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24 novembre 2009

Le travaillisme

En principe, un être humain normalement constitué et doué de bon sens ne travaille pas pour travailler, mais pour atteindre l’un de ses trois buts :

- gagner de l’argent ;

- faire quelque chose d’important parce que constructif et utile ;

- se faire plaisir.

Le meilleur travail étant bien sûr celui qui permet d’atteindre simultanément ces trois objectifs.

Mais dans notre civilisation, ce n’est pas toujours le cas. En effet, notre monde occidental moderne est imbibé de travaillisme. Le travaillisme est cette idéologie bizarroïde qui célèbre le travail comme un but en soi. Travailler pour travailler, telle est la devise du travaillisme. Dans la perspective travailliste, le travail n’est pas un moyen mais une fin, une valeur, un principe pseudo-moral, bref : une idole.

Veau d’or ?... Oui, mais aussi et surtout bœuf de labour portant œillères : il s’agit de travailler dur sans se poser de question, et surtout sans se demander pourquoi.

Ce que prétend le travaillisme, c’est que le travail est un bien en soi, un honneur, et que n’importe quel travail justifie celui qui l’exerce en lui apportant identité, dignité et sens. L’essentiel ne serait pas d’être utile, ou de gagner de l’argent, ou de se faire plaisir (les trois vrais buts qui se cachent derrière le travail), mais seulement de travailler, peu importe à quoi, peu importe comment.

Le travaillisme donne son absolution aux personnes qui, par amour de l’argent, se résolvent à exercer un métier malpropre : il leur donne bonne conscience. Je ne pense pas aux éboueurs, dont le travail est très utile, mais par exemple aux conseillers financiers qui entortillent leurs « clients », ou plutôt victimes, dans des emprunts à taux variables, ou aux publicistes qui mettent leur créativité au service du mensonge et de l’alcool.

D’autre part, et c’est peut-être le plus grave, le travaillisme conduit beaucoup de gens à sacrifier leur vie intérieure (autrement dit privée) à leur vie extérieure (autrement dit professionnelle), ce qui équivaut à arracher les racines d’un arbre dans l’espoir de favoriser la croissance de ses branches… En fin de compte, il ne reste plus que du bois mort.

Ce n’est que dans une société travailliste comme la nôtre que l’on voit de jeunes maman choisir de faire garder leur bébé nouveau-né par une nounou qu’elles payeront avec l’intégralité de leur salaire de caissière, et des salariés préférer le suicide à une démission ou un changement de poste. Hypnotisés par l’idéologie travailliste, beaucoup de gens se croient unis à leur travail par des liens indissolubles : ils sont convaincus que s’ils cessaient de travailler, ils cesseraient d’exister. Pour eux, le chômage ou la retraite, c’est le non-être.

Et pourtant, quoi de plus précieux que le loisir (à ne pas confondre avec les distractions souvent futile que l’on nomme loisirs, au pluriel) ?

Quoi de plus précieux que la possibilité d’employer son temps à son gré ?...

On ne peut se construire une existence intéressante que si on a, d’abord, le temps nécessaire pour y penser. De même que l’idée précède sa matérialisation, les circonstances favorables à la réflexion précèdent l’idée. Le temps libre est, pour ceux qui sont disposés à en tirer parti, une source inépuisable de bienfaits. Même une période de chômage (angoissante en soi) représente une opportunité, l’occasion en or de réfléchir à ce qu’on veut, et aux moyens de l’obtenir.

1 commentaire:

  1. Coucou Lucia,

    cet article me parle énormément, puisque je suis moi-même en pleine phase de transition quant à mon avenir professionnel.

    J'ai d'ailleurs lu un excellent article de Brian Kim à ce sujet. (le lien (en anglais) pour ceux que ça intéresse) http://briankim.net/blog/2006/07/how-to-find-what-you-love-to-do/Trop souvent, les gens oublient de se poser un question essentielle : qu'est-ce que j'aime faire dans la vie ?
    Et c'est seulement à partir de cette question-là qu'on peut un jour trouver un emploi dans lequel on s'épanouit. La plupart des gens évite cette question fondamentale, car au début, la réponse qui leur vient en tête : je ne sais pas. Et bien c'est là justement qu'il faut trouver le courage de prendre une feuille de noter nos qualités propres, nos intérêts et réfléchir à ce qui nous importe dans la vie.

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