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06 octobre 2008

Le rôle de l’attitude mentale


Il y a plusieurs facteurs psychologiques qui aggravent les causes externes de souffrances. Car même dans les cas où la cause est parfaitement évidente, et majeure, notre propre réaction peut jouer un rôle aggravant ou au contraire atténuant : la mauvaise attitude mentale transforme la piqure de guêpe en coup de poignard, et la bonne attitude mentale transforme le coup de poignard en coup d’épingle.

Certains auteurs du développement personnel prétendent même qu’une bonne attitude mentale est capable transformer un coup de poignard en massage à l’huile d’amande douce. Par exemple le Dr. Wayne W. Dyer, l’auteur de Corrigez vos zones erronées prétend que l’on peut, par la seule force de sa pensée, transformer une séance de torture chez le dentiste en moment d’intense volupté (cependant une métamorphose aussi radicale reste encore à prouver). Bien avant lui, des philosophes grecs, les stoïciens, cherchaient déjà à s’insensibiliser aux malheurs en adoptant une attitude mentale adéquate.

C’est quelque chose que tout un chacun a déjà expérimenté : une situation objectivement facile peut devenir insupportable lorsqu’on l’empoisonne avec certaines idées, et inversement une situation objectivement difficile peut être vécue sans grand dommage, lorsqu’on se contente de prendre les choses comme elles viennent.

L’illusion du bonheur garanti

Une des illusions qui aggrave les souffrances causées par un événement douloureux est cette croyance très répandue mais irrationnelle selon laquelle la vie sur terre aurait en quelque sorte l’obligation morale d’être une expérience uniformément douce, plaisante et agréable - pas pour tout le monde bien entendu, ça ne serait pas possible, mais du moins pour un certain nombre de personnes… Dont nous faisons partie. On s’imagine facilement que les catastrophes ont signé un contrat (avec on ne sait trop qui) les engageant à nous épargner.

Or si l’on y réfléchit bien, on s’apercevra qu’aucune personne digne de confiance ne nous a jamais promis cela. Nous n’avons aucune raison sérieuse de croire que la vie est un séjour au club Med. Comme le disait George Sand, femme politique et romancière inspirée, amie de Flaubert, Lizt et Chopin, la vie est bien plutôt un « ragoût mélangé de tristesse et de joie ».

Face à un évènement douloureux, l’impatience et l’exaspération sont les réactions de quelqu’un qui considère sa souffrance comme un phénomène anormal, une anomalie injustifiable qu’il n’a pas à supporter. C’est un peu l’attitude de quelqu’un qui a commandé un fondant des quenelles de brochet soufflées au coulis de crustacés dans un restaurant chic et à qui l’on sert à la place un sandwich miteux au jambon verdâtre : il est furieux, il proteste, il réclame. Mais la vie n’est pas un restaurant où nous passons nos commandes.

D’ailleurs, il suffit d’observer l’état du monde pour s’apercevoir que beaucoup de gens, et même beaucoup de peuples, souffrent de la faim, de la maladie, et de violences toutes plus insupportables les uns que les autres… et pourtant, ils les supportent. Est-ce que nous valons mieux qu’eux ? Est-ce que notre statut d’occidental nous met à l’abri ?... La preuve que non : on est exaspéré lorsqu’on prend conscience que ce n’est pas le cas.

D’une manière générale, on souffre d’autant moins des coups durs de la vie qu’on s’y est préparé mentalement, qu’on a accepté à l’avance leur inévitable venue : il n’y a aucune raison pour qu’ils nous épargnent plus que d’autres, qui valent autant ou mieux que nous.

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