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13 octobre 2009

Considérations sur notre époque et conseils de lecture

Nous vivons une époque tout à fait passionnante - et vraiment horrible.

La plupart des gens ne s'en rendent pas vraiment compte. Ils ont bien une vague perception que "quelque chose cloche" ou que "avant, c'était mieux", mais ça reste une sensation, une intuition, beaucoup plus qu'une connaissance.

Ils ne s'en rendent pas vraiment compte, parce qu'ils n'ont qu'une vision confuse et fausse des époques antérieures. Un livre récent est consacré à "nos ancêtres", comme s'il n'y avait pas de différence entre nos ancêtres du XXème, du XIXème, du XVIIIème, etc. La vision qui se fait jour dans bon nombre de livres récents, c'est que aujourd'hui est différent, et mieux, que hier. Que "nos ancêtres" n'étaient pas comme nous, et qu'au fond, ils étaient plus bêtes et plus malheureux que nous - ou un peu plus heureux, mais tellement plus bêtes que ça compense.

Ce préjugé est si ancré, qu'on met à l'actif de notre époque des faits qui devraient être mis à son passif.

Par exemple, l'augmentation des divorces.

N'importe quel livre récent qui en parle souligne le "fait" que si les divorces sont plus nombreux de nos jours, c'est parce qu'avant, les gens vivaient dans un "désespoir tranquille", détestant leurs conjoints mais les supportant malgré tout, par résignation et peur du qu'en-dira-t-on. L'augmentation des divorces seraient le signe que les gens ont plus d'espoir et de courage, qu'ils cherchent activement l'amour - bref (?), le signe que les gens sont plus heureux de nos jours que dans les périodes antérieures...

Raisonnement tordu reposant sur le préjugé que maintenant, on est tellement plus intelligent et plus libre qu'avant.

Même raisonnement tordu pour expliquer l'augmentation des dépressions : ce n'est pas que les gens sont plus déprimés, c'est simplement que cette "maladie" est mieux diagnostiquée. Bref (?), ce n'est pas l'Humanité qui régresse mais la Médecine qui progresse.

Et l'augmentation des suicides ? Il y a certainement moyen d'expliquer ce phénomène d'une manière qui fasse ressortir à quel point nous vivons une époque formidable... en cherchant vraiment bien !

Mais si les véritables explications étaient un peu plus simples, un peu plus logiques ?

Si l'augmentation du nombre de divorces signifiait que les gens sont de moins en moins capables de se supporter et de s'aimer au long terme ? Si cette augmentation révélait un manque d'amour ? Si l'augmentation du nombre de dépressions et de suicides signifiait que les gens sont de plus en plus désespérés face à l'absurdité de leur existence ? Si cette augmentation révélait un manque de sens ?

Si nous ne vivions pas une époque formidable ?

Des livres de psychologie ou de sociologie insiste sur le fait que nous sommes "plus riches" qu'avant - mais à quoi bon un frigidaire de plus, quand (par exemple) on ne peut plus respirer d'air pur ?... La pureté de l'air était une richesse surabondante, accessible à presque tous - aujourd'hui c'est un luxe en voie de disparition, réservé à quelques privilégiés.

Le concept de "richesse" a été défini de manière trop étroite. Si on prend tous les paramètres en compte, nous sommes presque tous infiniment plus pauvres qu'il y a soixante ans.

Je ne suis pas nostalgique. Je ne regrette pas de ne pas être née à une autre époque. Mais je constate que cette époque-ci est pourrie (quoique passionnante d'un point de vue intellectuel).

Au XIXème siècle, Jules Verne a écrit "20 000 lieux sous les mers". Le XXIème siècle, c'est "20 000 leurres sur la terre." Trompe-l'oeil, illusions et masques : tout ce qui est sensé être vrai, tout ce que "tout le monde croit", est faux, ou presque.

Il y a à autre chose qui me frappe, dans notre époque. C'est un point à la fois très précis et me semble-t-il très révélateur. Les écrivains prennent leurs lecteurs pour des imbéciles - je ne sais pas si vous avez remarqué ?

Enfin je généralise peut-être... C'est ce que j'ai constaté en lisant des livres et des magazines de développement personnel, de psychologie et de philosophie.

Même du côté philosophie, il y a une espèce de mépris pour les lecteurs. Ce qui me fait dire ça, c'est le côté hyper approximatif des raisonnements tenus. Je suppose que ces auteurs seraient capables d'être rigoureux, mais ils ne le sont pas - comme s'ils partaient du principe que leurs lecteurs ne s'apercevront pas de leurs sophismes, qu'il suffisait de saupoudrer de "ainsi", de "donc" et de "cependant" pour que leurs pseudo-raisonnements passent comme des lettres à la poste.

Le fait d'être pris pour un imbécile n'est pas anodin.

Le fait d'être pris pour un imbécile peut avoir deux effets :

- soit ça énerve - quand on a conscience qu'on est pris pour un imbécile ;
- soit ça abrutit - quand on ne se rend pas clairement compte qu'on est pris pour un imbécile.

Tout se passe comme si nous subissions actuellement les conséquences d'un vaste complot visant à crétiniser l'Humanité.

Dans un autre livre récent, j'ai lu que de nos jours, nous connaîtrions tous (grâce à Internet, aux films, etc.) ce qu'est la belle vie des riches, ce qui nous rendrait insatisfaits et envieux, alors que "avant", les pauvres ne savaient pas comment vivaient les riches et vivaient donc beaucoup plus sereins.

Mais mis à part les pauvres trisomiques, les pauvres ont toujours su qu'ils étaient pauvres, et ont toujours su que les riches étaient riches - et ils le savaient d'autant mieux qu'ils vivaient beaucoup plus qu'aujourd'hui au contact des riches, à leur service.

D'un côté on nous prend pour des imbéciles, et de l'autre, on veut nous faire croire que nos ancêtres étaient encore plus stupides que nous sommes sensés l'être...

Passons à autre chose...

Hier, j'ai fait un tour à la bibliothèque. J'ai emprunté un nouveau livre - un livre que je n'avais jamais lu... Or au bout de quelques pages, je me suis aperçue que je l'avais déjà lu !

Tant de livres disent exactement la même chose de la même manière, rendent compte des mêmes expériences pour en tirer les mêmes conclusions pré mâchées, redécouvrent avec le même émerveillement factice et pseudo-scientifique les mêmes vieilles vérités éternelles, rebaptisent des mêmes noms ronflants et obscurs des phénomènes pas si mystérieux... qu'au fond, c'est toujours le même livre.

C'est ça, notre époque : sous une apparente diversité, sous des couvertures multicolores et variées, la même non-pensée unique, le même non-style fadasse, le même flot grumeleux et grisâtre de mots qui ne sont que des mots.

Pouah !...

Pour sentir et comprendre tout ce qui manque à notre époque, il faut se plonger dans l'Histoire.

Pas dans un manuel d'Histoire : ils ont été à écrits à notre époque. La vraie Histoire, c'est celle qu'on trouve dans les romans, les essais, les correspondances, etc. qui datent de plus loin que ces trente ou quarante dernières années.

Pour l'instant, je prends juste deux exemples :

- La correspondance de Marie-Antoinette ;

- L'histoire de ma vie de George Sand.


Remplis de lettres authentiques écrites par différents correspondants, ces deux livres nous donnent un aperçu sur la mentalité d'hommes et de femmes du XVIIIème et XIXème siècle.

Leur style révèle énormément sur leur manière de penser et d'être. Il suppose une espèce de structure intérieure, une solidité qui aujourd'hui, semble en voie de disparition. Un sens du devoir et de l'honneur - mais ces termes ne rendent qu'imparfaitement compte de ce dont il s'agit. Une autodiscipline, une capacité à attendre, à se dévouer, à prendre en compte le long terme, à chercher et saisir l'image générale, à faire passer autre chose que soi avant soi. A aimer "le bon, le beau, le bien" plus que soi-même.

Lorsqu'on les compare avec les écrivains actuels, on prend conscience que ces hommes et ces femmes d'un autre temps étaient plus intelligents, plus respectueux d'eux-mêmes et de leurs interlocuteurs, plus idéalistes : ils obéissaient à des principes.

Ils étaient aussi plus cohérents et organisés - j'emploie ce mot faute d'en trouver un autre qui conviendrait mieux... On a la sensation, à les lire, que leur monde intérieur est harmonieux, logique.

Le plus remarquable, peut-être, c'est qu'ils écrivent beaucoup mieux que les écrivains contemporains, alors qu'ils n'étaient pas écrivains. Comme si la qualité de leur individualité se reflétait sans effort dans la fluidité et l'élégance de leur style.

Or nous ne sommes pas condamnés à suivre le courant dans le mauvais sens... Personne ne nous empêche de nous approprier certaines des qualités des générations précédentes. Personne ne nous empêche de refaire notre éducation - ce qui est le principe même du développement personnel.

Conclusion : lire des livres écrits avant les années 60, ou avant les années 70, permet de respirer un air beaucoup plus pur que lorsqu'on se cantonne dans les écrits les plus récents. Un air qui permet de prendre conscience de son propre souffle - et de l'air vicié qui règne dans le blabla contemporain.

Je vous conseille tout particulièrement la correspondance de Marie-Antoinette et surtout, surtout Histoire de ma vie de Sand (la version intégrale en Pléiade) : c'est une lecture qui fait énormément réfléchir et qui est, par moments, très émouvante. Elle vous permettra, je pense, de contacter une partie particulièrement précieuse de votre véritable identité, de votre personnalité profonde. Elle vous aidera à raviver une étincelle que notre époque malsaine et chaotique s'emploie à éteindre.

Bref... Lisez Histoire de ma vie.

2 commentaires:

  1. L'augmentation des divorces, je pense que c'est dû à de nombreux facteurs, les procédures de divorce sont plus simples, on encourage les gens à se séparé à ne pas se satisfaire ou se contenté, à rêver du grand amour, d'un amour passif, l'amour de la vie, l'âme soeur qui nous attend nous et rien que nous et que si ça marche pas enfin qu'il y'a des conflits c'est pas le bon. Des tas de raisons, ces torchons de magazines féminins, la perte de la notion de devoir, et cette volonté de tous droits et liberté. Aucuns effort. Recul des religions, enfin bien qu'étant athée ça à jouer et plus, trop de mariage arrangé avant c'est vrai qu'il y'en avait des subis.
    Mais la vitesse à envenimé tout et partout. Même l'amour. Idéalisation, j'ai étais quitté pour une relation virtuel.
    On est dans un monde de dingue vraiment. Quels bons conseils de lecture, en effet la littérature actuel, je plains nos descendants quelles piétres images ils auront de nous, avec ces auteurs égocentrique qui n'ont rien de mieux à raconté que leur vie et leur nombril. D'autres se la jouant un peu provoc. Rien d'original, que des histoires de coucheries, de tromperies et de vie. Je ne lis presque pas d'auteurs vivant.
    Pour la dépressions pas mal de psychiatres et de sociologue reconnaissent quant même que ce n'est pas que dû aux progrés de la médecine, mais aussi à la précarité du travail, au stress, à l'isolement.
    Ls gens veulent tout sans les inconvénient et ne se satisfont pas.

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  2. Mouais. "C'était mieux avant".

    Je n'y crois pas.
    Je ne crois pas non plus que ce soit meilleur maintenant. On n'a pas les mêmes problèmes, mais dire qu'il n'y en avait pas avant, c'est se voiler la face.

    En cherchant bien, on trouve des livres magnifiques écrits maintenant. Ceux-là resteront, pas les autres. Comme sont partis aux oubliettes les mauvais d'avant. Et il y avait aussi des dépressifs, avant. Sauf qu'ils n'étaient pas malades, mais paresseux et capricieux. Il en reste d'ailleurs.

    Quant au mariage... Je revendique le droit à l'erreur, y compris en amour. D'ailleurs, si je n'en avait pas faite, si je ne m'étais pas séparé, je ne serai pas en train de chercher la solution pour sortir de là.

    Je ne suis pas convaincu du tout que les gens savaient plus s'aimer que maintenant. Se tolérer, peut-être, et encore.

    De toute façon, "c'était mieux avant" ou "c'est mieux maintenant" m'importent peu. Ce qui m'intéresse, c'est ce que je peux faire pour que ce soit mieux après.

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