Citation :
"la conviction d'être perpétuellement coupable de quelque chose. Je me sens comme un détenu en cavale, mais bel et bien coupable, qui VA, c'est fatal, être rattrapé, où qu'il se trouve, et puni par une Autorité dure, glaciale, impitoyable, malveillante - mais qui le mérite. Je me sens comme si j'étais un criminel, un drôle de criminel qui ne sait absolument pas ce qu'il a pu faire de mal mais qui se dit que "ça va tomber".
Je cherche du travail et aux dires des personnes dont le rôle est de juger ma façon de le faire, c'est irréprochable. Mais comme ça n'a pas encore abouti, j'entends une voix me dire :"en fait tu ne cherches pas ! tu ne veux rien foutre ! sinon tu bosserais !"
Je pars en vacances cinq jours... je suis persuadé que le monde entier va me tomber dessus pour avoir osé fuir de la sorte, que je suis comptable de mon temps devant Quelqu'Un. Et je suis persuadé qu'un courrier recommandé accusateur (de quoi ? je l'ignore) doit m'attendre dans la boîte aux lettres. Total : je ne peux pas m'absenter plus d'une petite semaine.
Jamais, je ne me détends de ce sentiment, jamais il ne cesse. Si je marche dans la rue en milieu de matinée en semaine, j'ai l'impression de porter un énorme bonnet d'âne proclamant mon état de chômeur, qui va me faire repérer, huer et punir pour être là "à me balader au lieu de bosser".
Cette tension permanente a des répercussions physiques, je souffre de névralgie parce que les muscles du haut du dos tirent et bloquent les cervicales.
Coupable !
Je me hais et me méprise, je suis persuadé d'être le dernier des derniers, affligé des pires défauts, lâche et fainénant, irrémédiablement; que chacun de mes actes peut être interprété comme une lâcheté abjecte. Même le fait de faire face..."
Bien sûr, l'enfance est en cause lorsqu'on se sent ainsi coupable.
Les phrases entendues - celles qui se répétaient souvent... les parents font parfois beaucoup de dégât (d'un autre côté, pas de parent ça fait aussi beaucoup de dégât. Et puis en général, ils font de leur mieux, même si parfois leur mieux n'est vraiment pas extraordinaire).
On peut parler aussi de "surmoi".
Ou de "conscience" - c'est moins psychanalytique.
Parfois, la culpabilité est d'une certaine manière réelle. Mais elle se difracte et se répand, teintant d'elle ce qui ne devrait pas l'être. On est coupable d'UNE chose bien précise... et on se sent coupable de MILLE choses vagues...
Parfois aussi, on est coupable mais on ne le sait pas. On se contente de le sentir. Une culpabilité réelle mais obscure se manifeste par un sentiment diffus, insaisissable et obsédant.
Pour sortir de la culpabilité - au moins faire un pas en dehors d'elle -, il n'y a à ma connaissance pas de méthode simple. Mais chaque jour, et même plus souvent que ça, chaque être humain est confronté à des choix.
Des choix binaires (c'est l'essence même du libre-arbitre, cette binarité).
Face à l'embranchement des routes, il y en a une qui monte et une qui descend.
La route qui descend mène à une culpabilité accrue ; la route qui monte apaise, ne serait-ce qu'un tout petit peu, la conscience.
Comment reconnaître cette route qui monte ? Elle monte ! Elle n'a rien de bien attrayant. Mais on sait - on sent - qu'arrivé en haut de la côte, on se sentira plus serein.
Vous n'avez "vraiment pas envie" de prendre la route qui monte ?... Faites du moins un pas dans sa direction : renseignez-vous sur elle. Même si ça ne suffit pas pour vous motiver, ça suffira pour vous motiver pour vous renseigner davantage (et vous renseigner davantage finira par vous motiver à prendre la route qui monte).
Dit autrement, même si vous reculez, par faiblesse, paresse, lâcheté, amour du plaisir, dégoût de l'effort, impatience, etc., devant la route qui monte, faites au moins ce pas intellectuel vers elle qui consiste à faire sa connaissance.
Même la culpabilité imaginaire, démesurée, se nourrit de fautes réelles. Petites fautes, ou grandes fautes, mais fautes. Alors lorsqu'il faut choisir, choisissez :
- la sincérité la plus complète (au lieu des petits arrangements avec la vérité)
- le courage (au lieu de la lâcheté)
- la recherche et l'effort (au lieu de l'inconscience et de l'inertie)
Regardez-bien en vous-même s'il n'y a pas quelque chose qui vous taraude, quelque chose que vous vous êtes engagé à faire - et si c'est le cas, faites-le. L'introspection et la bonne foi sont vos alliés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire