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08 août 2006

La maison du passé

Lorsqu'on souffre psychologiquement, on est comme enfermé dans une maison familière et pourtant angoissante : son passé. Le nouveau a un goût de vieux. Et les événements les plus inhabituels ne suscitent rien que des souvenirs.

C'est comme une maison hantée et labirynthique, sans fenêtre, où l'on peut errer éternellement... et c'est ce qu'on fait.

Voilà ce qu'écrit John C. Maxwell à propos d'une expérience cruelle mais instructive :

"Au cours d'une expérience de laboratoire, on a mesuré la motivation des rats à vivre dans différentes circonstances. Des scientifiques laissaient tomber un rat dans une jarre d'eau qui avait été placée dans l'obscurité complète, puis ils chronométraient le temps durant lequel l'animal continuait à nager avant d'abandonner et de se laisser couler au fond. En général, le rat ne tenait pas beaucoup plus de trois minutes.
Ensuite, ils ont jetté un autre rat dans le même genre de jarre, mais au lieu de l'obscurité totale, ils ont laissé pénétrer un rayon de lumière qui l'éclairait. Dans ces circonstances, le rat a continué à nager durant 36 heures. Ce qui correspond à 700 fois plus de temps que le rat plongé dans l'obscurité!"

La lumière est là, que le rat la perçoive ou non : mais s'il la voit, il résiste beaucoup plus longtemps. Comme les rats, les êtres humains ont besoin de voir un peu de lumière pour résister. Il leur faut savoir que la maison du passé où ils errent depuis si longtemps n'est pas tout l'univers - ce qui serait désespérant - mais seulement une minuscule parcelle de celui-ci. Qu'ils n'aient pas encore trouvé la porte de sortie, l'issue de secours, ne signifie pas qu'elle n'existe pas ou qu'elle est introuvable, juste qu'ils ne l'ont pas encore rencontrée - ou qu'ils ne l'ont pas encore reconnue.

Dans le film Truman show, le héros est prisonnier d'un univers artificiel depuis sa naissance. Tout est faux dans son monde : non seulement ses parents, sa femme, ses amis... sont des acteurs récitant leurs rôles, mais même la mer, le ciel, le soleil... sont factices.
Après un long et douloureux périple, il touche enfin "le ciel" : un trompe-l'oeil.

Le moment où sa main se pose sur la surface peinte, le moment où il touche enfin la vérité du mensonge, est extrêmement émouvant, d'une émotion qui n'a rien à voir avec celles que remuent complaisamment la plupart des films (amour, haine, sentiment d'appartenance, désir, peur, etc.) Quelle émotion ?...

Une émotion fine, poignante comme un cristal qui se brise, et en même temps profonde et exaltante comme une lame de fond - une émotion qui déchire et libère : l'émotion qui nait d'une véritable prise de conscience.

Ce que Truman, le héros du film, ressent, c'est l'angoisse de la perte, le deuil soudain et définitif de ses illusions : maintenant, il ne pourra plus être leurré, ni se leurrer lui-même. Maintenant, il sait de science certaine que l'univers qu'il a toujours connu, et qu'il confondait avec l'univers, est faux. Il y a quelque chose de terrible dans cet anéantissement soudain de tout ce qu'il croyait jusque là. Quelques centièmes de seconde réduisent en cendres toute sa réalité : car s'apercevoir que les personnes, les idées... auxquelles ont faisait une absolue confiance sont erronés, mensongers ou menteurs, c'est comme assister à la destruction instantanée de toute son existence.

Mais ce qu'il ressent aussi, c'est l'ouverture des possibles : car si son monde est faux, c'est forcément que derrière "le ciel" (ce mur peint en trompe l'oeil qu'il a pris si longtemps pour l'infini), le vrai monde l'attend. La confuse intuition qu'il y a quelque chose qui cloche, et cette sensation incompréhensible d'insatisfaction qui le taraudait jusque-là comme un lancinant et indéchiffrable rappel, trouvent alors une confirmation, une explication spectaculaires : oui, il y a bien un problème - un problème si énorme, si général qu'il en est invisible. Oui, il y a bien quelque chose qui manque - quelque chose de si fondamental, qu'en son absence, rien n'est valable.

Ce problème, c'est l'architecture sophistiquée de mirages qu'il prenait pour le monde, et ce quelque chose qui manque, c'est la vérité.

Lorsqu'on nage dans la jarre close, sans lumière, lorsqu'on est prisonnier de la maison du passé, labyrinthe poussiéreux et étouffant peuplé de fantômes et de portraits d'ancêtres, on ne sait pas qu'au delà des murs qui limitent notre existence, ou plutôt notre inexistence, se trouve un vrai ciel, un vrai soleil, toute une plénitude estivale qui attend...

1 commentaire:

  1. Salut Lucia,
    il y a quand même quelque chose qu'on ne peut nier, c'est ta super ecriture, et les messages pacifiques qui en découlent, rien que pour ça je dis respect,
    sincérement et escuse moi pour ... ce que tu sais, mais je pouvais m'en empecher.

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