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26 décembre 2009

Identité et dépression [et sexe]

Qu'est-ce que vous évoque le mot "sexe" ?

Non, ne me faites pas un dessin...

Et bien ce n'est pas de ça dont je veux vous parler. Il n'y a pas que le sexe dans le sexe !

Petite citation d'Alexis Carrel, qui le dira mieux que moi : "Les glandes sexuelles ne poussent pas seulement au geste qui perpétue l'espèce, elles intensifient aussi nos activités physiologiques, mentales et spirituelles. Parmi les eunuques, il n'y a jamais eu de grands philosophes, de grands savants, ou même de grands criminels."

Notre sexualité dépasse largement, excède, notre vie sexuelle. Elle colore et informe (donne une forme à) toute notre personnalité et notre vie.

L'identité sexuelle n'est pas qu'un rôle de théâtre qu'on peut changer comme on l'entend, c'est aussi une dimension de tout notre corps, de toute notre personnalité, tout notre moi.

être un homme, c'est plus qu'une identité sociale.
Être un homme, c'est beaucoup plus qu'être un plombier ou un médecin.

être une femme, aussi.

Vous savez, la citation bien connue de Simone de Beauvoir : "On ne naît pas femme, on le devient" ?...
Elle est copiée sur une phrase d'Érasme, qui a dit : "On ne naît pas HOMME, on le devient".
Mais en l'occurrence, Érasme ne parlait pas de l'homme-homme, il parlait de l'humanité en général, femmes comprises.
Et ce que voulait dire Érasme, c'est que pour arriver au niveau de l'humanité, il faut un apprentissage. Que ce qui fait notre identité d'être humain est à conquérir.

Simone de Beauvoir dit d'une certaine façon le contraire - que pour devenir une femme, il faut être façonné artificiellement, de manière contre-nature, par la société. Que la société nous pétrit et nous déforme, nous les êtres humains qui sont de sexe féminin, pour nous changer en femmes.

Mais alors, à quoi ressemble une femme à l'état naturel, un femme qui n'en serait pas devenue une ?

A rien, car l'humanité est sexuée - ça fait parti de la nature humaine.

Pour l'instant vous ne voyez peut-être pas le rapport avec la dépression - patience, j'y arrive.

Dans la mesure où notre sexe colore et détermine notre personnalité, qu'il trace en quelque sorte une route pour nous, et dans la mesure où nous sommes libres, nous pouvons faire des choix qui nous font avancer sur cette route qui est naturellement la nôtre, ou nous pouvons nous en écarter et nous enfoncer dans les fondrières.

Quand quelqu'un exerce sa vocation, il est heureux - quand il vit autrement, il est malheureux.

Notre sexe est dans une certaine mesure une vocation : si un homme vit en homme, qu'il avance dans sa voie d'homme, il sera infiniment plus heureux que s'il s'en détourne. En fait, ça va même plus loin que ça : il ne peut être heureux que s'il avance dans sa voie.

Parce que même si c'est son choix (de s'en écarter), sa nature profonde n'est pas d'accord, et le lui fait sentir. Même s'il veut être heureux d'une autre manière, il ne le sera pas.

- Bon, je laisse de côté les cas des transsexuels et de ceux qui aspirent à le devenir ; ici je ne parle que des individus ordinaires -

Et il en va de même pour une femme. Si elle avance dans sa voie de femme, elle sera infiniment plus heureuse que si elle s'en détourne.

Notre identité profonde est intimement liée à notre sexe, et ne peut en être séparée.

Quand on refuse de penser à soi comme à "un homme" ou "une femme", qu'on préfère à ces notions sexuées celles épicènes "d'individu" ou de "personne", on refuse son identité profonde.

Autrement dit, un homme qui ne se considère pas vraiment comme un homme, et une femme qui ne se considère pas vraiment comme une femme, sont condamnés à la souffrance par la vision qu'ils ont d'eux-mêmes. Vision en décalage avec leur identité réelle - c'est-à-dire (en grande partie) avec leur sexe.

Car l'identité, ou du moins la base de l'identité, ses fondations, c'est le sexe.
Notre sexe masculin ou féminin forme la moitié de notre identité totale. Au moins.

Si, dans le miroir, vous ne voyez pas un homme (alors que vous êtes un homme) ou une femme (alors que vous êtes une femme), si vous voyez plutôt... un enfant, ou autre chose, quelque chose de neutre, de sans genre, de sans sexe clairement défini, alors vous êtes loin de votre identité réelle.

Et ça, c'est une source de très grandes souffrances.

Les idées qui ont cours de nos jours sur les hommes, les femmes, les rôles des uns et des autres n'aident pas à comprendre ce qu'est vraiment un homme, ce qu'est vraiment une femme, et donc ce qu'on est soi-même. Ni à faire des choix avisés, des choix qui nous fassent avancer dans notre route, celle qui nous correspond, celle qui nous rend heureux.

Ces idées sont comme des panneaux de direction mensongers placés au bord de la vraie route - des panneaux qui nous incitent à la quitter.

Aux hommes on dit : "n'ayez pas peur de votre part de féminité ! Assumez-la ! Pleurez, montrez vos sentiments, soyez émotionnels !"
Aux femmes on dit : "N'ayez pas peur vous montrer agressive, de conquérir le monde !"

Et si "l'homme moderne" (tel que le définissent les penseurs d'aujourd'hui) était une contre-façon, une espèce d'hermaphrodite ? Et si "la femme moderne" (telles qu'elle est définie) était elle aussi un hermaphrodite - malgré la surenchère érotique à laquelle on la convie ?...

Car l'identité d'une femme n'est pas dans son activité sexuelle - pas plus que l'identité d'un homme n'est dans la sienne. Elle n'est pas non plus dans l'emballage. Elle n'est pas dans le maquillage, elle n'est pas dans des habits moulants.

Et si la véritable identité d'un homme, de n'importe quel homme, se trouvait quelque part dans le fait qu'il est un homme, justement ?...

Et si la véritable identité d'une femme, de n'importe quelle femme, se trouvait dans le fait qu'elle est une femme, justement ?...

ça paraît difficile à croire. La société nous a conditionné de telle sorte que ce qui est le plus évident et le plus logique paraît faux, absurde, et archaïque.

Complètement démodé....
Complètement rétrograde....

Mais il y a au moins deux faits incontestables, c'est que :

1/ Le sexe (masculin ou féminin) est au cœur de l'identité humaine ;

2/ Tous les problèmes d'identité, tous les "Qui suis-je ?" auxquels on n'a pas de réponse, ou auxquels on n'a pas la vraie réponse, rendent très, très malheureux et très, très triste.

1 commentaire:

  1. Coucou Lucia,


    tu dis : Aux hommes on dit : "n'ayez pas peur de votre part de féminité ! Assumez-la ! Pleurez, montrez vos sentiments, soyez émotionnels !"


    C'est un fait. Je suis d'accord avec toi.

    Par contre concernant, les hommes, pour le vivre autour de moi par rapport aux amis -hommes- que j'ai : voilà ce qu'on leur dit depuis leur plus jeune âge (éducation, société) :

    - être un homme et être sensible n'est pas compatible
    - si par malheur on pleurait en public on est une chiffemolle
    - On ne peut pas être viril et être sensible.


    De mon point de vue , la société voudrait imposer deux schémas opposées très dangereux concernant les hommes :

    - N'ayez pas peur , montrez vos émotions en public pour assumer votre part de " féminité"
    - Ne montrez JAMAIS vos émotions, à qui que ce soit (encore moins à votre femme et vos enfants) parce que ça n'est pas viril de votre part.
    Un homme sensible n'est pas normal, n'est pas viril.

    DOnc d'un côté, on aurait soit des êtres complètement vulnérables et efféminés, et de l'autre des mysogines en puissance.

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