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20 août 2007

La faiblesse

Un cœur tout mou…
Une sentimentalité larmoyante…
Une instabilité de trépied rompu qui ne s’équilibre jamais…
Coupable faiblesse.

Les Autres nous écorchent et nous lacèrent lorsqu’ils nous effleurent de leurs carapaces de rhinocéros bardées de fer, sans même s’en apercevoir : le problème ne vient pas d’eux mais bien de nous et de notre chair trop fragile, de la gélatine d’émotions contradictoires qui nous tient lieu de tête, de cette faiblesse qui nous fait honte, et que nous ne pouvons jamais oublier parce qu’elle nous accompagne partout, faille où tous les hameçons s’engouffrent et s’accrochent.
Faiblesse de vaincu qui refuse le combat : avant même de se battre on a perdu la bataille. Celle-ci comme toutes les autres…

Et non, malgré ce qu’ils disent tous, il ne suffit pas de se répéter comme un mantra « je suis fort… je suis fort… je suis fort… » pour que cela cesse.

Cela ne cesse pas, cela continue encore et encore. Un point mou et immature au centre de l’âme ; quelque chose qui est resté bébé, ou même fœtus. Quelque chose qui n’accepte même pas d’être né, et qui sait qu’il n’aura jamais la force d’exister sur le devant de la scène.
Lorsqu’il est question de se battre pour survivre, de se battre pour exister, il dit « Pouce ! Je ne joue pas. »

Pas de solution en vue…

C’est que la force a été sapé à la base, déracinée à la base. Là où auraient du pousser ses racines, il n’y a que de la boue gluante.

Cette faiblesse n’est cependant pas un trait inhérent à notre personnalité. Nous ne sommes pas né avec, et nous ne sommes pas condamnés à mourir avec. Même si nous avons vécu avec pendant des dizaines d’année, même si nous ne nous rappelons pas avoir jamais été différent(e)…

Cette faiblesse n’est pas non plus une fatalité, une malédiction mystérieuse que quelque carabosse malveillante aurait jeté sur notre berceau, dépitée de ne pas être invitée à la fête… Nous ne sommes pas « maudits », même si ça fait parfois cet effet-là.

En fait, cette faiblesse n’est rien de plus qu’une conséquence, et il suffirait d’arracher sa cause pour qu’elle meure sur pied comme un arbre privé de racine, nous laissant libre.

Conséquence d’une vision biaisée de nous-même : nous nous sentons faible parce que nous nous sentons coupable. Hanté par le remord, le criminel repentant n’est plus qu’une loque ; nous sommes cette loque. A défaut d’être puni par la loi, c’est nous qui nous punissons.

Ça a peut-être commencé par un reproche ou un regret : « Si tu n’étais pas là… » ou : « Ce n’est pas juste… c’est toi qu’on préfère. » Et nous, du haut de nos trois, cinq ou sept ans, nous avons cru à cette parole révélée : si je n’étais pas là tout irait mieux… c’est moi qui détraque l’harmonie de l’univers. Mon existence est injuste, je suis injuste.

C’est alors que le châtiment commence pour l’innocent criminel. Pour effacer la tache de sa faute originelle, il est prêt à beaucoup d’efforts. Il prendrait sur le dos les plus lourdes responsabilités si cela pouvait le réhabiliter à ses propres yeux ; mais étrangement, les responsabilités se métamorphosent en culpabilités dès qu’il les assume.

Lorsqu’il essaie d’évaluer la part qui revient à chacun, son jugement perd toute logique et se met à dérayer : tout ce qui arrive de mal, c’est sa faute - même s’il s’agit d’un incendie causé par une fuite de gaz dans la rue d’à côté. Et tout ce qui arrive de bien, c’est grâce à quelqu’un d’autre - même si c’est grâce à lui. La balance où il pèse les responsabilités est secrètement faussée.

A force, le découragement s’installe. Le résultat est tellement décevant, et tellement prévisible…

Notre conscience nous préfère faible, puisque nous sommes méchant, puisque nous nous croyons méchant. Mieux vaut un loup malade et affaibli que la bête du Gévaudan. Alors nous nous auto-sabotons, pour nous empêcher de nuire.

Et pendant tout ce temps, nous n’avons jamais été méchant, nous n’avons jamais été coupable, nous avons seulement été crédule.

La faiblesse qui nous mine, qui nous sape, n’est rien de plus que le fruit empoisonné de notre manière peu logique de raisonner, qui n’est elle-même que le fruit empoisonné de notre vision de nous-même, qui n’est elle-même que le fruit empoisonné d’une parole malveillante et hostile à laquelle nous avons accordé notre foi.

Nous nous croyions coupable d’être faible, alors que c’était l’inverse : nous étions faible d’être coupable, ou plutôt de nous croire tel…

2 commentaires:

  1. Je suis faible, exactement comme ce que tu décris. Mais je ne sais pas d'où ça vient. J'ai lu tellement de textes de développement personnel. J'ai ténté tellement de choses. Mais rien de change car il reste une constante: je recherche l'amour, tout le temps. Je suis toujours en manque, je l'ai toujours été, même lorsque je l'ai eu. Rien d'autres ne compte et je ne peux me convaincre du contraire. Je suis vide, perdu, affamé d'affection, et privé de toute cela. Je n'en peux plus. Je suis en prison, et je sombre. Qui peut m'aider?

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  2. Pour les miracles il faut s'adresser à celui qui fait des miracles - je le dis sans ironie et très sérieusement : c'est comme ça que je m'en suis sortie. Maintenant pour se préparer à demander un miracle à celui qui fait des miracles, il faut une importante préparation psychologique : tu la feras en lisant mes blogs (celui-là mais aussi les autres). Il y a qq conseils de lectures qui t'aideront aussi... il faut les chercher, ils sont par-çi, par là.

    Patience... avec le temps, l'herbe se change en lait.

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