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11 novembre 2008

Il était une fois

Il était une fois trois petits cochons qui quittèrent le foyer familial pour tenter leur chance dans le monde. Le premier partit à gauche, le second partit à l’ouest, et le dernier partit à droite. Ils marchèrent et marchèrent, chacun de leur côté, jusqu’à trouver l’emplacement idéal.
Le premier petit cochon se construisit en deux jours une maison de paille à côté d’un champ, ce qui lui laissa le temps voulu pour danser, chanter et manger comme un cochon. Son objectif était très clair : il voulait croquer la vie, et les pommes, à pleines dents. Et c’est ce qu’il fit.
Le second petit cochon se construisit en deux semaines une maison de branchages un peu plus solide que celle du premier. Puis il partit batifoler dans les bois qui jouxtaient sa maison. Son objectif était tout aussi limpide que celui du premier petit cochon : il voulait cueillir la vie, et les trèfles, d’un groin vigoureux. Et c’est ce qu’il fit.
Quant au troisième petit cochon, il sua sang et eau pour se construire une maison de briques et de ciment. Comme on manquait de brique dans son coin, il dut aller les chercher très loin. Selon certaines sources, la construction de sa maison lui prit deux ans ; selon d’autres sources, elle lui prit douze ans.
Lorsqu’il perdait l’espoir d’en venir à bout, il se répétait la phrase célèbre de John Kennedy : « C’est lorsque le soleil brille que l’on doit réparer le toit ! » Sauf que lui l’adaptait à son cas et se disait : « C’est lorsque le soleil brille que l’on doit tracer un plan, rassembler les matériaux de construction, poser les fondations, élever les murs, recouvrir le toit de tuiles, etc. »
Un test de solidité mortel
Un beau jour - mais était-ce vraiment un beau jour ?... certainement pas pour le premier petit cochon - un loup du genre grand et méchant découvrit et détruisit la maison de paille en soufflant dessus. Inutile de dire qu’il dévora son habitant tout cru : les loups dédaignent tous les raffinements de la civilisation, que ce soient les fours ou les couverts.
A quelque temps de là, errant et affamé, le loup croisa par hasard le deuxième petit cochon. Après une course poursuite digne des meilleurs films d’action, celui-ci se réfugia dans sa maison de branchages. Vaine précaution : le loup la détruisit par la seule force de ses poumons, et le deuxième petit cochon finit d’une manière digne des pires films d’horreur.
Quelque temps plus tard, c’est devant la maison du troisième petit cochon que le loup arriva. Grisé par ses précédentes victoires, il crut qu’un bon repas l’attendait là. Or, rien n’y fit : il s’y cassa le museau, et repartit penaud…
La morale de cette triste histoire
Vous dites que ce n'est pas comme cela que l'histoire se termine ? Vous prétendez que les deux premiers petits cochons se réfugient sains et saufs chez le troisième ?
Vous ne devriez pas faire confiance aux doux mensonges de Walt Disney. La véritable histoire des trois petits cochons se termine mal, vous pouvez vérifiez sur Wikipédia. Enfin… mal pour les petits cochons sans cervelle, car le petit cochon prévoyant s’en tire à merveille. Aujourd’hui, il est à la tête d’une grande entreprise dans le B.T.P.
Rien de plus logique : il n'y a que notre propre maison, que nos propres efforts, qui peuvent nous sauver. Pas de bouc émissaire pour endosser nos fautes ; pas de sauveur pour réparer nos erreurs. C’est une mauvaise nouvelle lorsqu’on a mal employé son temps, mais c’est une satisfaction lorsqu’on en a su en tirer parti. Le troisième petit cochon éprouva certainement une satisfaction sans borne lorsque, à l’abri dans sa forteresse, il entendit les pas du loup dépité s’éloigner pour de bon…
Et si la première maison, c’était nos illusions, nos plaisirs immédiats et destructeurs, nos arrangements avec la vérité, nos approximations, nos problèmes non résolus, nos faux départs, notre insouciance ? Et si la seconde maison, c’était notre carrière, notre compte en banque, nos préjugés, nos « de toute façon », nos « après tout » et nos « je sais », notre orgueil, notre entêtement à suivre l'exemple de papa-maman ?
Et si cette seconde maison c’était notre maison, même si elle est en brique ou en pierre ?...
La conscience, l’angoisse, la souffrance et la mort sont des Grands Méchants Loups qui arrivent inéluctablement à leur heure. Ces vilaines bêtes soufflent sur la maison de paille et la maison de bois, et bientôt il n’en reste plus rien. La troisième maison est la seule qui puisse nous protéger. C’est la seule qu’il faille impérativement construire ; on peut très bien se passer des autres, mais pas de celle-là.
Alors, où chercher ses briques et son plan ?
Difficile à dire. Mais à coup sûr loin du bruit, loin des flonflons et des paillettes éphémères. A coup sûr près du cœur… non loin du silence.

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