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29 juin 2006

L'innommable trop nommé

On va diagnostiquer une personne dépressive, puis bipolaire, puis finalement pas bipolaire mais borderline, et ainsi de suite...
Si les étiquettes sont aussi multiples, flottantes et aléatoires, c'est peut-être qu'elles ne collent pas vraiment à la réalité.

Un jour, dans son bureau, un psychiatre a décidé que ce serait bien, de donner un nom à tous ses symptomes qui souvent se rencontraient chez la même personne.
Et c'est ainsi que le "trouble bipolaire" est né, ainsi que tous ses grands frères et petites soeurs...

Les premiers occidentaux à mettre le pied en Amérique se sont empressés d'en baptiser les terres. Pourquoi?... parce qu'en les nommant, ils se les appropriaient. Pour devenir "propriétaire" des problèmes psychologiques, il est conseillé de leur donner un nom.

Plus ce nom sera incompréhensible, moins le droit de propriété du propriétaire sera discuté.

Si un psychiatre diagnostiquait à son patient : "Vous êtes triste", le patient en question n'accepterait peut-être pas de lui payer la consultation... Par contre, s'il lui annonce : "vous avez un trouble bipolaire", le patient est impressionné. Il a l'impression d'être tombé entre les mains d'un professionnel compétent.

Il ne faut pas se laisser trop éblouir par les diagnostics des psychiatres. Les médecins de Molière avaient eux aussi un arsenal de termes savants pour des maladies dont ils ne comprenaient pas grand chose.

Bien sûr, on peut être tenté de se réfugier dans le "trouble bi-polaire" (ou n'importe quel autre nom exotique...) comme dans une définition de soi. Il y a des gens qui sont maçons ou PDG, d'autres qui sont communistes ou féministes, d'autres qui sont gay, d'autres qui sont de droite, d'autres qui adorent le foot... et il y a ceux qui ont un trouble bi-polaire.

Ainsi, le mal-être se change en identité. On ne sait toujours pas qui on est vraiment, mais on a appris qu'on est "bi-polaire". Un mal-être inconnu, incompréhensible, innommable, a été nommé, étiquetté, tamponné, certifié conforme.

4 commentaires:

  1. on ne peu pas comparer tous ces troubles ils sont différents
    cest bon de savoir ce quon a pr mieu le combattre
    la difficulté est de ne pas le prendre pour une identité, se dire "je suis comme ça donc je ne guérirais pas"
    de toute façon cest jamais bon de porter une étiquette
    mais notre société fait quon colle des étiquettes pr tout et rien à tout le monde

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  2. C'est vrai je me rends compte maintenant que c'est "rassurant" (pour soi et son entourage) de mettre un nom sur notre état psychologique... Comme de mettre sa guérison entre les mains d'un médecin ou d'un thérapeute.. ou de médicaments.. Le plus difficile est de retrouver la force et la motivation en soi pour affronter la réalité en face..
    Je perçois beaucoup de maturité à travers tes réflexions, tu nous montres le chemin

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  3. le problème c'est qu'il est parfois nécessaire de nommer le mal pour le voir vraiment, pour qu'on y prête attention, car comme le patient à qui un psy lui annonce qu'il est "bipolaire" quand on a besoin d'aide et qu'on le crie de toute les façons possibles, le seul moyen d'être entendu est bien souvent d'être identifié sous telle étiquette. les gens qui m'entourent ne sont pas du genre à aider les gens "tristes" comme moi, ils écoutent, ne comprennent rien, se mettent aussi à déprimer, et finalement ça les fait chier. alors qu'avec un beau nom de maladie, ils s'intéresseraient peut être à ce que je dis, pas en tant que marginale, ce qui fait peur, mais en tant que malade. Que faire quand personne n'est là pour s'occuper de vous, et qu'à vous tout seul, vous avez fait milles fois le tour de la question...?

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  4. t'as trop raison candy S !
    peut-être qu'on devrait faire une association !?
    Z

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