Si vous lisez "Parents toxiques", vous découvrirez qu'ils sont nombreux, les parents toxiques :
Le parent indifférent, le parent alcoolique, le parent infantile, le parent violent, le parent qui insulte, qui rabaisse l'enfant, le parent incestueux...
Mais l'auteur ne parle pas du parent-miroir.
Le parent-miroir est, comme son nom l'indique, un miroir. Il n'est pas là en tant que tel. Il ne dit pas "je" (ou c'est exceptionnel). Il n'exprime ni souhait, ni volonté, ni désir. Il est lisse et impersonnel - comme un miroir.
Il reflète.
Si vous lui demandez ce qu'il pense, vous apprendrez qu'il pense "à vous" ou qu'il pense "surtout à vous" (jamais à lui-même).
Il vous dit ce que vous êtes.
C'est parfois très agréable à entendre (vous êtes qqn de très intelligent, de créatif, etc.) mais ses commentaires ne sont jamais un échange impliquant deux personnes. Vous êtes seul(e) face au miroir.
Le parent-miroir n'a pas de bras pour étreindre. Il ne rassure pas - il flatte... comme un miroir délibérément mincissant dans une cabine d'essayage. Mais parfois, son reflet se fait grotesque et déformant, moqueur - comme un miroir dans une fête foraine.
Qu'y a-t-il derrière le parent-miroir ?
Difficile à dire.
Peut-être des calculs. Peut-être des attentes bien cachées. Peut-être des stratégies et des plans. Peut-être tout un programme.
Mais il est impossible d'accéder à toute cette machinerie, car de n'importe quel côté que vous le regardiez, le parent-miroir vous tend sa face de miroir.
Ne comptez pas sur le parent-miroir pour vous remettre sur pieds. Ne comptez pas sur lui pour l'invisible. Son seul domaine, c'est ce qui se voit : c'est un miroir, ne l'oubliez pas.
Pourquoi je vous en parle ?...
Parce qu'on n'en parle pas.
Parce qu'il existe - je ne sais pas dans quelles proportions.
Parce que mine de rien il faut des dégâts. Dégâts qui peuvent abîmer jusqu'à l'âge adulte.
Et parfois, il est nécessaire de comprendre - de faire son deuil : avec certaines personnes certaines relations sont tout bonnement impossibles.
On ne peut pas vivre une relation simple et saine avec quelqu'un qui n'est ni simple, ni sain.
Un esprit trop fragile peut se protéger pendant des années contre une prise de conscience de ce genre, surtout quand le "quelqu'un" est un parent.
Peut-être avons-nous tous besoin de commencer par croire que nous sommes aimé, et de plus, aimé de la bonne manière - mais vient un jour où (quand elle est fausse) cette croyance devient prison, comme le cocon de la chrysalide à l'heure de sa libération.
La fiction nous protège contre une vérité trop douloureuse - mais si cette fiction se prolonge trop longtemps, elle nous étouffe et nous tue dans l'œuf.
Faire le deuil d'une image factice.
Faire le deuil de l'enfance qu'on n'a pas eu.
Faire le deuil des parents qu'on n'a pas eu.
Le processus n'est jamais plaisant - mais (quand on est prêt à l'accomplir) il est libérateur.
Et je reviens au parent-miroir.
Il n'est pas aussi innocent ni aussi fidèle qu'il en a l'air. Ses reflets déformés, ses effets d'optique pourraient bien vous condamner à une solitude que vous n'avez pas voulue. Qui sait s'il n'espère pas en secret votre échec ? Car ainsi, l'être égoïste qui se cache derrière le miroir altruiste serait rassuré sur sa propre valeur, son propre succès. Mais dire ça, c'est peut-être une calomnie...
Les choses ne sont pas ce qu'elles semblent être, et les êtres sont parfois plus compliqués qu'ils n'en ont l'air, c'est ça, la morale à tirer du parent-miroir.
Y a-t-il un moyen de s'en protéger ?...
Certainement. Un ou plusieurs. En deux mots : quand vous avez affaire au parent-miroir, protégez ce qui doit l'être. Méfiez-vous même si vous préfériez faire confiance. N'attendez rien de bon et vous ne serez pas déçu.
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