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11 mars 2008

Oubliez le phoenix : faites comme le homard !

On a tous en tête cette image du nageur qui, arrivé au fond, tape du pied contre le sol et prend ainsi son élan pour remonter à la surface…
Et on s’est tous dit, à un moment ou à un autre, avec un petit rire jaune : « Au moins, maintenant que j’ai touché le fond, ça ne peut pas être pire… ça ne peut aller que mieux. »

Mais l’image n’est pas très juste, car il y a plusieurs différences entres le nageur et nous.

Le nageur a mis toute son énergie à descendre. Il l’a fait délibérément, peut-être pour aller ramasser des perles ou des coquillages. Il a ménagé son souffle, calculé son itinéraire aller et retour. Nous, nous ne faisons pas exprès de descendre. Et si on se retrouve au fond du fond, ce n’est pas parce qu’on l’a choisi. Toute proportion gardée, on est plutôt dans la position de la personne qui se noie…

De plus, et malheureusement, dans les états d’âme il n’y a pas de plancher définitif qu’on puisse atteindre lorsqu'on descend. On peut toujours aller encore plus mal.

Donc ce n’est pas une bonne idée d’attendre « d’avoir touché le fond » pour tenter de remonter à la surface : mieux vaut chercher des solutions tout de suite. Car « au fond », il n’y a rien. Pas de sol solide où prendre appui. Juste une obscurité toujours plus grande, une souffrance toujours plus grande…

Mieux vaut éviter de se laisser séduire par les discours qui encouragent à « explorer ses propres profondeurs », à se « jeter dans l’inconnu », à « découvrir le côté obscur »… Ces discours sont en fait des incitations à avoir un comportement dangereux envers soi-même. Pour aller mieux, il ne faut pas commencer par aller plus mal, comme certains le prétendent, ou comme on se le raconte à soi-même.

Le mythe de phoenix, qui renaît miraculeusement des cendres de son propre suicide, n'est qu'un leurre (d'ailleurs mythe signifie étymologiquement mensonge). Dans la réalité, il n'y a pas plus de phoenix que de licorne ou dahut.
Certes, on peut monter très haut après être descendu très bas, mais il n'est pas nécessaire de se consumer dans les flammes ou d'avaler un flacon de somnifères pour revivre.
D'ailleurs dans la Nature, aucun animal ne procède ainsi. Pour renouveller son être, le serpent ne se jette pas dans le feu, la chenille ne se fait pas harakiri, et le homard ne se fracasse pas la tête contre les rochers. Ils s'efforcent au contraire, par un long, lent et minutieux travail, de s'arracher à leur ancienne peau devenue trop étroite.

Ce que ces animaux nous enseignent, c'est que ce n'est pas par l'impatience, le désespoir et le suicide qu'on se renouvelle, mais bien par la patience et le travail sur soi-même ; lorsqu'on veut remonter, renaître, faire surface, vivre... le plus sûr est encore de prendre la direction qui est la fois la plus évidente et la plus difficile : celle qui monte.

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