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29 novembre 2009

La responsabilité du "dépressif", de la société et des autres

En réponse à un avis.

Un lecteur me reproche de "culpabiliser le dépressif".

Il écrit : "Ce n'est pas la faute du dépressif si il l'est. Quand on vit une vie de m..., qu'on vit dans nos sociétés de m... ! Vous dites aux dépressifs qu'ils sont responsables de leur état : c'est pratique, ça permet d'enlever toute responsabilité à la société et aux autres."

Que nos sociétés, ou plutôt notre société (car plus ça va, plus il n'y en a qu'une, uniformisée par le Nouvel Ordre Mondial qui est en marche) soit déprimante, je n'ai jamais dit le contraire. C'est un vaste sujet ; j'en ai déjà parlé un peu, et il y aurait encore énormément à en dire.

Mais pour ce qui est "d'une vie de m...", à qui appartient-elle ?
à celui qui la vit, on est bien d'accord. C'est lui qui en est responsable.
Accuser sa vie, c'est s'accuser soi-même.

Admettons tout de même, pour faire plaisir à ce lecteur et à ceux, nombreux, qui pensent comme lui, et surtout pour voir où cette idée mène, que la dépression soit "la faute" aux autres (1) et à la société (2). Et rien qu'à eux.

Le "dépressif" serait donc une victime à l'état pur, une victime 100 % victime, sans additif ni adjuvant.

Sur le coup, cette idée est rafraichissante.
On se dit : "ce n'est pas ma faute, je n'y suis pour rien..." Soulagement. On respire plus à l'aise.

Mais après ?

D'accord, vous êtes une victime et rien qu'une victime. Mais maintenant, qu'est-ce que vous faites ? à part avaler les cachets que votre docteur vous a prescrit ?

- Rien.

D'accord. Pas de problème. Donnons-nous rendez-vous dans trois ans.

(Trois ans ont passé.)

"- Alors, votre dépression, vous en êtes où ?... ça va mieux ?
- ...
- Pas vraiment ? Mais vos cachets ?
- Ils ne me font plus d'effet...
- Ah, vous les avez arrêté alors ?
- Non, parce que lorsque je les arrête, c'est pire...
- Donc si j'ai bien compris, vous êtes exactement au même point qu'il y a trois ans, sauf qu'en plus, vous êtes pharmaco-dépendant..."

Si vous restez focalisé sur la responsabilité des autres et la responsabilité de la société, vous ne bougerez pas, et si vous ne bougez pas vous coulerez doucement mais sûrement dans les sables mouvants de votre statut de victime.

Bien sûr qu'il y a des causes extérieures à la dépression. Des causes sur lesquelles vous ne pouvez absolument rien. Mais si vous vous focalisez sur elles, vous ne verrez pas celles qui dépendent de vous, celles sur lesquelles vous pouvez agir.

D'ailleurs même cette société malsaine qui vous opprime n'est pas totalement extérieure à vous.

Elle vous opprime parce qu'il y a, dans vos idées, dans vos habitudes, une partie de vous qui pactise avec l'ennemi, qui se soumet à ses exigences, qui accepte ses "valeurs".

Un révolutionnaire a dit "Les grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux : levons-nous !" Sa réflexion est transposable à d'innombrables domaines. Très souvent, ce qui nous écrase nous domine parce que nous avons plié les genoux.

Je reviens au sujet initial.

Si pour vous, l'essentiel est d'être innocent de ce qui vous arrive, vous n'aurez aucun mal à trouver des figures d'autorité pour vous déculpabiliser et vous rassurer. Mais à long terme, qu'y gagnerez-vous ?... Le pire destin qui soit, celui d'un être libre qui agit comme s'il ne l'était pas.

Celui d'un être humain qui se prend pour un objet.

Mais si pour vous, l'essentiel est de vivre vraiment, de bâtir votre avenir comme les castors bâtissent leur barrage (c'est-à-dire avec grand soin), ou comme les artisans du Moyen-âge bâtissaient une cathédrale (c'est-à-dire avec ferveur), alors vous avez tout intérêt à chercher votre part de responsabilité, votre part de choix, votre marge de manoeuvre. Vous avez tout intérêt à méditer sur vous-même, à explorer le territoire de votre liberté, à étudier vos alternatives.

On s'imagine souvent trop vite qu'on "n'a pas le choix", simplement parce qu'on n'a pas réfléchi suffisamment aux différentes possibilités qui s'offrent à nous. Parce qu'on ne voit pas de choix à faire, on pense qu'il n'y en a pas.

Alors que si, il y en a. Mais il faut les chercher, ces choix, et avant cela, il faut croire qu'ils existent.

Croyez d'abord que vous êtes libre, plus libre que vous n'imaginez actuellement, et vous découvrirez ensuite petit à petit qu'effectivement vous l'êtes.

Petit à petit vous prendrez conscience que de nouveaux choix s'offrent à vous - pas si nouveaux, en fait, parce qu'en réalité ils ont toujours été là sous votre nez, mais la différence c'est que maintenant, vous les voyez.

1 commentaire:

  1. Vous avez raison de remuer les dépressifs!
    Les laisser dans la case victime avec des cachets pendant des années ne leur fait aucun bien et ne leur permet pas de surmonter leurs problèmes.

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