Recevez gratuitement les 20 premières pages du TRESOR + LA LETTRE BLEUE


 

14 décembre 2009

Pardonner à quelqu'un qui ne regrette pas

Deux question se posent :

1/ Est-ce possible ?
Est-il possible de pardonner à quelqu'un qui ne regrette absolument pas ce qu'il a fait, qui pense qu'il était dans son droit, qu'il a fait ce qu'il devait faire ?....

2/ Est-ce souhaitable, et si oui, dans quelles limites et à quelles conditions ?

La réponse à la première question est : "oui".
Car beaucoup de gens ont déjà pardonné à des agresseurs qui n'avaient aucun remords, et même à l'assassin pas du tout repenti de leur enfant.

Donc, oui, c'est possible.
Très difficile certainement... mais possible. On verra tout à l'heure comment.

Ce qui nous laisse la deuxième question à traiter : est-ce que c'est souhaitable ?....

Parce que ça pourrait être possible sans être souhaitable... Les deux questions pourraient avoir des réponses différentes.

Je pense que la première chose à faire, c'est de bien distinguer passé et futur.

Il peut être souhaitable de pardonner le passé mais - j'insiste un peu - il ne faut jamais, jamais pardonner le futur. Autrement dit, les parents (pures virtualités sortis de mon imagination) qui pardonnent à l'assassin de leur fillette et qui du coup demandent son acquittement sont en train de pardonner le futur, c'est-à-dire de donner au tueur l'occasion de récidiver. Pas bon.

Le deuxième point à éclaircir, c'est :

est-ce que le fait de ne pas pardonner (à cette personne qui ne regrette pas) a des conséquences ?

Très probablement.

L'absence de pardon est une rancoeur. En fait, la rancoeur pourrait être définie de manière tout à fait adéquate comme le fait de ne pas pardonner.

Et si vous avez de la rancoeur, vous avez mal.

Toute votre personnalité, tout votre corps, toute votre vie en paient les conséquences. Si vous avez de la rancoeur, vous êtes enfermé dans une identité de victime combattive, vous êtes toujours prêt à vous battre pour défendre le pauvre et l'opprimé (ou ce qui pour vous correspond au "pauvre et à l'opprimé") parce que vous vous identifiez à eux...

Où est le problème, direz-vous ?

Le problème, c'est que ce n'est pas l'amour de la justice et la haine de l'injustice qui vous motive, mais seulement la haine de l'oppresseur. Le problème, c'est que cette identité de victime combattive vous rend aveugle à votre propre liberté et responsabilité. Cette identité vous conditionne aussi à rechercher des situations où vous serez la victime, encore et encore. Et même quand vous ne serez pas la victime, vous croirez l'être encore. Vous agresserez les autres en croyant vous défendre.

Bref : cette identité façonne un avenir trop nul (pour parler comme les jeunes d'il y a dix ans).

Je le sais parce que j'ai été comme ça.

Méfiez-vous de l'identité de victime : elle rend stupide, elle rend binaire, elle rend intolérant, violent et radical.

Bien sûr que vous avez subi certaines choses...
Bien sûr que vous avez été victime de certaines personnes...

Il n'y a pas que vous.
Moi aussi.
Tout le monde.

Même votre oppresseur a subi certaines choses et été victimes de certaines personnes, même si c'était il y a très longtemps.

Mais ce n'est pas une raison pour s'enfermer dans cette identité qui éloigne de la vérité.

Car les Victimes (je veux dire par là les personnes qui cultivent le ressentiment et qui se sentent des victimes à plein temps, ce n'est pas forcément celles qui ont le plus subi dans leur existence, mais ce sont elles qui pensent le plus à ce qu'elles ont subi, ne pardonnent pas, et croient que ce qu'elles ont subi déterminent leur avenir, les condamnent au malheur et à l'injustice), les Victimes donc, n'aiment pas la vérité.

La vérité les dérange.

La vérité déchire leur cocon confortable de Victime.

La vérité les oblige à grandir. La vérité les force à cesser d'être des enfants. C'est pour ça qu'elles n'aiment pas la vérité et qu'elles n'en veulent pas. Quand la vérité vient vers elle, elles changent de trottoir.

Plus vous aimerez la vérité, toute la vérité, et plus il vous sera facile de pardonner et de vous débarrasser de votre rancoeur.

Au fait, je tiens d'à le dire : le but que l'on poursuit lorqu'on pardonne, c'est de se débarrasser de la rancoeur. C'est ça, l'objectif ultime : vivre une vie débarrassée de toute rancoeur.

Ce qui fait que si on peut se débarrasser de la rancoeur par une autre route que celle du pardon, on a gagné puisque l'objectif est atteint. Le pardon n'est, au fond, qu'un moyen ! Il ne faut pas le sacraliser.

Le vrai but, c'est d'éliminer la rancoeur et l'amertume.

Alors comment faire pour éliminer l'amertume qui nous ronge lorsque nous pensons à une personne qui nous a fait beaucoup de mal et qui ne regrette rien ?

Plusieurs options. Si la première ne marche pas, ou pas suffisamment ajoutez-en une autre : la synergie les rend plus puissantes. S'il le faut, utilisez les toutes. Mais peut-être que ce ne sera pas nécessaire.

LES OPTIONS POUR ÉLIMINER LA RANCŒUR

A. Prenez conscience que le mal qu'on vous a fait a façonné votre passé mais qu'il ne peut pas façonner votre futur. Et l'essentiel, n'est-ce pas le futur ? N'est-ce pas l'endroit où vous aller ? Qu'est-ce que ça fait, que vous ayez été un enfant très malheureux, si à partir de demain vous habitez au Paradis ?... ça ne fait rien ! Au contraire : le contraste vous permettra de savourer encore plus le lieu délicieux où vous êtes. Le mal qu'on vous a fait ne vous prive de rien d'essentiel. Il ne vous prive pas de l'avenir que vous voulez (sauf si bien sûr vous continuez à croire qu'il vous en prive) et il ne vous prive pas non plus de votre liberté de choix, ce cadeau si précieux. Il ne vous prive pas de vous-même. Bref : tout le mal qu'on vous a fait ne vous a pas privé, ne peut pas vous priver de rien d'essentiel, parce que tout le mal qu'on vous a fait ne peut pas vous priver de vous-mêmes. Votre avenir dépend de vous - pas du mal qu'on vous a fait.

Bien sûr, si vous continuez à croire que le-mal-qu'on-vous-a-fait vous limite, vous entrave, vous condamne d'une manière ou d'une autre, vous garderez votre rancoeur...

Changez votre vision, nettoyez vos lunettes mentales, et votre rancoeur s'évapore. Même si vous n'avez pas explicitement pardonné, vous ne sentez plus le fardeau de l'amertume.

B. Prenez conscience que l'autre (celui qui vous a fait du mal) a des raisons précises de penser qu'il avait raison d'agir comme il a agi. D'après ses valeurs, ses idées, son passé, etc., il avait effectivement raison. Mettez-vous à sa place, dans ses chaussures pendant quelques secondes. Vous comprendrez alors qu'il a agi d'une manière logique.

Une partie de l'amertume peut être dissipée par cette prise de conscience.

C. Prenez conscience que votre rancune ne lui fait rien à lui, mais vous fait beaucoup de mal à vous. C'est vous qui souffrez lorsque vous gardez rancoeur, pas l'autre. Lui est peut-être très heureux en ce moment, pendant que vous vous rongez les sangs. Vous ne voyez pas que c'est votre intérêt de laisser tomber la rancune ?

D. Prenez conscience que vous avez le choix. Vous pouvez vous cramponner à votre identité de victime mais vous pouvez aussi lâcher-prise, et réclamer votre responsabilité pleine et entière. Vous êtes responsable de votre vie. Personne d'autre. Tous les gens qui ont du succès vous le diront : la première condition à remplir, c'est d'assumer l'entière responsabilité de sa vie.

E. Que voulez-vous pour le futur ? Être une victime aigrie qui dira : "J'aurais pu faire ceci et cela si on ne m'avait pas fait du mal... mais on m'a fait du mal, et du coup, j'ai tout raté." Ou être un gagnant qui dira : "J'avais un mauvais jeu de carte, mais j'en ai tiré parti au maximum, et c'est ainsi que j'ai remporté la partie." Quel avenir préférez-vous ? Quel avenir voulez-vous ?
Vous êtes libre d'aller vers l'avenir que vous préférez.
Vous êtes libre de vous cramponner à une sensation d'impuissance et d'injustice, ou de reconquérir votre liberté et votre dignité intérieure, votre FORCE.

Votre rancoeur est une fuite par laquelle s'échappe votre courage, votre sens des responsabilités, votre amour de la justice. Bouchez la fuite !

Soyez juste, soyez vrai, dépassez la rancune qui vous aveugle : la vérité est que c'est vous qui décidez de votre avenir, vous qui avez le pouvoir sur votre vie. L'autre a pu quelque chose sur votre passé, mais il ne peut rien sur votre futur.

Votre avenir est à vous : il vous appartient.

La rancune et la rancoeur n'ont pas lieu d'être. Laissez-les aller, ou elles vous empoisonneront, vous affaibliront, vous plomberont. Rancune et rancoeur sont des boulets : coupez la chaine !

Et ne dites pas "Comment faire ?"

Car vous le savez déjà : la réponse à cette question, la première réponse, celle qui permet de trouver toutes les autres, c'est :

EN LE DECIDANT.

De même qu'à la question : "Comment faire pour arrêter de fumer ?"

Il n'y a qu'une réponse vraiment honnête :

EN LE DECIDANT.

PS : Je pense aussi (comme je l'ai déjà dit dans un autre post) que le fait de croire à une rétribution ultime, que ce soit celle du Karma ou celle de Dieu, aide beaucoup à se débarrasser de la rancoeur - car si on part du principe que tout sera jugé, et que toute faute sera rétribuée de la façon la plus juste, que ceux qui ont fait un atome de bien en récolteront les fruits, que ceux qui auront fait un atome de mal en récolteront aussi les douloureuses conséquences, il n'y a vraiment plus de raison de rager, de s'énerver, ou d'être dévoré par un sentiment d'injustice.

3 commentaires:

  1. :):)"apprendre à pardonner" votre poste fait écho à une partie de ce que je vis en ce moment- c'est difficile de pardonner de regarder avec les yeux et l'histoire de l'autre.. mais dur aussi d'apprendre à accepter que l'autre ne nous pardonne pas, même si j'ai reconnu mes tords et que j'ai essayer de lui montrer que je me mettais à sa place, trop tard, certes.... Je crois, avec quelques mois de recul maintenant, que couper les ponts et faire le deuil tout seul de la relation est parfois le mieux à faire. J'ai gardé quelques leçons en tête de ce qu'elle a douloureusement rejetté chez moi... et parfois il faut savoir accepter les choix de l'autre et panser ses blessures seul. Peut-être, je me dis, que le secret est qu'il ne faut jamais trop s'attacher aux gens... Peut-être que maintenant je saurai mettre les barrières avant... ou pas. Merci Lucia de nous faire partager votre si belle plume !

    RépondreSupprimer
  2. Témoignage d'une "ex-victime". Le premier pas vers l'autonomie, quand on a beaucoup souffert et lorsque notre amour-propre a été profondément détruit est justement de NE PAS PARDONNER. Prendre conscience de tout le mal que l'on a subi et rompre le lien avec le ou les agresseurs est vital pour se reconstruire. Dire aux gens qu'ils doivent pardonner revient à les priver de cet élan vital. Lorsque vous vous centrez sur vos émotions, et que vous n'avez plus à justifier votre colère et votre rancoeur, que vous n'avez justement plus aucun effort à faire pour pardonner il se produit un miracle : vous commencez à construire votre propre vie. Vous sortez toute votre colère. Et certes, si dans un premier temps vous vous comportez comme une victime, je vous souhaite de pouvoir partager votre vécu avec une personne suffisamment forte pour vous soutenir dans votre décision.
    Résultat : votre haine disparaît. Et avec le temps, votre rancoeur aussi. Vous êtes née une deuxième fois et vous vous êtes enfin affranchi (e) du regard des personnes qui étaient censées vous respecter et qui vivent dans le déni du mal qu'ils vous ont fait. Cela s'appelle briser la chaîne de violence et de non respect. Quel acte d'amour envers soi et envers les autres !
    Sylvie

    RépondreSupprimer
  3. Bien que le texte "Pardonner à quelqu'un qui ne regrette rien" apporte bien des points de réflexion intéressant, j'ai bcp aimé le post de Anonyme : Témoignage d'une ex-victime. La raison en est que de pardonner à quelqu'un qui nie le mal qu'il a fait c'est comme de l'inviter à recommencer son manège. Les regrets ou remords empêchent les récidives mais ils n'en ont pas. Donc, je dis fuyez-les!!!

    RépondreSupprimer