En faisant des recherches sur le discours officiel sur la dépression, j'ai pris conscience de quelque chose.
Une tendance très largement répandue dans notre société...
Elle consiste à utiliser "responsable" et "faute" là où il faudrait utiliser d'autres mots.
Par exemple :
La dépression, la faute aux hormones ?
Le déséquilibre chimique, responsable de la dépression ?
Les mots qui conviendraient, dans ces contextes, c'est "à l'origine de" ou "cause de" mais certainement pas "responsable" ou "faute".
ça a l'air d'un détail ? Vous ne voyez pas la différence ?
Ce n'est pas un détail ; il y a une grosse différence.
RESPONSABLE : "Qui doit rendre compte et répondre de ses actes."
FAUTE : " Responsabilité que quelqu'un a dans une action coupable, regrettable."
Autrement dit, il n'y a que les personnes qui peuvent faire des fautes ; il n'y a que les êtres humaines qui sont responsables. Les hormones et les déséquilibres chimiques ne doivent pas répondre de quoi que ce soit ! Ils sont tout au plus des causes, des facteurs.
Mais pourquoi ce bidouillage sémantique ?
Est-ce simplement de l'ignorance, l'inculture qui progresse ?
Je ne le pense pas.
Les médias et l'idéologie dominante cherchent à dissimuler, à occulter le concept même de responsabilité. Le diluer jusqu'à l'absurde est une bonne manière de le neutraliser. On inverse les rôles : ni le dépressif, ni d'ailleurs personne d'autre, n'est responsable... ce sont les méchantes hormones qui le sont !
C'est à elles qu'il faut faire un procès.
Ce qui rappelle ces procédures dirigées, du XIème au XVIIIème siècle, contre des charançons, des chenilles, des mulots, des taupes, des sangliers, des taureaux, etc.
Un jurisconsulte des quinzième et seizième siècles, Barthélemi Chassanée, dut sa réputation à un procès où il avait plaidé pour des rats.
En 1474, un coq est condamné par le magistrat de Bâle, en Suisse, à être brûlé pour avoir pondu un œuf (crime dont il était bien innocent, on s'en doute!).
Les animaux qu'on voit figurer dans les procès criminels sont des porcs, des boucs, des chèvres, des mulets, des chevaux, des chats, des chiens, des coqs. Ils sont arrêtés et mis en prison ; ils comparaissent devant le tribunal ; on les interroge.
Comme ils ne répondent pas d'une manière intelligible, on les torture...
Le procès se termine par une sentence de mort, et l'exécution a lieu au sortir de l'audience, après lecture donnée au coupable de l'arrêt qui le condamne.
On n'en est plus là, certes... mais c'est bien vers le Moyen-Âge qu'on s'oriente, lorsqu'on considère que des processus biochimiques sont coupables de ceci ou de cela, bref lorsqu'on transfère la responsabilité humaine (il n'y en a pas d'autres) sur tout et n'importe quoi.
Alors, que préférez-vous ?
Assumer l'entière responsabilité de votre vie, ou intenter un procès contre des chèvres... ou contre la sérotonine ?
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