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27 avril 2010

Michel Onfray - Le crépuscule d'une idole (suite)

Je continue à lire Le crépuscule d'une idole, que j'apprécie de plus en plus.

Onfray a vu clairement que toutes les théories de Freud sont, en réalité, des extrapolation de sa vie personnelle.

Le complexe d'Oedipe a, comme vous le savez, a deux facette :
1/L'inceste ;
2/Le parricide (plus généralement, le meurtre).

Onfray démontre que Freud avait des relations de type incestueux avec sa mère, sa belle sœur et ses filles et qu'il a passé toute sa vie à tuer - pour Onfray, en intention sinon en acte - des hommes qui incarnaient à ses yeux la figure paternelle.

"Freud conclut que la crainte de l'inceste chez les sauvages révèle un trait infantile commun avec les névrosés. Il suffirait de peu pour que le psychanalyste affirme que seuls les sauvages, les primitifs, les enfants, les névrosés et les malades mentaux répugnent à s'accoupler au sein d'une même famille - alors que les adultes évolués et sains d'esprit, pourquoi pas domicilié à Vienne, pourraient l'envisager sans difficulté." (p.204)

Freud affirme d'ailleurs dans Trois essais sur la sexualité qu'on ne peut être pleinement heureux que lorsqu'on a surmonté ses préjugés contre l'idée de coucher avec sa mère et ses soeurs... Comme dit le proverbe, le renard voudrait que tout le monde mange des poules : le pervers voudrait que tout le monde lui ressemble.

Onfray met donc en plein dans la mille.

Il ne lui manque que les informations données par le journaliste Eric Miller : que Freud a tué non seulement en intention et en imagination, mais en fait.

C'est comme ça que naissent les tueurs en série : ils sont d'abord obsédés par l'idée du meurtre, ils fantasment en couleurs et en détails sur les personnes et les circonstances de meurtres imaginaires, et puis un jour, ils passent à l'action.

Même dans l'amour, ou plutôt dans la passion, car Freud n'a jamais aimé personne au vrai sens du terme, Freud éprouvait toujours des sentiments mélangés, et restait tiraillé par l'envie de tuer.

Wilheim Fliess, qui a été son amant selon Miller (qui cite un passage très très suggestif de leur correspondance) et au moins son grand amour selon Onfray et d'autres chercheurs, a été lui-même l'objet et presque la victime des pulsions homicides de Sigmund.

Dans L'interprétation des rêves, Freud le menace à demi-mot (sous couvert de raconter un de ses rêves) de l'éliminer s'il se mettait un jour en travers de son chemin.

Dans une lettre, Freud explique à Fliess - par le détour d'une allusion littéraire - qu'il est partagé entre l'envie de lui "pardonner" (Fliess ne lui a rien fait, mais ça c'est un détail) et l'envie de lui faire prendre un bain de sang... Fliess, qui soupçonnait à juste titre Freud de comploter son assassinat (au cours d'une promenade sur une falaise) coupera les ponts avec son mortel ami avant qu'il ne soit trop tard. Freud l'accusera de "paranoïa"... C'est vrai, quoi : pourquoi il ne se laisse pas tuer gentiment ?!

Il y aurait des rapprochements intéressants à faire entre ce que Freud écrit dans l'Interprétation des rêves sur ses propres rêves, rêves où il est très content parce que c'est l'autre (représenté dans le rêve) qui est mort, et pas lui, et les propos de divers tueurs en série.

Par exemple, Ed Kemper :

"Ce que je désire ardemment [...] c’est assister à la mort, et savourer le triomphe que j’y associe, mon propre triomphe sur la mort des autres. C’est comme une drogue, qui me pousse à en vouloir toujours plus. Je veux triompher de ma victime. Vaincre la mort. Elle sont mortes et moi je suis vivant. C’est une victoire personnelle".

On retrouve exactement le même sentiment, exprimé sous une forme très similaire, chez Freud.

Je reviens à Onfray.

Il écrit, p. 202 :

Freud a effacé "toute frontière entre le normal et le pathologique - une façon bien compréhensible pour tout être affecté d'une pathologie de devenir illico presto un individu normal."

C'est exact - et, pour un tueur en série, une façon de noyer sa culpabilité personnelle dans une culpabilité générale, un moyen de noyer le poisson...

Michel Onfray est, à ma connaissance, l'auteur francophone qui s'est approché au plus près de la vérité sur la vie et la psychologie du sinistre docteur Freud.

Le crépuscule d'une idole, c'est ici.

3 commentaires:

  1. Je viens d'acheter ce livre j'ai hâte de le découvrir ! Merci pour votre avis :)

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  2. A noter que Michel ONFRAY remet en cause FREUD et le freudisme et non pas l'étude scientifique des faits psychiques. Il ne remet pas en cause les TCC par exemple.
    Ce qui donne du crédit à son écrit !

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  3. Bonjour à vous

    Michel Onfray a repris des informations déjà connues se trouvant par exemple dans le livre de Jacques Benesteau. Sa critique est sans nuance. Il ne fait pas œuvre d'historien mais instruit un procès à charge. Il est absurde de dire que Freud admire Mussolini ou imprudent d'affirmer sans une preuve certaine qu'il a entretenu des relations sexuelles avec sa belle sœur; L'adulation de Freud était tout aussi aberrante. Un psychiatre célèbre est décédé la semaine dernière. Pour lui la psychiatrie avait deux jambes: la marxisme et la psychanalyse. Comment guérir qui que ce soit avec une conception aussi négative de l'homme.

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