Recevez gratuitement les 20 premières pages du TRESOR + LA LETTRE BLEUE


 

26 novembre 2008

Antidépresseurs, coma insulinique, malariathérapie, électrochocs, bouille de singe

Au fait, d'où vient l'idée vraiment géniale de soigner les gens qui souffrent moralement en les envoyant dans le coma ?...
Si quelqu'un le sait, qu'il me le fasse savoir.

Il y avait aussi l'inoculation de la malaria (malariathérapie) : puisqu'on ne savait pas de quoi ces malades mentaux étaient malades, on les rendait malades d'une maladie que l'on connaissait bien, pour mieux cerner le problème.

Selon un livre d'aujourd'hui, ces traitements étaient des "remèdes expérimentaux parfois audacieux". J'aime bien l'adjectif "audacieux" dans ce contexte. Les médecins nazis qui faisaient leurs petites expériences dans les camps de concentration étaient eux aussi très "audacieux"...

Pour ce qui est du choc au cardiozol, traitement thérapeutique "audacieux" de l'époque, l'explication de son origine est tout à fait intéressante - et typique de la mentalité psychiatrique d'hier... et d'aujourd'hui ?

L'inventeur de cette thérapie avait constaté que les épileptiques n'étaient pas schizophrènes. Alors il a eu un éclair de génie : pourquoi ne pas déclencher des crises d'épilepsie chez les schizophrènes, pour les délivrer de leur schizophrénie ?...

C'est intelligent, non ?

"Au début des années 30, un psychiatre hongrois, Ladislas Joseph von Méduna (1896-1964), était convaincu de l’existence d’un antagonisme clinique entre schizophrénie et épilepsie. Ainsi pensait-il avoir observé qu’un épileptique ne pouvait être schizophrène, et inversement, il eut donc l'idée d'engendrer artificiellement ces crises par l'injection de pentetrazol (Cardiazol ™ ) (1937)."

On pourrait proposer d'autres cures sur le même modèle.

Par exemple, les cul-de-jatte n'ont jamais de cor aux pieds et ceux qui ont des cors au pied ne sont jamais cul-de-jatte : donc, pour délivrer les malades de leur cors aux pieds, pourquoi ne pas leur couper les jambes ?...

Ou par exemple, on a constaté que ceux qui ont la peste n'ont jamais le choléra en même temps. Alors pour soigner les pestiférés, pourquoi ne pas leur inoculer le choléra ?...

Bref, bref.

L'histoire de la psychiatrie est passionnante et instructive ; elle est ponctuée de traitements plus "audacieux" et imaginatifs les uns que les autres. Est-ce que les antidépresseurs s'inscrivent dans la continuité de cette histoire, ou au contraire marquent le début d'une ère nouvelle ?

S'il y a eu rupture, celle-ci est du moins bien cachée.

Les psychiatres d'aujourd'hui continuent à justifier les "remèdes audacieux" des psychiatres qui les ont précédés. Ils ne renient rien de leur histoire, ils assument complètement leur passé. Pas de repentir, pas de regret, pas de "on aurait dû faire autrement..." Non ; les psychiatres soutiennent au contraire qu'on ne pouvait pas faire autrement, et que compte tenu du contexte, etc., les audacieux expérimentateurs ont fait tout ce qu'ils ont pu. Merci et chapeau à eux.

Ce qui est aussi significatif, c'est que (rupture ou pas) il y a bien une continuité.

L'électrochoc d'hier est celui d'aujourd'hui. On a juste rajouté quelques petits accessoires et surtout, changé le nom.

On appelle maintenant cela de l'ECT.

Ce qui est amusant - enfin, amusant... - c'est que le discours officiel tient toujours à souligner qu'on "ne sait pas" comment l'ECT agit.

C'est aussi crédible que si on affirmait qu'on ne "sait pas" comment agissent les coups de marteau appliqués sur le crâne.

Il n'y a rien de mystérieux dans l'électrochoc. Le cerveau de ceux qui ont subi des électrochocs sont ratatinés - ce qu'on constate aux autopsies.

Bref, bref.

La plupart des déprimés n'auront probablement jamais recours à l'ECT, mais il y a dans le discours officiel sur la dépression un consensus pour redorer le blason de l'électrochoc qui finira forcément par porter ses fruits : des cerveaux ratatinés.

Là encore, ce qui est mystérieux, c'est que des individus choisissent librement de se faire électrocuter le cerveau.

Faut-il avoir perdu tout bon sens... faut-il mépriser sa propre humanité... faut-il croire aveuglément la Sacro-Sainte Psychiatrie... faut-il avoir déjà le cerveau à l'envers... faut-il être perdu, paumé pour prendre une telle décision !

Notre intelligence est ce qui fait de nous des êtres humains au plein sens du terme ; opter pour un traitement psychiatrique, c'est faire le choix (inconscient, mais réel) de s'en débarrasser comme d'un fardeau encombrant.

Et - derrière ce choix -, n'y a-t-il pas comme une bouille de grand singe ?...

La théorie de l'évolution nous a convaincu que nous sommes des singes ratés - et pas la peine de revenir avec "non, non, on a seulement un ancêtre commun avec eux", car il n'y a que les singes qui ont un ancêtre commun avec les singes -, et c'est cette conviction, cette conviction que notre essence même n'est pas humaine mais animale, qui nous rend si dédaigneux de nous-mêmes.

N'étant que des singes mutants, aux gènes abimés, pourquoi préserverions-nous cette intelligence inopportune qui fait notre malheur ?...

"Crétin, mais heureux !" Telle est la devise de notre monde.

6 commentaires:

  1. Mais êtes vous totalement contre les médicaments et les thérapies ou bien êtes vous pour ?

    Julien

    RépondreSupprimer
  2. Tout dépend de ce qu'on entend par "médicament" et "thérapie"...

    Si les "médicaments" sont des oméga-3, pourquoi pas ? Et si la thérapie consiste à joindre les Alcooliques Anonymes, à participer à des stages de développement personnel, à se faire coacher, à discuter avec un(e) psychologue, à lire un livre, etc., pourquoi pas ?

    RépondreSupprimer
  3. Mais dans votre book "marre de la vie" vous assassinez les psys, leurs médocs et leurs thérapies !!
    Vous savez je suis tombé dans le même piège que vous, j'ai lu des choses que je n'aurai pas du lire à des moments qui n'étaient pas les bons, votre histoire est la mienne et j'aimerai qu'elle se termine comme la votre, c'est mon but, votre book m'a bouleversé.
    Je n'ais plus confiance en les médocs et les psys.
    La seule chose qui m'inquiète est que vous dites que vous broyez du noir encore pendant des journées entière et çà çà me fait peur... en êtes-vous vraiment sorti?? S'en sort-on vraiment??
    Enfin pour finir: la dépression est-elle pour vous sincèrement seulement un manque de volonté??
    Pensez-vous être la seule responsable des années de souffrance que vous avez enduré?
    J'attends votre avis avec impatience.
    Et bravo pour vos écrits.

    Julien

    RépondreSupprimer
  4. Bonjour Julien,

    coach et psy, ce n'est pas le même combat ; oméga-3 (autrement dit, huile de poisson) et drogues légales, ce n'est pas le même combat non plus.

    Broyer du noir pendant des journées (moins d'une semaine), c'est je pense le lot commun de toute l'humanité. Si vous rencontrez quelqu'un à qui ça n'arrive pas, soit il dissimule bien ses états d'âme, soit c'est une exception.

    L'important n'est pas les variations d'humeur, mais la tonalité générale ; ce qui compte aussi, c'est l'évolution : quand on va grosso modo de mieux en mieux, on peut (et on doit) accepter de ne pas se sentir toujours au top de sa forme.

    Il faut aussi prendre en compte la manière dont on envisage son mal-être : quand elle n'a à nos yeux aucun sens, le moindre contrariété nous démolit, alors qu'une épreuve difficile peut être bien vécue quand on la vit comme un test et l'occasion de s'améliorer, de changer de niveau.

    Quant à la question du "manque de volonté... non, bien sûr, il ne suffit pas de serrer les dents pour s'en sortir, mais il y a bien une part de volonté là-dedans ; le problème, c'est qu'on ne voit pas forcément où et comment exercer son libre arbitre (sa volonté, son choix).

    La volonté de s'en sortir passe concrètement par des actions visant à chercher une ou des solutions.

    Que ce soit l'achat d'un livre, une rechercher sur internet, le fait de prendre des cours dans un nouveau domaine, le fait d'aller à un stage de ceci ou de cela...

    La volonté n'est pas un état de crispation intérieure, mais une attitude active de recherche de solution.

    D'autre part le fait de se forcer à... (sourire, se lever, faire la vaisselle, etc.) ne va pas apporter une solution, mais va empêcher de descendre plus bas.

    Quant à la question de la responsabilité...

    Je dirais que :

    - je suis à 100 pour 100 responsable de mon état et de son évolution dans la mesure où j'ai été trop orgueilleuse et trop paresseuse pour chercher la solution au bon endroit pendant des années ;

    - d'un autre côté, je n'étais tout simplement pas prête, et cette longue période de souffrance et de déliquescence morale m'a "cuit" jusqu'à ce que je sois à point : autrement dit, ma dépression m'a été fort utile ; c'était le seul moyen pour que j'en arrive (très progressivement) à l'humilité, à la force et au courage nécessaire pour un grand changement - donc la question de ma responsabilité dans un processus qui a été bénéfique pour moi ne se pose pas vraiment : je ne me sens pas coupable d'un état qui au final m'a permis de prendre une nouvelle route bien meilleure que la précédente ;

    - je pourrais dire aussi que c'est la société dans son ensemble qui est responsable de mon état passé pour m'avoir induit en erreur et laissé dans le noir ;

    Mais comme "la société" est une abstraction, elle ne peut pas être responsable de quoi que ce soit...

    Donc si je voulais, je pourrais "m'amuser" à accuser mes parents, mais :

    - ils ne pouvaient pas me proposer des choix qu'ils ne connaissaient pas eux-mêmes ;

    - eux étaient heureux comme ça donc comment pouvaient-ils deviner que j'avais besoin d'autre chose ?

    - j'étais sensée être une adulte donc c'était de toute façon à moi de prendre ma vie en main.

    Bref...

    Il n'y a aucun doute qu'on peut sortir du mal-être dépressif (même s'il a duré des années) ; j'en suis un exemple même si je ne suis pas rayonnante tous les jours (il faut de toute façon se faire à l'idée que la vie est un "ragoût mélangé de tristesse et de joie" pour reprendre les mots de George Sand - le bonheur complet, absolu n'est pas de ce monde) ; je connais d'autres personnes qui étaient profondément démoralisées, "dépressives" et qui aujourd'hui sont très épanouies, y a pas que moi ; la route qui mène à la sortie est une route de recherche, d'expérimentation très personnelle, et qui demande un certain courage existentiel : celui de faire ses propres choix, d'oser sortir des chemins battus, et de changer...

    Ma réponse n'a rien de monolithique, et ne donne aucune solution clef en main, mais c'est le projet même de ce blog et de mon livre : pousser à la réflexion sans donner toutes les réponses (qui seraient de toute façon considérées comme inacceptables et non valables par une écrasante majorité).

    RépondreSupprimer
  5. Bonjour Lucia,
    C'est vraiment sympa de votre part de prendre de votre temps pour vous répondre.
    Je suis dans un état où je ne sais plus qui écouter.
    Comme vous je pense que c'est une étape à traverser.
    Mon orgueil me fait souffrir, j'ai une rancune terrible contre mon psy et je n'arrive pas à m'en délivrer.
    Qui est votre coach? Votre mari?
    A partir de quand et pourquoi avez-vous entrepris de vous en sortir et comment (même si je sais qu'il n'y a pas de solution universelle)?
    Je n'ais pas fini votre ebook mais les 1ers chapitres m'ont scotché.
    A bientôt.

    Julien

    RépondreSupprimer
  6. Bonsoir Lucia,
    Je viens de relire votre message sur lequel vous expliquez être à 100% responsable de votre état et de son évolution et c'est l'un de ceux qui m'a le + marqué.
    Considérez-vous avoir changé ? Qu'est-ce que vous considérez avoir changé: votre comportement, votre personnalité ?
    Omega3, huiles de poissons, vous consommez ?
    Je ne considère en tout cas pas vos "semblants" d'explications comme non valables, je les trouve sincères, peut-être dures oui mais sincères et pleines de vérité.

    Julien

    RépondreSupprimer