C'est lié au fonctionnement du cerveau et à la structure du langage.
Tout être humain est doté d'un esprit de contradiction qui se réveille dès qu'il est confronté à une affirmation discutable.
Si "l'herbe est verte" ou "le soleil brille" ne risque pas (trop) d'éveiller cet esprit de contradiction, "tu es génial" ou "tu as de la chance" va presque immanquablement le stimuler...
Dans la tête, une petite voix dit tout de suite "même pas vrai !", "qu'est-ce que t'en sais, d'abord ?!" ou "cause toujours, tu m'intéresses !"
Et si, au lieu d'entendre quelqu'un d'autre affirmer ceci ou cela, c'est nous-même qui (suivant en cela les conseils du docteur Emile Coué en particulier, et du développement personnel en général) nous disons : "j'ai de la chance" ou "je suis génial", la même petite voix entêté proteste.
Autrement dit, nous ne nous croyons pas... et donc, l'affirmation ne sert pas à grand chose.
Pour qu'elle dépasse la barrière de l'incrédulité, il faudrait la répéter mille ou cent mille fois, jusqu'à ce que le cerveau finisse par l'accepter, de guerre lasse. C'est possible, et ça marche, mais c'est long et barbant.
Pourquoi le cerveau freine-t-il ainsi des quatre fers devant les affirmations positives ?
Parce qu'une affirmation pose au premier plan une idée ; quand cette idée est nouvelle, non-conforme à ce qu'on croit savoir par ailleurs, il est d'autant plus tentant de la passer au crible de son esprit critique qu'elle est en pleine lumière : les feux des projecteurs sont braqués sur elle.
Et maintenant, remplaçons "j'ai de la chance" par : "pourquoi ai-je de la chance ?"
Ce n'est pas une affirmation. C'est une question. Ce qui est au premier plan, ce n'est pas "j'ai de la chance" mais "pourquoi...?" L'affirmation est ainsi reléguée à l'arrière-plan, ce qui fait que le cerveau ne l'envisage pas en tant que telle. Il doit l'accepter pour comprendre la sens de la question. L'idée nouvelle n'est pas posée, elle est présupposée. Et parce qu'elle est présupposée, le cerveau l'accepte - ou du moins, il l'accepte beaucoup plus facilement qu'autrement....
En d'autres termes, la question fait passer le message d'une manière indirecte, implicite - quasi-subliminale.
D'où la supériorité des questions sur les affirmations pour sortir de la dépression.
Une (bonne) question est un fil d'Ariane : qui s'en saisit et tire avec obstination dessus se trouve quasiment porté jusqu'à la porte de sortie du labyrinthe.
Mon conseil : bâtissez-vous quelques questions-phares, et ensuite, ne les quittez pas des yeux. Elles vous guideront là où vous voulez aller.
Pour en savoir plus sur les "afformations" (les bonnes questions anti-dépression), lisez le livre de Noah Saint Johns.
Il est très bien, très très intéressant, et c'est quasiment le seul sur ce sujet essentiel.
On le trouve en français à la Fnac...
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