi en parler ?) ;
- confiance en son innocence (elle ne pense pas à torturer autrui, mais là encore : si elle le dit, c'est que pour elle ça a cessé d'être une évidence qui n'a pas besoin d'être exprimée).

En quatre mois, le diagnostic a déjà miné trois piliers de sa confiance en elle. La malédiction attaque de l'intérieur, comme les termites : elle ronge les fondations de la personnalité.

Alors ?...

Voulez-vous toujours vous considérer comme "dépressif" ou "bipolaire" ?

Je vous pose la question parce que vous avez le choix. Vous n'êtes pas obligé d'accepter qu'on vous marque de la lettre écarlate.

[Petite parenthèse sur la lettre écarlate : La Lettre écarlate relate l'histoire d'Hester Prynne, une jeune femme vivant dans une communauté puritaine à Boston dans le Massachusetts. L'action du roman se situe entre 1642 et 1649. Hester Prynne, au début du roman, se voit condamnée par la société à porter sur sa poitrine la lettre A pour Adultère. En effet, elle est accusée d'avoir péché avec un homme du village, dont elle refuse de dévoiler le nom, et d'avoir eu un enfant avec lui.]

Et si vous voulez vous débarrasser de l'étiquette, mais que vous n'y arrivez pas - vous n'arrivez pas à ne pas croire que vous êtes bipolaire, dépressif, etc. - renvoyez-la à l'envoyeur.

Décidez que c'est votre médecin ou votre psychiatre, enfin la personne qui vous a étiqueté, qui est bipolaire ou dépressif.

ça vous paraît peu vraisemblable ?...

Détrompez-vous.

Le diagnostic est souvent un exutoire ; on colle aux autres l'étiquette qui nous conviendrait, par substitution en quelque sorte. C'est une espèce de catarsis pas très constructive : on évacue ses émotions en les prêtant à d'autres. On fait tous un peu ça sans s'en rendre compte...

Observez par exemple comme les gens malhonnêtes soupçonnent les autres de l'être - comme par exemple les voleurs s'imaginent vite qu'on leur a volé quelque chose...

Rien n'interdit de penser que, sous son apparence impassible, votre psychiatre est atteint du trouble qu'il vous prête. Rendez-le lui donc !

Vous êtes absolument sûr qu'elle ne lui convient pas ?...

D'accord.

Mettez-vous dans la peau de Celui Qui A le Pouvoir de Nommer. Inventez des noms de maladie mentale (c'est à la portée de n'importe quelle imagination)... puis, quand vous êtes rôdé, décrivez-vous à vous-même votre psychiatre, trouvez-lui une caractéristique saillante, et transformez cette caractéristique en maladie.

Puis imaginez que vous êtes dans son bureau, mais que c'est lui le patient et vous le psychiatre.

Annoncez-lui qu'il a la maladie que vous lui avez inventé et qui lui convient si bien.

Il a tendance à se gratter le nez ?... Dites-lui qu'il souffre d'un trouble naso-compulsif. Observez l'angoisse sur son visage. Rassurez-le : ça se soigne très bien, de nos jours.
Il ponctue ces phrases avec "donc" ?... Annoncez-lui qu'il est atteint d'une ergopsychose (en latin, "donc" se traduit par "ergo").
Et si vous ne trouvez rien, vous pouvez toujours lui révéler qu'il souffre de "psychiatrose" - un trouble mental qui atteint surtout les psychiatres, et qui se caractérise par une recherche obsessionnelle de symptômes et de maladie, y compris et surtout là où il n'y en a pas.

Le tout, c'est de bien imaginer la scène, et de visualiser votre toute-puissance et sa propre anxiété... vous lui faites peur avec votre diagnostic, et c'est ça qui compte.

Inversez les rôles pour vous libérez du vôtre ; laissez libre cours à votre imagination. Faites le aussi minable, craintif et petit que vous pouvez ; rapetissez-le jusqu'au nanisme. Grandissez-vous d'un mètre ou deux.

Sous votre diagnostic, il est tel un oisillon tremblant, tandis que vous vous sentez aussi paisible et maître de vous-même qu'un matou jouant avec sa proie : vous le rassurez gentiment ("ce n'est pas grave, on a maintenant des médicaments très efficaces"), vous l'inquiétez sadiquement ("selon les dernières recherches, il y aurait un facteur génétique"), vous faites tout ce que vous voulez.

En ressentant toutes les émotions qui accompagnent cette scène, vous décollez l'étiquette qui vous pèse, vous vous en débarrassez.

Du Diagnostic Psychiatrique en tant que Malédiction (3)

Résumons :

Le diagnostic psychiatrique est une malédiction :

1/Parce que c'est une parole
2/Qui fait tout le mal possible
3/En nous privant du moyen - la volonté, le choix, la révision de nos croyances, l'effort, etc. - de résoudre le(s) problème(s) qu'il a baptisé d'un nom de maladie.

C'est pourquoi on peut dire que le diagnostic psychiatrique nous refile (par les oreilles), une maladie incurable.

Est-ce là tout le mal que le diagnostic psychiatrique fait ?...

Que nenni !

Car le diagnostic psychiatrique ne nous empêche pas seulement de résoudre les problèmes qu'il désigne à sa manière bien spéciale ; il fait aussi tout ce qu'il peut pour les aggraver, pour les multiplier par mille.

Et il y parvient.

Puissante malédiction...

Et c'est là qu'on voit, encore une fois, toute la différence avec les vraies maladies : prendre conscience d'un rhume ne l'aggrave pas - alors que se laisser convaincre qu'on est "dépressif" rend bien plus dépressif.

Le diagnostic psychiatrique :
- rend le(s) problème(s) insoluble(s) d'une part,
- l'aggrave d'autre part.

Pourquoi l'aggrave-t-il ?...

Parce que lorsqu'une boite est étiquetée "Pince à linges", c'est :
- là où on ira chercher des pinces à linge ;
- là où on rangera les pinces à linges qui traînent.

Imaginons que cette boite ne contienne, à l'origine, qu'une ou deux pinces à linge et des boutons, des ciseaux, trois stylos et quelques pièces de monnaie. Parce qu'elle est étiquetée "Pinces à linge", d'ici quelques semaines ou quelques mois elle en contiendra davantage. Et si son propriétaire est du genre soigneux, peut-être même qu'elle ne contiendra plus que ça.

Lorsqu'une personne a accepté l'étiquette de "Dépressif", elle agit vis-à-vis de sa propre tête comme vis-à-vis de cette boite à pinces à linge.

Les pensées glauques lui semblent appropriées ; elle se les approprie.

Et si elle est complètement logique - avec elle-même, avec ce diagnostic qu'elle considère comme valable - elle refuse comme étrangères les pensées optimistes qui la traversent parfois : celles-ci n'ont rien à faire dans sa boite crânienne ; ce n'est pas leur place (cf. l'étiquette sur la boite).

Le temps passant, cette boite ne contient plus que des pensées correspondant d'une manière ou d'une autre avec l'étiquette qu'elle porte...

Lorsqu'on vient d'acheter une Peugeot 206, on voit des Peugeot 206 partout - alors qu'avant, on ne les remarquait pas... Qu'on le veuille ou non, notre nouvelle identité (propriétaire de Peugeot 206) nous rend plus attentif, plus réceptif à toutes les Peugeot 206 qui passent...
L'identité de "dépressif" rend plus attentif et réceptif à quoi, à votre avis ?

Pas à la beauté de la vie et à la chance d'être né !

A mesure qu'on creuse le sujet, ça devient de plus en plus flagrant : non seulement le diagnostic psychiatrique est une malédiction, mais il en est une gratinée.

Funeste, terrible malédiction.

Et sa puissance maléfique ne s'arrête pas là...

25 décembre 2008

Du Diagnostic Psychiatrique en tant que Malédiction (2)

Résumé de l'article numéro 1:

Le diagnostic psychiatrique est une malédiction parce que c'est :

1/Une parole
2/Qui fait tout le mal possible

Quel mal ?... Le sujet est tellement vaste que je ne sais pas si j'arriverai à l'épuiser dans cet article, mais essayons.

Tout d'abord (comme on l'a vu dans le 1), le diagnostic psychiatrique convainc celui qui le reçoit qu'il est atteint d'une maladie incurable - et ainsi il la lui donne, cette maladie incurable.

Car être convaincu d'être dépressif, bipolaire... c'est le devenir et le rester.

En effet, les prétendues maladies mentales sont un domaine où croyance et réalité sont indiscernables : être convaincu qu'on est fou, c'est déjà être à moitié fou, être convaincu qu'on est dépressif, c'est déjà être vraiment très dépressif, etc.

Les maladies mentales n'ont pas d'existence objective ; elles n'ont qu'une existence subjective. Croire qu'on en a une, c'est l'attraper.

Lorsqu'un psychiatre pose son diagnostic, il ne fait pas plus qu'une vendeuse qui nous fait enfiler une veste dans un magasin : nous repartirons avec si nous avons l'impression qu'elle nous convient, qu'elle est à notre taille. Sauf qu'il est plus facile de dire "non, elle est trop courte/étroite/large/rouge/etc." que de dire "non, ce diagnostic ne me va pas... merci, je repasserai."

Ce qui précède peut paraître difficile à comprendre ; on a l'habitude de croire aux maladies mentales - de croire à leur réalité.

Mais ce ne sont pas les maladies mentales qui sont réelles ; ce sont seulement leurs "symptômes". Et non, ce n'est pas du tout la même chose.

Si, par exemple, je décidais de baptiser l'ensemble Montre + Petite chèvre blanche + Fourchette du nom mélodieux de "Filoussât", le Filoussât n'en deviendrait pas réel pour autant... Et pourtant, les parties qui le composent existent incontestablement.

Dans le cas des maladies psychiatriques, les parties (angoisse, idées noires, culpabilité, etc.) existent objectivement ; le tout, lui, n'existe que dans l'imagination de ceux qui y croient - surtout dans l'imagination de ceux qui se croient atteints, frappés par l'une de ces maladies.

Tout ça pour dire que les maladies mentales n'existent pas, ou plutôt, qu'elles n'existent que dans la mesure où y croient : ce qui creuse l'écart entre elles et les vraies maladies, les maladies physiques.

On peut avoir un cancer sans le savoir - mais pour être "bipolaire", il faut commencer par croire qu'on est bipolaire. Sinon, on se contente d'avoir des hauts et de bas... d'être un être humain normal, en somme ! Avec peut-être des hauts particulièrement hauts et des bas particulièrement bas, mais rien de plus.

Tant qu'on ne se croit pas "bipolaire", on n'est pas malade, et on ne doit pas se faire soigner. Par contre, on devrait peut-être apprendre à contrôler ses sautes d'humeur... ce qui est possible, si on le veut vraiment, si on se donne cette tâche pour objectif.

Mais ce n'est pas avec la volonté qu'on soigne les maladies, tout le monde vous le dira.

Le diagnostic psychiatrique est une malédiction parce qu'il change un trait de caractère, un défaut ou une faiblesse qui est à nous, qui est sous notre responsabilité, en une maladie que nous subissons, qui n'est pas sous notre responsabilité, et à laquelle nous ne pouvons rien.

C'est une malédiction parce qu'il nous passe les menottes de l'impuissance.

La faute au psychiatre ?

Je m'aperçois que les nombreuses critiques dont les psychiatres font directement ou indirectement l'objet dans ce blog pourraient tenter certains lecteurs d'accuser leurs psychiatre d'être responsable de les enfoncer dans leur mal-être - voire d'être purement et simplement à l'origine de leur mal-être.

Chaque fois qu'on accuse les autres (n'importe lesquels) d'être à l'origine de nos états d'âme, on fait l'impasse sur la moitié de l'équation qui nous concerne.

Quelle équation ?...

Celle-ci :

Situation + Réaction = Résultat

Nous n'avons pas de contrôle direct sur la situation présente : prisonnier des embouteillages, nous sommes indiscutablement prisonnier. Aucun moyen d'y échapper dans la seconde.

Par contre, nous sommes libres de nos réactions.

Comme disait je ne sais plus qui, nous sommes les maîtres des paroles que nous n'avons pas prononcées, et les esclaves de celles que nous avons dites...

Ce qui n'a qu'un rapport assez lointain avec le sujet, me direz-vous peut-être...

Si, quand même : notre liberté se trouve en amont de nos paroles, à cet instant parfois très bref, parfois à peine conscient, où nous choisissons de parler ou de nous taire, de nous énerver ou de garder notre calme, de faire preuve d'optimisme ou de nous laisser aller aux plaintes, d'assumer ou de chercher des excuses, etc.

Notre réaction est à nous ; elle n'est pas déterminée automatiquement par la situation. La preuve : prisonniers de la même situation, certains arrivent à la transformer en un moment agréable et constructif, tandis que d'autres s'y abîment la santé par colère, angoisse, etc.

Qu'un psychiatre puisse faire des dégâts... c'est une réalité. Mais il ne faut pas oublier que :

- nous sommes libres d'aller le voir, ou pas ;
- nous sommes libres de le croire, ou pas ;
- nous sommes libres de revenir le voir, ou pas ;
- nous sommes libres de nous soumettre à ses ordonnances, ou pas ;
- nous sommes libres de, etc.

En lisant un témoignage écrit par une américaine, j'ai été frappé par le peu de liberté que les patient-e-s américain-e-s se reconnaissent vis-à-vis de leur docteur ou psychiatre.
Mais peut-être qu'en France, c'est pareil ?...

Ces pauvres brebis continuent leur traitement, alors même qu'elles ont pleinement conscience qu'il les envoie en enfer (Akathisie, par exemple), parce que malgré toutes leurs supplications, leur docteur persiste et signe : il ne veut pas qu'elles arrêtent.

Alors, puisque leur docteur ne leur a pas donné l'autorisation d'arrêter, elles continuent, la mort dans l'âme, à avaler leurs cachets.

Pourtant, le docteur n'est pas là, à côté d'elles ; il ne leur braque pas le canon d'un révolver sur la tempe en leur disant "avale!"

L'autorité qu'il a sur elles n'est rien de plus que l'autorité qu'elles lui ont consenti. Il suffirait qu'elles lui retire le droit de leur dire quoi avaler, et ce serait fini : elles seraient libres.

"Les grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux : levons-nous !..." telle était plus ou moins la devise du journal révolutionnaire le plus vendu en 1789.

Les psychiatres, les docteurs ne sont tout-puissants que parce que nous leur remettons les pleins pouvoirs. Alors à quoi bon accuser ceux qui ne peuvent nous nuire qu'à condition que nous y consentions ?... à quoi bon les blâmer de notre propre crédulité, de notre propre soumission trop aveugle ?

Même s'il est bon de faire la différence entre les bons conseillers et les mauvais, on ne se libère de rien par la haine. Les émotions puissantes enchaînent toujours à ceux pour lesquels nous les ressentons.

Règle général : les 3/4 du temps, c'est de nous-même que nous sommes victime beaucoup plus que des autres.

Ce qui veut dire que nous avons toujours eu le pouvoir de ne pas l'être... simplement nous n'en avions pas conscience.

Petit souvenir d'hôpital psychiatrique.

Je suis en pyjama, sur mon lit ; le psychiatre débarque, et dans son sillage une ribambelle de jeunes gens zélés, ses étudiants peut-être. Il va leur montrer ce que c'est, l'hôpital ! Ces phrases tranchantes me font pleurer ; ses allusions sexuellement freudiennes m'agressent. Pourquoi veut-il à tout prix que je refoule des désirs malsains pour mon père ?... Je sanglote avec violence, criant mon désespoir d'être exclue de la vie ; une douloureuse compassion se lit sur les visages des jeunes gens, pas encore blasés (ça viendra). Le Grand Chef sort comme il était entré, en coup de vent, emportant sa suite avec lui - je reste seule à pleurer sur mon lit d'hôpital.

Alors ?

Est-ce "sa faute" ?

Je n'étais pas obligée de pleurer. Je peux bien sûr dire que c'était "plus fort que moi", mais en réalité, ce n'était pas plus fort que moi. J'ai joué mon rôle dans cette brève tragi-comédie. J'aimais étaler mes émotions en public... même si ça me faisait mal et m'humiliait aussi.

Il y a quelques temps, j'ai repensé à cette scène, et pour me faire plaisir, j'ai inversé les rôles.

Sur le lit d'hôpital, en pyjama à pois, les pieds nus, ce n'était plus moi, c'était lui.

Et le Grand Chef, c'était moi (très élégante dans une belle robe noire brodée spécialement pour l'occasion par mon imagination). Les jeunes gens étaient là, comme la dernière fois... groupés autour de moi, ils m'écoutaient avec respect.

Et moi, j'accablais ce pauvre psychiatre désarmé et inoffensif : "Alors ? On fait le moins malin, maintenant ? On a bien avalé ses cachets ?... Où est le pouvoir, maintenant ? où est la gloire ? Tous les traitements que vous avez infligé à vos patients, on va vous les infliger... un par un ! Oeil pour oeil, dent pour dent et cachet pour cachet..."

Mais au bout de vingt minutes, la scène perdait déjà tout son sel... Au final, je préfère largement avoir été "la victime" (toute relative) que n'importe quel autre participant à cette scène.

La souffrance s'efface, mais la culpabilité - la vraie - ne s'efface pas.

L'important n'est pas caché dans hier, l'important est à chercher du côté d'aujourd'hui et de demain : quels choix faisons-nous aujourd'hui pour préparer demain ?

La vie n'est pas un paradis inaccessible, un lieu de lointains délices ; la vie n'est pas à atteindre, à rejoindre - la vie n'est rien de plus que votre vie ; elle n'est rien d'autre que ce que vous faites chaque jour de vos heures, rien d'autre que la manière dont vous employez les minute qui vous sont accordées.

Il n'y a pas de répétition : cette vie-là est la seule chance qui nous soit donnée.

Alors, est-ce la faute du psychiatre, si...?

Ou est-ce que cette question est tout simplement sans intérêt ?...

Oublions le psychiatre ; oublions tous ceux qui nous ont fait du mal. Ils n'ont aucun pouvoir sur notre avenir, qui nous appartient.

Que faites-vous aujourd'hui ?
Que voulez-vous pour demain ?
Comment harmonisez-vous ce que vous faites aujourd'hui avec ce que vous voulez pour demain ?

Du Diagnostic Psychiatrique en tant que Malédiction

Vous avez été étiqueté "dépressif" ou "bipolaire".

(En fait, la liste des diagnostics possibles est beaucoup plus longue ; vous pouvez très bien remplacer par un autre nom, celui dont vous a affublé... la suite reste valable.)

Qu'est-ce qu'une malédiction ?... et quel rapport avec un diagnostic ?

Selon le dico, une malédiction c'est :

- "Un "Procédé magique qui utilise des formules à l'encontre d'une personne ou d'un animal dans le but de causer la ruine, la maladie ou la mort."

Cette magie, c'est, en l'occurrence, celle de la foi.

Car si nous n'accordions pas notre foi, notre confiance au diagnostic révélé, il ne pourrait pas nous faire du mal. C'est parce qu'on croit au pouvoir de la formule magique que celle-ci agit : quelqu'un qui a été diagnostiqué "bipolaire" mais qui ne croit pas à la pertinence de ce diagnostic est à l'abri de la malédiction qu'il contient...

Mais le dico donne aussi une autre définition de "malédiction" :

"Paroles par lesquelles on souhaite avec véhémence tout le mal possible à une personne, une famille, une ville, un pays, etc."

Les deux définitions se recoupent : souhaiter du mal à quelqu'un, c'est dans une certaine mesure lui en faire. La malédiction la moins magique l'est encore... elle est dotée de l'incontestable puissance du Verbe.

Je devine votre perplexité : Mais mon docteur (ou mon psychiatre) veut que je guérisse... il me veut du bien, non du mal!

C'est vrai.

Élargissons donc un peu, un tout petit peu, la définition de malédiction...
Convenons qu'une malédiction, c'est :

- des "Paroles par lesquelles on fait avec ou sans véhémence, volontairement ou involontairement, tout le mal possible à une personne, une famille, une ville, un pays, etc."

Avec cette définition-là - qui n'est pas si éloignée de celle du dictionnaire - le diagnostic psychiatrique est incontestablement une malédiction.

Car il fait énormément de mal (si on y croit : nous avons vu que c'est la condition sine qua non).

Comment ?...

Tout d'abord, on nous convainquant que "nous ne pourrons jamais guérir".

Pour comprendre comment la notion de "maladie mentale" (dépression, etc.) inclut inéluctablement celle de "maladie incurable", il suffit d'examiner ce qu'en disent les gens qui ont accepté un tel diagnostic : "mon état sera toujours très fragile...Snif." "On ne guérit pas de sa dépression... on apprend seulement à la gérer." Etc.

D'un point de vue purement logique, il y a aussi de bonnes raisons pour que toute maladie mentale soit - par principe - incurable... de même que toute guerre contre le terrorisme est - par principe - infinie.

Explication.

Dans la mesure où il n'y a aucune base biologique solide, aucun test qui permette de confirmer un diagnostic psychiatrique, il n'y a aussi aucun critère clair qui permette de l'infirmer.

En d'autres termes, personne ne peut jamais apporter la preuve qu'il est "guéri" - ou que quelqu'un d'autre est "guéri".

Pour mieux comprendre cette impossibilité, imaginons que - dans un univers parallèle au nôtre et présentant quelques similitudes avec le nôtre -, des psychiatres fous aient décidé de redéfinir la pauvreté comme une maladie mentale.

Dans ce monde parallèle, les pauvres gens qui souffrent de pauvropathie clinique, du syndrôme de la dèchose réactionnelle, ou encore d'un trouble financio-obsessionnel, sont tous soignés par leurs médecins avec des petits cachets aux noms évocateurs (Richamax, Luxotine, Sécuritasum, Vidoré).

Est-ce que ces médicaments les guérissent ?...

Vous vous doutez de la réponse.

Bien sûr, parfois, un ce ces pauvres gens gagne au Loto ou monte une entreprise prospère... mais comme il est persuadé qu'il souffre de pauvropathie clinique, il s'empresse de tout dépenser ou de tout perdre, et se retrouve gros jean comme devant.

Quand une étiquette est totalement inappropriée, il est d'autant plus difficile de la décoller : si par exemple, vous pensez que Julie est une blonde, le jour où elle se teint en brun vous n'aurez aucun mal à intégrer ce changement, et à décider que ce n'est plus une blonde, que c'est maintenant une brune. Mais si vous êtes persuadé que Julie est un poisson rouge, quel changement dans son apparence arrivera à vous faire changer d'avis ?... Aucun !

De même, lorsqu'on se met à croire qu'on est malade, qu'on souffre d'une "dépression" ou d'une autre maladie mentale, on accepte une étiquette qui, inadéquate à la base, ne se laissera décoller par rien.

On ne guérit pas des maladies qu'on n'a pas : ces maladies-là sont incurables.

C'est pour cela que les hypocondriaques ne sont jamais, jamais guéris et c'est pour cela que les maladies mentales ne sont jamais complètement terminées.

Enfin, si : elles sont terminées le jour où l'on décide qu'elles sont terminées - et c'est, en général, le même jour que l'on décide aussi qu'elles n'ont jamais commencées.

Résumons : un des premiers effets du diagnostic-malédiction, c'est nous convaincre que nous ne pourrons jamais guérir de la maladie qu'il nous assigne.

En d'autres termes, le diagnostic nous refile une maladie incurable.

Mais il ne s'arrête pas là.

La responsabilité de votre vie


Un extrait du Succès selon Jack.

ASSUMEZ L'ENTIÈRE RESPONSABILITÉ DE VOTRE VIE !
« Vous devez admettre votre responsabilité personnelle. Vous ne pouvez modifier les circonstances, les saisons ou le vent, mais vous avez le pouvoir de changer. » (JIM ROHN, Philosophe américain des affaires de tout premier plan)
L'un des mythes les plus fermement ancrés dans la culture américaine [et contemporaine, et française] d'aujourd'hui est que le succès est un droit acquis. D'une une façon ou d'une autre, quelqu'un (sûrement pas nous) se chargera de veiller sur notre bonheur, de nous offrir un plan de carrière épatant taillé sur mesure, d'organiser notre emploi du temps pour que nous puissions nous occuper de notre famille, harmonisera nos relations avec les autres, et ce, tout simplement parce que nous existons.
Mais la réalité - et il s'agit de la leçon centrale de ce livre - c'est qu'il n'y a qu'une personne responsable de la qualité de l'existence que vous menez.
Et cette personne, c'est vous.
Si vous voulez avoir du succès, vous devez assumer la pleine et entière responsabilité de tout ce qui arrive dans votre vie.
Ceci inclut vos réalisations passées, les résultats que vous obtenez aujourd'hui, la qualité de vos relations avec les autres, votre état de santé, votre condition physique, vos revenus, vos dettes, vos émotions - tout!
Et ce n'est pas toujours facile à accepter.
En fait, nous avons pris la mauvaise habitude de faire porter aux autres et aux événements la responsabilité des aspects de notre vie que nous n'aimons pas. Nous blâmons nos parents, nos patrons, nos amis, les médias, nos collègues de travail, nos clients, notre conjoint, le temps, l'économie, le signe sous lequel nous sommes nés, notre manque d'argent [notre dépression, nos maladies mentales] - toute chose, ou toute personne, à portée de la main, qui peut jouer le rôle de bouc émissaire. Nous ne nous tournons jamais vers la vraie source du problème, c'est-à-dire, nous-même...
Il est temps de cesser de chercher ailleurs les raisons de votre insatisfaction relativement à ce que la vie vous a apporté jusqu'à maintenant. Vous avez créé les circonstances dans lesquelles vous vivez aujourd'hui, vous êtes l'auteur de ce résultat.
Vous et personne d'autre !
Pour obtenir du succès - pour réaliser ce qui importe le plus à vos yeux - vous devez assumer la pleine et entière responsabilité de votre vie, et cela à cent pour cent. Rien de moins ne fera l'affaire.

Pourquoi vous n'aurez pas droit à "Joyeux Noël"...

Parce que si je vous le disais, ce serait seulement par peur de ne pas faire comme les autres ; par conformisme moutonnier et craintif autrement dit.

Noël est une fête dénuée de signification ; le 25 décembre n'est que la date d'une fête païenne, recyclée par le christianisme. Et même si les lumières, c'est joli, cette débauche de nourriture et de cadeaux obligatoires ressemble plus à une obligation qu'à un choix - du moins pour la plupart des gens... Les traditions sont une contrainte, et Noël est une tradition ; la seule marge de liberté qu'on s'autorise, en général, c'est la couleur des guirlandes.

Mais en réalité - pour ça comme pour le reste - on a un choix plus fondamental : guirlande ou pas guirlande ?

Certes, comme vous peut-être, j'ai envoyé quelques cartes à de la famille ; mais si je l'ai fait c'est pour préserver les liens familiaux, pas pour sacrifier au dieu Noël.

Mais ici - sur ce blog - ce n'est pas l'espace des conventions, c'est l'espace de la réflexion.

24 décembre 2008

Une question pas du tout constructive : "Comment vivre malheureux ?"

Les arcanes de la pensée négative et positive...

Nos pensées nous guident, nous orientent. A grande question, grande réponse ; à question négative, réponse négative.
Si vous tapez sur Google "comment vivre malheureux", il n'est pas du tout certain que vous trouviez la recette du bonheur... car ce n'est pas dans cette direction-là que vous cherchez.

A travers cette question-là, on peut comprendre quel est le problème - le problème général :

On se demande "comment vivre... alors qu'on est malheureux ?" alors qu'il faudrait se poser la question "comment vivre... pour être plus heureux que je ne le suis actuellement ?"

Bref : dans la première question, on accepte son malheur comme une donnée de base qu'on ne pourra jamais modifier, on cherche juste à aménager sa dépression pour la rendre plus confortable (comme si c'était possible), alors qu'avec la deuxième question, on cherche réellement une solution.

Examinez attentivement les questions que vous vous posez, et reformulez-les si nécessaires, en remplaçant les termes négatifs par des termes positifs : au lieu de vous focaliser sur ce que vous ne voulez pas, focalisez-vous sur ce que vous voulez.

C'est l'un des principes de base de toute réussite...

Enfin l'Eté 2005

[Lisez d'abord "Ma Coach Bien Aimée !".]

De retour à Paris, je compris, ou plutôt je sentis, que le décès de ma grand-mère avait changé quelque chose.

Non... je n'étais pas triste. J'avais été triste avant - mais là, c'était fini.

D'ailleurs... (et même si ça peut sembler choquant...) je n'avais jamais beaucoup aimé ma grand-mère ; peut-être même que je ne l'avais jamais aimé du tout.
Nous n'étions pas de la même espèce, elle et moi. Mais comme je ne savais pas à quelle espèce j'appartenais, je ne me l'étais jamais dit en ces termes.

Et puis, on était en été.

ça peut paraître un détail ; après tout, il y a un été chaque année. Il faut bien être dans une saison, non ?

Mais pour moi, l'été avait toujours signifié quelque chose de plus.

J'avais intitulé mon grand roman (le premier, celui que j'ai écrit pendant des années, sans jamais le terminer) "Avant l'été". L'été, c'était le moment où tout se révèle, où tout devient clair et réel.

Et puis surtout... on était en 2005.

Là aussi, on peut trouver ça dérisoire : après tout, il faut bien être dans une certaine année, non ?

Mais à ce moment-là - lorsque je fus de retour à Paris, après le décès de ma grand-mère - ce chiffre 2005 devint soudain significatif.

Je me rappelai soudain - j'avais complètement oublié - que j'avais écrit dans un texte, 5 ans auparavant, que l'année 2005 serait celle où je rencontrerais l'homme de ma vie. Ce n'était pas un objectif, mais une espèce d'intuition très catégorique que j'avais mise par écrit, dans un (mauvais) roman autobiographique...

Tout ça peut sembler dérisoire ; juste des souvenirs de mes écrits qui ressurgissaient et se réunissaient.

Mais ils s'assemblaient comme les pièces d'un puzzle d'une manière qui pour moi était impressionnante - comme si je prenais conscience que j'étais située à un point très important.
Comme si je m'apercevais que mes pieds étaient posés à l'intersection d'une croix géante : que j'étais au centre de quelque chose...
De ma vie, peut-être.

[Si mes souvenirs vous embêtent, arrêtez de lire... la suite va être encore plus bizarre, insaisissable et brumeuse. Et je m'excuse de m'étendre autant sur ces souvenirs personnels, mais bon, un blog c'est aussi pour se faire plaisir.]

Quel rapport avec ma grand-mère ?...

Je ne la voyais pas souvent ; mais son existence pesait lourd dans un plateau de la balance ; le plateau opposé ne faisait pas le poids. Son décès changea l'équilibre des forces en présence, comme lorsqu'on enlève quelque chose de pesant.

Pourtant, elle ne m'avait jamais tyrannisé... jamais forcé à rien...

Alors pourquoi je me sentais soudain - disons, non, ce n'est pas libre, ni libérée, mais... comment dire... plus riche en possibilités ?

J'eus encore une autre prise de conscience - là encore, liée à mes écrits intérieurs.
Une histoire que j'avais écrite adolescente, et qui m'avait même valu un prix littéraire... je m'aperçus que le vilain nain de mon histoire pouvait être comparé à l'homme de mes rêves - celui que je convoitais depuis 3 ans (en vain).

Comme le vilain nain... il avait une belle voix.
Comme le vilain nain... il était vilain - c'est-à-dire, pas beau.
Comme le vilain nain... ses discours séducteurs ne conduisaient que vers la mort et le sang.

L'homme de mes rêves ne m'était d'abord apparu que par ses mots : nos échanges étaient restés, pendant longtemps, purement virtuels. Et le vilain nain aussi séduisait l'héroïne par sa voix, tout en restant invisible.

Bref... je retrouvais plus ou moins, dans une histoire inventée lors de mon adolescence, la structure de l'histoire réelle que j'avais vécu 10 ans plus tard... et celui que j'avais pris pour mon prince charmant y jouait le rôle du méchant !

Autrement dit, je voyais soudain mon Grand Amour pour lui sous un tout autre jour. Lui n'était plus l'idéal inaccessible, mais plutôt le leurre mortel, le rêve qui tue, l'illusion qui mène à la mort.

Et du coup, le rôle du héros (il y en avait un dans mon histoire, qui finissait bien) restait vacant...

Ce qui s'arrangeait parfaitement avec mon auto-prédiction, puisque j'étais sensée le rencontrer en 2005.

D'ailleurs... lorsque j'avais rencontré l'homme-de-mes rêves [pour simplifier je vais lui donner un prénom, disons Damien], j'avais trouvé étrange qu'il soit en avance au rendez-vous fixé de 2005.
Maintenant, ça devenait logique : Damien était en avance au rendez-vous parce qu'il n'avait pas rendez-vous !
Ce n'était pas lui, l'homme de ma vie.

Une série de souvenirs qui s'emboîtent, et soudain, une prise de conscience : Damien - pour qui j'éprouve une passion unilatérale depuis des années, pour qui j'ai déménagé à Paris, pour qui je souffre l'enfer d'un amour dévorant et désespéré -, Damien, donc, n'est pas l'homme de ma vie.

Par un chemin assez mystérieux, j'arrive enfin à la conclusion qui est évidente pour tout le monde, et que ma coach essaie de me faire rentrer dans le crâne depuis des mois.

Nous sommes l'été 2005 et le Changement arrive.

Je sors du placard les précieuses pages où j'ai imprimé nos échanges virtuels, à Damien et moi... (Je les gardais là comme une relique) je les découpe avec des ciseaux par petits bouts, je jette certains bouts, puis finalement je jette tout...

L'équilibre des forces en présence change de plus en plus - ça reste subtil, ça reste invisible, mais c'est réel. Par ce geste - découper et jeter - je concrétise une intention toute nouvelle. Le Changement approche.

Bon allez cette fois-ci je dis stop ! à suivre peut-être.

La dépression est un choix... faites un autre choix !

[Titre provocateur qui va certainement en faire fulminer certains - le contenu est un peu moins à l'emporte-pièce, rassurez-vous. Je m'inspire ici encore de "La dépression est un choix"]

Nous ne pouvons pas dire "Je ne veux pas être déprimé" de la même façon que nous pouvons dire "Je ne veux pas faire un gâteau, je ne veux pas aller au cinéma" - pourquoi ?... Parce que nous ne pouvons pas "fabriquer" des sentiments directement.

(Enfin... si, dans une certaine mesure : si nous nous forçons à sourire, notre sourire stimule des hormones du plaisir. Le fait de sourire, se tenir droit, parler sur un ton dynamique, etc., est un artifice qui a des répercussions positives sur l'humeur.)

Mais lorsque le sentiment est là, il est là - on ne peut pas le faire disparaître d'un claquement de doigt.

Où est donc le choix ?...

Ce que nous pouvons faire, face à nos sentiments, c'est :

1/nous concentrer sur eux, leur consacrer toute notre attention ;
2/ou inversement détacher notre attention d'eux, regarder ailleurs.

Les sentiments ne sont pas sous notre contrôle direct comme l'est notre comportement. Quant un sentiment est là, nous pouvons seulement y faire attention (le condamner, le justifier, le dramatiser, nous concentrer sur lui, etc.) ou l'ignorer (au sens de : faire comme s'il n'était pas là).

Si - le jour de Noël - vos invités arrivent avec des chocolats et des fleurs et que vous les ignorez superbement, que vous faites exactement comme s'ils n'étaient pas là, il y a peu de chances qu'ils s'attardent, ni qu'ils reviennent. Les sentiments ne sont pas aussi susceptibles - ils reviendront - mais eux aussi sont découragés par l'indifférence qu'on leur manifeste.

Un sentiment est un invité qui nous sollicite, un représentant qui vient nous vendre sa marchandise : c'est à nous de choisir si nous sommes intéressé, ou non. Si nous ne sommes pas intéressé, le plus sûr est de ne pas prêter attention à l'importun. Surtout, ne pas se lancer dans de grandes justifications, ne pas entrer dans un débat avec lui - c'est ce qu'il cherche. Plutôt, l'ignorer superbement, faire comme s'il était déjà parti... il partira.

Les sentiments (pénibles) ne peuvent être gérés directement : on ne peut les manoeuvrer que de manière indirecte.

- Les ignorer quand ils sont là - ce qui impliquent qu'on se concentre sur autre chose, par exemple sur ce qu'on doit et va faire dans les minutes, heures, jours qui arrivent.
- identifier puis arracher leurs racines, c'est-à-dire les idées/croyances qui leur ont donné naissance.
- cultiver délibérément des croyances/idées/sentiments inverses.

Ce dernier point est important.

Pour ne plus penser à un éléphant rose, il ne faut pas se dire "je ne dois plus penser à l'éléphant rose", ce qui ne fait que renforcer notre focalisation sur le dit éléphant, mais concentrer son attention sur une souris verte (par exemple).

De même, pour se débarrasser de sentiments négatifs, il ne faut pas se focaliser sur les sentiments à extirper, mais sur d'autres sentiments, incompatibles avec ces sentiments négatifs...

C'est très basique ce que je dis là... mais concrètement, dans la vie de tous les jours (en fait, il n'y en a pas d'autre), on a tendance à l'oublier. On se focalise sur le problème au lieu de se focaliser sur la solution.

On pense "dépression... dépression... dépression..." au lieu de penser à... là ça devient plus personnel, au lieu de penser à tout ce qui nous rend heureux, ou tranquille, ou qui suscite en nous un agréable frisson d'anticipation. Le fait même de se concentrer sur un moment de bonheur vécu peut suffire à modifier l'orientation d'humeur d'une journée entière.

Mais si on se focalise sur la "dépression", c'est en général qu'on s'y identifie.

On croit qu'il y a là dedans, dans ce mot-là, dans les profondeurs vaseuses et ténébreuses de ce mot-là, une vérité à extraire - une vérité sur nous...

Un peu comme les mordus d'astrologie peuvent cogiter pendant des semaines sur leur thème natal, et dévorer tous les livres qui parlent de la conjonction saturne/mars : s'ils sont tellement fascinés, c'est qu'ils croient qu'une vérité essentielle, primordiale, centrale est cachée par là.

Une vérité sur eux - sur leur véritable identité.

Cette question de l'identité tracassent tous ceux qui ne savent pas très bien qui ils sont... et ça fait énormément de monde ! Lorsqu'on sait qui on est et qui on veut être (les deux se recoupent), on ne peut plus tomber dans ce genre de piège.

Qui peut nous dire qui nous sommes ?

Certainement pas les psychiatres. Ce sont des chineurs.

Ils vont au marché aux puces de l'HP (pas pour Hôpital Psychiatrique, mais pour Humanité Perdue) rachètent pour un prix dérisoire tous les vieux symptômes qui traînent, s'approprient aussi tous les petits ou grands états d'âme qui n'ont jamais été considéré comme des symptômes, puis bidouillent tout ça pour en faire de nouvelles maladies mentales.

Bricoleurs créatifs, artistes si vous voulez - mais certainement pas maîtres ès identité.

Ils ne peuvent pas nous dire qui nous sommes. D'ailleurs, savent-ils eux-mêmes qui ils sont ?... Rien n'est moins sûr. Et peut-être que la seule (mais elle est énorme) différence entre eux et nous, c'est que eux, ça ne les dérange pas.

Où en étais-je ?...

La question de l'identité est une question glissante ; et il est facile de s'y perdre. Tellement facile...

23 décembre 2008

Broyer du noir et broyer du noir

[à un réponse à un lecteur qui se demande quelle est la différence entre ma manière de broyer du noir et celle d'A. Solomon, l'auteur du Diable intérieur - Anatomie de la dépression]

Les mêmes mots peuvent avoir des sens très différents selon le contexte dans lequel ils sont employés, et selon les personnes qui les prononcent...
Quand A. Solomon explique dans "Le Diable Intérieur" qu'il broie du noir tous les jours et quand j'explique qu'il m'arrive d'en broyer, on ne parle pas du même genre de noir.

Broyer du noir (selon A. Solomon) revient à :

1/ percevoir son existence comme insignifiante ;
2/ être fortement tenté par le suicide.

Broyer du noir (quand je dis que j'en broie de temps en temps) signifie que :

1/ je me sens vaguement anxieuse ;
2/ j'ai la sensation que la réalisation de mes projets risque d'être reportés aux calendes grecques et que je manque de la volonté nécessaire ;
3/ je me sens un peu coupable et en tort en raison d'un comportement ou d'une parole précise que j'ai eues ;
4/ j'ai l'impression d'être à l'étroit, de manquer d'espace.

Autrement dit, je ne suis absolument pas tentée par le suicide et je ne perçois pas mon existence comme insignifiante (au contraire, elle me semble péniblement, lourdement significative dans les moments où je vais mal - et plaisamment significative dans les moments où je vais bien).

Le seul point commun que je peux voir entre Solomon et moi, c'est qu'il n'est pas insouciant et désinvolte, et que je ne suis pas insouciante ni désinvolte non plus.

Quant à ceux qui se demanderaient pourquoi je recommande si chaudement Le succès selon Jack... c'est parce que c'est réellement un livre qui vous sera extraordinairement utile si vous le lisez.

Et si j'insiste, c'est qu'avec le temps et certaines réactions de lecteurs, j'ai compris qu'un simple conseil donné en passant n'avait aucune espèce d'impact, et qu'il y a un long chemin (intellectuel, affectif, etc.) à parcourir pour aller jusqu'à l'achat et la lecture de livres qui sont très éloignés des chemins battus.

Si j'étais fonctionnaire, je me dirais peut-être "j'ai donné un bon conseil en trois syllabes, "lisez ce livre" ; j'ai fait mon boulot, s'ils ne le suivent pas c'est leur problème", mais je ne suis pas (enfin je ne suis plus) fonctionnaire, et donc je me dis plutôt :

"Si je n'insiste pas, si je n'explique pas mieux les tenants et les aboutissants de ce choix, ils laisseront courir et n'en tireront pas parti..."

J'avais déjà conseillé "Le succès selon Jack" dans des anciens articles (avec d'autres livres, qui sont dans les conseils de lecture) et je n'ai jamais eu aucun commentaire en retour d'un lecteur qui l'aurait lu... alors que "Principes de logique" et "Triomphez de vos soucis" a été lu et apprécié par plusieurs lecteurs.

J'imagine que c'est lié au titre du "Succès selon Jack" - lorsqu'on se sent au plus mal, le mot "succès" ne fait pas tilt du tout ; il ne s'intègre pas au cercle de nos préoccupations. C'est un étranger qui ne ressemble pas à nos pensées familières, qui ne s'y accroche pas, qui glisse...

Et puis, il y a aussi l'amertume de se dire : "lui a peut-être du succès, mais moi..." qui peut dégoûter du titre.

Tous ces facteurs peuvent jouer, et jouent. C'est pourquoi il est nécessaire que quelqu'un fasse un pont entre l'état d'esprit "dépressif" et ce livre si utile, si constructif.

Heureux comme vous : l'erreur salvatrice

Ce soir, il va être question d'identité.

Lorsque j'étais encore une très jeune fille, j'étais abonnée au magazine Astrapi.
L'un des numéros dont je faisais mes délices racontait en bandes dessinées l'histoire du poète par excellence : Rimbaud. Entre les bulles, des passages significatifs de ses poèmes étaient tracés à la plume, dans une écriture assez fleurie.

L'un d'eux m'a marqué ; il se terminait par ces mots : "...heureux comme une femme".

En fait, si vous connaissez le poème, vous savez déjà que ce n'était pas "heureux comme une femme" mais "heureux comme avec une femme". Mais moi j'ai lu "heureux comme une femme".

Ce qui a ouvert à mon imagination tout un monde de possibilités riantes...

J'étais une femme ; ou du moins, j'allais en devenir bientôt une. Je serais donc heureuse ! Heureuse par définition, comme le pinson est gai par définition. D'une erreur de lecture est née la croyance en mon bonheur futur...

Ce genre d'erreur ne fait que du bien ; mais on peut faire l'erreur inverse. Et dans ce cas, on n'a hélas même pas besoin de se tromper : il suffit de savoir lire.

Combien de livres suggèrent, impliquent ou disent qu'on peut être...

"malheureux comme une femme"
"malheureux comme un homme"
"malheureux comme quelqu'un d'intelligent"
"malheureux comme quelqu'un de sensible"
"malheureux comme quelqu'un qui a des hauts et des bas"
"malheureux comme un chômeur"
"malheureux comme une femme au foyer"
"malheureux comme un employé"
etc.!

Si on se laisse convaincre qu'on est essentiellement "dépressif", on interprètera ses moments de bonheur comme des parenthèses insignifiantes et sans conséquences ; si on se persuade qu'on est essentiellement "heureux", on interprètera ses moments de dépression comme des parenthèses insignifiantes et sans conséquence.

Se reconnaître "dépressif", s'identifier à cette étiquette, ce n'est pas comme se reconnaître alcoolique.

Un alcoolique qui ne s'avoue pas son alcoolisme n'a aucune chance de s'en débarrasser : il doit d'abord s'avouer son mal pour le combattre. Mais la dépression est quelque chose de nettement plus immatériel et subtil, et le fait même de s'identifier au mot conduit à pérenniser ce qu'il désigne. Se penser "dépressif", c'est mettre le malheur au centre de sa vie, au centre de son moi. Ce qui ne prépare par des lendemains qui chantent...

Je me suis trompée, c'est vrai.
Les femmes ne sont pas la référence en fait de bonheur ; en être une ne garantit pas une existence délicieuse.
Mais mon erreur m'a convaincu que le bonheur était quelque chose qui faisait naturellement parti de moi...
Croyance utile pour les mauvais jours : grâce à elle, la souffrance ne devient jamais "normale" ; grâce à elle, on continue à chercher sans relâche une solution, jusqu'à ce qu'on la trouve.

Inversement, de nos jours, beaucoup de personnes se laissent persuader que c'est le malheur qui fait naturellement parti d'elles...
Qu'il est inscrit dans leurs gènes (comme le bonheur était inscrit, selon moi, dans mes chromosomes XX) et dans leur cerveau.

Un dépressif heureux, est-ce que ça existe ?

Tant qu'on se considère comme "dépressif", le bonheur ne saurait être qu'un malentendu.

Cette étiquette poisseuse, "dépressif", collez-la sur votre frigo, sur votre chien ou sur votre psychiatre, mais ne la collez pas sur vous : elle ne vous fera pas de cadeau.

Livres, courage intellectuel et différence

Le coeur a un champ électro-magnétique qui peut être perçu à plusieurs mètres ; peut-être que les livres récupèrent, par la force des mots, quelque chose du champs électro-magnétique du coeur de leur auteur - et que le lecteur le perçoit ?...
Hypothèse fantaisiste ; mais c'est vrai que chaque livre rayonne d'une aura qui correspond exactement à la personnalité profonde (et non apparente) de son auteur.

Par exemple...

Je n'ai rien contre l'auteur de "Guérir" (David S... j'ai oublié son nom) et ses idées me sont même relativement sympathiques, n'empêche que son aura à lui me donne mal au coeur. Question de feeling ?...

Oui et non ; les idées et la personnalité se font mutuellement écho.

A. Solomon, l'auteur de "Diable intérieur", a été perçu comme un auteur "positif" par certains, peut-être parce qu'ils étaient en parfait accord avec ses idées et sa personnalité profonde. Peut-être aussi parce que son dernier chapitre s'intitule "espoir" - mais est-ce que ça suffit ? Voilà quelques lignes tirées de la dernière page de son pavé étouffant (ce n'est pas moi qui le dit, ce sont ses lecteurs sur amazon.fr) :

"Presque tous les jours, je connais des éclairs de désespoir.. je souhaite être renversé par une voiture... je sens dans ma bouche le goût délicieux d'un canon de revolver, etc."

Le goût délicieux d'un revolver ! Non mais des fois ! Il devrait essayer les canons de revolvers en salade, à midi, sans vinaigrette, pendant quinze jours : ça lui rendrait peut-être le goût du pain !

Bon je fais de l'humour noir et ce n'est pas gentil, je sais, je sais...

Enfin juste pour dire que l'auteur ne clame pas vraiment le fait qu'il s'en est sorti - ou qu'il le clame d'une manière suffisamment ambigüe pour qu'on n'y croit pas.

Chaque livre que l'on lit est une direction que l'on prend ; lorsqu'on a pris plusieurs fois à gauche, il devient plus difficile de prendre à droite.

La plupart des gens passent leur vie entière en tournant dans le même cercle de livres : bien sûr, ils ne lisent pas toujours les mêmes, mais ils lisent toujours le même genre - et c'est ça qui les bloque là où ils sont.

Les grands changements sont réservés aux personnes qui font un pas hors du cercle de leurs préoccupations et de leurs lectures habituelles. Réservés à ceux qui osent - car il faut un courage intellectuel qui n'est pas moindre que le courage physique.

ça vous paraît facile, d'aller dans une librairie, d'acheter par exemple "Le Succès selon Jack" et de le lire ?...

Détrompez-vous.

Ce n'est pas facile du tout ; et la preuve : vous ne le ferez pas.

Malgré les apparences, c'est trop difficile.

Comment se lancer dans une lecture si loin de votre mode de pensée habituel ?... C'est comme faire le grand écart quand on a de l'arthrose, ou descendre le grand canyon en canoë quand on ne sait pas nager et qu'on a peur de l'eau.

Vous trouverez mille excuses pour ne pas vous le procurer - vous n'avez pas l'argent, ce n'est pas le moment, mieux vaut attendre votre anniversaire, etc. Et au final, vous laisserez tomber.

Vous suivez sans vous en rendre compte une route invisible, et "Le Succès selon Jack" est hors de votre route, en plein champs. Pour aller le chercher, il faut faire un effort énorme, enjamber la rambarde, traverser les ronces, contourner la clôture, etc.

Je le sais, parce que j'ai vécu le même genre de difficultés - pour ce livre-ci (le succès selon Jack) et pour d'autres.

Et j'ai constaté quelque chose : les livres qu'on hésite le plus à acheter, ceux qui provoquent en nous l'ambivalence la plus forte, sont presque toujours les plus décisifs, ceux qui déclenchent les plus grands changements.

Je me rappelle par exemple... de ce certain livre ; il me tentait terriblement, et en même temps il me semblait que ce n'était pas une bonne idée, pas le moment, que ça ne servait à rien - en fait, je me sentais vaguement coupable de le désirer... Finalement, je me suis décidée, je l'ai lu, et il a changé complètement ma vie !

Vous avez de la chance.

Vous avez la chance d'être tombé sur ce blog : en tant que "dépressif", vous avez droit à un discours psychiatrique qui plombe, enfonce, coule de toutes les manières possibles et imaginables ; mais ce blog vous indique une direction totalement différente, une direction dont votre médecin ou psychiatre ne vous dira jamais un traitre mot, la seule qui permette de construire une vie nouvelle, belle, un avenir enfin ! Et pas simplement une pâle photocopie de votre passé.

Ce que je veux dire par là, et si j'insiste c'est que c'est réellement très important, c'est que si vous faites l'effort (car ce sera vraiment un effort) de vous procurer "Le succès selon Jack" et de le lire, vous découvrirez des perspectives et des possibilités que vous ne pouvez même pas imaginer actuellement.

La plupart des gens ne se rendent absolument pas compte de l'importance des livres dans leur propre vie ; ils ne se rendent pas compte de l'impact que leurs lectures ont eu sur eux.

Moi je m'en rends compte - je m'en rends compte, parce que j'ai changé de lectures, et que ça m'a complètement changé.

Ce qui vous semble un détail (500 pages, 28 euros) peut faire dans votre vie une différence énorme... aussi énorme que celle qu'il existe entre le suicide et le bonheur.

ça vous paraît incroyable?...

Parce que vous n'avez pas encore lu les livres qui sauvent, éclairent, redressent.

On peut passer sa vie à lire des romans de manière boulimique sans jamais feuilleter le genre de livres dont je parle. Il faut y être d'une manière ou d'une autre guidée, car l'inertie et le diable intérieur dont parle Solomon (et qu'il ne déteste pas tant que ça) ne nous laissent pas faire.

22 décembre 2008

Dépression, Logique et Bonheur

Loin de moi l'idée de sous-estimer le coeur... c'est lui qui nous fait vivre et c'est de lui que l'on vit : sans émotion, nous sommes à demi-mort, et lorsqu'il s'arrête de battre, nous le sommes complètement.

Mais la logique - cette faculté mentale - est tout aussi importante.

Et lorsque le coeur entre en conflit avec elle... méfiez-vous du coeur !

On sait depuis longtemps que la dépression s'accompagne de confusion mentale : pensée ralentie et logique défaillante.

Mais est-ce que c'est la dépression qui cause ce manque de logique, ou ce manque de logique qui cause la dépression ?
Les deux.
C'est pour cela que la logique peut être, est dans une certaine mesure, un chemin vers le bonheur (comme le titre de cet article le suggère). Entre la dépression et le bonheur, il y a la logique.

Il n'y a pas qu'elle...
...Mais il y a elle.

Les émotions nous bousculent, nous emportent, nous secouent comme des pruniers, nous désorientent comme des girouettes - la logique, elle, nous équilibre ; grâce à elle, nous pouvons vivre comme ces culbutos qui toujours se relèvent.

Si Edith Piaf avait étudié la logique, elle aurait peut-être vécue un peu plus tranquille (et n'aurait pas chanté moins bien).

Il n'y a rien à perdre dans l'étude de la logique.

Car la logique n'est pas comme les antidépresseurs : elle ne supprime pas les émotions.
Elle exerce seulement un contre-pouvoir qui en modère l'expression et en canalise la force : au lieu de subir des inondations dévastatrices suite à des débordements émotionnels, on construit les digues et les écluses qui rendront le fleuve praticable.

Mais l'effet de la logique ne s'arrête pas là.

Car elle ne permet pas seulement de discipliner ses émotions, elle permet aussi :

1/ de sentir, de vivre, de ressentir sa propre intelligence (sensation délicieuse) ;
2/ de comprendre ce qui se passe en soi et hors de soi.

Le ventre a besoin de nourriture ; la tête aussi. La malbouffe industrielle est aux produits biologiques ce que sont les sophismes aux raisonnements rigoureux. Nourrir sa tête est encore plus important que nourrir son corps : la nourriture du corps nous donne de la force ; la nourriture de la tête nous donne une direction.

Et au lieu de chercher à vous convaincre... Je vais plutôt relire "Principes de logique", tiens !

21 décembre 2008

La logique : intemporelle et désirable

La logique permet de penser, parler et agir selon les lois de la Sagesse – à laquelle j'accorde une majuscule parce qu’elle la mérite.

C’est du moins ainsi qu’on voyait les choses il y a soixante ans de cela.

Et quoique depuis, la logique d’autrefois ait disparu dans les oubliettes de livres poussiéreux pour renaître sous une forme méconnaissable et très allégée dans des tests et des jeux, que les voitures aient changé mille fois de formes et de couleurs, que les immeubles aient poussé comme des champignons, qu’on ait connu un choc pétrolier et le mazout sur les plages, que la lisière des jupes aient remonté au dessus des genoux et que les pantalons descendent toujours plus bas vers les fesses, qu’Internet ait fait son apparition, quelque chose n’a absolument pas changé : aujourd’hui comme hier ou avant-hier, la logique continue à être une proche cousine de la Sagesse.

En effet la logique n’a pas d’âge ; elle ne connaît pas la mode. Ce qui était logique hier continue à l’être aujourd’hui. La véritable définition de la logique reste donc stable. Elle ne peut changer avec la direction du vent ou le nouveau gouvernement : elle est immuable. Plus immuable encore que les châteaux Cathares, qui défient de leurs vieilles pierres obstinées des flots bariolés de touristes éphémères.

Certains savants fous ont bien tenté de mettre à la mode « la logique floue », concept aussi paradoxal que « la sphère cubique » et « le mammifère ovipare »... mais ça n'y change rien.

Quand bien même leur concept bizarroïde rencontreraient les acclamations de la foule en délire, la logique n’en changerait pas de nature pour autant. Est logique ce qui est clair, rigoureux, cohérent, irréfutable. Autrement dit, est logique ce qui est logique.

Le flou est parfois artistique ; il n'est jamais logique.

Ce sont les personnes calmes et réfléchies qui pratiquent et apprécient le plus la logique. Mais si vous n’appartenez pas encore à cette catégorie des « personnes calmes et réfléchies », rien ne vous empêche d’y entrer : il suffit de cultiver la logique dans votre jardin intérieur…

Votre jardin est déjà ensemencé de graines de logique, car la logique est une faculté innée, que chacun porte en lui à la naissance. Ensuite, la logique se développe et pousse plus ou moins bien, selon la nature du sol, selon la manière dont on s’en occupe, et enfin selon les autres plantes que l’on cultive dans son jardin. Choisissez de soigner votre logique, de l’arroser, de la bichonner, d’arracher toutes les plantes parasites qui pompent sa sève ou lui font de l’ombre, et vous verrez qu’elle se développera avec une vigueur inimaginable en l'état actuel des choses.

La modération, art du juste milieu, permet de raisonner clairement, en toute liberté. Ce précieux équilibre, c’est à la fois la condition et la conséquence d’un esprit logique : pour raisonner logiquement, on a besoin d’une certaine sérénité, mais c’est aussi lorsqu’on raisonne logiquement que l’on acquiert de la pondération.

Le monde extérieur influence toujours notre esprit ; un événement inattendu, la tristesse, la joie, la colère, le désir, le stress, un coup de blues… orientent notre sensibilité, se répercutent sur notre manière d’être et d’agir, troublent notre raisonnement.
La joie pousse à l’irréflexion et à l’imprudence ; la peur aveugle, paralyse, conduit aux actes les plus absurdes et contradictoires ; la colère fait prononcer des paroles et accomplir des actes incontrôlés dont on se repent souvent par la suite. Lorsqu’on se laisse happer par l’envie, la haine, les passions brûlantes, on cesse d’être logique : le jugement est un appareil de mesure délicat que les passions dérèglent.
Dans cet état-là, on ne comprend pas ce qu’est la logique, ni l’intérêt qu’elle présente – et pourtant, on en aurait bien besoin, pour éviter tous les pièges où l’on se rue tête baissée à cause de son impulsivité.

Le Succès selon Jack

Voilà un livre qui peut vraiment faire une différence dans une vie... Plusieurs de mes élèves l'on lu. Ces élèves-là ont changé d'attitude. Ils sont devenus plus souriants, plus optimistes... une différence extérieure évidente et rapide ; mais c'est au long terme que "Le succès selon Jack" montre ses fruits.

C'est un livre extrêmement riche, collection de recettes éprouvées pour obtenir ce que l'on veut de la vie. Parmi les centaines, les milliers de livres que j'ai lu au cours de mon existence, celui-là est certainement l'un de ceux que je placerais en tête, parmi les meilleurs.

Pas les meilleurs d'un point de vue littéraire - à quoi ça sert ?... - mais les meilleurs du point de vue de l'aide qu'il apporte.

"Le succès selon Jack" de Jack Canfield est un livre utile.
Un livre extrêmement, considérablement, utile.

Toute personne qui a des rêves et qui voudraient les réaliser est concernée par ce livre, et devrait le lire de toute urgence.

Comment arrêter les "médicaments"...

Ce n'est pas mon domaine, et en cherchant sur le net on peut trouver toutes les infos nécessaires, mais je voudrais tout de même rappeler 2 points :

- arrêter d'un coup peut être problématique, surtout quand on en prend depuis longtemps (et "longtemps" varie selon les personnes) : une diminution progressive des doses est paraît-il plus facile à supporter ;

- tout sevrage, progressif ou non, est par définition pénible (y compris celui du sucre blanc...)

20 décembre 2008

Toujours le Diable Intérieur

Voilà... pour prolonger le commentaire d'un lecteur : lorsqu'on garde les yeux constamment fixés sur la dépression, il n'est pas vraiment étonnant qu'on y reste. Solomon a consacré 5 ans de sa vie à écrire son "Diable Intérieur", et au final, il est toujours au même point.

Un passage de son bouquin, très révélateur, montre d'ailleurs que pour lui changement = dégradation.

Voici l'extrait :

"Les voix du passé reviennent comme les voix des morts pour compatir avec nos changements et au passage des ans."

"Compatir avec nos changements" ! Hum !

Autrement dit, tout changement est une dégradation, une perte, un échec ou un deuil ; l'amélioration de soi est un concept qui est totalement inconnu à Solomon...

Je ne dis pas ça pour le casser, juste pour mettre en lumière la personnalité de cet auteur, qui a mine de rien beaucoup d'impact, puisque son livre est considéré comme une référence (cf. les commentaires sur amazon.fr)

Et comme quelqu'un pourrait être tenté de dire : "et vous alors?! Toujours fourrée sur votre blog à parler de dépression ?! Vous êtes dans la même situation que A. Solomon !"

Je réponds à l'avance :

Pas du tout, ça n'a rien à voir...

J'ai commencé à m'intéresser à la dépression au moment précis où elle a cessé de s'intéresser à moi, et je ne m'y suis intéressée que pour aider les gens qui vont mal (ce n'est pas d'ailleurs de l'altruisme au sens désintéressé du terme, car il y a d'innombrables bénéfices à aider les autres).

Si j'ai lu tous les bouquins que j'ai lu sur la dépression, c'est uniquement pour savoir ce qu'ils racontent et pouvoir éventuellement m'inspirer de leur contenu ou y répondre - je n'ai aucune espèce de fascination pour le sujet en tant que tel.

J'ai trouvé malgré tout leur lecture assez démoralisante et attristante ; non pas tant à cause du sujet que de la manière dont il est traité (victimite, symptomite, morbiformation, médicalisation des problèmes existentiels, apologie des "médicaments", des électrochocs, etc.) - j'ai d'ailleurs pour projet, dans un avenir pas trop lointain, d'écrire un livre sur le bonheur... ne serait-ce que pour le plaisir de lire avant tous les bouquins qui ont été écrit sur le sujet, pour changer un peu !

De plus, j'ai ma recette secrète de l'équilibre intérieur à laquelle je fais appel dès que j'ai une baisse de régime ; c'est elle ma force invisible.

Pour revenir à Solomon... son apologie des cachets a quelque chose de pathétique ; elle est une auto-justification un peu trop évidente de son propre choix pas si satisfaisant... voire pas du tout satisfaisant...

Il dit lui-même : "J'ai décidé de ne pas arrêter les médicaments. Je ne suis pas sûr d'être accro mais je suis dépendant". Indépendamment du fait que la différence entre "accro" et "dépendant" est insaisissable, dans la mesure où il est dépendant, ce n'est pas tant lui qui a décidé de ne pas arrêter, que les médicaments qui ont décidé de continuer...

Car si on traduit sa phrase, voilà ce qu'elle signifie :

"J'ai décidé de ne pas arrêter les médicaments parce qu'ils ne veulent pas me laisser arrêter."

Est-ce vraiment ce qu'on appelle une décision ? Oui, mais seulement au sens minimal du terme. C'est une décision dans la mesure où il n'est pas capable d'en prendre une autre... rien de plus.

à la page 154, Solomon se lance dans une justification de la prise des médicaments qui n'est pas piquée des hannetons :

"Prendre des médicaments est une façon de se battre farouchement et les refuser serait aussi stupidement suicidaire que de faire la guerre à cheval au vingt et unième siècle... Ce n'est pas une faiblesse que de prendre des médicaments... c'est au contraire une preuve de courage."

Faut-il avoir la tête à l'envers pour écrire des choses pareilles...

Ce paragraphe est doublement ou triplement faux.

1/D'abord - toutes les études le montre - le choix le plus littéralement suicidaire est celui des "médicaments" : il y a plus de suicides chez ceux qui vont mal et se "soignent" que chez ceux qui vont mal et ne se soignent pas. Oui, c'est bizarre, enfin pas si bizarre quand on connaît les effets des cachets, mais c'est comme ça.

C'est prendre des médicaments qui est (stupidement ou non, à chacun d'en juger) suicidaire, pas s'en abstenir.

2/Dans la mesure où les "médicaments" sont efficaces contre la dépression, ils le sont exactement de la même manière que le cannabis, la morphine, la cocaïne, l'exctasy et le LSD (qui ont tous été, très officiellement, des antidépresseurs, chacun à leur époque, avant d'être rangé parmi les drogues). La phrase de Solomon a donc autant de sens, et le même sens, que celle-ci, aberrante de toute évidence :

"Prendre du LSD/de l'extasy/etc. est une façon de se battre farouchement et refuser d'en prendre serait aussi stupidement suicidaire que de faire la guerre à cheval au vingt et unième siècle... ce n'est pas de la lâcheté, c'est du courage."

3/Enfin, il y a dans la phrase de Solomon tout un monde de sous-entendus sur ce qu'est la dépression et ses rapports avec la modernité. La dépression serait - comme un adversaire à la guerre - capable de se doter d'armes de plus en plus sophistiquées, auxquels il faudrait riposter soi-même par des gadgets toujours plus élaborés. Bref... la dépression, c'est le docteur No : un méchant à la pointe de la technologie. Et nous, James Bond.

Inutile de dire (mais je le dis quand même) que la dépression n'est pas le docteur No, et que pour s'en protéger et s'en défendre, la technologie ne sert strictement à rien.

Enfin si : enregistrer sa propre voix affirmant "tous les jours à tous points de vue je vais de mieux en mieux" et l'écouter en boucle peut faire beaucoup de bien au moral (méthode Coué, ridiculisée mais efficace) et effectivement, pour ça, il faut un magnétophone ou l'équivalent. Mais à part ça, on n'a besoin d'aucune des découvertes récentes de la science. On a seulement besoin d'idées, de livres, d'un peu de volonté... enfin que des vieux trucs intemporels qui existaient déjà bien avant le vingt-et-unième.

Et pour revenir au point de vue de Solomon : qui peut prétendre sérieusement qu'avaler des cachets (ouvrir la bouche, un peu d'eau, gloups) est une activité qui peut être décrite par un groupe nominal tel que "une façon de se battre farouchement" ??

Se battre = échanger des coups.
Farouchement = D'une façon ferme, intransigeante, rude ou brutale.

Où sont les coups échangés? où est la fermeté, l'intransigeance? Les cachets sont et resteront, malgré tous les "progrès" passés, présents et futurs de l'industrie pharmaceutique, la solution de facilité, la solution molle.

Il est plus facile d'anesthésier sa conscience que de s'introspecter ; plus facile de se faire prendre en charge comme un bébé par une ordonnance que de mettre de l'ordre dans sa vie ; plus facile de fuir ses problèmes dans un mieux-être chimique que de leur chercher une solution ; plus facile de modifier son humeur à l'aide de drogues que de la modifier à l'aide de son libre-arbitre ; plus facile de faire confiance au discours officiel sur la dépression que d'apprendre à penser par soi-même, hors des chemins battus... et cette facilité c'est aussi, à long terme, ce qui détruit un être humain de fond en comble, ce qui ne laisse de lui que des ruines.

Le bon chemin monte ; le mauvais descend. Ça a toujours été comme ça et ce sera toujours comme ça : la route du bonheur n'est jamais, jamais celle de la facilité.

Il n'y a qu'à voir la personnalité de Solomon, telle qu'elle se révèle dans son livre, et celle des dépressifs englués dans les cachets, traitements, électrochocs, etc., dont il rapporte les témoignages : l'ensemble est poisseux et pathétique, suinte l'impuissance et la dignité perdue.

Et ce qui est affreux, dans l'histoire, ce n'est pas la souffrance dépressive (humaine, naturelle, compréhensible, logique même si les causes ne sont pas toujours évidentes) mais bien la manière d'y réagir, ce virage mortel sur la gauche qui a été pris et repris à trop de reprises.

Je m'excuse de vous choquer si vous prenez des cachets ; ce n'est pas vous que je juge en tant que personne - d'ailleurs tout le monde peut faire des erreurs, et tout le monde en fait - mais c'est ce choix-là, ce choix de chercher à fuir la vérité de ses sentiments dans des drogues hypocritement légales, qui m'écoeure et me révolte comme une démission de sa condition humaine, un renoncement à ce qui nous fait libre et virtuellement capable de grandes choses.

Au moins, un drogué sait qu'il se drogue ; il sait qu'il fuit ses problèmes dans un paradis artificiel. Mais un dépressif-sous-cachet?... Il peut se mentir à lui-même comme Solomon le fait, se raconter et raconter aux autres qu'en prenant des cachets il se "bat farouchement" et fait preuve de courage...

Cette question du courage, il y a une manière très simple de la résoudre.

Quand on se demande si tel ou tel choix est courageux, ou non, demandons-nous si nous pourrions vraiment le proclamer à la face du monde et en être réellement fier... si la réponse (la réponse honnête, débarrassée de tout faux-semblant) est "oui", alors c'est certainement du courage ; si la réponse est "non", alors ce n'est certainement pas du courage.

Est-ce que quelqu'un - n'importe qui - serait capable d'affirmer d'un ton détendu, et avec une satisfaction authentique et intime et la conscience profonde du courage qu'il lui a fallu pour faire ce choix, qu'il est "sous antidépresseurs" ?... Je ne crois pas.

Si l'idée d'une faiblesse, d'une lâcheté ou d'un échec rôde dans les esprits à cette annonce, ce n'est pas parce qu'un lobby cherche à discréditer les cachets ; au contraire, le lobby pharmaceutique fait tout ce qu'il peut pour leur donner une bonne image - c'est tout simplement parce que le bon sens, la logique et la saine nature nous indique, presque malgré nous, que ce choix-là est un mauvais choix, un choix faible, un choix indigne.

Et en disant ce que je dis là, je suis bien sûre de ne dire rien de plus que ce que votre conscience vous a chuchoté mille fois à l'oreille, que vous l'ayez écoutée ou non.

PS: je félicite tous les lecteurs de ce blog qui ont arrêté les "médicaments", et tous ceux qui s'y décideront un jour.

Les meilleurs livres de Développement Personnel...

...que j'ai lus.

Déjà, pour commencer, une précision : le Développement Personnel, c'est la science (ou la méthode, ou la philosophie) de la "bonne vie".

Pas la "bonne vie" qui mène au Paradis après la mort - quoiqu'il y ait beaucoup de points communs, et que les deux se recoupent - la "bonne vie" qui permet de vivre bien sur cette terre.

Le Développement Personnel est le point fort des Américains. C'est grâce au Développement Personnel qu'ils se sont émancipés de l'Angleterre (je pourrai développer, une autre fois peut-être).

...et c'est grâce au Développement Personnel qu'ils sont actuellement les premiers sur la scène mondiale.

Juste pour dire que le DP n'a rien d'un détail !

Si je fais le bilan des livres de DP qui m'ont le plus marqué dans le bon sens, et que j'ai ou ai eu le plus de plaisir et de profit à relire et re-relire j'en trouve 3 :

- Penser pour changer, de John C. Maxwell ;
- Le succès selon Jack, de Jack Canfield ;
- Le succès par la pensée constructive, de Clement Stone et Napoleon Hill.

Et je devrais probablement ajouter :

- Triomphez de vos soucis, vivez que Diable ! de Dale Carnegie.

Deux mots sur "Le succès par la pensée positive" (ou constructive, peut-être, ça dépend des traductions)... C'est vraiment un des livres les plus motivants, les plus profondément positifs que j'ai jamais lu. Il est gorgé d'une sagesse pratique, d'un bon sens profond, d'un optimisme équilibré et réaliste qui ne peut faire que du bien...

Et les innombrables histoires vraies dont il regorge sont une source inépuisable d'inspiration.

Pour ce qui est du "Succès selon Jack", l'une de mes élèves m'a confié que c'est grâce à ce livre (que je lui avais conseillé comme je vous le conseille) qu'elle a eu son bac.

En effet, très très malade, elle a eu malgré la force de passer les dernières épreuves, soutenue par l'optimisme Jackien !

En y réfléchissant, je devrais encore allonger la liste...

Le Diable Intérieur (Andrew Solomon) - 2

"La paranoïa se mit de la partie : à chaque fois que mon chien quittait la pièce, je commençais à craindre qu'il ne m'aime plus."

C'est drôle sans être drôle : oui, effectivement, on peut être paranoïaque à ce point-là. On peut éclater en sanglot "parce qu'il n'y avait plus de savon de douche" (p.93).

Mais énumérer tous les prétextes dérisoires d'être malheureux, à quoi ça mène ? à quoi ça rime ?...

C'est ce qu'on appelle "se noyer dans un verre d'eau" ou "faire une montagne d'une taupinière". ça ne signifie qu'une chose : que lorsqu'on rapetisse, les choses les plus minuscules deviennent immenses. Le monde vu par qqn qui est dans cet état-là, c'est l'univers décrit par un lilliputien. Le tout petit est énorme et l'énorme a disparu.

On en revient au rapport Cause/Conséquence.

Lorsqu'on efface, ou qu'on ne voit pas les causes, il ne reste plus que les conséquences qui paraissent mystérieuses, effrayantes.
C'est le principe de la magie : un lapin apparaît sans cause dans un chapeau haut-de-forme... et l'on s'émerveille. Une chauve-souris... et la stupeur le dispute à l'effroi.

S'attarder à décrire ce qui n'est qu'un résultat sans jamais en chercher l'origine, ou sans jamais la trouver (elle est "mystérieuse"), crée une impression de magie, de sortilège et d'impuissance.

C'est arrivé comme ça...
C'est venu d'un coup...
Sans prévenir...
Je ne sais pas ce qui s'est passé...
Un beau matin, je ne pouvais plus me lever...

Solomon est de bonne foi, enfin, il n'est pas de mauvaise foi, mais sa vision de ses propres souffrances est tellement tributaire du discours psychiatrique, que je ne vois pas très bien ce qu'elle peut apporter de plus que le blabla habituel. C'est vrai que son témoignage est authentique, c'est vrai qu'il raconte ce qu'il a vécu sans chichi, mais dans la mesure où il n'a rien compris à ce qu'il a vécu...

Voilà comment il parle de sa mère, et du Prozac qu'elle n'a pas avalé (selon lui, elle a raté quelque chose) :

"Elle faisait preuve d'une discipline personnelle remarquable. Je crois aujourd'hui que sa passion de l'ordre était commandée par la souffrance qu'elle reléguait méticuleusement à l'arrière-plan. [...] Qu'aurait été notre vie si le Prozac avait existé quand j'étais enfant ? [...] j'ai la chance de vivre à une époque où les solutions ont remplacé le combat. La sagesse dont ma mère a fait preuve pour vivre avec ses difficultés s'est révélée en grande partie inutile pour moi et, si elle avait vécu un peu plus longtemps, aurait été inutile pour elle. Cela semble poignant avec le recul."

Avant le Prozac, il fallait combattre la souffrance et faire preuve de sagesse pour y échapper ; depuis le Prozac, on n'a pas besoin de combattre parce qu'on a des "solutions" : Solomon pense que le Prozac remplace la sagesse.

Le courage et l'estomac, le Prozac et la sagesse : comment peut-on les mettre sur le même pied ?
Comment peut-on les considérer comme interchangeables ? Le paragraphe qui précède suffit à décrédibiliser tout le livre (d'ailleurs je ne suis pas sûre de réussir à le lire jusqu'au bout ; son ambiance est lourde, pesante, presque irrespirable).

Solomon croit aux cachets ; il y croit tellement qu'il continue à en prendre et qu'il a écrit Le diable intérieur alors qu'il était toujours sous Prozac - et sous quelques autres "médicaments". Il a pris la route qui mène l'atrophie affective, au ratatinement de soi. Il a traversé les états d'âme les plus douloureux sans renoncer à son orgueil, et continue à croire - il le dit à plusieurs reprises - que c'est cet orgueil qui l'a sauvé.

Sauvé ?

Alors qu'il s'est résigné à se droguer à vie ?

L'orgueil ne sauve de rien. L'orgueil ne protège de rien. L'orgueil ne construit rien. L'orgueil est néfaste! Et si vous en doutez, demandez-vous si vous avez envie de vivre, ou juste de parler, avec quelqu'un d'orgueilleux... vous verrez que la réponse est toujours "non". L'orgueil est ce qu'on appelait avant (à l'époque où l'on avait encore ce genre de catégories mentales) un "défaut".

L'orgueil n'est pas une bouée de sauvetage, c'est la brêche à fond de cale qu'on ne remarque pas, et qui nous précipite plus sûrement au fond que tous les icebergs croisés.

Je répète : l'orgueil est un défaut.

C'est-à-dire la "solution de continuité entre deux choses. Intervalle entre la cuirasse et les autres pièces voisines de l'armure; p. métaph., endroit non protégé, point faible d'une personne, d'un système de pensées."

Et lorsqu'on prend un défaut pour une force... comme Solomon... on n'est pas prêt de le corriger.
D'où les cachets à vie.

Livres déconseillés

J'ai créé une rubrique "conseils de lecture" ; il manquait l'inverse : les lectures déconseillées.

Il y a tant de livres qui, d'une manière directe ou indirecte, brutale ou subtile, cassent le moral... la liste serait trop longue ! Et je ne prétends certainement pas être exhaustive.
Si j'attire l'attention sur eux, c'est qu'un point de vue critique et démystifiant peut aider à s'en distancer.

Car le problème, ce n'est pas tant de lire ces livres, ou de les avoir lus ; le problème, c'est d'y avoir cru et d'y croire encore.

De même que connaître une idée n'a jamais fait de mal (ni de bien) à personne ; c'est le fait d'y adhérer qui nous modifie dans un sens ou dans l'autre.

Ce ne sont pas des "mauvais livres" (mal écrits, pas intéressants) que je déconseille ; ceux-là se déconseillent d'eux-mêmes et il est donc inutile d'en parler ; ce sont de "bons livres" (bien écrits, intéressants) mais qui ont, à long terme, des effets destructeurs sur la personnalité.

Le Diable Intérieur (Andrew Solomon)

[Je me suis enfin procurée "Le Diable Intérieur" - livre que plusieurs considèrent comme la référence sur le sujet de la dépression... Voici mes premières impressions de lecture.]

Andrew Solomon écrit bien, d'une manière agréable à lire, et présente ses idées avec beaucoup de clarté. Rien que par son style vivant et imagé, il sort déjà du lot (tristounet, médiocre et ternasse) des auteurs-qui-ont-écrit-sur-la-dépression.

Je n'ai lu encore qu'une vingtaine de pages du "Diable Intérieur"... donc ce n'est pas une impression globale que je vous propose, plutôt quelques remarques.

Plusieurs points suggèrent que Solomon ne parle pas en tant qu'ex-dépressif, mais plutôt en tant que dépressif-entre-deux-épisodes-dépressifs :

1/IL croit que l'orgueil peut permettre à un individu de se sortir de dépression, alors que quelqu'un dont la personnalité serait plus "douce" n'y résisterait pas.

2/Il est visiblement totalement inconscient du rôle joué par les idées dans la dépression.

3/Il décrit, comme s'il y croyait, la dépression comme une espèce de parasite géant qui réduit à l'impuissance celui qui se retrouve entre ses griffes (ou vrilles) : la dépression apparaît comme "quelque chose de beaucoup plus fort que [lui]", quelque chose qui menace de "pulvériser mon cerveau, mon courage et mon estomac."

Cette dernière image est d'ailleurs intéressante... elle met sur un pied d'égalité deux organes et quelque chose qui est nettement plus abstrait : le courage. C'est un effet de style tout à fait réussi, mais c'est aussi révélateur d'un point de vue qui a ses limites : glisser une ou des qualités morales parmi les organes, ce n'est certainement pas les ranger à leur vraie place.

Vous allez peut-être dire que je chipote...

Mais c'est dans le détail des phrases, dans la manière dont elles sont tournées, qu'une pensée (et ses failles) se révèle. A. Solomon a beau être très intelligent, il est totalement aveugle au monde des idées et des qualités morales, aveugle à leur réalité comme à leur puissance.

Autre citation (assez classique celle-là) : "Lorsqu'on est en état de dépression, toute entreprise, toute émotion, la vie elle-même perdent totalement leur sens."

Cette phrase-là est difficilement contestable, et elle exprime une idée qu'on retrouve un peu partout. Mais que suggère-t-elle ?...

Elle suggère que la dépression est la cause d'une perte de sens.

ça peut avoir l'air évident, ça peut avoir l'air vrai, mais... de mon point de vue du moins... c'est le contraire qui est vrai. Le contraire, c'est-à-dire que c'est la perte de sens qui est à l'origine de la dépression.

Andrew Solomon inverse cause et conséquence : il prend la dépression pour la cause (de la perte de sens, de courage, etc.) alors qu'elle n'en est que la conséquence.

Il n'y a d'ailleurs pas que lui qui fasse cette erreur ; c'est même l'un des malentendus les plus répandus à propos de la dépression.

Ainsi on accuse parfois la dépression d'être à l'origine d'idées noires... alors que ce sont les idées noires qui sont à l'origine de la dépression.

Imaginez qu'on décrive "la faim dans le monde" en disant que non seulement elle rend les gens squelettiques et finit par les tuer, mais qu'elle est aussi la cause d'un terrible manque de nourriture dans la population mondiale : est-ce que ça ferait avancer le chmilbick ? Pas vraiment.

Quand on inverse cause et conséquence, on met son esprit sur des rails qui partent dans la mauvaise direction. Promue au rang de cause, la conséquence prend des proportions nouvelles, telle une grenouille qui aurait réussi à se dilater suffisamment pour se faire passer pour un boeuf : elle cesse d'être un désagrément logique pour devenir une entité mystérieuse et toute-puissante.

C'est ce qui arrive à la dépression vue par A. Solomon.

Lorsque j'en aurai lu davantage, j'en dirai davantage.

[Je classe dès maintenant "Le Diable Intérieur" dans les livres déconseillés : un livre sur la dépression écrit par qqn qui y est encore ne peut pas faire de bien au moral. Même s'il peut donner l'impression fugitive qu'on est "compris", qu'on est "pas tout seul"... au long terme, ça enfonce plus qu'autre chose.]