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11 août 2006

Amour, Souffrance (et Fromage)

Le chagrin d'amour est une souffrance bien particulière, et qui peut dans bien des cas pousser jusqu'au suicide, mais il y a souvent une espèce de malentendu derrière, et si on éclaircit les raisons pour lesquelles on est tombé amoureux, ou les raisons pour lesquelles on reste amoureux envers et contre tout, il y a peut-être moyen de se sortir d'affaire.

En gros, on peut dire qu'il y a deux types de sentiment amoureux : drogue et nourriture.
Le sentiment-drogue, c'est celui qui est délicieux au début et dont on devient dépendant très vite. L'autre (l'aimé-e) est comme la dose de cocaïne dont on a besoin, mais qui ne nous satisfait jamais, et dont chaque piqure aggrave le manque en feignant de le combler. Il entraîne dans une spirale descendante de désespoir. Au fond du trou - mais en réalité ce trou n'a pas de fond - on se sent nul, pitoyable, à supplier silencieusement ou non l'autre de nous aimer encore un peu.

Il y a souvent une forme de fidélité romantique qui vient aggraver les choses : on aime non seulement l'autre, mais aussi ce sentiment qu'on lui porte et qui nous déchire. On ne veut pas renoncer à la souffrance, parce qu'on ne veut pas renoncer à ce sentiment qui a quelque chose de beau dans sa persévérance obstinée. On se définit par l'Autre, celui qu'on aime, et par l'amour qu'on lui porte : comment pourrait-on y renoncer ?... Ce serait comme renoncer à son être même...

La seule chance de bonheur qu'on se voit, c'est que l'Autre retourne vers nous et nous (re)choisisse enfin. Toute autre possibilité semble vaine, terne, dérisoire.
On est dans le "C'est elle ou rien, elle ou le néant, la mort, l'absurde".

Et l'on souffre effectivement au niveau du coeur, d'une façon souvent très physique, d'amour, d'humiliation, du rejet et du refus de la personne la plus importante à nos yeux.

Comment sortir de cet état-là ?...

Il n'y a pas de remède simple - à part un (demander l'aide de celui qui peut vraiment aider).

On peut du moins envisager que cet être idéalisé qu'on a pris pour idole ne nous apporterait absolument pas le bonheur que l'on imagine, ou dont l'on se souvient, si par un impossible hasard il changeait d'avis et revenait vers nous.

A ce propos, l'histoire "Qui m'a piqué mon fromage ?" de Spencer Jonhson est tout à fait édifiante.

Un jour, Pelochon et Baluchon arrivèrent comme d'habitude à la gare fromagère où ils avaient l'habitude de se régaler. Et ce jour-là... plus de fromage !
Transposé, c'est l'histoire de cet homme - ou de cette femme - qui un jour, ne trouve plus l'amour auquel il s'était habitué. L'Autre est parti, l'Autre ne l'aime plus.
Pelochon et Baluchon sont effondrés :
"Qui a piqué mon fromage ? gronda-t-il de plus belle, à en ébranler les parois du labyrinthe. Restant sans réponse, il porta ses mains à sa taille et, rouge de colère, poussa ce cri du coeur :- C'est trop injuste ! Baluchon, de son côté, se contentait de secouer la tête, tel un boxeur groggy. Lui aussi était convaincu que le fromage les attendait comme de juste. Il semblait pétrifé, transi d'effroi. Il n'était pas préparé à un tel choc. Les éructations de Polochon lui glaçaient le sang. Incapable de faire face à la nouvelle donne, Baluchon voulait plonger sa tête dans un trou.Si l'attitude des minigus n'était guère constructive, elle était toutefois compréhensible. Le Fromage ne se trouvait pas sous le pas d'un cheval, et il constituait bien plus à leurs yeux qu'un casse-croute ordinaire : la quête du Fromage représentait la quête du bonheur. Chaque minigus avait sa propre vision du Fromage, qui dépassait de loin les simples considérations d'ordre gustatif. Pour les uns, le Fromage, c'était la prospérité. Pour les autres, c'était le travail, la santé, ou l'épanouissement personnel. Une raison de vivre, en somme."

Et pour d'autres, le Fromage, c'est l'amour... ou l'Aimé-e.

Que faire lorsqu'on constate que le vieux fromage a disparu ? On peut, comme Polochon, s'obstiner à attendre qu'il revienne, ou s'épuiser à casser les murs de la gare en s'imaginant qu'il est peut-être caché derrière - ou l'on peut, comme Baluchon, décider qu'il est temps de partir à la recherche du Nouveau Fromage, et s'élancer dans le Labyrinthe à sa recherche.

Le bonheur passé n'est plus : le vieux Fromage a disparu. Il ne reviendra pas, jamais. Est-on prêt à partir à la recherche du Nouveau Fromage, ou choisit-on plutôt de croire qu'il n'y a que le vieux fromage qui soit à notre goût, et que s'il n'y a plus de vieux Fromage, alors la vie ne vaut plus la peine d'être vécue ?...

"Plus vite tu oublieras le Vieux Fromage, plus tôt tu en trouveras du Nouveau."

J'ai été désespéremment amoureuse pendant 3 ans d'un homme, et si j'avais tourné plus tôt la page, j'aurais rencontré plus tôt mon véritable amour - l'homme de ma vie, mon âme soeur.

Il y a deux sortes d'amour : l'amour-nourriture et l'amour-drogue. Quand un amour fait trop mal, c'est qu'il est devenu une drogue toxique.

Au lieu de s'empoisonner avec les dernières miettes poussiéreuses et moisies du Vieux Fromage, mieux vaut partir à la recherche du Nouveau Fromage.

Comme dit S. Johnson : "Le Changement est inévitable. Le Fromage change sans cesse de place."

Pour ceux qui voudraient lire Qui m'a piqué mon fromage ?, voici l'adresse où le commander :

http://www.amazon.fr/gp/search/402-9987942-6967350?search-alias=stripbooks&author=Johnson&select-author=field-author-begins&title=fromage&select-title=field-title&subject=&select-subject=field-subject&field-isbn=&field-publisher=&field-binding=&field-dateop=before&field-datemod=0&field-dateyear=2009&sort=%2Bsalesrank&field-collection=&mysubmitbutton1.x=0&mysubmitbutton1.y=0

6 commentaires:

  1. C'est extrèmement juste, et ô combien valable pour une amitié ; l'amitié peut faire souffrir, être une amitié-drogue...
    Timéas

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  2. Que oui ! Il y a quelque chose de passionnel dans l'amitié comme l'amour, et l'on peut souffrir de l'une autant que de l'autre.

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  3. Pourquoi faut-il donc que la seul chose à prendre dans la vie soit recouverte d'épines empoisonnées ?
    C'est dur...

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  4. Je trouve ce que tu dis tres juste j'en souffre aussi mais je pourrais m'enlever de ma tete l'idee que je puisse vivre sans elle

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  5. Bonjour Lucia,
    merci pour ce blog qui me donne des forces afin de ne pas sombrer ....
    Longue vie à toi,
    Corab

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  6. magnifique blog je l'ai découvert il y a deux jours et j'y reviens de temps à autre pour me ressourcer et m'éclairer les idées.
    l'article est tout aussi magnifique , j'ai eu les larmes aux yeux en le lisant tellement c'est juste merci pour le conseil

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