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18 mai 2008

Suicide et Changement

Que ressens-t-on pour vouloir mourir ?

Que notre vie n'a pas de sens. Pas d'utilité. Que notre mort ne ferait, au fond, aucune différence.

Que la route est trop longue et que nous sommes trop fatigué. Que nous avons "assez donné". Que nous nous sommes suffisamment épuisé à tourner et errer dans le noir.

Que trop, c'est trop.

Que si on ne supporte plus... c'est que c'est insupportable.

Que respirer est devenu un effort trop difficile à fournir. Et que chaque seconde déchire quelque chose de plus dans les fibres de notre âme meurtrie et oubliée, muette. Comateuse.

Il semble alors que mourir soit la seule chose logique à faire. Du bon sens.

Mais si ce n'était pas vraiment ça ?...

S'il y avait un malentendu ?

Nous voulons la mort - mais c'est peut-être que nous croyons que seule la mort peut nous apporter ce changement radical dont nous avons effectivement besoin.

Un simple changement de souffrance serait déjà un soulagement ; ce qui est insupportable, c'est ce "toujours la même chose" - cette répétition obstinée, entêtée, de la même douleur.

Si nous pouvions troquer notre état actuel contre un autre, vraiment profondément différent, ne serions-nous pas satisfait, ou du moins soulagé ?...

Ce n'est pas à un changement de décor que l'on aspire, c'est à un changement intérieur. Un renouvellement. Une page qui se tourne pour s'ouvrir sur la belle plage lisse où tout est encore à écrire. Où tout est encore possible, où notre personnalité serait pareille à celle d'un bébé - fraîche et neuve et curieuse, et non désespérée et meurtrie et humiliée et aigrie.

Un changement radical.

Une nouvelle naissance.

C'est à ça qu'on aspire quand on croit aspirer à la mort. Et si on ne s'imaginait pas, obscurément, que la mort est bien cela, on ne voudrait pas de la mort.

Mais imaginons que l'après-suicide ne soit pas cette nouvelle naissance, mais au contraire une répétition encore plus odieuse du pire qu'on a vécu sur cette terre ?...

Qui, le sachant, voudrait encore se suicider ?...

Si l'après-suicide était un supplice à la manière de Tantale ou de Sisyphe - qui en voudrait ?

Le changement radical, le renouvellement intérieur sont possibles. Oui. Ils sont possibles tant qu'on est vivant - la mort vient mettre le mot "fin" au livre de notre destinée : fini le libre-arbitre. Finis les choix. Nous voilà pour l'éternité... quelque part.

C'est durant ce bref espace de temps, de vie, qui nous est imparti que tout est possible - même quand tout semble définitivement bloqué.

Les transformations, les métamorphoses, les virages à 180 degrés, les recommencements à zéro, ne sont possibles que durant la vie.

Il y en a qui se sentaient aussi mal que vous vous sentez et qui, après des années d'écoeurement et de souffrance toujours semblable, ont goûté au changement.

A cette fraicheur qui précède l'aube : un renouveau profond, secret, libérateur.

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