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02 février 2009

Peut-on être coupable vis-à-vis de soi-même ?

La vie offre assez d'occasions de se culpabiliser sans en rajouter d'imaginaires.
"Culpabilité" est synonyme de "faute morale" - on ne peut être coupable que vis-à-vis des autres. Pas de soi-même.
Bien sûr, on peut s'en vouloir d'avoir commis telle ou telle erreur dont on supporte seul les conséquences.
Mais il ne s'agit pas de "culpabilité" - juste de regret.

D'où vient la tendance actuelle à se considérer coupable vis-à-vis de soi-même ?

D'un dédoublement de personnalité ?
D'une manière de se prendre (trop) au sérieux ?
D'une dérive égocentrique ?

Ce qui est étrange, dans cette tendance, c'est qu'elle remplace la vraie culpabilité - celle que l'on ressent, ou devrait ressentir, vis-à-vis des autres (enfin, qu'on devrait ressentir quand on devrait).

On se culpabilise de s'être fait du mal, on ne se culpabilise plus d'en faire aux autres.
Le nombril est devenu alter ego, semblable, prochain.

"J'ai été tellement cruel, méchant envers moi-même !"

Ce constat ne devrait déboucher sur rien d'autre qu'une décision : à partir de maintenant, j'arrête.
A partir de maintenant, je serai doux et gentil avec moi-même.
Mais bizarrement, il débouche sur :

"Je ne pourrai jamais me pardonner le mal que je me suis fait... C'est ma faute, c'est ma très grande faute !"

Autrement dit, à un premier tort on en ajoute un second : ce sentiment de culpabilité accablant et absurde.

Le problème est peut-être dans une définition biaisée, erronée de l'innocence et de la culpabilité.
Être innocent, c'est ne pas nuire aux autres.
Être coupable, c'est nuire aux autres.

Quelqu'un qui s'auto-mutile n'est pas coupable et ne se retrouvera pas devant un tribunal - même s'il se fait du mal et que ce n'est certainement pas le choix le plus sage.
Quelqu'un qui mutile quelqu'un d'autre est coupable et se retrouvera devant un tribunal - enfin, on l'espère.

Simplifiez, si elle est compliquée, votre relation avec vous-mêmes. Vous êtes vous-même, inutile de compliquer tout en vous prenant pour quelqu'un d'autre. Il n'y a pas deux personnes, il n'y en a qu'une. Si vous faites n'importe quoi, effectivement les conséquences seront pour vous, mais vous ne serez coupables que si c'est à quelqu'un d'autre que vous faites n'importe quoi.

Faites la différence : il y a vous et il y a les autres.

Faites la différence : il y a les erreurs et il y a les fautes morales (ie : le mal que l'on fait aux autres).

Au lieu de vous demander "comment faire pour me pardonner ?", demandez-vous plutôt : "comment faire pour corriger cette erreur, tirer profit de cette erreur, tirer la leçon de cette erreur, ne pas reproduire cette erreur ?" La vie continue ; ce qui est déterminant, ce ne sont pas vos (mauvais) choix d'hier, mais vos bons choix d'aujourd'hui. Vous n'êtes pas fini, vous venez tout juste de commencer.

La vie se renouvelle jusqu'à ce qu'elle s'achève, et nous aussi, nous nous renouvelons jusqu'à la mort. Chaque matin nouveau est une chance en or : à nous d'en tirer parti.

1 commentaire:

  1. Merci Lucia,
    Vraiment sympa ce post. En effet je pense qu'il y a de la culpabilité égocentrique là dedans.
    Mais dernière petite question: comment effacer la souffrance mentale et morale qu'a causé cette culpabilité (mes lectures qui m'ont rendu dépressif pour ne pas les nommer...) ??!!
    Mon gros problème est ici...
    Merci pour tout.

    Julien

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