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22 septembre 2006

Marre de la vie ou marre de l'absurde ?

Ce sentiment que tout est trop difficile, trop compliqué - et ce dégoût qui fait penser à la mort... on l'interprète en général comme un "marre de la vie". Marre de se lever tous les matins, marre de répéter les mêmes minuscules corvées, marre de retrouver toujours les mêmes problèmes non-résolus toujours un peu plus rances...

Mais interpréter ce ras-le-bol comme un dégoût de la vie, n'est-ce pas jeter le bébé avec l'eau du bain ?

Est-ce qu'on en a vraiment marre de la vie, de toute la vie, ou est-ce qu'on en a pas plutôt marre de se lever le matin sans savoir pourquoi ? de vivre sans savoir pourquoi ?... Car si c'est l'absurdité de notre existence qui nous fait souffrir plutôt que l'existence elle-même, le remède n'est pas du tout le même...

Si on est vraiment dégoûté de la vie, alors oui la solution (ou plutôt ce qui y ressemble pour quelqu'un qui ne se fie qu'aux apparences) c'est de mourir.

Mais si on est dégoûté de l'absurde, alors la solution est tout autre. La solution est de chercher, puis de trouver, le sens de cette existence absurde.

Mais, objectera-t-on, comment trouver le sens d'une existence absurde ?... Par définition, si elle est absurde, c'est qu'elle n'en a pas...

Oui et non. Imaginons par exemple quelqu'un qui disposerait d'un ordinateur dernier cri et d'un abonnement internet illimité, mais qui ne saurait pas comment s'en servir. Pire encore : qui ne saurait même pas que cet objet cubique est un ordinateur. N'en déduirait-il pas que cette chose est inutile, encombrante ?... Ne serait-il pas tenté de la jeter sans plus attendre à la poubelle ? Quelqu'un qui est en possession d'un trésor, mais qui ne le sait pas, est tout aussi pauvre que quelqu'un de "réellement" pauvre.

L'existence n'est peut-être pas absurde du tout, mais tant qu'on est pas au courant de sa signification réelle, et de la notice pour s'en servir, on est juste encombré par elle - comme on peut l'être par un ordinateur dont on ne sait pas se servir.

Et si la vie était un trésor ? Un trésor unique et précieux, une chance extraordinaire à saisir ?... Celui qui s'en débarrasserait sans plus attendre, faute d'être au courant de l'opportunité qu'elle représente, s'en mordrait peut-être les doigts pour l'éternité.

Pour ma part, je n'en ai jamais eu marre de l'existence (même si j'ai pensé cent mille fois que j'en avais marre de la vie). Par contre, son absurdité, sa futilité, son inconséquence m'ont toujours profondément dégoûté.

Je veux me lever le matin pour quelque chose. Je veux savoir pourquoi je suis là, pourquoi je suis née. Je veux une explication plus plausible que ce soi-disant hasard par lequel un poisson serait devenu singe, puis un singe devenu homme. Je ne me satisfais pas d'être le résultat improbable, aléatoire et sans importance d'une série d'ennuyeuses coïncidences. Il y a en moi - il y a en tout être humain - quelque chose qui proteste contre l'indignité, l'absurdité auquel on veut le réduire.

L'homme est, dit Pascal, un roseau, le plus faible de l'univers - mais c'est un roseau pensant.

Tout est dans le "mais", car c'est bien de cette raison, de cette capacité à réfléchir sur soi et sur le monde, que l'être humain tire sa dignité si bafouée. Et c'est dans les réponses à ses questions (qui suis-je ? d'où je viens ? où je vais ? pourquoi je suis né ?), qu'il trouve la paix de l'esprit et du coeur.

5 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. oulaaa, j'ai eu un petit souci de commentaires, je recommence:

    l'absurdité à laquelle tu fais allusion dans ton article me ronge profondément, en ce moment. Merci d'avoir écrit cet article.

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  3. C'est avec plaisir ;-)

    Je n'aurais pas pu l'écrire s'il n'y avait pas une porte de sortie, et si on ne m'avait pas aidée à la trouver...

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  4. C'est magnifique.
    Puis je te demander qui t'a aidé à trouver la porte de sortie?

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  5. C'est une excellente question, et je ne refuse absolument pas d'y répondre. Si tu ne la trouves pas en furetant dans les coins et recoins de mes blogs, pourras-tu s'il te plaît me la poser par mail ? je préfère y répondre en pv.
    lucia-canovi@hotmail.fr
    mais ne te presse pas : on est toujours plus réceptif aux réponses que l'on a cherché soi-même, qu'aux réponses qui nous tombent toutes cuites dans le bec.

    Par contre non, pour des raisons personnelles je ne peux pas discuter avec toi.

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