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04 septembre 2006

Les auteurs qui rendent dépressif - Ceux qui ont l'effet inverse)

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Pour savoir quels sont les auteurs qui rendent dépressifs, c'est assez simple : il suffit d'étudier leur vie. S'ils ont fini fous ou suicidés, il y a de fortes chances que leurs livres expriment les idées qui les ont conduit à ce dénouement tragique.

Se nourrir avec délectation de ces nourritures intellectuelles-là, c'est comme les suivre sur le chemin qu'ils ont pris... en courant le risque d'arriver là où ils sont arrivés.

En tête du top cinquante des auteurs qui rendent dépressif : Cioran, Nietzsche, Schopenhauer.

S'il y avait besoin de preuve, il suffirait de récolter les messages de personnes suicidaires qui font référence à ces trois auteurs là, dans un contexte de déprime totale...

Nietzsche n'est pas devenu fou par hasard : ce sont ses propres idées qui l'ont fait disjoncter. Il s'est convaincu que le Mal est le Bien, et le Bien, le Mal, détruisant ainsi deux repères essentiels. Quelqu'un qui se convaincrait que le Bas est en Haut, et le Haut est en Bas, serait lui aussi sujet à des accidents graves.

Toujours en tête du top cinquante, il faut citer Darwin. Lui est beaucoup plus déprimant que déprimé. La fin de son Origine des espèces révèle clairement le genre d'effet qu'elle peut avoir sur le moral : il y dit en substance que l'être humain gardera toujours la marque infamante de sa vile origine.

Autrement dit : l'être humain ne pourra jamais devenir plus que ce qu'il était au départ... un singe.

Les auteurs qui rendent optimistes sont hélas plus rares. Eux aussi, on peut les identifier à leur vie : ils ont eu une existence bien remplie, une existence riche en relations significatives (amitiés, amours), et ont travaillé d'une manière ou d'une autre à améliorer le monde.

Parmi eux George Sand. Un écrivain à la fois très connu et complètement méconnu, qui a écrit autant que Victor Hugo, beaucoup voyagé, beaucoup aimé, beaucoup médité, beaucoup travaillé, beaucoup aidé les autres, et élevé avec soin ses enfants et petits enfants. Elle dormait très peu.

Ses romans ne sont pas tous optimistes (Sand a broyé du noir elle aussi, et les livres qu'elle a écrit dans ces moments-là s'en ressentent), mais la plupart le sont. D'un optimisme réfléchi qui n'a rien d'un carpe diem hédoniste - c'est plutôt un mélange de patience, d'humanité humaniste, de sagesse et d'interrogations philosophiques pertinentes.

Ce qui est particulièrement réconfortant dans ses romans, c'est qu'ils mettent en scène des personnages qui arrivent à changer pour le mieux, que ce soit au niveau matériel (ils parviennent à sortir de la misère et à trouver la prospérité), au niveau amoureux (ils finissent par épouser la personne qu'ils aiment), ou au niveau psychologique (ils sortent d'un état déprimé ou perturbé pour trouver l'équilibre et le bonheur).

Dans Nanon[1] - le roman qui m'a soutenu lorsque j'étais à l'hôpital psychiatrique -, la généreuse héroïne arrive par sa prévoyance et son travail à sortir de la misère, et finit par épouser l'homme qu'elle a toujours aimé.

Dans Mauprat[2], le héros qui semblait promis par sa famille de truands à devenir un criminel lui-même, échappe à ce destin écrit d'avance, réforme son caractère colérique et violent et devient un honnête homme pour plaire à la femme dont il est éperdument amoureux ; il finit (après moult péripéties dramatiques et parfois sanglantes) par l'épouser.

Dans Adriani[3], l'héroïne est dépressive, au bord de la folie. Elle ne se remet pas de la mort de son jeune mari, qu'elle aimait passionnément. Grâce à Adriani, le héros, elle sort de cet état de stupeur, reprend goût à la vie, et finalement... trouve le bonheur dans un nouvel amour, plus profond et réciproque que n'était le premier.

Les romans les plus réconfortants sont ceux qui commencent ou continuent mal et finissent bien : même au septième sous-sol, on peut encore y croire. Mais – hélas – ils ne sont pas bien nombreux. Mis à part ceux de Sand, on peut tout de même citer Les hauts de Hurlevent d’Emily Brontë, Jane Eyre de Charlotte Brontë, Sarn, de Mary Webb, Le Bossu, de Paul Féval, assez romanesque pour qu’on y oublie tous ses soucis, et bien sûr, mais ce n’est pas un roman, Le vilain petit canard d’Andersen.

Chacun peut compléter la liste avec ses lectures les plus édifiantes – mot qui ne paraîtrait ridicule ou désuet à personne si l’on se rappelait qu’il veut dire exactement la même chose que constructif.



[1] Nanon n’est pas encore réédité sur papier. On trouve le roman à cette adresse : http://jydupuis.apinc.org/vents/Sand-Nanon.pdf

[2] Mauprat, Gallimard, Collection Folio Classique, 1981.

[3] Adriani, Glenat, Collection L’aurore, 2004.

3 commentaires:

  1. tro drole , tro fort ; je travaille la nuit et je rigolais comme un fouuuuu

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  2. Personnellement l'armoire-bibliothèque du service de psychiatrie où j'étais m'a permis de lire SAGAN, qui est à mettre du côté des auteurs dépressifs mais qui peut permettre de faire comprendre aux Autres ce que l'on a dans la tête. Mais ce qui sauve ce sont les livres qui partent mal et se finissent bien comme les Harlequins qui peuvent sembler nunuches quand on a passé quinze ans mais qui redonnent un peu d'espoir en l'amour dont on a tant envie...

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  3. Hum un bémol pour Cioran, de bons réquisitoire contre le matérialisme, et pour Darwin, nous sommes des animaux, et des singes et alors? acceptons nous tels que nous sommes. Les singes ausis sont capable de réflexion, d'anticipation. On à un néocortex plus développé mais n'oublions pas notre condition animal. ça me déprime pas d'être un singe je trouve ça assez amusant même ^^ bien que nous soyons une curieuse espéce animal.

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